Fréderic Martineau, auteur de "La malédiction de Nostradamus" interviewé sur Arcana.
Le propre rassurait, le frais titillait, l’absence de microbes détendait et facilitait le déshabillage, on pouvait lancer les vêtements, les entasser sur le sol et fournir un ersatz de scénario émoustillant, une aire de jeux inédits. De ses amours passagères, il avait retenu un principe de base :
Il y a une chose qu’elles détestent plus que l’infidélité : la saleté !
UNE VIE VOLÉE
Un livre le troubla plus que les autres : Le chant du bourreau, de Norman MAILER. L'auteur américain avait obtenu le prix Pulitzer avec son roman qui retraçait les neuf derniers mois de la vie de Gary GILMORE, reconnu coupable d'un double meurtre et exécuté par un peloton dans la prison d'État de l'Utah en 1977. Ce fut la première fois qu'un condamné rejeta la clémence, les recours et exigea l'application de la sentence.
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Étrangement, les simples montrèrent une noblesse sans pareille, celle du cœur. Aux traitres qui plastronnaient, accusaient et détournaient la tête, il aurait volontiers hurlé : la solidarité n’était-elle qu’une qualité de pauvre ? Pourquoi le sens du partage se perdait-il à l’arrivée de l’aisance ? Était-il si antinomique de vivre convenablement et de donner ?
Ils n’étaient pas à l’abri d’un accident de parcours. Leur appartenance aux nantis ne les immunisait pas, leur avenir entier dépendait d’altruisme et d’un resserrement des liens entre les dissemblables.
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POINT FINAL ?
Lorsque les circonstances l’exigeaient, les religions et les croyances ne dédaignaient pas les violences. Elles trainaient un lourd passif de massacres et de guerres sanglantes sans que le bonheur de l’homme en découle. Il y avait toujours des fondamentalistes, des extrémistes ou des fous de Dieu persuadés d’accomplir une sainte mission pour exécuter la sale besogne.
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VAL D'OR
Allongé sur la pelouse, l’orteil au vent, les mains croisées derrière la tête, il s’abandonna à la quiétude sans réussir à se rappeler de quand datait sa dernière concession au farniente. Quel bonheur ! Un gazon dru et les caresses d’Éole le chatouillaient.
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Elle adorait communier avec la nature, une échappatoire au stress de la vie urbaine, mais le fantasme d'une sylphide à peau diaphane, la chevelure blonde, se frottant nue contre l'écorce d'un arbre en obédience à un culte celte s'évanouissait au tremblement de la réalité.
Elle marchait maintenant la bicyclette parallèle à ses pas ou restait assise sur une souche à contempler le ballet des branches, à écouter les cavatines des feuilles, à respirer l'humus à s'en faire éclater les bronches.
C'était une drogue indispensable à son équilibre et l'idée de devoir se priver de cette régénération vitale la rendait infiniment triste.
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JUSQU'À CE QUE LA MORT NOUS RÉUNISSE !
Cette décision fut la plus simple de sa vie. Elle leur épargnerait ce calvaire et irait en Suisse où des associations permettaient aux gens de partir honorablement. En France, la loi punissait l’euthanasie.
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LETTRE À UN PETIT LAPIN
Un feu me dévore et engendre des désirs innommables. Il m’entraine vers ton corps, sur ton corps, dans ton corps.
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LES DEUX FRÈRES
Elle s’apprêtait à entamer des études de langue lorsqu’elle tomba enceinte. La grossesse la fit renoncer. Les maternités s’enchaînèrent et elle se contenta du rôle de mère au foyer, un emploi à temps plein qui la combla. Durant les disputes sérieuses du couple, elle regrettait de dépendre du salaire de son mari et de ne pouvoir claquer la porte, ses petits sous le bras.
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MACABRE RENDEZ-VOUS
Thomas ne s’intéressait qu’à sa réalité numérique. Les tentatives maternelles pour l’inscrire à des activités sportives et culturelles échouaient. Sa génitrice cherchait à le sortir autant que possible du monde imaginaire dans lequel il évoluait trop souvent à son goût. Lui expliquait, lorsqu’elle insistait, ne pas souffrir d’épilepsie et ne pas craindre de se transformer en tueur psychopathe à force de dézinguer à tout-va des ennemis parcourant un univers factice. Les statistiques confortaient sa défense : près de cent millions d’aficionados se passionnaient pour les scénarios de Call of Duty sans que la criminalité augmentât de concert dans les pays où la franchise atteignait des sommets de popularité.
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