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Citations de Darina Al-Journi (49)


Nos nuits se passaient entre Hamra et la corniche, les plages de Saint-Georges et celle de Saint-Simon, les glaces mangées place des Canons, et la falafels de Sahyoune, les soirées de cinéma au Rivoli, et les chocolats de Wimpy. A Hamra, chaque poète, chaque auteur avait sa table et s'entourait e ses disciples Les uns haranguaient les autres ou leur offrait des verres. Mon père ne pouvait jamais vivre sans un programme de fête ou de sortie. Il fallait tout le temps créer un évènement, provoquer une situation pour inviter les amis. Les moments les plus critiques étaient ceux du retour. Il buvait beaucoup mais ne perdait jamais le nord. Aussi, il tenait à prendre le volant tout le temps.
(chapitre 4)
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Mon père, lui, nous mettait en garde chaque fois qu'il passait devant une mosquée :
- Mes filles, regardez comme ils sont prosternés, vous, vous ne donnerez jamais votre cul au ciel. Aux hommes, tant que vous voulez, mais pas au bon Dieu. Vous avez le droit de boire, de sortir, de perdre votre virginité, de tomber enceintes, mais, je le répète, je ne veux voir personne prier ou jeûner chez moi.
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- Quel crime ? s'exclama Stokes. Il n'y a pas de crime si l'on tue un esclave. Pas davantage que si l'on abat un chien ou que l'on brise une chaise !
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- Tout ça, c'est la faute aux religions, c'est ce foutu bon Dieu qui fout la merde partout. Le jour où l'on transformera en bordels les églises et les mosquées, nous serons tranquilles.
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- Comment tu ne sais pas, tu es au Liban, chacun sait d'où il vient, à quelle communauté il appartient, nous en avons dix-sept dans notre pays, est-ce que tu es arménienne, grecque orthodoxe, grecque catholique, syriaque, maronite, même les chats connaissent la confession des maisons où ils sont, même un chien sait au flair s'il est tenu en laisse par un Grec catholique ou un Grec orthodoxe.
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La plupart des familles chrétiennes libanaises se disent descendantes des Phéniciens. Cette ascendance mythique et mythologique prestigieuse leur évite d'être apparentées aux Arabes, définition qu'elles réservent aux peuples de "basse extraction" comme les Syriens ou les Palestiniensx qu'elles exècrent.
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Et dans ce Liban où chacun n'existe que par sa communauté et sa confession, nous n'avions ni communauté, ni confession. Nous ne savions pas si nous étions chrétiennes ou musulmanes.
Quand nous posions la question à notre père, il répondait :
- Vous êtes des filles libres. Un point c'est tout.
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J'admirais le spectacle des chrétiennes libanaises quand elles entrent dans une église : elles se jettent avec une telle gourmandise sur la statue du Christ. Elles lui empoignent les hanches, elles le couvrent de baisers sonores des genoux jusqu'aux seins. Elles lui lèchent le nombril, lui lapent les cuisses. J'ai appris à mon tour à prendre le Christ par la taille et à lui baiser le pagne. Je devenais une vraie maronite.
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Mon enfance, c'est un perpétuel tintement de verres d'arak et c'est le rire de mon père qui faisait trembler les murs.
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Qui va me protéger contre ces monstres ! C'est toi qui me l'a appris : "Méfie-toi, ma fille, tous les hommes de ce pays sont des monstres pour les femmes. Ils sont obsédés par les apparences, ils sont ligotés par les coutumes, ils sont rongés par Dieu, ils sont bouffés par leurs mères, ils sont taraudés par le fric, ils passent leur vie à offrir sur un plateau leur culture au bon Dieu, ils ouvrent leur braguette comme on arme une mitraillette, ils lâchent leur sexe sur les femmes, comme on lâche des pitbulls. Quels chiens !"
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J'ai compris notre vulnérabilité de femmes, on a beau être une vedette, médecin, une célébrité, au moindre faux pas la femme redevient femme, bête de somme qu'on enchaîne comme on veut.
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Enfant, je mordais tout le monde. Ma soeur Nyala a toujours les marques de mes dents sur le corps. Je détestais m'habiller en fille. Je coupais mes cheveux noirs très court. J'avais la gueule d'un petit voyou. (...) J'étais sale à force de chasser des sauterelles que je mettais dans des boîtes d'allumettes après leur avoir brisé les pattes. J'en faisais des salades que j'offrais aux enfants du village d'Arnoun.
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Les femmes que je voyait autour de moi étaient pareilles à toutes les femmes que j'avais vu dans le monde arabe: des bêtes de trait. J'ai compris notre vulnérabilité de femmes, on a beau être une vedette, médecin, une célébrité, au moindre faux pas la femme redevient femme, bête de somme qu'on enchaine comme on veut.
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J'avais une philosophie de la vie très simple, j'étais convaincue que j'allais mourrir d'une seconde à l'autre,je mettais les bouchées doubles,j'étais affamée de tout,de sexe,de drogue, d'alcool (...)
*
Je ne sentais rien pourtant ( ...)
*
Avec une bestialité qui ne laissait place ni au désir et encore moins au sentiment.


