AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Abdellatif Laâbi (48)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les Rides du lion

Quand J'ai lu les Rides du Lion, j'ai été saisie. La lecture m'a fait glisser entre effroi et réflexion. C'est une grande page de la littérature Francophone.
Commenter  J’apprécie          40
Race

Poésie-cri, formellement proche des Beats américains (cf. par exemple Kaddish d'Alan Ginsberg), pleine de violence et de dissonances, Race est une charge forcenée contre les ex-colonisés qui jouent le jeu des ex-colons, qui adoptent leurs valeurs au détriment de leur propre identité, qui relèguent leurs racines et imitent le "bon blanc".

C'est pour ce genre de textes, publiés dans la revue Souffles qu'il a lui-même co-fondée en 1965, que l'écrivain marocain Abdellatif Laabi passera huit ans en prison, comme traître à la nation. On retrouve sa rage dans Le règne de barbarie, son meilleur recueil, avant qu'il n'adopte une forme plus policée lors de son emprisonnement.

"Il est temps de dire

pourquoi je dégueule le monde"
Commenter  J’apprécie          40
Le fond de la jarre

Fès, début des années 50. Le narrateur raconte la jeunesse d’un garçon de sept ou huit ans, cadet d’une famille de onze enfants. Le père, membre de la confrérie des selliers, parvient à faire vivre chichement mais dignement les siens. Surnommé Namouss (le moustique), le petit dernier découvre le monde qui l’entoure avec l’insouciance de l’enfance.



Du mariage de son frère à l’activisme indépendantiste qui va précéder la fin du protectorat français, Namouss traverse une époque charnière de l’histoire de son pays. Sa vie quotidienne est rythmée par l’école, les jeux dans le quartier avec les copains, les matchs de foot, la découverte du cinéma et l’importance primordiale de la famille.



Abdellatif Laâbi porte un regard plein de tendresse sur sa jeunesse sans jamais tomber dans l’idéalisation. Bien sûr, il y a les charmes sans fin de la médina. Bien sûr, il y a l’image de la mère, Ghita, femme au caractère bien trempé qui l’a profondément marqué. Bien sûr, le trait est peut-être parfois forcé lorsqu’est présentée une galerie de personnages plus extravagants les uns que les autres. Mais l’auteur ne cherche pas à écrire une carte postale pour lecteurs en mal de romantisme « made in Maroc ». Son ton sait se faire critique, notamment lorsque sont abordés le ramadan (un mois d’ennui où la vie s’arrête) ou l’école coranique, qu’il a d’ailleurs très peu fréquenté. Le petit garçon se languit souvent, il s’interroge aussi sur ses premiers émois sexuels et se passionne pour les leçons de choses de son maître venu de France, Monsieur Cousin.



Le fond de la jarre porte un regard lucide sur une enfance pas forcément plus difficile qu’une autre, mais que l’auteur se refuse de sacraliser.



La prose est fluide, elle coule sans accroc, embarquant le lecteur avec réalisme dans le Maroc de l’après-guerre. Point de lyrisme pour enjoliver la vie au Maghreb à cette époque. Le ton est juste, oscillant entre humour et gravité.



Au final, un très beau texte, pétrit d’intelligence et de sensibilité.




Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          240
Oeuvre poétique

J’ai découvert André Laude pour la première fois en 1995. C’était par un matin d’hiver, dans les rayonnages de la BU de la fac d’Amiens. J’étais en 2ème année de DEUG de lettres modernes et on étudiait la littérature engagée. A coté des grand noms (Hugo, Vallès et les autres) se trouvaient une tripotée d’auteurs parfaitement inconnus pour moi : Han Ryner, Georges Darien, le poète Eugène Bizeau, Ludovic Massé ou encore Jean-Baptiste Clément (l’auteur du Temps des cerises). Tous étaient présentés avec brio par Thierry Maricourt dans son Histoire de la littérature libertaire en France (éditions Albin Michel). C’est donc là, en feuilletant cet ouvrage devant une étagère de la BU que j’ai rencontré André Laude. Thierry Maricourt le présentait comme un poète rebelle dont l’engagement (a)politique lui valu, entre autres, quelques tortures pendant la guerre d’Algérie.



Rapidement, je cherchais à trouver des recueils du sieur Laude mais sa production était tellement confidentielle qu’aucun libraire ne put me trouver le moindre de ses titres. Je finis par en dénicher un à la bibliothèque municipale. Et là, le choc fut total. Habitué aux enseignements universitaires qui ramenaient souvent la poésie à un pur exercice formel, je découvrais une voix pleine de bruit et de fureur.



