La vie de Pierre Bergé est une aventure étonnante au cours de laquelle le génie des affaires a croisé à chaque pas le goût pour l'Art, la tendresse pour les artistes et l'ambition insatiable du Beau.
Grand amateur de musique et de disques, Pierre Bergé a souhaité créer une collection "auto-discographique", de référence. Cette Collection Pierre Bergé est réalisée avec la complicité de notre ami André Tubeuf dont on connait l'expertise et la science discographique. Elle réunira des chefs-d'uvre indépassables de l'histoire du disque.
Nul artiste pourtant n'a été plus fidèle que lui, plus casanier. Il est né enraciné. Sans la tradition nourricière, sans l'héritage, sans Mozart bien-aimé, sans le siècle tel qu'il l'a pris, accepté et vécu (et vaincu, de cette seule victoire qu'on puisse avoir sur le siècle, tout artiste qu'on est : lui survivre), il eût peut-être été incapable de créer. Il conduit sa vie, et cette plus vivante vie, la fécondité créatrice, jusqu'à l'âge biblique de quatre-vingt-cinq ans. Et en famille. Pourtant il n'est mort ni patriarche ni prophète. Tout prédestinait cette existence à n'être qu'un parcours lisse. Elle a su traverser indemne tant de révolutions en art. Deux guerres mondiales ont quand même fini par la ruiner. La tourmente finale des années quarante l'obligeait à chercher son pain et son toit en exil. Qu'emmenait-il avec lui ? Presque rien, presque tout : ses quatre-vingts ans, sa femme, Pauline, et une capacité intacte de se laisser émouvoir par le monde, et de le dire au moyen de la musique.
Soupir
Le plus petit, en apparence négligeable, signe de la notation musicale, pause minuscule dans l' intervention sonore : ici tu ne joues pas ta partie. C'est que tu te tais ? Non. Tu respires, tu reprends souffle. Signe tout sauf insignifiant. Il nous rappelle la vérité première, que notre premier son nous vient du souffle ; et ce paradoxe, que quand ce qu'on entend (ou donne à entendre) fait pause, un souffle (qu'on entend pas) fait qu'il ne cesse pas, mais continue.
Sur léonard Bernstein:
..Pour toute l'Amérique musicienne il fut ce Socrate, avec l'absolument même absence de condescendance - cela est d'un vrai, d'un grand maître.
il y a une nature chez Mozart, tout un monde des sons: mais ce n'est ni jardin, ni oiseaux, ni étoiles ce sont les instruments, entendus d'enfance. ll avait ses phobies. Le son de la trompette le terrifiait, lui perçait le tympan. Nul doute quil en a su, d’oreille, sur bien des instruments, bien plus que ce que les doigts doivent avoir appris avant qu'on sache en jouer. ils ont été ses animaux domestiques, dans sa maison meme, il y etait apprivoisé. Sa palette instrumentale, Mozat se l’est faite avec son oreille, pas avec ses doigts. Son sens des timbres, avec leur incomparable melange, qui éclate dans les concertos de la maturiré, il n'est pas né avec: il a grandi dedans.
Les Noces de Figaro est l’opéra le plus parfait qui soit, le seul peut-être bien à être parfait : ne permettant ni qu’on y ajoute ni qu’on y retranche
Mozart dans sa vie a aimé tout ce qui est humain : ses parents, son jardin, ses amis, sa Constance, ses enfants – et nous.
Mais plus peut être que tout au monde il a aimé, les mettant au monde et leur infusant la mélodie de l’âme humaine, Chérubin et la Comtesse, et Zerline, et Belmont
Simple et spontané comme il paraît, il faut toute une civilisation qui l'achemine, toute une éducation que le forme. ll a beau paraitre les ignorer ou les inventer, il procède de toutes les formes établies.