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3.5/5 (sur 10 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Laure des Accords est enseignante dans un collège de la région parisienne.

L'envoleuse (Verdier, 2014) est son premier roman.

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avec Laure DES ACCORDS, auteure, Au bord du désert d'Atacama (Le Nouvel Attila), Douna LOUP, écrivaine, Boris, 1985 (Zoé), Maria POBLETE, autrice, La dictature nous avait jetés là (Actes Sud Junior), animé par Sonia DÉCHAMPS, éditrice, journaliste


Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Grichka aime le silence de sa maison, l'odeur de la cire et des crêpes encore chaudes. Près d'elle, il aime se raconter des histoires comme quand il était petit, des histoires que Babou tricotait avec ses aiguilles le temps d'une rose rouge, d'une fleur de potage. Il aime cette femme qui rit tout le temps avec ses yeux, avec son corps, avec sa robe et ses cheveux. Sûrement, un jour, une joie merveilleuse est entrée en elle et ne l'a jamais quittée.

Elle, Babou sa grand-mère
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La grosse Gisèle porte des robes de coton beige et des chaussures de vieille femme. Ses longs cheveux sont retenus par un élastique très serré, ce qui fait que l’on peut suivre, si l’on veut, le sillon de ses racines jusqu’au pli du caoutchouc. Son front immense, constamment en sueur, hiver comme été, réfracte la lumière, attire tous les regards. C’est ce front immense qui m’interroge : que s’y passe-t-il ? Car Gisèle parle peu. En réalité Gisèle ne parle pas, elle attend quelque chose : l’école, le goûter ? La fin du jour et le commencement de la nuit ? Elle a sa façon bien à elle d’attendre. Elle fixe les choses, les deux mains plaquées sur ses joues, la bouche ouverte, écrasée comme avant le cri. Elle regarde un arbre, un oiseau, une maîtresse, la lumière… et l’arbre s’ébroue, l’oiseau se jette dans le vide, la maîtresse crie et la lumière tremble. C’est une chose singulière de comprendre qu’une petite fille de dix ans vous vole un arbre dans la cour, votre temps, votre vie peut-être. Il arrive aussi que Gisèle vous regarde et cette reine placide absorbe alors en elle les désirs les plus inavouables, les plus refoulés, les plus enfouis. Son regard vide et profond essore votre vie avant même que vous ayez eu l’idée de baisser les yeux, il vous tord votre enfance, exprime tous les bruits intimes de votre corps. Ces voix dans votre tête. Et puis aussi le bruit du sang qui bat dans les doigts, dans la gorge, la poitrine et le sexe.
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Le choeur

Il est temps
Maintenant
De déposer les armes
Trouer de la laine et des coeurs
Blesser des mots sur le papier
Griffer des nappes rondes
Et lever des bâtons
Ce n'est pas ce que l'on attend de vous
Refermer des armoires
En silence
Recouvrir des lits froids
En pleurant
Chercher dans le ciel blanc
Des semblants de réponse
Ce n'est pas ce que l'on attend de vous
Il est temps
Ne croyez-vous pas
De déposer
Vos armes
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Le choeur

Cet amour
C'est un cheval fou emporté par la mer
Emporté par le ciel
C'est un cygne tragique que la mort fait chanter
Le crois-tu, dis, le crois-tu vraiment. ....
C'est seulement ton corps
Qui voudrait que le sang coule
Encore une fois
Encore

Prends garde aux sabots durs qui raclent les cailloux
Ne prononce pas son nom
Prends garde aux coups de bec,
aux yeux qui font des ronds dans l'eau
Ne prononce pas son nom
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Sept étages, c’est long, alors il donne des petits coups de pied, comme ça, dans la porte de l’ascenseur, pour l’encourager. Nouveau raidissement de la mère, nouveau gloussement du père, les deux pieds de la fille reculent de dix centimètres. Et enfin, l’ascenseur s’arrête. Romain va pouvoir jouer tout seul dans la salle de bains avec tout un tas de petits soldats. Son père rentrera plus tard et à son retour il lui tendra la pierre ponce qui aura combattu avec courage et loyauté contre tous les félons du quartier. Et la pierre légère aura raison des mains noires et brûlées. Son père enfin lui passera la main dans les cheveux, il lui dira bonsoir et il allumera la télévision.
Romain sera tailleur de pierres, comme le père son père. Plus tard, il auscultera le flanc des églises, il dessinera des bonshommes en douce sur les linteaux des maisons, il redonnera aux gargouilles leurs yeux fous et essuiera au coin de leur bouche la bave pétrifiée. Il se promènera dans les cimetières de Thiais ou d’Ivry et, comme le père de son père, il caressera le marbre indocile mais qui capitulera sous ses mains quand il le voudra, oui, quand il le voudra.
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Le choeur


Et soudain la fureur te prend
Et tu voudrais tout effacer
Ce bruit à l'intérieur de toi
Le sang qui bat au bout des doigts

L'enfant a brisé le silence
La règle est cassée
La belle affaire !

Prends garde au temps qui vient de passer là-bas
entre tes rideaux blancs
Prends garde aux enfants fous
Qui portent leur ombre sous le bras.
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Jamais plus, nous le savons, nous ne retrouverons l’arbre qui nous poussait dans le corps quand Gisèle plantait ses yeux dans les nôtres, jamais plus, nous le savons, nous ne sentirons notre corps crier quand Gisèle dénouait ses cheveux, s’en allait sans un mot. Jamais plus, nous le savons notre bouche ne s’emplira de l’eau des baisers quand la langue de notre amoureuse insolente croisait le fer avec nus, au plus sombre de la nuit. Jamais plus nous ne verrons couler entre nos jambes autant de rivières brillantes et odorantes que ces nuits-là où Gisèle ouvrait enfin son ventre secret pour nous retenir prisonniers. Jamais plus nous ne tendrons l’arc de nos cuisses comme cela. Le désir fou affolé, la morsure du corps qui n’en revient pas, stupéfait de sa propre puissance.
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J'ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l'immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde. Camus, Caligula, I, IV.
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Le passant gravit la marche mais il n’a qu’une hâte : arriver tout en haut quand moi je l’ai caressée, polie, posée, abandonnée. C’est toute une histoire, c’est commode, une marche : elle élève le corps, fatigue les genoux, extirpe du souffle et fait flancher des cœurs, mais c’est bien elle qu’il faut choisir pour s’élever, parvenir, contempler, et rêver …
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Gisèle n’avait pas de mère, n’avait plus de père, Gisèle était magnifiquement seule, libre, elle n’avait pas besoin d’amour, elle le trouvait dans l’air autour d’elle, dans l’eau, dans les cailloux, sur les bancs publics et chez les enfants que personne ne venait chercher à la sortie des écoles.
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