AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Libon (151)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Animal lecteur, Tome 1 : Ca va cartonner !

Humour sans doute "private joke" pour les fans de BD (surtout de franco-belge), mais subtil et drôle, ça fait mouche, on rit et on rit même de nous-même avec nos BD qui s'accumulent au fond de notre bibliothèque, et nos multiples visites dans les rayons de la librairie.
Commenter  J’apprécie          143
Animal lecteur, tome 2 : Il sort quand ?

Il s'agit du deuxième tome d'une série humoristique, constituant une compilation de gags en 1 bande verticale, chaque page comprenant 1 bande. Il n'est donc pas de besoin d'avoir lu le premier tome avant celui-ci, mais ce serait dommage de s'en priver. Il se présente sous un format original : demi A4 vertical, avec des bandes verticales (par opposition à l'habitude des strips qui se présentent sous la forme d'une bande dans laquelle les cases se suivent à l'horizontal). Il est initialement paru en 2011, écrit par Sergio Salma, dessiné par Libon. Ce tome comprend 92 strips.



Le personnage récurrent de ces strips est le Libraire. Son nom est prononcé par un animateur de débats télévisés : Bernard Doux, libraire à BD Boutik. Il travaille souvent seul, parfois avec un employé ou avec un stagiaire. Il reçoit régulièrement de nouveaux arrivages, et il doit gérer le retour des invendus. Bien sûr il voit défiler différents types de lecteurs, pas forcément assez à son goût, mais parfois trop d'un certain type. Il arrive que certains gags ne le mettent pas en scène, avec uniquement un lecteur, ou 2 en train de se parler, parfois un père et un fils, une femme et son mari, ou même 2 inconnus. C'est le cas du premier gag où un lecteur évoque l'année 1959, avec la première apparition des Schtroumpfs, d'Astérix, de Boule & Bill, et son chien évoque un autre événement de la même année.



Les gags sont bien sûr orientés sur la lecture et sur le métier de libraire. Cela commence par le titre qui évoque l'attente insupportable au lecteur qui guette la sortie du prochain album de sa série favorite, ou de son auteur préféré. Le lecteur peut également y voir un double sens : tous les gens de l'autre côté de la vitrine se demandant quand le libraire va oser sortir à l'extérieur et qu'il sera à leur merci. Dans les différents gags, Bernard Doux doit souvent renseigner des lecteurs un peu perdus, essayer lui-même de se retrouver dans le classement thématique de plus en plus pointu, supporter les récriminations des clients s'adressant directement à lui, ou se parlant entre eux du bon vieux temps. Il y a plusieurs scènes d'extérieur (en tout cas extérieures à la boutique) que ce soit juste devant, ou dans un parc, dans une chambre, sur un plateau de télévision, et même à la plage.



Libon dessine des personnages caricaturaux, aux expressions exagérées pour mieux faire passer leur état d'esprit et donner plus de force à leurs ressentis, à leurs émotions. Ils ont des gros yeux, des gros nez, des morphologies un peu exagérées et des bouches beaucoup trop grandes pouvant s'ouvrir sur presque toute la largeur de la tête. La dentition est très approximative. Cette approche sert très bien un propos comique. Le lecteur tombe d'ailleurs sur un gag en page 22 qui évoque cette approche graphique. Un monsieur expose ses réflexions sur les dénominations BD réaliste / BD humoristique. Il explique comment tout est enjolivé et idéalisé dans les BD réalistes, et comment la caricature croque les individus de manière juste et expressive dans les BD humoristiques, celles-ci contenant une part plus réaliste que les autres. L'analyse du trait de Libon est toute entière synthétisée dans ces 5 cases. Cela rappelle Pierre Desproges effectuant un résumé de son spectacle au début pour que les critiques le prennent en note pour écrire leur papier, et ne soient pas obligés de rester plus longtemps pour voir le spectacle.



Il y a une dizaine de gags qui reposent essentiellement sur la narration visuelle, soit sans aucun phylactère, soit uniquement pour la chute. Le lecteur peut alors apprécier l'art de l'économie de l'artiste qui raconte une histoire en peu de cases et peu de traits, tout en sachant construire une histoire avec une chute comique. La majeure partie des gags se déroule sous la forme d'une discussion ou d'un monologue. Quelques-uns mélangent des éléments visuels tels que les gestes ou les actions des personnages avec leurs paroles pour arriver à la chute. Les strips comprennent en majorité 5 cases les unes au-dessus des autres. Sur les 92 gags contenus dans ce tome, il y en a aussi une partie qui est découpée en 4 cases.



