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Citations de Adam Biro (17)


Isaac reçoit pour son anniversaire 2 très belles cravates en cachemire de sa mère, une bleue et une rouge.
Le vendredi suivant, il sait qu’il doit en mettre une pour aller dîner chez ses parents. Il hésite longtemps et opte finalement pour la bleue.
"Ah, dit sa mère après avoir embrassé son fils, tu n’aimes pas la rouge ; j’en étais sûre ! "

(page 735).
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" J'écris Juif partout avec une majuscule, au mépris de toutes les règles de grammaire. Pour me simplifier la vie. "

Note de bas de page tout au début de l'ouvrage.
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Cela fait soixante-dix ans qu'elle attend, cette auto, qu'elle attend que j'en parle, même si je n'ai pas soixante-dix ans ; le seul, l'unique, le dernier qui puisse encore en parler avant qu'elle ne rejoigne le néant faute de ... de quoi, de qui? de moi, moi seul...
Les voitures, les choses, n'importe quoi, c'est comme les hommes, tout comme eux; elles existent aussi longtemps que quelqu'un s'en souvient. On n'entrepose dans les cimetières que la matière. Aucun cimetière, ni pour humains, ni pour voitures, ne conserve les souvenirs ; seule la mémoire de quelqu'un, son verbe, quand il en parle..
Je suis un cimetière vivant, oui, vivant, moi, je vis, et mes morts
aussi, avec moi, aussi longtemps que moi. Vous, ici, vous n'êtes au
courant de rien. Regardez cette boîte de photos ! Vous y jetez un coup d'œil pour la première fois. Remarquez, je pense, sans vous le dire, que votre attitude est saine. Ne pas se complaire dans le passé mort vous aide à vivre. Quant à moi, c'est tout le contraire, et ceci ne m'aide en rien. Même pas à mourir, puisque j'ai peur de la mort.
Quand je mourrai, mourront avec moi la voiture de pompier rouge en plastique qui a fondu dans le four de la cuisinière où je l'ai mise pour qu'elle y éteigne le feu, le petit laboratoire de chimie reçu de ma mère, et le tricycle que j'ai laissé devant le portail de la maison [...]
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Comme quoi, même dans des systèmes comme celui-là, il y a des failles, des trous, ces systèmes sont faits par des hommes, des salauds, certes, mais des hommes, et ce sont d'autres hommes qui font les trous et ce sont encore des hommes qui s'y engouffrent.

*

- Tu veux te fondre dans le grand trou ? Disparaître ? Il faut vivre. Etre. Et pour être, il faut s'inscrire dans le monde. Briguer les honneurs, aussi, les titres…
- les médailles, les diplômes, les rubans, les cartes de membre, les membres à crédit, la plume dans le cul…
- la reconnaissance des autres, de ceux qui t'entourent.

*

Mes rapports avec la maçonnerie sont ambigus. Anarchiste que je me sens, fièrement nidieunimâitre-iste depuis longtemps mais surtout depuis que j'ai quitté leur pays d'organisations-groupements-cellules-associations-syndicats-sociétés-partis — quoi, partis ? Le Parti ! — le tout très soucis et très contrôlé, je ne m'inscris nulle part, je ne fais partie de rien. Même chanter en coeur m'est insupportable. Je suis rétif à toute obéissance et obédience.

*

C'est l'un des miracles de ce pays [France] : il peut vous faire croire que vous y êtes à la maison. Chez vous. J'aime ce pays — qui est mien, que je ressens comme mien — mais peut-on aimer un pays ? n'est-ce pas soi-même qu'on aime, toujours, à travers un endroit, une personne ? —, ce pays que je vois de l'extérieur comme un Hongrois. Un jour, j'ai roulé en voiture dans un vieux quartier de Paris avec un célèbre photographe français [Robert Doisneau]. Il pleuvait, et mon passager m'a indiqué les pavés luisants. Regardez monsieur Adam, m'a-t-il dit, je ne vois ces pavés que depuis que j'ai vu les photos de Brassaï. Et savez-vous pourquoi lui, il les a vus ? Parce qu'il n'était pas né ici. C'était le meilleur photographe de Paris, parce qu'il voyait Paris avec un regard d'étranger, neuf, de l'extérieur.
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Je n’ai jamais su comment faire, comment vivre pour correspondre. J’allais devenir un homme dans l’inconscience ; et celles qui font souffrir, elles vous font, paraît-il, vivre. (…) Mais ce ne sont pas des femmes que vous souffrez ; c’est de vous-même. Le bonheur ou le malheur d’un amour vous fait vivre.

*

Nous étions invités, ma femme et moi, moi et ma femme, la femme et le mari - comment échapper à une situation de possession ?

