Lécrivaine féministe égyptienne Nawal al-Saadawi est morte à 89 ans. Elle était la figure de lémancipation des femmes en Égypte. Médecin, elle avait écrit une cinquantaine de livres. Elle avait dû fuir lÉgypte en 1993 avant dy revenir au début des années 2000.
Je me sentais étrangère à ce monde et tout de ce monde m'était étranger: cette terre, ce ciel, ces arbres. C'était comme si je déambulais dans un monde irréel, sans que je lui appartienne, sans qu'il m'appartienne...Faire ce que l'on veut et ne pas faire ce que l'on ne veut pas ! Liberté de n'appartenir à personne, volupté de se détacher de l'univers ! Se sentir une femme indépendante, parmi d'autres êtres indépendants ! Ne subir le pouvoir d'aucun homme et ne se plier ni aux lois du mariage, ni à celles de l'amour ! Vivre en dehors du temps, en dehors des lois, en dehors même de l'existence ! (p. 138)
Les femmes les moins trahies sont les prostituées, et c'est par le mariage, par l'amour que la femme se voit infliger les châtiments les plus lourds.
Je continuerai à écrire. J'écrirai même s'ils m'enterrent, j'écrirai sur les murs s'ils me confisquent crayons et papiers; j'écrirai par terre, sur le soleil et sur la lune... L'impossible ne fait pas partie de ma vie.
J'ai aimé la lecture: dans chaque livre, je découvrais quelque chose de neuf. J'ai connu les pharaons, j'ai connu les Persans, les turcs , les Arabes. J'ai lu sur les crimes des rois et des gouvernants, sur les guerres, sur les révolutions des peuples, sur la vie des révolutionnaires. J'ai lu des romans d'amour et des poèmes érotiques. toutefois je préférais lire des textes sur les hommes au pouvoir, plutôt que sur l'amour. (p. 53)
Rien n'est plus dangereux que la vérité dans un monde qui ment.
J'ai écrit des articles qui encensent la liberté et j'ai des penchants philosophiques. Mais mon crime le plus grand est d'être une femme libre à une époque où l'on ne tolère que les esclaves. Je suis née avec un cerveau qui pense à une époque où l'on cherche à tuer la raison.
Je n'ai pas senti un seul instant que je n'étais pas une femme honnête. Je savais désormais que mon métier est une invention des hommes, eux, les tyrans de ce monde -ci et de l'au-delà. Je savais que ce sont les hommes qui obligent les femmes à vendre leur corps pour de l'argent, et les femmes qui reviennent le moins cher sont les épouses. (p. 144)
Le crime se nourrit essentiellement de virilité!
Rien, en fait, ne fait diverger un homme de son honneur ou de sa valeur que ses poches vides, pas même la fréquentation des prostituées.
J'opposais mon refus d'aller chez n'importe lequel d'entre eux; car mon corps est mon bien à moi, puisque la terre de la patrie est leur bien à eux. (p. 143)