Page 115
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Je crois qu'avec la guerre la mort était devenue d'une telle futilité que nous ne la prenions plus au sérieux. Ce jour-là, nous ne pensions même pas à tuer notre père, mais juste à effacer l'obstacle qui nous empêchaient de dormir chez nos copines.
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Il avait aussi avec lui tous les journaux qui ne parlaient que de la guerre. Il les lisait les uns après les autres en fulminant toujours:
– Tout ça, c'est la faute aux religions, c'est ce foutu bon Dieu qui fout la merde partout. Le jour où on transformera en bordels les églises et les mosquées, nous serons tranquilles.
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La vie était belle, c'est vrai, mais mes soeurs et moi, nous étions conscientes très tôt de ne pas être comme les autres. Notre père était un réfugié politique syrien, titulaire d'une simple carte de séjour renouvelable tous les trois mois et notre mère libanaise ne pouvait pas, en fonction de la loi qui règne dans tous les pays arabes, nous transmettre sa nationalité parce qu'elle était une femme.Nous étions toutes les trois sans papiers dans le pays où nous étions nées.Et dans ce Liban où chacun n'existe que par sa communauté et sa confession, nous n'avions ni communauté, ni confession. Nous ne savions pas si nous étions chrétiennes ou musulmanes.
Quand nous posions la question à notre père, il répondait:
- Vous êtes des filles libres, un point c'est tout.
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May est née le 11 février 1886, et moi le 25 février 1968. Nous n’aurions jamais dû nous rencontrer. Pourtant, nos histoires n’ont jamais cessé de s’entremêler. Je l’ai découverte pour la première fois lors d’un cours de littérature arabe. Le professeur nous parlait de cette femme qui tenait l’un des plus célèbres salons littéraires. Elle était journaliste et fut le plus grand amour de Gibran Khalil Gibran.

Enfant, j’aimais me retrouver seule, surtout chez ma tante. Elle vivait à Hazmieh, un quartier assez chic qui surplombe Beyrouth. Son jardin donnait sur une autre bâtisse, ancienne, à l’architecture imposante. Il m’arrivait de sauter le petit mur de pierre qui nous séparait de cette grande demeure. Je me promenais alors dans le parc. On y voyait des femmes en robe blanche qui faisaient marcher des gens à l’air fatigué.

C’est là que May a été séquestrée et, des années plus tard, c’est dans ce même genre d’endroit que ma famille m’a fait enfermer.

J’ai été relâchée lorsqu’une grande chaîne de télévision m’a réclamée pour jouer le premier rôle de leur nouvelle série phare.
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Je regardais la ville qui me semblait une vaste prison. Tout Beyrouth dans ma tête était devenu le couvent de la Croix. Comme si on m'avait greffé des barreaux dans les yeux.
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La guerre avait fait plus de trois cent mille blessés, mais on ne voyait aucun infirme dans la rue. La société libanaise avait honte de ses handicapés, elle les avait cachés ou effacés comme des fautes d'orthographe. Chacun avait tourné la page, sans la lire, très vite. Les Libanais se sont débarrassés de l'histoire de la guerre comme d'un cadavre.
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