Une quarantaine des strips se déroulent à l'intérieur de BD Boutik, le reste soit à l'extérieur, soit à des endroits variés. À chaque fois, Libon sait faire comprendre où se trouvent les personnages en un minimum de traits, sans qu'il n'y ait d'incompréhension possible. L'artiste représente souvent les individus en plan poitrine, en train de papoter entre eux. La tenue vestimentaire n'est que très vaguement esquissée : t-shirt, chemise, polo. L'accent est mis sur l'expression de leur visage, exagérée pour mieux faire passer l'émotion. S'il est un peu lent, il lui faut attendre de passer la page 22 pour que le lecteur comprenne le fonctionnement visuel des gags. Il peut alors observer que l'analyse effectuée en page 22 s'applique bien aux dessins de Libon et que ses dessins montrent l'état d'esprit du personnage en train de parler, ainsi que de celui qui l'écoute le cas échant. Les réactions peuvent à de rares reprises s'avérer trop exagérées, mais le reste du temps elles donnent vie au dialogue, elles font apparaître le ressenti des interlocuteurs. Elles suggèrent les intonations de leur phrase. Sergio Salma n'est pas toujours très prévenant avec son artiste, surtout quand il conçoit un gag où il n'y a qu'un seul personnage qui s'adresse au lecteur face caméra. Certes, il y a moins d'éléments à représenter pour Libon, mais c'est aussi plus difficile de rendre ce genre planche visuellement intéressante. La narration visuelle est donc entièrement inféodée à mettre le gag en images, débarrassée de tout enjolivement visuel.



Dans le premier tome, le lecteur a remarqué qu'une partie de l'humour repose sur la fréquentation d'une librairie, et les habitudes qui y sont associées, et une autre partie sur des blagues référentielles au monde la bande dessinée. Bien sûr il retrouve quelques gags sur des thèmes présents dans le premier tome, que ce soit la surproduction, le flux incessant de BD, ou la place grandissante des mangas dans les rayonnages. Mais Sergio Salma sait se renouveler dans ces thèmes avec des gags qui en abordent un autre aspect. En ce qui concerne les mangas, il évoque les habitudes de lecture des japonais, n'hésitant pas à jeter un manga après l'avoir lu, ou leur regard sur la BD franco-belge pour une inversion des stéréotypes, ou encore le libraire qui se résigne à accorder plus de place aux mangas parce que ça lui assure un meilleur chiffre de vente. Le lecteur perçoit bien que l'auteur cherche d'autres angles d'attaque pour ces thèmes, et en même temps ces nouveaux points de vue dressent un panorama plus complet, en confrontant des perceptions et des a priori des différentes parties intéressées, et pas uniquement du libraire ou du vieux lecteur de BD franco-belge.



Le scénariste fait également régulièrement référence à des éléments culturels de la BD franco-belge, généralement facilement intelligibles pour un lecteur de BD. Il cite régulièrement le nom de Raoul Cauvin, considéré comme un des scénaristes les plus prolifiques de la bande dessinée franco-belge, sans le déprécier ou le tourner en dérision. Certains interlocuteurs citent leurs œuvres favorites, soit sur le thème de C'était mieux avant, soit sur celui des vraies Œuvres de BD, par comparaison à la production industrielle de masse. Il est également régulièrement question de la bande dessinée en tant qu'industrie, en particulier le volume de production (environ 5.000 BD / an) qui fait que les libraires n'arrivent pas toujours à se souvenir de tout, mais aussi qu'il s'agit d'une industrie de flux, et de la spécialisation incroyable et toujours plus pointue des séries, pourquoi pas sur les podologues spécialistes du pied gauche (non, ça n'existe pas). Cela amène à des réflexions sur les lecteurs considérés comme des moutons, et sur la BD artisanale ou produite dans des conditions dignes pour les auteurs. Il est bien sûr également question des lecteurs, que ce soit leur incroyable naïveté (celui qui cherche une BD dont il ne se souvient ni du titre, ni de l'auteur, ni l'histoire), des habitudes des collectionneurs (soit désabusés, soit accros à la nouveauté). Sergio Salma se montre un fin observateur des habitudes des lecteurs, sachant monter en épingle leurs travers, sans pour autant les déconsidérer. Au détour d'un gag le lecteur peut également percevoir son réel amour pour ce média : par exemple avec un interlocuteur soulignant que dans une bibliothèque remplie de BD, il est vraisemblable que son propriétaire les ait toutes lues, ce qui n'est pas forcément le cas dans une bibliothèque remplie de romans.



