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Citations de Apulée (37)


ATTENTION , chers lecteurs , le livre que vous avez entre les mains est un lac en apparence silencieux .
Plongez cet objet au fond de votre sac , et prenons un rendez - vous secret avec lui , à minuit , quand les bruits du monde vous auront délaissés .
Préface p 7
Marie - Rose Guarniéri
Association Verbes - Librairie Les Abbesses
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Il était, dans une certaine ville, un roi et une reine. Ce roi et cette reine avaient trois filles d'une beauté remarquable. Les aînées, toutefois, si agréables qu'elles fussent à voir, n'avaient rien, semble-t-il, qu'une louange humaine ne pût célébrer dignement. De la plus jeune, au contraire, si rare, si éclatante était la perfection que, pour en donner une idée, pour en faire même un suffisant éloge, le langage humain était trop pauvre.
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Ce livre est un chef-d'oeuvre. Il me donne à moi des vertiges et des éblouissements ; la nature pour elle-même, le paysage, le côté purement pittoresque des choses sont traités là à la moderne et avec un souffle antique et chrétien tout ensemble qui passe au milieu. Ça sent l'encens et l'urine, la bestialité s'y marie au mysticisme, nous sommes bien loin encore de ça nous autres comme faisandage moral. (Gustave Flaubert, 1852.)
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« Reçois, dit-elle, ô Cupidon, une épouse digne de toi ; et toi, Zéphyr, viens prendre et soutiens ta souveraine. » Ce disant, elle s'élance et se jette dans le vide. Mais elle ne put, même une fois morte, atteindre l'endroit souhaité. Laissant, de chute en chute, aux saillies du rocher, ses membres dispersés, elle eut la fin qu'elle méritait, et ses chairs en lambeaux restèrent offertes en pâture aux oiseaux de proie et aux fauves. (Extrait du conte d'Amour et Psyché.)
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"Et ce n'est pas sans de bonnes raisons que le divin auteur du vieux poème (Homère), lorsqu'il veut nous montrer, chez les Grecs, un héros d'une grande sagesse, conte dans ses vers que c'est à force de visiter bien des cités et de connaître toutes sortes de peuples qu'il a acquis ses plus hautes vertus. Car, moi aussi, je sais le plus grand gré à l'âne que je fus de m'avoir dissimulé sous cette enveloppe, fait passer par des tribulations variées, rendu, sinon tout à fait sage, du moins plus riche de savoir."
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Ce récit une fois terminé, ils offrent, dans des coupes d'or, des libations de vin pur à la mémoire de leurs camarades défunts, puis, après avoir chanté quelques chansons à la gloire du dieu Mars, ils prennent quelque repos. Pour nous, la vieille nous distribua en abondance de l'orge fraîche, sans nous la mesurer, si bien que mon cheval, devant une telle abondance, dont il était d'ailleurs le seul bénéificiaire, se croyait attablé chez les Saliens.
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Le mage, propitié de la sorte, place certaine plante dans la bouche du mort et une autre sur sa poitrine. Puis, se tournant vers l'Orient et prononçant mentalement des prières à l'adresse du soleil qui monte majestueusement, il donne à cette mise en scène une solennité qui excite, à l'envi, chez les assistants, l'attente d'un tel miracle.
29. Je me mêle à la foule et, perché derrière le lit funèbre lui-même, sur une pierre un peu haute, je suis toute l'affaire d'un oeil attentif. Déjà la poitrine se gonfle et se soulève, déjà la veine du bras se met à battre convulsivement, déjà le corps s'emplit d'un souffle de vie, le cadavre se dresse et le jeune homme se met à parler :"Pourquoi, je vous en prie, alors que j'ai déjà bu du Léthé, que je suis déjà plongé dans le marais du Styx, pourquoi me rappelez-vous pour accomplir les fonctions d'une vie qui ne sera que temporaire ? Arrête, je t'en supplie, arrête, et laisse-moi jouir de mon repos.
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Sur l’âne d’or
" On y trouve des notions sur la vie privée des anciens, que chercheraient vainement ailleurs ceux qui se plaisent à cette étude. Là se voit une vive image du monde, tel qu'il était alors; l'audace des brigands, la fourberie des prêtres d'Isis, l'insolence des soldats sous un gouvernement violent et despotique, la cruauté des maîtres, la misère des esclaves; tout est vrai dans ces fictions si frivoles en apparence; et ces récits de faits, non seulement faux, mais impossibles, nous représentent les temps et les hommes mieux que nulle chronique, à mon sens. "
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"Car, moi aussi, je sais le plus grand gré à l'âne que je fus de m'avoir (...) fait passer par des tribulations variées, rendu, sinon tout à fait sage, du moins plus riche de savoir."
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Un de ses amants s’était avisé de faire violence à une autre femme. D’un mot elle l’a changé en castor. Cet animal, qui ne supporte pas la captivité, se délivre de la poursuite des chasseurs en se coupant les génitoires : elle voulait qu’il en advînt autant à son infidèle, pour lui apprendre à employer ses forces ailleurs. Elle avait pour voisin un vieux cabaretier qui lui faisait concurrence : Elle l’a transformé en grenouille ; et c’est en coassant du fond de son tonneau, où il barbote dans sa lie, que le pauvre homme appelle aujourd’hui les chalands. Elle a fait un bélier d’un avocat qui avait un jour plaidé contre elle ; il n’avocasse plus maintenant que des cornes. Enfin la femme d’un de ses amants laisse un jour échapper contre elle je ne sais quel propos piquant. La malheureuse était enceinte : chez elle soudain les voies de l’enfantement se ferment ; son fœtus devient stationnaire ; et la voilà condamnée au supplice d’une gestation sans terme. Il y a, de compte fait, huit ans qu’elle porte son fardeau ; son ventre est tendu comme si elle devait accoucher d’un éléphant.
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Bouclons la boucle. Si le voyage change son homme, la métamorphose est voyage d'apparence en apparence, de forme en forme. Lucius, passant de l'homme à l'âne puis de l'âne à l'homme, a plus voyagé qu'Ulysse. C'est que, ce faisant, il s'est déplacé d'un bout à l'autre de soi-même. Du chardon à la rose. Point de départ et point d'arrivée du plus extraordinaire des voyages extra-ordinaires : le voyage intérieur.

