Un très beau titre m'a attiré ainsi que la couverture vieux rose, comme un sépia encore défraîchi, Istanbul et la Corne d'Or?
André Tubeuf, musicologue que j'avais entendu sur France Musique, (clic vers le podcast ICI) raconte son enfance en Orient. Né à Smyrne en 1930, il a suivi son père ingénieur dans ses affectations en Orient, sur les bords de la Mer Noire, à Alep et à Beyrouth avant de partir en Classe Préparatoire à Paris à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale. C'est une évocation de cette Méditerranée orientale, et un roman d'apprentissage de cet enfant français d'Orient qui se cherche et "s'incorpore" dans son école des Jésuites de Beyrouth...
La première partie "TROIE"raconte Smyrne. Lecture délicieuse. Evocation merveilleuse de la lumière dorée, des senteurs d'abricots et de raisins, de la douceur des baignades de la première enfance. Smyrne-Troie a brûlé lors de la Catastrophe en 1922, Smyrne-Troie-Atlanta d'Autant en emporte le vent, incendie terrible et spectaculaire que l'enfant n'a pas vécu mais dont le souvenir plane, souvenir homérique, Pergame proche.
LA COTE PERDUE : sur les bords de la mer Noire,l'enfant grandit libre entre son jardin sauvage et les baignades, ses chats, ses frères et quelques camarades. Il n'y a pas d'école pour enfermer les petits. Une religieuse lui apprend à chanter en latin, puis est expulsée par les autorités d'Atatürk, un frère des écoles chrétiennes improvise un semblant de classe avant que, en 1939, le déménagement ne soit inévitable pour les expatriés français.
Ce n'est pas en métropole - en France - que les Tubeuf se réfugient dans dans la Ville, Stamboul comme ils l'appellent, Istanbul. C'est là qu'ils se retrouvent en famille et que, à peine 9 ans André est scolarisé en 6ème, chez les séminaristes. Le plus petit, et pourtant bon élève. Evocation poétique non pas des monuments ou des sites de la Ville. Plutôt des goûters dans les salons des dames stambouliotes...J'ai adoré ce récit de la vie levantine, cosmopolite, hospitalière.
Alep 1941, étrangement l'enfant se découvre français, la Syrie est sous mandat. Dans les années 40, règne une étrange guerre franco-française entre les loyalistes pétinistes et la France libre, gaullistes ou simples résidents d'Outre-mer qui ne dépendent pas de Vichy. J'ai découvert cet épisode que je ne connaissais pas. Nouvelle installation, nouvelle maison, nouvelle école et découverte du théâtre, de Corneille et Molière.
A Beyrouth la famille passe l'essentiel de la guerre. Enfin, la scolarité de l'enfant se stabilise chez les Jésuites de USJ. Il a enfin des camarades presque de son âge. Il "s'incorpore" dans les camps (presque des préparations militaires) que les Jésuites organisent pendant les vacances. L'enfant déraciné se cherche des semblables dans les enfants français d'expatriés.
Enfin le récit se termine par un pèlerinage "ITINERAIRE DE JERUSALEM A PARIS" . Les références cathos et claudéliennes n'ont pas trouvé d'écho chez moi comme les récits levantins . Pluriel, mosaïque de religions, ouvert et hospitalier, le Liban n'en est pas moins très confessionnel. Et l'enfant , qui parle turc dans la rue et grec avec sa mère me séduisait plus que l'apprenti-combattant des camps d'été. Mais il faut bien grandir....
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