Avec Alain Mabanckou, Valérie Marin La Meslée
À l'occasion de la publication de l'ouvrage : Alain Mabanckou, le commerce des Allongés (Le Seuil)
Retour à Pointe-Noire, sa ville natale, pour Alain Mabanckou, qui retrouve son enfance et les débuts de l'indépendance du Congo-Brazaville dans ce nouveau roman pétri de croyances. Celle qui abolit la frontière entre morts et vivants est incarnée par le jeune Liwa. Trop tôt disparu, l'employé de l'hôtel Victory Palace n'a en effet aucunement l'intention de demeurer au cimetière parmi les « allongés ».
Comment le roman permet-il de relire son histoire ? Réponses lors d'une rencontre avec le bien vivant et bien debout auteur du "Commerce des Allongés", paru au Seuil le 19 août.
Valérie Marin La Meslée
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L’écrivain, c’est d’abord un lecteur. […] Un écrivain qui ne lit pas, c’est une plante qui n’est jamais arrosée.
(25e Heure du Livre du Mans, 4 octobre 2014)
… il ose me traiter de capitaliste, je pouvais encore tout accepter d’un diable qui me dit va de retro Satana, mais pas être traité de capitaliste, est-ce que moi j’exploite les pauvres, moi, est-ce que moi j’aime le profit, moi, est-ce que moi je fais l’exploitation de l’homme par l’homme, moi, je suis quand même Zéro Faute, demandez à n’importe qui et on vous dira que moi j’ai fait recouvrer la vue aux aveugles, les jambes aux paralytiques, la voix aux muets, les ovules aux femmes stériles, l’érection aux hommes qui ne bandaient plus même le matin quand le pipi gonfle normalement la chose de tous les mâles, est-ce que vous savez au passage que j’ai aidé le maire de cette ville à se faire réélire à vie, … je ne parle non plus du retour au foyer conjugal de la femme du préfet de cette région, ce n’est pas pour rien qu’on m’appelle Zéro Faute…
Peut-être que lorsqu'on a bu on discute avec des gens invisibles que ceux qui fabriquent l'alcool ont cachés dans la bouteille et que ceux qui ne boivent pas sont incapables de voir.
Si je suis devenu écrivain, c'est aussi pour venger ma mère, pour venger le fait qu'elle ne soit pas allée à l'école. Ma mère est la source de tout ce que j'ai écrit.
IMPOSSIBILITE
Je voudrais vous dire des choses si tendres,
Vous murmurez des mots si doux,
Que seules les fleurs mortes peuvent entendre
Car c'est tout ce que j'ai de vous.
Je voudrais vous confier mon rêve de folie
Mon beau rêve si insensé,
Hanté par le spectre de la mélancolie
Où viennent sombrer mes pensées
Je voudrais vous dire pourquoi mon âme pleure
Quand tout aime et refleurit,
Pourquoi elle gémit à la fuite de l'heure
Qui part sans apporter l'oubli.
Je voudrais vous dire comment je vous adore.
Hélas je ne le pourrais pas,
Et c'est en mon rêve qui s'envole à l'aurore
Que je dois le dire tout bas.
Birago Diop
"Nos dirigeants n'ont pas de politique culturelle forte. Ils ont tendance à voir la culture comme une distraction, non comme le point de départ de l'émancipation du peuple, qui permet d'ancrer une nation dans l'histoire du monde".
Interview à L'Express, le 1er mars 2013
Je te construirai une jolie maison en planches
Comme celle de maman Pauline et papa Roger
Un château c'est trop grand
J'ai peur que mes rêves se perdent dedans
Un écrivain qui n’a pas de doutes est un écrivain qui ment.
(25e Heure du Livre du Mans, 4 octobre 2014)
La mère est toujours la première femme qu'on aime.
(La Grande Libraire, le 8 octobre 2015)
Papa Roger a donc toujours un mot pour que ces blancs rient car, dit-il, avec le froid qu'il y a là-bas en Europe les blancs ne rient pas beaucoup.
Les muscles de leur visage sont congelés.