Ce deuxième tome de la série se révèle aussi drôle que le premier. Libon sait insuffler de la vie à tous les gags, même les moins visuels, dans lesquels il n'y a qu'une seule personne en train de parler, s'adressant directement au lecteur. Sergio Salma sait se renouveler, aussi bien pour les thèmes déjà abordés dans le premier tome, que dans de nouveaux. L'amour de la BD transpire dans chaque gag ; les auteurs savent de quoi ils parlent et ils s'amusent à en parler avec dérision mais sans méchanceté.
Commenter  J’apprécie          40
Animal lecteur, tome 2 : Il sort quand ?

EXTRAIT "Cet album reste à mon sens réservé à ceux qui connaissent un peu le monde de la bd, ses débats et ses serpents de mer. Pour ce deuxième recueil, l'accent est moins mis sur la surproduction, dont on parlait beaucoup dans le premier tome, mais plus sur les lecteurs, et leurs petits travers."
Lien : http://www.chroniquesdelinvi..
Commenter  J’apprécie          00
Animal lecteur, tome 2 : Il sort quand ?

Une série de gag toujours plus désopilants. Le rire est là pour vous en faire baver...

L' humour très fin de Libon fait encore des merveilles.
Commenter  J’apprécie          10
Animal lecteur, tome 2 : Il sort quand ?

Une BD pour les fans de BD qui se moque des fans de BD : on se reconnait forcément à un moment ou un autre, et on rit de nos petits travers, de nos tares. J'étais seul quand je l'ai lu, seul mon chat a eu peur de mes bruyants éclats de rire. En plus, le format en hauteur est sympa et original. Cette série, bien que très private joke, est vraiment drôle et réussie.
Commenter  J’apprécie          150
Animal lecteur, tome 2 : Il sort quand ?

[...]Le lecteur de BD est un drôle d’animal. Que vous le connaissiez bien ou pas du tout, cette bande dessinée saura vous le présenter sous son meilleur jour (ou pas), pour votre plus grand plaisir.
Lien : http://www.imaginelf.com/201..
Commenter  J’apprécie          20
Animal lecteur, tome 2 : Il sort quand ?

Relecture (?), rare, pour moi.

Il fallait cela sans doute pour que j'entre mieux dans l'humour des auteurs. Pour libraires et bibliothécaires,... En plus, cette fois, différemment de la précédente, j'ai loué les second et troisième tomes. Curieuse du suivant, donc!
Commenter  J’apprécie          20
Animal lecteur, tome 2 : Il sort quand ?

Ma réaction vis a vis de ce livre ressemble beaucoup à sa couverture : les lecteurs de BD scotchés à la vitrine de la librairie pour acheter enfin le nouveau volume tant attendu. Moi c'est à mon retour de la médiathèque que parfois, je ne peux pas me retenir de me jeter sur certaines BD, et c'est le cas avec celle ci.

Pourtant c'est assez répétitif, et il faudrait que je ne lise que quelques pages chaque jour, pour bien apprécier. Mais c'est plus fort que moi, je ne peux pas me retenir de dévorer le livre en une seule lecture.

Alors comme pour le tome un, parfois je me suis reconnu, parfois beaucoup moins. J'ai souris, j'ai gloussé, j'ai levé les aux ciels, et il me tarde mon prochain passage à la médiathèque pour emprunter le tome suivant.
Commenter  J’apprécie          80
Animal lecteur, tome 2 : Il sort quand ?

