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Critiques de Dilem (11)
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Maraude

J’en suis la première désolée, car je pensais aimer cette lecture, mais j’abandonne. Je suis péniblement arrivée à la page 36 sur 55 mais je n’arrivais pas à garder les yeux ouverts, rien ni personne ne m’accrochait dans ce récit. On ne fait que survoler, en suivant une patrouille et à l’aide de descriptions qui m’ont parues creuses et inintéressantes, de futurs quartiers qui se voudraient soi-disant utopiques et « autonomes ». D’habitude, surtout quand c’est court et encore plus à 20 pages de la fin, je vais au bout. Mais là rien n’a éveillé mon intérêt dans ce tour du quartier d’une Belleville « révolutionnaire », d’un Paris revisité où des quartiers résistent au capitalisme numérique par une réinvention d’une vie plus solidaire, libre : tout n’est que descriptions de cette « Commune » et elles ne m’ont rien apporté car je n’ai vu poindre aucune histoire réellement, aucun attachement à un personnage puisqu’on les effleure à peine (et oui je sais qu’effleurer veut déjà dire toucher à peine, c’est vous dire), juste la description d’un futur possible de cohabitation entre le vilain monde répressif plus ou moins actuel et des quartiers qui résistent avec l’esprit bobo, vert, féministe et plein d’autres mais tous manquant de contour, de coffre, d’être habité. Finalement, on voit bien que ces gens ont quand même besoin d’une économie et trafiquent avec le reste de la ville contrôlé par « les croisés ».

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Bref, j’arrête avec les guillemets, vous avez compris ce que j’en pense. Pour autant, comme toujours, ce n’est que mon ressenti à un moment donné et je ne veux décourager personne de faire cette découverte, car si je l’ai commencé c’est que l’idée de cette exploration m’a rendue curieuse ; si j’étais curieuse c’est qu’on a su me la rendre attractive ; et si elle m’a attirée c’est parce que d’autres lecteurs, bien plus nombreux et sensibles à ce récit, ont adoré et sauront vous en parler mieux que moi, si jamais ça vous intéresse. Je suis juste passée totalement à côté et je pense toujours qu’il est bon, quand on se renseigne sur un livre, qu’on ne voit pas uniquement les bonnes critiques mais aussi la possibilité que le message ne nous atteigne pas. J’ai aperçu l’idée de la bonne idée, de la poésie, du potentiel mais n’ai finalement rien ressenti de tout cela à cette lecture ! Je vous souhaite néanmoins une bonne exploration si l’idée vous plaît.
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Maraude

Dans Melmoth furieux, Sabrina Calvo dessinait les contours de la Commune de Belleville : ses habitants, son architecture, ses (non)-règles de vie. Une utopie faite de bric et de broc, portée par des désirs de liberté et de respect de l’autre. Mais toujours sur le fil du rasoir car entourée, cernée par des forces armées hostiles à ce mode de vie, à ce non-respect de la norme établie. Dans Maraude(s), Dilem & Bri nous font faire le tour de cette enclave fragile mais précieuse.



Place Krasucki (que de souvenirs à l’évocation de ce nom !), point de départ des maraudes de ce petit opuscule. Je suis navré d’utiliser Google Maps tant cela va à l’encontre de tout ce que véhicule l’ouvrage, mais n’habitant pas Paris ni sa proche banlieue, et désirant tout de même mettre des images sur ces lieux, je saute le pas. Le petit bonhomme jaune me transporte sur une place construite autour d’un arbre au feuillage accueillant : « le Micocoulier – increvable et déjà centenaire ». Ça met tout de suite dans l’ambiance. Et nous partons pour une promenade. Je laisse de côté la carte électronique pour me plonger dans les mots. Maintenant que j’ai une image de départ, je reviendrai aux pixels après ma lecture complète de Maraude(s).



Huit courtes balades à travers cette commune, morceau de Paris sorti de son carcan rigide et mortifère, empli d’yeux espions et de groupes armés. Point de départ, à chaque fois (ou presque), la place Krazu. Et les auteurs nous convient à un parcours au fil des rues, des cours, des immeubles. Entre ceux qui sont libérés, ouverts à l’échange, à la réflexion, à l’expérimentation. Et ceux qui se cloîtrent, fermés sur eux, avec des murailles faites de grilles et de codes, enclaves dans l’enclave. Promenade parmi des gens différents, parfois en désaccord, mais toujours prêts à discuter, à échanger, pour améliorer le quotidien dans le respect de l’autre.