André Laude est né en 1936 à Paris dans une famille pauvre, d’un père occitan et d’une mère bretonne. Subjugué par la poésie de Rimbaud, il devient un peu par hasard journaliste (il pigera notamment très longtemps pour le journal Le Monde et fera des émissions à France Culture). Jamais encarté, il souscrit aux thèses des communistes libertaires. Fervent défenseur de l’indépendance algérienne, il mena tous ses combats comme un révolté. Ce grand solitaire n’a jamais rien possédé. Il a vécu dans le dénuement et les vapeurs d’alcool. Une sorte de clochard céleste incontrôlable, fieffé mythomane. Ses détracteurs lui reprochent d’avoir souvent mordu la main qui venait de le nourrir. Il avait fait sienne la phrase du poète surréaliste belge Achille Chavée : « Je suis un vieux peau-rouge qui ne marchera jamais dans une file indienne. »



La poésie d’André Laude est une poésie à hauteur d’homme. Balayant d’un revers de la main toute forme de versification, il offre des textes flamboyants, souvent proches du surréalisme. Dans sa magnifique Histoire de la poésie française, Robert Sabatier cite Alain Bosquet : « La vertu d’André Laude est précisément, malgré la brutale clarté de ses textes, de leur garder une charge d’enchantement, de mélodie et de pureté intacte. » André Laude éructe ses poèmes. Il emporte le lecteur dans un tourbillon de mots semblant parfois incontrôlé, un peu comme un jazzman se lançant dans une impro sans fin. Mais sa petite musique prend aussi souvent les accents du blues le plus pur, celui qui vous donne des frissons.



André Laude est mort le samedi 24 juin 1995 dans une petite chambre de Belleville. Épuisé par la solitude, l’alcool, le manque de confort matériel, il s’est laissé emporter… Sentant la fin arriver, il a griffonné un dernier poème, retrouvé près de son corps :



Ne comptez pas sur moi

Je ne reviendrais jamais

Je siège là-haut

Parmi les élus

Près des astres froids



Ce que je quitte n’a pas de nom

Ce qui m’attend n’en a pas non plus

Du sombre au sombre, j’ai fait

Un chemin de pèlerin

Je m’éloigne totalement sans voix

Le Vécu m’a mille et mille fois brisé, vaincu

Moi le fils des Rois.



Dernier tour de force pour un poète qui aura marqué à jamais ma vie de lecteur. Grâce à internet, j’ai pu récupérer la majorité des recueils d’André Laude. Il m’arrive encore souvent dans prendre un au hasard. J’ai corné les pages où se trouvent mes poèmes préférés. Je retrouve pendant quelques minutes cette voix singulière, le cri d’un homme entier, sans concession. Je passe alors un moment de pur bonheur et je comprends pourquoi la lecture est devenue pour moi une activité vitale.




Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          160
L'oeil et la nuit

voilà typiquement le genre d'ouvrage qu'on ne peut lire sans clé, sans référence, sans guide; aussi l'ai-je arrêté peu après la 30ème page! Un récit à la première personne, un récit du corps dont on ne sait s'il est mort ou vivant, dans une inexprimable frontière peut être... Un récit où les mots sont beaux, les phrases chantent, mais pour quel sens? Car étrangère à cette situation particulière car historique et étrangère (émeutes à Casablanca en 65, défaite des pays arabes en 67) je ne comprends ni le contexte ni les référents. C'est pourquoi je n'ai pas poursuivi. Mais pour un "connaisseur", cette oeuvre doit être d'une force incontestable, je n'en ai aucun doute!
Commenter  J’apprécie          30
Le fond de la jarre

Namouss raconte son enfance au Maroc. A travers son regard d’enfant, on découvre Fès et ses coutumes, Fès d’une époque révolue.



Dès le départ, j’aurais bien aimé savoir à quelle date se déroule ce récit. Ma patience a été récompensée car soixante- sept pages plus loin, Namouss est à l’école et l’instituteur écrit la date de novembre 1949. Un peu moins perdue dans l’espace temps, j’ai suivi Namouss dont l’âge doit se situer entre 7 et 10 ans. Sa mère, Gita femme de tempérament, est omniprésente tout au long de ce livre. Une mère qui a la langue bien pendue, maîtresse du gynécée. Namouss passe beaucoup de temps avec elle. Son père Driss est plus discret comme le reste de la famille. L’école lui permet de découvrir et d’apprendre le français. D’ailleurs, il met un point d’honneur à être un bon élève. Il y a Fès la populaire : son marché, ses boutiques, ses codes des familles, sa culture et l’envie d’indépendance d’un pays qui se fait sentir. Le ton est léger souvent humoristique, il parle de monseigneur ramadan, mais j’ai trouvé le rythme de ce livre lent, trop lent à mon goût.



Au final, un livre qui permet de voyager, il suffit juste de fermer les yeux et se de laisser imprégner par le récit...


Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          40
Le fond de la jarre

Tout débute lorsqu’un homme, réuni avec sa famille, devant la télévision et les images de la chute du mur de Berlin, se demande pourquoi son frère est absent, et de fil en aiguille, revisite son enfance.

C’est donc par le biais du jeune « Namouss » (moustique) que l’on découvre Fès, dans un contexte de combat pour l’indépendance, le Maroc, et ses coutumes, à travers le mariage du frère, l’oncle fantasque amateur de kif, les fastes du Ramadan.



La première chose qui frappe dans ce roman étonnant, à tiroirs, si je peux dire, c’est le style particulièrement plaisant, on sent toujours en toile de fond l’humour de l’auteur, et ses nombreuses références culturelles émaillant le récit sont toujours un plaisir pour le lecteur averti, qui sourit de voir un radis comparé à une certaine madeleine, par exemple, ou des nombreux traits d’esprit de l’auteur.