Sergio Salma et Libon ont débuté dans Spirou et fort de leur succès, ils ont pu édité des albums indépendants. Animal Lecteur raconte la difficile vie d'un vendeur de bandes dessinées. Il n'est pas toujours facile de satisfaire les demandes farfelus et les clients de plus en plus exigeants.



Le lecteur de bande dessinée est un être particulier. Le patron de la boutique doit faire face à bien des énergumènes. Il rencontre le passionné qui attend avec impatience le nouveau tome de sa série qu'il aime tant. Le lecteur qui pour lui, la vraie bande dessinée était celle des années 80 et que depuis, on ne fait rien de mieux. Ils y a ceux qui veulent bien découvrir des nouveautés mais ils sont tellement exigeants qu'ils ne trouvent rien. Et il y a aussi la quantité de publication qui noie souvent le patron qui doit trouver de la place pour laisser de la chance à chacune. Il va d'ailleurs même aller en mettre chez son voisin le pharmacien par manque de place.



Le hasard m'a porté sur cette bd au format bien particulier puisqu'elle est haute sans être large. Une page pour un strip. J'ai beaucoup rigolé en tournant les pages et beaucoup de situation m'ont parlé. Combien de fois ai-je entendu que la bd n'est pas de le lecture, qu'uniquement les vieux classiques ont de la valeur, que beaucoup de maisons d'éditions préférant se faire du bénéfice au lieu de la qualité, même si je partage en partie cette dernière phrase. Le monde de la bd est très riche peut-être trop d'ailleurs, c'est ce que cette bd veut montrer et cela avec brio. J'ai hâte de lire une autre bd de cette série à défaut de lire Spirou.



Alors si vous cherchez une bd qui parle de la bd et de ses lecteurs, je vous invite d'aller à la rencontre d'Animal Lecteur. Rire et bonne humeur garanties à chaque page.
Lien : https://22h05ruedesdames.wor..
Commenter  J’apprécie          40
Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout l..

Voilà un format sympa de BD que j'avais un peu découvert dans SPIROU. Amusant le regard des auteurs sur le monde de la BD.
Commenter  J’apprécie          10
Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout l..

Sergio Salma et Libon ne manquent pas d’imagination pour trouver des histoires à raconter sur notre vendeur de bd. En une page verticale, petit format, ils trouvent les mots et les dessins tout juste pour faire passer un message humoristique. Tout est occasion à rire. Le défi est de taille car ils parlent de sujets actuels : les séries à rallonge qui perdent en qualité, les bd numériques, l’invasion des nouveautés, les clients trop exigeants, le choc des générations sur les supports de lecture, les vieilles séries qui perdurent, le prix en hausse des albums, les rééditions… On ne croirait pas mais il y en a des choses à dire sur le monde de la bande dessinée. Je ne doute pas que les responsables de boutique doivent se retrouver dans ce genre d’album. Leur travail consiste à mettre en avant des artistes, des histoires cependant l’autre partie consiste à faire de la manutention encore et encore. Quelque chose les anime tout de même pour faire ce métier très spécifique : la passion pour le neuvième art.
Lien : http://22h05ruedesdames.com/..
Commenter  J’apprécie          20
Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout l..

Et hop, voici le 3ème tome, avalé comme les deux premiers : telle une affamée en une seule fois : c'est toujours aussi efficace.

Alors j'ai aussi dans cette lecture découvert quelques subtilité du langage du lecteur de BD, en autre quand il parle d'une lecture segmentée en petit épisode. Une notion qui m'a beaucoup amusée, parce qu'il m'arrive de faire ce genre de remarque dans mes critiques mais pas du tout avec la même arrière pensée....

Aussi, je tiens à préciser que lorsque je dit qu'il est préférable de ne pas lire une BD en une seule fois, cela ne signifie pas - pour moi - qu'il s'agisse d'une lecture de chiottes !..
Commenter  J’apprécie          70
Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout l..

Extra. Situations ubuesques, grotesques et quotidiennes d'un libraire BD qu'on admire.

Découvert dans le petit spirou, j'ai sauté sur cet exemplaire lors d'une braderie. Je ne le regrette pas !

Je file acheter les deux premiers tomes !
Commenter  J’apprécie          20
Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout l..

Une BD sur le quotidien d'un libraire BD plutôt bien sentie et qui m'a bien fait rire. Un bon moment de détente.
Lien : http://madimado.com/2012/03/..
Commenter  J’apprécie          20
Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout l..