Face à eux, le reste du monde. Et les relations ne sont pas au beau fixe. « Car c’est une guerre. » Guerre interne et externe. Comme je le disais plus haut, certains « riches » n’ont pas quitté Belleville et se recroquevillent dans leur propriété, enfermés, protégés par des barrières. Ils militent pour tenter de bloquer les changements impulsés par la Commune en proposant leur propre vision du monde, à base de « bouts de métal anti-clodo sur les bancs publics. » (Brassens doit se retourner dans sa tombe). Les contrôleurs de la CAF se sont regroupés et effectuent des contrôles sans raison. Traces anciennes de la vie d’avant qui n’ont pas réussi à passer à autre chose. Et les joggers continuent à courir, en régiments, en « véritables cyborgs mercenaires ». Heureusement, certains ont mis leur besoin au service de la Commune, produisant de l’électricité.



Mais le danger rôde, car la guerre externe avec la « cité connectée » n’est pas terminée. Loin de là. Toujours plane « la menace policière ». Les barricades sont dressées et tiennent. Enfin, pour la plupart. Et les militants affûtent leurs armes. Certains vont jusqu’à fabriquer des explosifs. Une guerre, je vous dis. D’autant que des espions tentent sans cesse de pénétrer la Commune et d’y disposer ses « yeux » : les « bubons-caméras ». Observer pour mieux détruire. Mais ils auront du travail, à vouloir cartographier et organiser ce labyrinthe tortueux et varié.



Cette Commune est foutraque (plus encore que le monde des Flibustiers de la mer chimique de Marguerite Imbert), pleine de différences et d’oppositions. Mais elle est vivante. On y retrouve des gens passionnés par ce qu’ils réalisent. Et c’est merveilleux. Par exemple, comme dans Melmoth furieux, le tissu est encore et toujours là : les copines couturières tissent et cousent des « manteaux impossibles ». Et quand l’une d’entre elles est embarqué hors de cette zone de liberté, on organise un commando pour la récupérer. Au nez et à la barbe des « normies », des forces de l’ordre, de ces représentants d’un Empire guerrier et violent.



J’ai fini de lire Maraude(s) et, la tête pleine d’images, je vais les confronter à celles, pixellisées, de Google. Prolongement finalement bienvenu, qui me permet d’ancrer ce monde dans le monde réel. De comprendre que cette lutte décrite n’est pas que de papier et d’encre mais également de béton et de sang, de chair et de bitume. De donner encore davantage de vie à une Commune dont on ne peut qu’espérer qu’elle va continuer à résister.
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Maraude

Déambulations dans les rues et les lieux emblématiques de la Commune imaginaire de Belleville : « Ici, c’est le radeau des naufragés de Paris – cielleux qui ont fui la grille smart de la cité connectée pour activer des liens réels. »

(...)

« Comment inventer l'avenir si le passé nous échappe ? » se demandent Dilem & Bri. Cette description jubilatoire d’un futur possible, assemblage d’utopies désirables en prise avec les (inévitables ?) reliquats d’oppressions existantes, existera les imaginations et semble poser une question complémentaire : Comment inventer l’avenir si on ne commence pas par l’imaginer ? Sans être pessimiste pour autant, leur récit évite la facilité de l’idéalisation et refuse l’économie des écueils : d’ailleurs, « la rue de l’Avenir est une impasse où l’horizon est bloqué par un haut mur d’immeuble ». « Nous avons besoin d’un but, pas simplement de résister. Il nous faut un dégagement, un nouveau monde à construire. Mais comment articuler l'impossible quand le simple possible paraît impensable ? La lutte contre la répression est continue, sans limites. Nos moyen, eux, sont limités, et si nous pouvons contenir des assauts depuis nos murailles, il est peu probable que cela suffise. »



Article complet sur le blog :
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Maraude

Compagnon de Melmoth furieux, sorti il y a un peu plus d’an, Maraude(s) nous entraine dans les rues de Belleville et des quartiers alentour à la rencontre de sa faune, de ses habitants et de ses luttes. Nous sommes dans le même univers, peut-être à la même période que l’histoire de Fi, peut être quelques années après. Et le fait que ce texte soit co-signé par dilem, l’un des personnages de Melmoth furieux, en plus de bri (pour Sabrina Calvo) brouille encore un peu plus les pistes.

