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Critiques de Tchicaya U Tam`si (6)
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Le Zulu suivi de Vwène le fondateur

Dans Le Zulu et Le Destin glorieux du Maréchal Nnikon Nniku, Tchicaya a choisi la société politique africaine en général, la société politique congolaise en particulier, en toile de fond, pour dénoncer, et projeter une autre scène politique. Ses deux pièces, comme ses romans, sont une longue interrogation sur le pouvoir africain à travers la figure marquante du dictateur sanguinaire, mélange de tous ceux qui ont dirigé ou dirigent encore l’Afrique. Ces « guides providentiels » (les mots sont de Sony Labou Tansi), envoyés en Afrique par Dieu, se sont illustrés par leur incapacité atavique à proposer une politique du développement qui tienne compte des intérêts du peuple. Au lieu de cela, ils instaurent un pouvoir personnel, sanguinaire et liberticide qui infantilise le peuple. Dans les pièces que nous venons d’analyser, Chaka, le Zulu et le Maréchal Nnikon Nniku sont trois figures d’une même médaille.

Pour bien montrer le caractère ridicule de ce type de dirigeant, le poète congolais va jusqu’à la caricature. Leur programme économique se résume à encourager le peuple aux plaisirs épicuriens : forniquer, danser, boire, paresser dans les rues. Tous les travers que moquait en son temps Rabelais. Leur discours est un ramage de discours que les gauchistes ne renieraient pas, mais il satisferait aussi les défenseurs du capitalisme. Toute l’Afrique se trouve concentrée là dans ces pages. Le bar, lieu de la convivialité et des plaisirs, la rue bruyante, sont des lieux de la subversion. L’exclue, Nnyira, la prostituée, Lheki, le barman, sont des révolutionnaires qui affrontent le pouvoir. Sur ce dernier point, Tchicaya U Tam Si est en avance sur d’autres écrivains africains francophones. Il rejoint, dans une certaine mesure, Aimé Césaire et Wole Sonyika. Comme, Schiller, Tchicaya donne une autre dimension à la marginalité, qui va libérer le peuple. Où sont donc passés les intellectuels africains pour laisser la marginalité et le « petit peuple » réfléchir à la révolution ? Où sont donc les opposants pour laisser les exclus seuls organiser la résistance à la dictature ? Est-ce une manière pour le poète de montrer qu’en Afrique, l’intellectuel est loin des préoccupations du peuple ? Ces poèmes sont un halo de voix qui s’entrechoquent, s’entrecroisent. A certains moments, on croit entendre la voix du poète commentant les paroles de ses créatures, ou se joignant à la leur. Pour dire l’inadmissible, Tchicaya U Tamsi a opté pour un vocabulaire violent. Pour dire la dictature, n’est-ce pas la caricature qu’il fallait comme portrait du dirigeant ? Dans cette Afrique où la récupération est la philosophie du soldat, la révolution des déshérités a amené au pouvoir les soldats qui ont été au pouvoir avec Nnikon Nniku. N’est-ce pas un coup d’Etat de palais déguisé en révolution, comme il y en a eu un peu partout en Afrique ? Ces poèmes sont un procès des indépendances qui n’ont propulsé sur le devant de la scène que des aventuriers.



http://ethiopiques.refer.sn
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Le destin glorieux du Maréchal Nnikon Nniku P..

Surtout connu comme poète, Tchicaya u Tamsi, originaire du Congo, a aussi écrit des textes en prose et quelques pièces de théâtre, dont ce Destin glorieux du Maréchal Nnikon Nniku Prince qu'on sort (1979).



L'oeuvre se compose de trois Plans et de nombreuses séquences, ces dénominations évoquent un aspect cinématographique. Nous sommes dans un pays qui n'est pas nommé, mais qui fait penser au Congo, pays de l'auteur. Au début de la pièce, deux soldats inspectent la prison, qui visiblement devra être rapidement utilisée. Nous nous rendons ensuite dans un bar, dans lequel deux jeunes gens, Lheki et Nniyra jouent à une forme de provocation. Mais les choses s'accélèrent : nous suivons à la radio du bar un coup d'état : le président en titre est en train d'être renversé par un caporal, Nnikon Nniku. Des tirs se font entendre, des soldats apparaissent, le barman est tué.



Dans le deuxième plan, nous revenons à la prison, nos deux soldats se voient confier un prisonnier, un enfant, fils du président assassiné. Nous avons quelques aperçus de la façon délirante et mégalomaniaque dont Nnikon Nniku gouverne. Pendant ce temps, Lheki et Nniyra entrent à leur façon dans la résistance. Nniyra attire les soldats avec ses charmes, puis ils sont tués.



