L'UNEF et les frondes etudiantes
Documentaire de Jean-Michel Rodrigo et Georges Terrier
Avant les événements, plusieurs faits permettent au moins de situer l'état d'esprit des étudiants.
Depuis quelque temps déjà, les « aventures » de Nanterre défrayaient la chronique. Mais derrière, et depuis plus longtemps, le « malaise de l'Université » servait de thème de réflexion aux milieux concernés.
Dans un climat tendu, des décisions précises vont surexciter les étudiants :
- L'annonce de la fermeture de la faculté de Nanterre par le doyen Grappin qui déclare, après avoir rappelé l'agitation dans sa faculté :
En conséquence, après accord du ministre de l'Education nationale et du recteur de l'Académie de Paris, j'ai décidé de prendre les mesures suivantes : à partir du vendredi 3 mai 9 heures, et jusqu'à nouvel ordre, les cours et travaux pratiques sont suspendus à la faculté des Lettres de Nanterre. »
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Devant le caractère misérable, facile à pressentir, de cet avenir plus ou moins proche qui le "dédommagera" de la honteuse misère du présent, l'étudiant préfère se tourner vers son présent et le décorer de prestiges illusoires. La compensation même est trop lamentable pour qu'on s'y attache; les lendemains ne chanteront pas et baigneront fatalement dans la médiocrité C'est pourquoi il se réfugie dans un présent irréellement vécu.
La mise en spectacle de la réification sous le capitalisme moderne impose à chacun un rôle dans la passivité généralisée. L'étudiant n'échappe pas à cette loi. Il est un rôle provisoire, qui le prépare au rôle définitif qu'il assumera, en élément positif et conservateur, dans le fonctionnement du système marchand. Rien d'autre qu'une initiation.
Le Monde, 3 mai
Les fascistes du mouvement « Occident » ont attaqué la F.GE.L., l'ont mise à sac et incendiée. Dans le journal Minute paru ce jour même, ils annoncent leur intention d'attaquer les militants de Nanterre. La semaine dernière déjà, ils avaient attaqué l'assemblée générale de l'U.N.E.F. et, deux jours après, ses locaux. Les concentrations importantes de troupes fascistes encadrés d'anciens paras ou légionnaires, concentrations qui se font depuis plusieurs jours avec la montée de troupes fascistes de province, font peser une lourde menace sur la démocratie et la vie même des militants progressistes.
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