Dans Maraude(s), nous allons arpenter la Commune libre de Belleville en partant à chaque fois ou presque de la place Henri Krasucki, qui est dans la vraie vie une petite place tout à fait en dehors des grands axes et des circuits touristiques, mais un des véritables cœurs de Belleville avec ses bars, sa librairie et sa vie de quartier. Si vous êtes Parisien ou habitant à proximité, je ne saurais trop vous encourager si le temps le permet de choisir l’une des maraudes racontées et d’en suivre le parcours en cherchant les immeubles, les parcs, les arbres présentés dans le livre.

Si vous n’habitez pas du tout dans le coin, vous pouvez quand même apprécier la balade, ou plutôt la lecture, en vous plongeant dans un monde où les luttes, la débrouille et l’art se mêlent, et où surtout la guerre est presque gagnée. L’Empire (de Melmoth ?) est exsangue et il ne reste que des poches de résistance violente entre différents lieux autogérés, différentes communautés libres qui lui livrent encore bataille ou qui s’affrontent entre elles tout en apprenant à échanger. Tout n’est pas rose, car entre les traîtres bobos infiltrés dans la Commune ou l’exfiltration d’une combattante coincée dans le XVIIIe arrondissement, les pièges sont encore présents. Et si l’heure est à la promenade, elle est également à l’enfantement d’un monde nouveau. Période délicate s’il en est.
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Maraude

Extrait de ma chronique :



"Evidemment, toutes ces ambiguïtés ne constituent pas le coeur de Maraude(s), mais elles sont, sans doute, ce qui lui permet de battre haut et fort (au moins tout autant, sinon plus, que Les Furtifs de Damasio, un livre tout aussi "VNR / DTR" (page 39) que Maraude(s), mais sans doute (paradoxalement ?) plus utopique.





Comme son titre l'indique, Maraude(s) se structure avant tout autour de 8 tournées d'"inspection militaire" (page 11), servant à vérifier le bon fonctionnement des barricades protégeant la Commune de Belleville, mais aussi, par la bande, à circonscrire, un peu à la manière de la ritournelle de Deleuze & Guattari, un espace partagé, opposable à celui occupé par les nostalgiques de "l'Empire" (pages 27, 36, 43), aka "les fascistes" (page 11)."
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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Maraude

Maraude(s) est un court récit de traversée qui questionne la résistance d’une société utopique dans un environnement répressif. On y retrouve l’imaginaire de Sabrina Calvo et l’écriture poétique et engagée mais légèrement atténuée ici par l’aspect presque documentaire de ce texte. J’aurai aimé plus d’intensité et d’immersion mais j’ai néanmoins aimé la beauté d’une conclusion où l’espoir flotte, fragile mais superbe.
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Maraude

Sous le signe du combat toujours recommencé, du bonheur de vivre différemment et de l’utopie radicale, une vigilante et joyeuse dérive à deux par les rues et les places de la Commune imaginaire de Belleville.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/01/05/note-de-lecture-maraudes-dilem-bri/