Dans le troisième plan, Nnikon Nniku est de plus en plus sanguinaire et absurde dans sa façon de gouverner. Mais des idées de prise de pouvoir germent dans d'autres têtes, en particulier dans celles des soldats du début de la pièce, éveillées sans doute en partie, par l'enfant et un geôlier fantôme, qui pourrait bien symboliser la mort. Le tyran est renversé aussi aisément qu'il a triomphé lui-même et exécuté à son tour. Que va-t-il arriver au nouveau homme fort ?



La pièce analyse la gouvernance dans un pays sans boussole, où n'importe qui peut s'emparer du pouvoir, sans aucun projet politique. Le pouvoir est un but en soi, qui ne fait qu'alimenter la spirale de la violence et de la mort, dans un absurde permanent. Il y a quelque chose de shakespearien dans cette vision des tyrans qui se détrônent les uns les autres, avant de finir chacun à leur tour par succomber sous les coups de l'aspirant suivant. Mais nous sommes au XXe siècle, le siècle des idéologies, et il s'agit d'habiller la prise de pouvoir dans un discours justificateur, ici tourné en ridicule, en parodie. L'auteur évoque aussi la façon dont ces pouvoirs tyranniques sont facilement reconnu et entretenu de l'extérieur, à condition que le tyran accepte de satisfaire certaines exigences de pays tiers, ce qui lui permet de martyriser son peuple en toute impunité.



Même si l'auteur se place dans un contexte africain, il a incontestablement l'ambition de donner un aspect universel à sa pièce. Le lieu n'est pas nommé, aucune date n'est donnée. Une sorte de choeur intervient avec des textes poétiques et qui généralisent les situations particulières évoquées. Le réalisme côtoient une sorte d'absurde, il y a un fantôme (sans doute un symbole de la mort).



C'est une œuvre riche et puissante, qui mériterait d'être plus connue, et qui doit avoir une réelle efficacité sur une scène.
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OEuvres complètes, tome 1 : J'étais nu pour le ..

J'étais nu pour le premier baiser de ma mère, c'est le titre qui a été choisi pour ces œuvres poétiques complètes. Il s'agit d'un vers du poète, tiré du recueil Epitomé (page 182 dans la présente édition). L'avantage, avec un recueil de poésie, c'est qu'on est complètement libre de l'aborder comme on le souhaite, selon sa fantaisie, selon le temps dont on dispose, selon la résonance que tel poème produira en nous, tandis qu'on bourdonnera autour de tel autre poème, sans s'y arrêter vraiment. Il y a des textes qui toucheront notre sensibilité plus que d'autres. Il y a des poèmes avec lesquels on aura envie d'entamer un dialogue, parce qu'on veut en savoir plus, parce que la compagnie de ce poème nous plaît... Les poèmes sont comme de petits personnages, et nous ne nous comporterons pas de la même manière avec chacun d'eux : affinité avec celui-ci, complicité avec celui-là, malentendu avec tel autre, cordialité avec un autre encore sans que celle-ci aboutisse à une franche amitié

Bref, c'est un monde tout peuplé de personnages aussi différents les uns que les autres que nous offre Tchicaya U Tam'si dans ses recueils de poésie. Mais, aussi nombreux soient-ils, il y a comme un air de famille qui se dégage de certains d'entre eux. Chaque recueil a une teneur particulière, une odeur, mais il peut y avoir plusieurs odeurs dans un même recueil. Ainsi, laissez-vous guider par votre nez, humez, humez ces textes sans modération ! Ne vous laissez surtout pas influencer par la réputation de poète ''hermétique'' qu'on a voulu lui coller.

Tenez, en y mettant mon nez, moi, qu'est-ce que j'ai senti ?

Le mauvais sang est particulièrement inondé par la pluie, une pluie qui, comme dans « Il pleure dans mon cœur », de Paul Verlaine, traduit le mal-être du poète....



Contre les morsures de la vie, le poète s'est forgé une cuirasse : les mots. Ils sont emplis de sa ferme volonté de rester arrimé à la vie, à tout ce qui fait sa noblesse. Le poète souhaite avoir « un bec d'acier / pour disputer (son) corps aux ans. » (page 200).

Ainsi des images fortes s'impriment dans la mémoire du lecteur à la lecture de chaque recueil, entre autres : les blessures, dans Le Mauvais sang ; le fleuve dans Feu de brousse ; le Congo, le fleuve comme le pays, dans A triche-coeur, le Christianisme et Lumumba dans Epitomé ; l'amour dans Arc Musical, la mort dans Le Ventre..



http://valetsdeslivres.canalblog.com
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OEuvres complètes, tome 1 : J'étais nu pour le ..

Du sonnet de ses débuts, Tchicaya U Tam’si passe rapidement à des formes libres. Ses poèmes prennent l’allure de longs chants dont la rythmique savamment heurtée traduit la fêlure de son âme.
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Le Zulu suivi de Vwène le fondateur

trop bon livre
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Le Zulu suivi de Vwène le fondateur

trop bon livre
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