SNCF

J'ai trouvé cette brochure en 1975, dans une bouquinerie angevine où j'avais l'habitude de venir fouiner.

Assez austère, cet ouvrage d'actualité de 1931 n'en est pas moins parlant: La situation du rail et des réseaux ferrés de France est préoccupante avec des frais en augmentation constante: Les coûts en combustibles (principalement le charbon, à l'époque) n'ont cessés d'augmenter et le personnel de se faire plus nombreux: Le réseau ferré français est à sa taille maximale et nécessite des moyens colossaux pour fonctionner... D'autant que les conventions de 1883 obligent les réseaux à faire circuler au moins trois trains par jour et par sens sur chaque ligne!

Cependant, la puissance unitaire des engins de traction a augmentée, et la traction électrique s'est développée.

C'est aussi dans les années trente, que vont se multiplier les autorails qui permettront de conséquentes économies sur les lignes à trafic moyens et faibles... Et l'automobile, qui se développe depuis la fin de la première guerre mondiale, va entraîner la fin de services voyageurs par trains sur les lignes les moins fréquentées.

À l'horizon 1938, se profile la nationalisation du rail français avec la création de la SNCF.

L'ouvrage est donc fort intéressant du double point de vue économique et historique de l'entre-deux guerres.

Cette édition des Chemins de fer en France, est d'aussi bonne tenue que celle de 1955.

Le rail français continue sa modernisation et sa rationalisation.

1956 a vu le passage de trois à deux classes dans les trains, et la mise en service du Mistral paris-Nice assuré en rame climatisée.

1957 et l' Europe naissante, amènent les premières liaisons

Trans-Europ -Express assurées par les élégantes, véloces et très confortables Rames grand Parcours diésel, rouges rubis et jaune clair... Et l'autorail panoramique fait son apparition sur les lignes à fort potentiel touristique.

Les photos pleine-page en couleurs, amènent toujours une illustration parfaite à cette brochure par laquelle la SNCF soigne son image de réseau ferroviaire prestigieux... S'y ajoute, soixante ans plus tard, la patine nostalgique de trains maintenant disparus.

Quelques mois avant l'inauguration et la mise en service commerciale de la Ligne nouvelle Paris-Sud-Est, la SNCF diffusait cette brochure distribuée à la clientèle des futurs usagers du train le plus rapide du monde.

Le TGV allait s'élancer sur la première section, ouverte de Saint-Florentin à Sathonay ( raccordement à la ligne classique, au nord de Lyon).

La grande vitesse "à la française" s'affichait par la livrée orange, grise et blanche de ses rames de dix éléments à traction électrique bi-courant.

En première étape, la vitesse du TGV était limitée à 260 km/h sur l'infrastructure nouvelle entièrement clôturée et bénéficiant de l'indispensable signalisation en cabine (impossible, en effet, pour le conducteur d'observer la signalisation latérale à 260, puis 270 et 300 km/h ultérieurement).

Très bien réalisée, la brochure insiste sur un TGV, accessible aux 1eres comme aux 2emes classes ... gage de son succès.

L'accent est mis, aussi, sur le raccordement au réseau classique et à ses gares "hitoriques" à Paris et à Lyon... mais aussi à Montchanin - le Creusot et Mâcon par des stations nouvelles construites sur la ligne nouvelle.

Cependant, il est précisé que 1981 n'est que la première étape...

1982 verra l'extension des dessertes TGV au sud de Lyon et 1983 la mise en service de la totalité de la ligne nouvelle (section Lieusaint - Saint-Florentin) et de la nouvelle gare de Lyon-Part Dieu.

Trente-huit ans déjà.

La moleskine des 2ème classe à fait place au tissus, et la livrée d'origine a disparue pour les couleurs bleue et grise inaugurées par le TGV Atlantique de 1989...

La modernité des années 80 respire maintenant la nostalgie de ses couleurs vives, symbole d'un progrès décisif dans le transport ferroviaire.

Avec le TGV - Sud-Est, la SNCF entrait - et de quelle flamboyante manière - dans l'ère de la grande vitesse ferroviaire.

Les Chemins de fer en France, éditions 1966, se situe à mi-chemin entre les années 50 encore marquées par la reconstruction des gares et du réseau, et les années 70 pendant lesquelles va se développer et se concrétiser l'avènement des voitures Corail, du turbotrain et du TGV.

Ces années 60 sont l'époque des trains rapides qui roulent à 160km/h sur les grandes liaisons électrifiées. Période aussi qui voit l'extension de la banlieue parisienne avec l'apparition de matériels économiques et capacitaires.

Le symbole le plus éclatant de cette décennie 60, reste les splendides rames Trans Europ Express mises en service en 1964 pour la desserte Paris-Bruxelles-Amsterdam, et à l'honneur en pleine page 108 de la brochure.

En 1972, la SNCF continue le processus d'accélération de la vitesse de ses trains: Le 200km/h est pratiqué journellement par les rapides Aquitaine, Étendard et Capitole sur de longues sections des radiales Paris-Bordeaux et Paris-Toulouse.

Ailleurs, sur les grandes artères, le 160 km/h est la vitesse maximale des rapides.

Le projet TGV Sud-Est Paris-Lyon est bien avancé, et le turbotrain TGV 001 préfigure le matériel prévu pour la première ligne à grande vitesse française... Même si, premier choc pétrolier oblige, le TGV sera électrique.

Les voitures Corail climatisées sont en gestation, et entreront en service trois ans plus tard, en 1975. Les turbotrains ETG et RTG assurent les liaisons Paris-Caen-Cherbourg et investissent les relations transversales Lyon-Strasbourg, Lyon-Nantes et Lyon-Bordeaux.Les turbotrains RTG, déployés sur les transversales pré-citées, sont les premiers matériels offrant la climatisation à la fois en 1ere et en 2e classe.

La couverture en couleur de la brochure en format à l'italienne, rend cette volonté de progrès et de vitesse par la photo d'une CC 6500 en marche. Ces locomotives tenaient, alors, le haut du tableau des matériels moteurs de la SNCF: 8000 chevaux, 200km/h de vitesse maxi, en tête des rapides de prestiges du sud-ouest et du sud-est tels que l' Aquitaine, le Capitole, le Mistral.

Chaque année, bien avant l'ère Internet, la SNCF distribuait chaque année ce superbe fascicule des Chemins de fer en France.

Celui-ci est de 1955

L'époque est au record du monde de vitesse sur rail des 28 et 29 mars 1955 et aux débuts de l'exploitation en traction électrique 25kw/50hz des artères industrielles du nord-est.