Les signes n'avaient pas tardé à se manifester. Je n'en avais pas pris conscience tout de suite. Avec le recul, cela paraît évident, maintenant. Il arrive aussi qu'on voie des signes partout. On ne prête pas attention à quelque chose, on le remarque un jour, et puis ça devient une obsession.
Le psychanalyste Irvin Yalom a développé la thérapie existentielle pour nous aider à vivre mieux. Il a eu cette idée en étudiant un groupe de femmes atteintes de cancers qui avaient une joie de vivre à toute épreuve, ça l'avait bouleversé. Pour lui, la pleine conscience de notre fin n'est pas un handicap mais un moteur. L'intégration de la mort dans la vie enrichit la vie, elle lui donne toute sa saveur. Elle permet de donner du sens, de relativiser toutes les préoccupations du quotidien qui nous font oublier l'essentiel. C'est ce qui manque à notre société occidentale. C'est révélateur avec le changement climatique. On fait comme si on était éternels, comme si les ressources de notre planète étaient illimitées. Et on va droit dans le mur. Quand on prend conscience réellement de sa propre mort, le goût de notre vie change. C'est aussi une façon de nous aider à trouver le bonheur. Certains philosophes disent que le bonheur est dans la conscience d'exister au monde, dans le fait d'avoir conscience d'être là, ici et maintenant.
Quand on prend conscience réellement de sa propre mort, le goût de notre vie change.
Avant, la mort était beaucoup mieux acceptée. Les gens mouraient à la maison entourés de leur famille, elle faisait partie de la vie parce qu'elle n'était qu'une étape. La mort ne signifiait pas la fin, elle avait un sens parce qu'on savait qu'après on allait se retrouver au paradis... ou en enfer, ou quelque chose comme ça. La laïcisation de la société a mis le bazar là-dedans. Maintenant, la mort n'a plus de sens. Et la vie non plus. Je ne crois pas au Paradis tel que les religions le décrivent, mais je pense qu'il y a vraiment quelque chose.
Je me disais que c'était un peu comme la "pensée positive". Si vous vous dites tous les jours que vous allez réussir, si vous vous persuadez que des choses vont arriver, ces choses finiront par arriver. Plus ou moins consciemment, vous mettrez tout en oeuvre pour qu'elles arrivent. Si vous vous interrogez constamment sur l'existence d'une vie après la mort, vous finissez par voir des références à votre obsession partout.
Ce qui est important, c’est de vivre maintenant.
La pleine conscience de notre fin n'est pas un handicap mais un moteur.
J’entends leurs voix. Ce n’est pas toujours très distinct. Parfois, ce ne sont que des sensations, des bribes de phrases, des mots difficilement compréhensibles qui jaillissent dans ma tête. Dans ce cas, je leur demande de répéter, d’être plus précis. Souvent, c’est presque comme une conversation, un dialogue intérieur. Sauf que ce sont surtout les défunts qui parlent, ils ont des choses à dire aux vivants, ils me font passer des messages pour leurs proches.