J’ai horreur des soutiens-gorge, ça m’empêche de profiter. Grossièrement parlant « ça me fait mal aux seins », au propre comme au figuré. A contrario, je suis une fervente porteuse de la culotte, mais seulement avec un pantalon. Je ne me vêts qu’avec du linge de qualité et je craque surtout pour Chanel. Quand on aime on ne compte pas et moi je suis nulle en arithmétique, le beau c’est… beau, c’est tout.
Ne croyez pas que je sois excessive, déraisonnable dans la toilette, que nenni, sauf peut-être pour l’escarpin, ma gourmandise. Je les collectionne et seulement du haut de gamme, de la chaussure qui vous donne un pied de princesse.
J’adore me maquiller avec délicatesse, à la bourgeoise, mais sans tromperie, le botox, silicone et faux cul, pas pour moi. J’ai des rides et je l’accepte. On m’aime comme je suis ou l’on ne m’aime pas, et moi je m’aime, c’est l’essentiel. Ça vous va comme ça ? Vous imaginez l’oiseau ? Ah, j’oubliais le principal, je suis rousse de chez rousse, aux cheveux mi-longs, pas une fausse bidouillée à la teinture à deux balles, non, une vraie, une authentique rousse, du haut en bas et j’assume. Je suis pour l’épilation raisonnée du maillot, la tonte travaillée avec élégance et délicatesse, du fait main dans la dentelle.
Ces objets-là, de cette qualité, sont rarement portés par des créatures qui bossent sur le trottoir. Pour moi, la victime sent davantage la haute bourgeoisie plutôt que la racoleuse de caniveau. Je ne la classerais même pas dans la catégorie, excusez-moi si je suis un peu triviale, pute de luxe. J’opterais pour la bourgeoise, dévergondée ou pas d’ailleurs, elle a pu faire une mauvaise rencontre, mais en tout cas c’est une bourgeoise. Et ce qui me porte à ne pas assimiler ce meurtre aux deux autres, c’est qu’aucun vêtement n’a été découvert près du corps.
Physiquement, à ce prénom que je trouve délicieux, correspond une jeune femme qui me plaît bien. Vous avez bien entendu, jeune puisque l’on n’est vieux que lorsque les regrets remplacent les rêves, moi j’ai toujours la tête ailleurs et je crois en l’avenir. En toute modestie j’affirme avoir quelques qualités parmi lesquelles deux dont je suis très fière, être Slave et rousse. Je porte les cheveux plutôt longs, ils tombent sur mes épaules, parfois je les attache en queue-de-cheval. Si les blondes sont remarquées, les rousses ne sont jamais oubliées.
Pour moi, la dédicace reste un instant privilégié, je ne suis pas là pour placer du bouquin, je suis présente avant tout pour profiter de ce moment de rencontre un peu magique. Une dédicace, je ne la bâcle jamais, je la déguste, je l’adapte, je la peaufine, en fait, je la personnalise. Elle doit correspondre à l’attente du lecteur qui en gardera un bon souvenir bien après qu’il ait oublié l’histoire du roman. Je la rédige toujours à l’aide d’un superbe stylo à plume et je soigne l’écriture. Le lecteur mérite cette attention.
Malgré la simplicité des faits, comme il voulait le faire entendre, Léon qui avait ôté son képi et découvert son crâne dégarni sur la partie supérieure, ne donnait pas l'impression de franche sérénité. Il hésitait, visiblement, il ne parvenait pas à aborder le vif du sujet. Morgan avait compris que quelque chose clochait.
Ils me suivent du regard, je décèle au fond de leurs calots une petite lumière et les langues pendantes du loup de Tex Avery. Je me demande pourquoi. Peut-être que la jupe de mon tailleur est exagérément fendue pour mes jambes trop longues ? Ou alors mes bas noirs détonnent avec mes escarpins rouges talon aiguille ? Non, à mon avis, c’est le lin de mon chemisier qui manque d’épaisseur. Quoi qu’il en soit, je ne peux pas vous dire pourquoi les discussions ont soudainement perdu de leur intérêt et le brouhaha ambiant a cessé.
Lorsque j’ai déboulé dans ce monde merveilleux, mon paternel qui espérait un fils voulut me prénommer Boï (guerrier) au grand désespoir de ma mère qui heureusement portait la culotte. Elle décida de manière non négociable que je m’appellerais Irina, un prénom d’origine grecque signifiant paix.
Malgré sa déconvenue, mon père ne doutait pas qu’un guerrier sommeillait en moi et que la petite Irina pourrait changer le monde. Un optimiste mon paternel, un doux rêveur un peu magicien duquel j’ai hérité de quelques dons.
Mon problème c’est qu’épidermiquement parlant, je ne supporte pas les keufs. Enseignant de gauche, j’ai toujours été du mauvais côté des barricades, ou du bon ça dépend. Je dois tout de même reconnaître, et ça m’arrache un peu la gueule, qu’avec les temps qui courent, si on ne les avait pas ces flics, on serait mal. Et puis, il n’y a que les gros cons qui ne changent pas d’avis hein ?
Yvan le regarde avec un sourire indulgent qui en dit long, Brindorges a les idées larges et ce n’est pas pour lui déplaire.
Paradoxalement, bien que dénué d’espoir, il redouble d’énergie dès que la cause en vaut la peine, quelle qu’en soit l’issue. Un homme impénétrable pour qui noir c’est noir, une gueule dans le milieu judiciaire. Dès mon arrivée en ville, il y a trois mois, j’ai voulu, dans le cadre de mes polars, avoir l’avis d’un baveux de renom. J’ai traîné mes guêtres au palais et suis tombée sur Brutus, le courant est tout de suite passé. Le dandy pensait m’accrocher le soir même à son tableau de chasse.