Ce troisième tome d'« Animal Lecteur » est aussi bon que les précédents, voire peut-être encore meilleur.
Lien : http://www.bdselection.com/p..
Commenter  J’apprécie          20
Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout l..

Ce tome fait suite à Animal lecteur, tome 2 : Il sort quand ? (2011) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant, mais ce serait dommage de s'en priver. Il s'agit donc du troisième tome d'une série humoristique, constituant une compilation de gags en 1 bande verticale, chaque page comprenant 1 bande. Il se présente sous un format original : demi A4 vertical, avec des bandes verticales (par opposition à l'habitude des strips qui se présentent sous la forme d'une bande dans laquelle les cases se suivent à l'horizontal). Il est initialement paru en 2012, écrit par Sergio Salma, dessiné par Libon. Ce tome comprend 92 strips. Comme l'annonce le sticker sur la couverture, il commence par une introduction de Jean van Hamme, scénariste de séries comme Thorgal, Largo Winch, Les maîtres de l'orge, XIII. Comme le laisse le supposer la mention citant son nom, c'est le geste qui compte, car elle tient en 2 lignes.



Le personnage récurrent de ces strips est le Libraire. Son nom a été prononcé dans le tome précédent : Bernard Doux, libraire à BD Boutik. Il travaille souvent seul, parfois avec un employé ou avec un stagiaire. Il reçoit régulièrement de nouveaux arrivages, et il doit gérer le retour des invendus. Bien sûr il voit défiler différents types de lecteurs, pas forcément assez à son goût, mais parfois trop d'un certain type. Il donne des conseils de lecture. Il oriente le client vers une bande dessinée correspondant à ses désidératas. Il prend lui-même conseil auprès des représentants des maisons d'édition. Il doit faire face aux évolutions du métier, que ce soit les rééditions en intégrale, les séries dérivées, ou les produits sous licence.



Dans les premiers gags, il commence par utiliser l'avis négatif d'un père outragé par la vulgarité d'une BD, pour le transformer en argument de vente pour un lecteur avide de récits épicés. Il doit ensuite donner le change auprès d'un client pour lui faire l'article sur une bande dessinée qu'il n'a pas lue. Il est confronté au comportement d'un enfant venant prendre une bande dessinée et l'emmenant sans payer, comme il peut le faire avec un fichier sur internet. Il doit gérer le relationnel avec des publics aussi divers que les diffuseurs, les éditeurs, les distributeurs, le banquier et les clients. Il se laisse déborder par l'arrivage pléthorique des bandes dessinées à mettre en place en novembre en prévision des fêtes de fin d'année. Il accueille un client ayant décroché de la bande dessinée il y a 40 ans, et qui retrouve exactement les mêmes titres en rayon. Il essaye de soutenir un éditeur prenant conscience de la surproduction actuelle, de l'ordre de 5.000 titres par an. Etc.



En entamant ce troisième tome, le lecteur se demande s'il est vraiment possible que les auteurs se renouvellent assez pour éviter de se répéter, ou même une forme de routine autour des mêmes thèmes, centrés sur le nombre ingérable de nouveautés, les clients qui ne savent pas ce qu'ils veulent (ou qui le savent trop bien) et les trucs et astuces pour fourguer sa camelote. Il s'agit d'ailleurs d'un a priori assez paradoxal, parce que dans le même temps, il espère bien retrouver ces thèmes mettant en scène Bernard Doux, pour un effet de familiarité rassurante et réconfortante. Effectivement le pauvre libraire est envahi par les cartons de nouveautés en novembre, les auteurs mettant littéralement en scène un embouteillage de cartons devant la devanture de BD Boutik. Effectivement, les clients vont de l'individu entré par erreur et tenant un discours équivoque (il se plaint des effets de la vieillesse, et il cherchait en fait une pharmacie), à l'expert qui sait distinguer les manhwas des mangas, et les tebeo des stripverhalen. Pour autant, même avec ces thèmes déjà abordés, le lecteur ne ressent de redite, car Libon & Salma ont acquis assez de confiance en eux-mêmes pour s'aventurer sur le terrain du registre de comique absurde. Par exemple, Libon représente les cartons disposés comme dans un embouteillage ne pouvant plus avancer, et s'invectivant les uns les autres comme des automobilistes énervés. Pour pouvoir fourguer sa camelote, le Libraire se retrouve à jouer du violon à un client, ou encore grimé comme un clown, et même en train de faire du trapèze.



