L'histoire contemporaine nous enseigne qu'il suffit d'un malade mental, de deux idéologues et de trois cents assassins pour s'emparer du pouvoir et bâillonner des millions d'hommes.
Le téléviseur est la baraque de foire où le peuple vient voir les merveilles du monde.
Cher monsieur, quelle est selon vous la source de la création artistique ?
- Les rêves.
- Les rêves ? Les rêves érotiques ?
- La transposition des instincts. Des instincts de possession, de pouvoir, d'amour, de gloire... Et aussi de justice, de liberté. On les transpose en rêves. En rêves artistiques, en art.
- cela voudrait donc dire que l'art ne trouve pas sa source dans la conscience ? dans l'intelligence ? dans l'idéologie ?
- l'intelligence et la conscience jouent certainement un rôle dans nos rêves. Quant à l'idéologie... On a besoin d'idéologie quand on n'est pas un artiste. pour remplacer le talent.
— Wo ist Ihr Mann ? — Jusqu’à la fin, je n’ai pensé qu’à une seule chose : est-ce que son pied ne dépasse pas de derrière la valise ? — Mein Mann ist weg. — Son pied ! Ils étaient deux, dont un Letton. Ils me fixaient de leurs petits yeux tout en furetant dans la chambre : — Spirit ? — Il y avait deux bouteilles de vodka entre les vitres de la double fenêtre. Ils ont vidé une bouteille, le Letton est sorti. Celui qui est resté m’a fait comprendre ce qu’il voulait. Puis le Letton est revenu, et le premier est sorti à son tour. Je gémissais. Ils étaient pressés, je gémissais de douleur. Quand les camions sont repartis, j’ai eu peur de bouger. Et puis brusquement — un moment de courage : j’ai grondé entre mes dents serrées que c’etait terminé. Oui, je crois bien qu’à ce moment-là, j’ai été terrible et magnifique...
— J’ai tiré le divan. Je l’ai ranimé. Il s’était évanoui pour de bon. En tout cas, je lui en ai été reconnaissante. Nous avons ouvert la deuxième bouteille de vodka et nous avons bu jusqu’au matin, en jurant, en bredouillant, déchaînés, heureux, fous de soulagement, mais en nous fuyant du regard. Puis nous avons dormi toute la journée, jusqu’au soir — il n’y avait vraiment aucune raison de se réveiller.
Calé contre l'oreiller, observant sa jambe immobilisée, il aboutit également à la conclusion qu'il y a dans toute fiction une parcelle du sérieux et du ridicule qui forment l'essence de la vérité humaine et qu'on ne sait à quel moment la fable, le jeu ou l'invention deviennent si semblables au destin lui-même qu'on les associe dès lors volontiers à la vie, à l'art et à la mort.