Retour à la Commune de Belleville, que l’on avait connu pleine de bruit et de fureur, au milieu des combats de rue, des menées souterraines, des vengeances et de la vindicte ordo-capitaliste, dans « Melmoth furieux » (2021). Avec ce « Maraude(s) », publié à La Volte en octobre 2022, concocté à deux voix par Sabrina Calvo (Bri) avec le poète urbain Dilem, nous voici conviés sur le même terrain à un périple en apparence plus apaisé, quasiment bucolique, par places et ruelles connaissant une forme de répit armé et toujours vigilant face à la domination qui rôde aux alentours. Parcours allègre d’un périmètre de défense (on verra à la lecture que Elsa Dorlin et son « Se défendre » ne sont pas être si loin), occasions de convivialité authentique glanées au fil du fortuit (mais qui sont d’autant plus significatives qu’elles émanent volontiers d’une lutte aux objectifs majoritairement partagés – malgré les ou grâce aux différences d’appréciation de la situation par toutes les composantes de la Commune), dérive placée d’emblée ou presque sous le signe debordien de la psychogéographie appliquée (les cercles concentriques et les pénétrantes tracées par le Iain Sinclair de « London Orbital », « London Overground » et « Quitter Londres » proposent bien ici leurs échos) : « Maraude(s) » – dont le titre renvoie aussi, naturellement, à cet élément permanent du paysage contemporain affligé que sont désormais les rondes conduites par les associations pour offrir leurs services de première nécessité aux sans domicile fixe, aux migrants, aux travailleuses et travailleurs du sexe, et à tout que la Cité capitaliste rejette et déclasse si volontiers à ses marges – nous offre tout cela. Mais cette novella le fait à sa manière bien personnelle, inscrivant dans la marche même parmi les paysages urbains des XIXème et XXème arrondissements parisiens ses traits d’humour noir, ses formules-chocs, ses pas de côté inattendus et ses slogans joyeusement multivoques.



Dans une échappée d’écriture devenue relativement rare dans la fiction contemporaine (on retiendra parmi les heureuses exceptions des textes d’Alain Damasio ou de Kim Stanley Robinson, d’Ursula K. Le Guin ou de Doris Lessing), « Maraude(s) » accepte, voire recherche le triple choc de la théorie, de la discussion et de la praxis, se refusant ainsi à céder sans résistance à la doxa du show don’t tell, mécanique littéraire si souvent dominatrice même lorsque la « règle » gagnerait à être mise de côté.



Dans cette collection Eutopia de La Volte qui s’efforce depuis maintenant quelques années de nous proposer des textes à la fois courts et roboratifs, contribuant à redonner du souffle utopique à nos principes espérance en jachère, à l’image du « Résolution » de Li-Cam, du « Collisions par temps calme » de Stéphane Beauverger ou même du « Un souvenir de Loti » de Philippe Curval (d’une tout autre manière), « Maraude(s) » se signale aussi par plusieurs phrases révélatrices (citons par exemple « Nous avons besoin d’un but, pas simplement de résister : l’imaginaire des cabanes ne suffit plus » ou « Comment inventer l’avenir si le passé nous échappe ? ») qui la placent résolument, davantage encore sans doute que « Toxoplasma » et « Melmoth furieux », du côté de cette utopie radicale qu’appelle de ses vœux Alice Carabédian dans son récent essai tonique, du même nom. Et cette convergence combative des imaginations littéraires et politiques à bien de quoi nous réjouir.


Lien : https://charybde2.wordpress...
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Maraude

Merci à Babelio et sa formidable opération "Mass Critique" pour m'avoir permis de découvrir ce livre.



Maraude, ce n'est pas le style de livre que je lis habituellement. Pourtant, bien que sorti de ma zone de confort, je suis convaincu et presque conquis.



Même si je n'ai pas lu Melmoth furieux (j'ai cru comprendre que le livre étant en lien avec Maraude, qui pose les bases de Belleville, cette commune imaginaire), je n'ai pas été largué outre mesure. Sans doute n'ai-je pas compris les références qui s'y trouvaient.



Maraude, c'est l'histoire de (8) courtes balades dans la commune imaginaire de Belleville. Chaque promenade part de la place Henri Krasucki (Paris). N'habitant pas dans la capitale, j'avoue être allé plusieurs fois sur Google Maps. Et je ne peux que vous conseiller de faire pareil : cela donne encore plus de relief et de réalité aux promenades dans lesquelles Sabrina Calvo nous emmène.



Le livre est très court (peut être trop court ?). Je n'aurai pas été contre 1 ou 2 chapitres de plus, faire encore 1 ou 2 balades...



Quoi qu'il en soit, il en ressort une jolie impression de lecture / promenade. Le pari est réussi puisque j'ai envie de livre Melmoth Furieux !



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Maraude

J'ai découvert Maraude(s) dans une publi-interview de Blast qui redorait le blason de l'utopie pour vendre entre-autres la collection Eutopie -La Volte est une entreprise qui doit se battre avec les armes que le capitalisme met à sa disposition et on ne défend bien des idées « voltées » que dans des média « indépendants ». Les deux journalistes de Blast animaient une discussion autour de l'essai Utopie radicale d'Alice Carabédian, livre que j'ai adoré, aussi peut-on leur pardonner ce tour de novalangue-.