Jean-Louis Bory, préface.
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C'est la patience de l'âne. L'âne trotte de raclée en raclée, la Fortune prenant toujours l'aspect de Martin-Bâton. Jusqu'au jour où illumine la conscience d'un ordre intelligible. L'âne broute des roses : la Providence remplace le Hasard. La Fortune se range enfin, elle obéit à cet ordre intelligible qu'on ne trouve qu'en soi, lorsqu'on réalise la destinée qu'on porte en soi. Initié, l'âne est élu.

C'est le happy ending du romanesque populaire. Le bonheur attend au bout des épreuves mêlant souffrances et injustices – les coups du sort. Après la pluie le beau temps. L'Amour longtemps traversé finit par vaincre. Il est le plus fort. Thème universel : c'est parce qu'on l'aime et qu'elle aime que la Bête se libère de ses griffes et de ses crocs, Cendrillon de ses guenilles de souillon. La certitude que l'Amour est le vainqueur qui mène le monde à la ronde (ça se chante, pas besoin d'être une veuve joyeuse pour reprendre au refrain) ne fait que traduire en croyance populaire le mythe développé par Platon et la théogonie orphique : Éros daïmôn, premier principe du Cosmos. L'idée, en corollaire, que l'adaptation populaire de la dialectique suscitant le salut de la souffrance, la rédemption de la passion. Bref : l'Amour ne va pas sans l'Aventure. Celle-ci nourrit celui-là; celui-là couronne celle-ci. Nous voilà en train de tirer le roman par ses racines.
J.L Bory, préface.
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Le Sort a toujours une idée de derrière la tête.

Et d'abord celle-ci : les apparences sont illusoires. Seule compte l'unité fondamentale de l'être. Sans doute est-il bon de passer par différents stades formels pour actualiser tous ses pouvoirs, développer toutes ses possibilités, bref : assumer la totalité de son moi. Dans la voie de l'enrichissement individuel, ou, plus simplement, de l'individualisation, la métamorphose possède une valeur éducative. Ce n'est pas voltige verbale que souligner, de la métamorphose, la vertu formatrice. Perrault ne dit rien d'autre lorsqu'il tire, de ses contes, la moralité.

À qui se souvient de la portée symbolique de l'âne, il est clair que la peau de l'âne pour Lucius est stage de formation. Que sanctionnera cette "peau d'âne" qu'est la couronne de roses. Dans le vocabulaire des symboles, la rose signifie perfection. Parfum. Beauté par l'harmonie : elle est roue – roue des vents soufflant des quatre horizons, roue de lumière multicolore percée dans le mur gothique de la cathédrale. Sans entrer dans le détail de la symbolique des Rose-Croix, on sait que la rose est à la fois cœur et âme. Les signes sont les mêmes, qui désignent les vieux mystères, ceux de la nature, comme ceux des hommes et des dieux. La rose est la Fleur par excellence du Jardin par excellence qu'est le Jardin de la Contemplation, le jardin de Saadi le poète de Chiraz. Elle est la Dame du roman, tabernacle du jardin d'Amour courtois et de chevalerie. Elle est la Promesse montrée par Béatrice à son fidèle amant parvenue au dernier cercle du Paradis. Sur le corps d'Adonis expirant fleurissent des roses de sang. Rouge, la rose symbolise plus particulièrement la renaissance mystique, le premier degré de la régénération par initiation aux mystères. L'âne Lucius broute des roses vermeilles. Et le voilà promis à une félicité surnaturelle au service d'une divinité salvatrice – providentielle.
Jean-Louis Bory, préface à L'âne d'or ou les métamorphoses.
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