Ceci étant dit, l’on peut désormais s’intéresser à l’histoire même, celle du petit Namouss, le récit d’une enfance à Fès, parmi de nombreux frères et sœurs (dont la plupart son anonymes) et surtout entre deux figures parentales assez étonnantes, Guita et Driss. En effet, entre Guita, la mère fantasque, lunatique, à la personnalité très marquée, prompte aux lamentations, et le père, Driss, un homme calme, bon, les moments à dominante comique sont nombreux. Namouss grandit et découvre l’école, l’éducation, les luttes pour l’indépendance, le monde. Il rêve de voyage, d’aventure, comme n’importe quel enfant. C’est un personnage vivant, entier, attachant. Le lecteur est donc ravi de pouvoir lire son histoire.



Ce roman reprend donc la période houleuse de la lutte pour l’indépendance, vue par un enfant, et du côté marocain, ce qui est doublement instructif, étant donné que tout ce que nous savons de ces évènements a été appris au lycée, du côté français. Cependant, l’auteur ne semble pas porter de jugement à l’égard de la France : si plusieurs personnages s’avèrent véritablement en faveur de l’indépendance, Namouss, lui, n’a aucune animosité vis-à-vis des français, et est même fier d’apprendre le français, espérant que son maître ne sera pas inquiété par les troubles.



Lire ce livre, c’est également l’occasion de voyager : le Maroc nous apparait comme si on y était, on croirait presque voir les tajines servis par Guita, les souks et leur atmosphère, les maisons dont les terrasses se jouxtent. Ce livre est une véritable plongée dans la culture marocaine, Namouss nous fait découvrir le Ramadan, le Hammam, le mariage à la marocaine. En somme, un livre que j’ai pris énormément de plaisir à lire, et je remercie très vivement les éditions Gallimard et le forum Livraddict pour cette découverte des plus agréables.


Lien : http://well-read-kid.over-bl..
Commenter  J’apprécie          150
Le fond de la jarre

Abdellatif Laâbi est un auteur marocain qui a publié son premier recueil de poésie, Le soleil se meurt, en 1992. Le fond de la jarre est paru en 2002. L'auteur sera distingué par le prix Goncourt de la poésie en 2009. Il vit en région parisienne depuis 1985, après huit ans d'emprisonnement dans son pays (de 1972 à 1980), pour ses activités d'opposant.



Hasard ? Je viens de lire coup sur coup, deux livres qui traitent du même thème.

Après un agréable séjour en Haïti, avec Dany Laferrière dans Le charme des après-midi sans fin, me voici au Maroc.



Les deux œuvres sont des autobiographies. L'une et l'autre donnent la parole à l'enfant qu'a été l'auteur dans le pays de son enfance.



Ici, c'est Namouss, sept/huit ans, qui vit à Fès, dans le quartier pittoresque de la "Source des chevaux", au moment de la chute du mur de Berlin, en 1989, que la télévision marocaine annonce au milieu de l'indifférence familiale parce que "les Marocains ont inventé, eux, l'image de fond, sans lésiner pour autant sur les décibels d'accompagnement".

La famille de Namouss, c'est Ghita, sa mère, Driss, son père ; c'est aussi Si Mohammed, son frère, Zhor, sa sœur.



Les jours s'écoulent, tranquilles, pour le petit garçon, qui, comme tous les habitants de ce quartier, est informé des derniers évènements par "radio Médina", "station non hertzienne mais hautement efficace du bouche-à-oreille". Mais dès le début du roman, le lecteur est mis en condition... Si Mohammed a eu maille à partir avec un lieutenant de l'armée française : les gendarmes sont venus l'arrêter, l'ont roué de coups et mis au cachot. Le contexte sociopolitique est posé. Le Maroc est soumis au protectorat français (tiens ! en effectuant une recherche sur cette partie de l'histoire marocaine, je m'aperçois que le protectorat français a pris fin en 1956... y aurait-il une anachronie dans ce récit ?).



J'évoquais la tranquillité des jours... C'est vrai qu'il règne dans cette communauté, une "vraie cour des Miracles, avec ses personnages extravagants, doux marginaux ou folles de Dieu" une sorte de languidité qui s'étire, un peu interminablement sur plus de deux cents pages. "Le temps passe et Namouss ne s'en aperçoit pas forcément'", mais la lectrice s'en est rendu compte...



Ce roman est très bien écrit, mais j'en ai trouvé le style un peu trop nonchalant, trop lent.



Mais même si mon avis est mitigé, c'est un livre que je ne regrette pas d'avoir lu !
Lien : http://livresouverts.canalbl..
Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Abdellatif Laâbi (263)Voir plus

Quiz Voir plus

Approximations phonétiques dans les titres

Lasso noir

Alphonse Daudet
Fenimore Cooper
Jack London
Emile Zola

10 questions
126 lecteurs ont répondu
Thèmes : titres , humour absurdeCréer un quiz sur cet auteur

{* *}