J'ai adoré la forme de cette nouvelle : une dérive. Les protagonistes se baladent dans la Commune de Belleville. Par la magie de l'Utopie, les formes que prennent les « luttes actuelles » y sont toutes -dans l'idée- réunies. Acide, organique, - ;p,- cette plongée dans tout ce qui grouille pour contrer -en vrac- le Capitalisme, la Métrique, le naturalisme -dénomination que j'ai découverte récemment dans Ethnographie des mondes à venir de Philippe Descola et Alessandro Pignocchi-, l'anthropocène, le patriarcat occidental,… met en lumière les espoirs, les contradictions voire les paradoxes, les impasses, les fulgurances des énergies qui déferlent dans les rues de ce quartier uchronique pour essayer de contrer la réalité aliénante à laquelle nous lecteurs, Bri et Dilem sommes confrontés au quotidien.







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Maraude

Maraude(s) est la quatrième parution dans la collection dite Eutopia des éditions La Volte, néologisme voulant dire « bon lieu » ou « lieu du bon/du bien ». Dans ce court texte, ce bon lieu se situe à Belleville, soit à Paris, dans le XX° arrondissement, et précisément, dans la Commune de Belleville, avec un grand C, puisqu’on est bel et bien dans les pas historiques, dans un hommage, dans une inspiration, de la Commune de Paris, soit, un projet politique où l’organisation – prise au sens large - ne se fait pas par la représentation, mais par la démocratie directe.



Maraude(s) est une promenade, une dérive urbaine où découvrir comment résister à ce monde infernal, étatisé, administré.



Courir les rues, les arpenter, pour retrouver des ami-es, visiter des lieux, échapper aux flics ou aux adversaires de la Commune, tromper la surveillance généralisée (« peste de l’image » p.15), voire la supprimer, prendre la mesure des alternatives qui se créent, ou dénoncer la Mesure, une autre mesure, celle de l’obsession chiffrée, une « horreur » (p. 9).

Nous avançons, on glisse, on se faufile, nous marchons, nous prenons, nous passons, nous remontons, on redescend, on trace, on passe, on traverse, nous débouchons… les verbes utilisés dans le texte disent la quête, le mouvement, car au-delà des menaces et de la peur (« Nous avons toujours peur que quelque part l’Empire se reforme, qu’un état survive finalement, qu’une multinationale s’invente une dystopie efficace, qu’une révolution trahie tourne en dictature, que la mer finisse par nous engloutir, que le soleil ne se lève pas… » p.43), les auteurs - « on fait partie de la Team Foi » (p. 9) – croient à ce changement  : « de cette cité nouvelle, régénérée, recomposée. Nous avons vu l’intime de son fonctionnement, de la possibilité de son existence – au coeur du péril. Nous y croyons » (p. 55).



Et cette foi, elle fait plaisir : vous lisez un petit passage et vous croisez, Jusepe, Tessa, Zoé, Pierre, Laura. Vous les croisez, qui sur une barricade, qui dans un parc, qui dans un atelier située dans la rue Piat, ou sur la place des fêtes, vers la rue des Pyrénées, et vous êtes en route vers ce « bon lieu ».



Maraude(s) n’est pas tout à fait une fiction. Mais, quelques personnages sont plus marquants, comme la voyante, ou Heli, une vieille camarade, porteuse d’une mémoire révolutionnaire, référente et inspiratrice.

Sur un mode documentaire, qui n’exclut pas les envolées stylistiques et poétiques, on part pour un parcours urbain au fil des rues de Belleville dans une Commune Imaginaire.

On y voit la cohabitation de différentes communautés qui chacune « crée un monde, une langue, des traditions, des habitudes, des styles, sa forme de vie » (p. 37), communautés qui s’aident, commercent etc.