Au fil des 92 gags, le lecteur se rend compte que les auteurs abordent un nombre conséquent de sujets, et qu'ils sont diversifiés. Il ne s'agit pas uniquement de voir un client venir demander quelque chose d'impossible ou le Libraire essayer de faire acheter une bande dessinée improbable ou d'un intérêt limité. Ils abordent des sujets aussi divers et variés que les critères relatifs de la qualité d'une lecture en fonction de la personnalité du lecteur; la répétition des arguments de vente par des personnes qui n'ont pas lu un ouvrage, la génération du tout gratuit (= génération internet), la caractère indémodable des valeurs sûres (Tilleux, Franquin, Macherot, Alix & Lefranc, Blake & Mortimer), l'accélération des phénomènes de mode (une nouveauté chassée par une autre dans la journée), la précarisation des auteurs de BD, la starification (saint van Hamme priez pour nous), le décalage qu'il peut y avoir entre une œuvre et son auteur, la compulsion consumériste, les liseuses électroniques, la gadgetisation de la BD reléguée au stade de cadeau promotionnel, la quadrature du cercle pour un éditeur de BD tout public, les dédicaces en boutique, les études de marché. Les auteurs n'hésitent pas à évoquer des plaisirs rendus étrangement coupables (comme la lecture de BD aux toilettes), ou l'universalité thématique des Schtroumpfs.



Arrivé à la fin du quatre-vingt douzième gag, le lecteur garde à l'esprit les thématiques récurrentes, sans avoir l'impression qu'elles aient été matraquées ou utilisées jusqu'à l'écœurement, avec plutôt une impression (justifiée) de diversité. Par la force des choses, il s'est retrouvé dans le comportement de plusieurs clients, généralement différents en fonction de son âge. Il peut même porter un regard réflexif sur son positionnement, suivant qu'il reste avide de nouveautés et convaincu qu'il reste des continents entiers (de la BD) à explorer et que chaque semaine apporte son lot de découvertes, ou qu'il estime avoir fait le tour de la question et que 99% de la production n'est que redite, généralement de qualité inférieure. Il en arrive ainsi à se positionner entre ces 2 extrêmes. Il se reconnaît aussi dans l''attitude de l'acheteur potentiel en boutique, ne sachant pas quoi acheter face à la profusion de produits, ou au contraire allant droit au but. Il ne peut que sourire devant quelques comportements compulsifs, comme la soif de voir arriver le tome suivant d'une série. À chaque fois, Libon & Selma se montrent pertinents et incisifs, poussant la logique jusqu'au bout. C'est ainsi qu'un lecteur tient, dans ses mains, le tome 11 de la série Le curé des étoiles, le jour même de sa sortie et qu'il demande au Libraire quand sort le tome 12. Ils savent également inverser le point de vue, avec un auteur produisant à une vitesse prodigieuse, ce qui permet au Libraire de répondre à un autre client que le tome suivant devrait arriver en boutique d'ici une heure ou deux.



Comme dans le tome précédent, le lecteur a la bonne surprise de découvrir que malgré le format très contraint d'un gag en 4 ou 5 cases superposées verticalement, les auteurs réussissent à introduire de la variété visuelle. Libon continue de représenter les personnages de manière caricaturale, à commencer par le gros nez du libraire, mais les autres personnages ont également un nez déformé, et souvent avec des yeux plus gros que la normale et tout ronds. L'artiste peut ainsi exagérer les expressions du visage pour des effets comiques. Les personnages sont souvent représentés en plan taille, avec une réelle expressivité, soulignée par le mouvement de leurs mains ou de leurs bras, et l'inclinaison de leur tête. Libon représente également des personnages en pied en train de se déplacer, d'accomplir un mouvement, de manipuler un objet, et assez régulièrement en train d'interagir avec un accessoire ou un élément du décor. Il ne se produit donc pas d'effet de lassitude qu'il pourrait y a voir avec des personnages évoluant sur une scène avec uniquement un décor en toile de fond, avec lequel ils n'interagiraient pas.



