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EAN : 9782851840646
Gérard Lebovici (17/11/1976)
4.25/5   4 notes
Résumé :
De la misère en milieu étudiant:
considérée sous ses aspects économiques, politiques, psychologiques, sexuels et notamment intellectuels et de quelques moyens pour y remédier.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cette angoisse, cette déprime, ce stress auxquels la jeunesse est sommée de s'adapter pour suivre coûte que coûte les décisions hors-sol bombardées du haut des tours ministérielles peuvent être paradoxalement l'occasion individuelle et collective de remettre en question l'ensemble de la logique éducastratrice.

Car enfin, lʼécole a-t-elle perdu le caractère rebutant quʼelle présentait aux XIXème et XXème siècles, quand elle rompait les esprits et les corps aux dures réalités du rendement et de la servitude, se faisant une gloire dʼéduquer par devoir, autorité et austérité, non par plaisir et par passion ? Rien nʼest moins sûr, et c'est ce que révèle crument la situation actuelle.

Aucun enfant ne franchit le seuil dʼune école sans s'exposer au risque de se perdre ; de perdre cette vie exubérante, avide de connaissances et dʼémerveillements, quʼil serait si exaltant de nourrir, au lieu de la stériliser et de la désespérer sous lʼennuyeux travail du savoir stérilisé et desséché. Quel terrible constat que ces regards brillants soudain ternis !

Mais pourquoi les jeunes gens sʼaccommoderaient-ils dans leur for intérieur dʼune société contaminée, bien plus que par un virus, par cette grisaille et cette absurdité que les adultes nʼont plus que la résignation de supporter avec une aigreur et un malaise croissants ?

Lʼinsupportable prééminence des intérêts financiers sur le désir de vivre nʼarrive plus à donner le change. le cliquetis sinistre de lʼappât du gain sonne toujours plus faux, à mesure que dévalent vers lʼégout du passé les valeurs du maître et de lʼesclave, les idéologies de gauche et de droite, le collectivisme et le libéralisme, tout ce qui sʼest édifié sur le viol de la nature terrestre et de la nature humaine au nom de la sacro-sainte marchandise.

Au terme dʼune course frénétique au profit, l'on découvre qu'il ne restera bientôt plus que les parts empoisonnées d'un fromage terrestre rongé de toutes parts. Il est temps de se préparer à sortir la vie de cette impasse.

Nous nous sommes trop longtemps laissé persuader quʼil nʼy avait à attendre de l'existence que la déchéance et la mort. Cʼest une vision de vieillards prématurés, de golden boys tombés dans la sénilité précoce parce quʼils ont préféré lʼargent à lʼenfance.

Une société nouvelle commence où commence lʼapprentissage dʼune vie fondée sur la créativité, non sur le travail; sur lʼauthenticité, non sur le paraître; sur le raffinement des désirs, non sur les mécanismes du refoulement et du défoulement, sur la solidarité et la coopération, non sur une stupide compétition où l'arriviste sans scrupule lʼemporte sur lʼêtre sensible et généreux.

Outre qu'il nʼy a pas dʼenfants stupides, il nʼy a que des éducations stérilisantes. Dites-vous que nul nʼest comparable ni réductible à qui que ce soit, à quoi que ce soit. Chacun possède ses qualités propres, il lui incombe seulement de les affiner pour épanouir la joie de se sentir en accord avec ce qui vit.

Que lʼon cesse donc de dévaloriser lʼenfant qui sʼintéresse plus aux rêves et aux hamsters quʼà lʼhistoire de lʼEmpire romain. Pour qui refuse de se laisser programmer par les logiciels de la vente promotionnelle, tous les chemins mènent vers soi et à la création.

Quelle résignation dans lʼenfermement prétendument studieux où lʼélève est convié à se sacrifier et à claquer sur son propre bonheur la porte du renoncement ! Et comment instruirait-il les enfants quʼil a devant lui, lʼéducateur qui nʼest plus capable de redevenir enfant en renaissant chaque jour à lui-même ?

Celui qui porte dans son coeur le cadavre de son enfance nʼéduquera jamais que les âmes mortes. Dispenser la connaissance, cʼest réveiller lʼespoir dʼun monde merveilleux.

Face à la sinistrose dans laquelle la pandémie a plongé la planète, voilà l'horizon capable de dissiper la noirceur et d'éclairer nos pas vers un monde nouveau.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Devant le caractère misérable, facile à pressentir, de cet avenir plus ou moins proche qui le "dédommagera" de la honteuse misère du présent, l'étudiant préfère se tourner vers son présent et le décorer de prestiges illusoires. La compensation même est trop lamentable pour qu'on s'y attache; les lendemains ne chanteront pas et baigneront fatalement dans la médiocrité C'est pourquoi il se réfugie dans un présent irréellement vécu.
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La mise en spectacle de la réification sous le capitalisme moderne impose à chacun un rôle dans la passivité généralisée. L'étudiant n'échappe pas à cette loi. Il est un rôle provisoire, qui le prépare au rôle définitif qu'il assumera, en élément positif et conservateur, dans le fonctionnement du système marchand. Rien d'autre qu'une initiation.
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