D’où l’importance des lieux qui incarnent ce nouveau monde : « ...nous voilà devant le Sans-Emploi, cantine et jardin solidaires aménagés dans l’ancienne antenne du Pôle » (p. 15) ; « on redescend par la rue du docteur Potain, on passe devant le DOC – espace squatté pour cleaner les fringues, lire des livres qui sentent l’assouplissant, faire de la boxe thaï ou s’organiser pour une grève » (p. 21) ; le gymnase des Pyrénées où « les camarades viennent pour pour le sauna, les AG, jouer aux échecs ou s’engueuler » (p.30) ; des ateliers d’éducation populaire, le port des marchandises (p. 34) qui permet les échanges, des fermes tenues par des Antifa etc. Soit des lieux de convivialité, de rencontres, de cultures et simplement de production : « si on veut pouvoir tenir un territoire autonome assiégé, en pleine ville, alors on doit rester aussi indépendant que possible. Ici, c’est une usine où l’on produit tout » (p. 39).



Mais les auteurs ne cachent pas les doutes et les périls qui menacent : pas d’idéalisme, ni de béatitude, les querelles internes, la violence (on s’entraîne au combat dans les parcs), la fragilité car les moyens sont limités, sont abordées : « nous avons besoin d’un but, pas simplement de résister… Nous devons améliorer la logistique. Le marché noir ne nous permet pas tout » (p.41).

Car comme ils le disent avec humour, il ne suffit pas de se promener ! Comment articuler toutes ces inventions sociales ? Comment déjà trouver un moyen « de se parler, sans dire (p. 56) »  ?

On le sent, si le texte est court, au détour de nombreuses phrases, avec une langue inventive, les auteurs disent l’écho des interrogations, des doutes, des espoirs, qui agitent aujourd’hui toute personne ayant l’amour de la liberté.



L’essentiel n’est-il pas de les rendre jaloux, ces ennemis de la Commune ? Leur démontrer que d’autres modes de vie existent. Cette Commune n’est pas un lieu d’idéologie, chacun-e y invente selon ses envies, et c’est bien pour cela qu’elle n’est pas un modèle à copier : chaque alternative est et sera différente, adaptée à son territoire. La multiplicité face à l’uniformité.

Heli, libérée, enlevée de son hôpital mortifère, c’est déjà une fête. Et puis, il y a la fête qui s’improvise dans le chapitre final du livre, où tout s’arrête, parce que la vie déborde !



ps : terminons en soulignant, la présence récurrente des arbres dans le récit, phares bienveillants, végétaux réconfortants, au milieu des machines de surveillance de la smart city !
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Maraude

Les utopies réalistes, c’est un peu ma came. On les couple avec un peu de science-fiction (mais pas trop, parce que les utopies réalistes peuvent débarquées demain) et c’est bon, le moi-lecteur est content ! MARAUDE(S), y’a de tout ça et c’est vraiment chouette.



Sabrina Calvo, elle traine dans ma pile à lire depuis un petit moment avec Melmoth Furieux – lui aussi une utopie réaliste. Lire MARAUDE(S) est pour moi une entrée douce jusqu’au roman car tous les deux se passent dans le quartier de Belleville, commune où on vit en liberté, loin des forces facho du reste du monde.

Et vous savez quoi ? Ça fait un bien fou de lire une petite nouvelle pareille ! Le monde de Dilem et Bri n’est pas idyllique, ce serait pas réaliste sinon. Les forces armées se pressent contre les barricades, il y a toujours la maladie qui rode, le vieillissement des icônes ou tout simplement les affres de la vie en société. Les deux narrateurs nous emmènent en maraude dans les quartiers de cette Commune, iels nous présentent ses piliers, son fonctionnement, ses défauts aussi.



C’est une nouvelle pleine d’espoir, rafraichissante même si elle nous décrit qu’un éclairci au milieu de la tempête de changement. Je craignais ne pas tout comprendre, n’ayant pas (encore) lu Melmoth Furieux, mais c’est bien tout le contraire ! Je veux en lire plus, je veux lire l’histoire de la Commune de Belleville, je veux en rêver, m’en inspirer.



Sabrina Calvo a réussi ce tour de main de nous faire rêver d’une cité eutopiste avec ces soixante pages de pérégrinations, sans perdre celles et ceux qui n’ont pas lu l’ouvrage premier. C’est une nouvelle que je vais conseiller à tous mes ami-es rêveureuses !
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