En outre, Libon & Salma ont conçu plusieurs gags visuels, une demi-douzaine, qui attestent de leur capacité à raconter une blague avec une chute, sans l'aide de mot, ou avec une unique précision ou une unique réplique. Ils prennent soin de raconter chaque histoire autrement qu'avec seulement une suite de têtes en train de parler. Bien évidemment la majeure partie des gags (57 sur 92) se déroule dans le décor de la librairie BD Boutik. Mais au gré de leur fantaisie, les auteurs savent aussi emmener le lecteur dans la chambre d'un mourant, sur la scène d'un théâtre, dans une église, dans un monastère au moyen-âge, sur les créneaux d'un château fort, sur un banc dans un parc public, devant la vitrine de BD Boutik, dans un désert de western, etc. Ils évoquent aussi le temps d'une case Gaston Lagaffe, en un hommage sincère et émouvant à Franquin, avec Gaston s'étant aménagé un repère douillet au milieu des livres des archives du journal.



Le lecteur ressort de la lecture de troisième tome avec le sourire aux lèvres, l'impression d'avoir lu une vraie bande dessinée, le plaisir d'avoir exploré des thèmes évoquant sa passion nourris de la propre passion des auteurs, réconforté par la force de la vocation de Bernard Doux même quand il vante les mérites d'une bande dessinée qu'il n'a pas lue, ou quand il fait preuve de démagogie éhontée pour caser ses produits. Il ne peut qu'être sensible aux critiques adressées aux liseuses électroniques, surtout s'il est lui-même resté attaché au papier. Il s'est reconnu à moult reprises dans le comportement de tel ou tel client, avec quelques tendances obsessionnelles dans la pratique de sa passion pour la BD. Il constate que Libon & Salma font en sorte de ne pas rester en milieu confiné en situant une partie des gags en dehors de la librairie spécialisée, et en évoquant d'autres acteurs de l'industrie de la bande dessinée, les auteurs bien sûr, mais aussi les diffuseurs, les éditeurs, les distributeurs et les représentants. Bien sûr, il cautionne entièrement leur jugement de valeur sur le fait qu'acheter une BD en grande surface, c'est le mal. Enfin, il se demande s'il ne va pas lui aussi aller brûler un cierge en évoquant saint Van Hamme.
Commenter  J’apprécie          50
Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout l..

3ème volet des histoires de ce libraire spécialisé dans la bande dessinée. C’est vrai, c’est un peu private joke, il faut suivre une peu ce qui se fait dans le monde de l’édition de bandes dessinées, mais c’est vraiment drôle. Moi, j’ai bien ri.
Commenter  J’apprécie          90
Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout l..

Extrait: "on, lisez-le. Ce qui est étonnant, c'est à quel point Salma tombe souvent juste. Moi qui ait été proche d'un libraire bd (bises Benjamin), je retrouve tout à fait ce qu'il me décrivait, et ce que je voyais quand j'allais au magasin. Il me semble tout de même que ce troisième tome insiste un peu plus sur les clients, pour des scènes toujours très drôles."
Lien : http://www.chroniquesdelinvi..
Commenter  J’apprécie          10
Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout l..

Qui est Animal Lecteur ?? Il est juste à côté du sommaire lorsque vous lisez le magazine Spirou.



Ce sont les histoires courtes d'un libraire de BD. Ces rêves, ces cauchemars, le client exigeant, la cliente indécise, l'amateur, le collectionneur....

On se demande presque s'il n'y a pas du vécue !!



Vous ne voyez toujours pas ?? C'est dommage.

Maintenant qu'il est édité en album (3 tomes) vous n'avez plus d'excuses ;-)
Commenter  J’apprécie          60
Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout l..

Libon et Sergio Lama nous abreuvent de gags en tout genre : quiproquos et comique de situation sont encore une fois au rendez-vous de ce troisième tome.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Libon (423)Voir plus

Quiz Voir plus

Les cavaliers de l'apocadispe.

Combien sont-ils dans le groupe?

5
4
3

3 questions
0 lecteurs ont répondu
Thème : Les cavaliers de l'apocadispe, tome 1 : Maîtrisent la situation de LibonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}