*

La connaissance d’une langue, grammaticale et phonique ne peut s’installer qu’à la place d’une autre langue. Si cette autre langue lui laisse une place… Si vous, vous avez envie que cette autre lui laisse une place. Tout se joue dans le cerveau et dans le coeur et certainement pas au niveau de la mâchoire ; tout est question de désir. Comme l’amour.

*

Le matin du 24 octobre, ma mère me salue avec une de ces phrases qui vous collent à l’oreille pour une vie : tu peux rester au lit, tu n’iras pas à l’école, il y a la révolution.

*

De ma fenêtre, on voyait les toits de la vieille ville, le Jet d’eau, le Jura, les Alpes, et très loin le désert de Gobi.

*

Il regrettait de n’être pas né juif, or il l’était, ça aussi comme le reste, il nous montra qu’on n’y échappe pas, qu’on peut changer les hardes, les fringues, les oripeaux, les frusques, les costards, la culotte et la liquette et le passeport mais que l’essentiel vous colle à la peau sous la peau à en crever. Et que tout le monde vous sent, parce que vous sentez.

*

J’ai été convié un jour, c’était avant le PACS, à être témoin officiel, à la mairie, d’un concubinage. J’ai refusé cet honneur : il faut savoir ce qu’on veut. Etre hors les normes, refuser les conventions : alors on couche sans la présence du maire, et sans que cela soit déductible des impôts.

*

Caché à moitié par un écran d’arbustes entre la salle et la cuisine, il portait des toasts copieux à ma santé, et je mangeais comme on baise dans les romans pornos — invraisemblablement.

*

Deux juifs se rencontrent à l’aéroport de Roissy, en France.
- Comment vas-tu ?
- Ça va, ça va. Et toi ?
- Moi, pas terrible. D’ailleurs, tu vois, je pars.
- Tu pars ? Mais où vas-tu donc ?
- Je pars pour la Nouvelle-Zélande.
- Pour la Nouvelle-Zééélande ? s’étonne l’autre. Mais c’est très loin !
Le premier regarde l’autre et demande tout bas :
- Loin d’où ?

*

La question se pose ainsi : vaut-il mieux être malheureux à l’étranger ou étranger chez soi ?

*

"Etre” signifie plénitude, et “il suffit d’être” annonce une difficulté : “être” n’est pas simple. L’être nu me semble la chose la plus difficile au monde, surtout aujourd’hui, quand on vous juge à l’aune de l’activité, du résultat, du paraître, de l’énergie (pas la vraie, l’intérieure, mais l’agitation fébrile et vaine que les managers qui nous gouvernent prennent pour de l’énergie). Avant de persuader les autres, avant d’en parler aux autres, il faudrait se parler à soi-même.
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Si l’humour dans le Talmud est incontestable, l’humour de la Bible, l’humour dans la Bible est un objet de débat.Nous avons d’un côté Baudelaire dans De l’essence du rire : « Le Sage […] ne s’abandonne au rire qu’en tremblant », « Le Sage craint le rire […] Il y a donc […] une certaine contradiction secrète entre son caractère de sage et le caractère primordial du rire. […] Dans le paradis terrestre, la joie n’était pas dans le rire. »
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Il va de soi que l’humour juif n’a pas attendu l’autorisation des rabbins pour créer du plaisir et faire ses ravages, et qu’il a existé bien avant.
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Notre dictionnaire ne commencera pas par la lettre A, bien qu’alef soit la première lettre de l’alphabet hébraïque, faisant référence au premier jour de la conception de l’homme. Nous commencerons quand même par le B.
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C’est le mot allemand 'witz' (vits en yiddish, vitsn au pluriel, mais je garde 'witz' invariable, pour ne pas ajouter un s après un t et un z, ce que le français ne supporterait pas) que j’utilise à la place des mots blague, esprit, mot d’esprit, bon mot, plaisanterie, histoire, anecdote, vanne et d’autres termes.

(Mode d'emploi)
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Est-ce qu'un homme existe comme tel, ou est-il un assemblage de tout ce qui n'est, précisément, pas lui?
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Il aurait fallu naître ici. Sur les quais de Seine. Après, c'est fichu.

*

L'Amérique est le pays du malheur : on y émigre parce qu'on est malheureux. On y transporte son malheur dans l'espoir de le perdre. Le laisser tomber du pont supérieur du bateau dans les eaux glauques de l'Océan, si possible.

*

Nous raffolons du cinéma, du grand écran, nous aimons faire la queue pour acheter un billet, demander à la caissière s'il y a une réduction pour les retraités et espérer qu'elle nous demande une pièce justificative, haïr et engueuler les resquilleurs, nous installer dans une salle déjà plongée dans la pénombre, nous taper vingt minutes de miko-gervais-schweppes-coca-forfait illimité-bouyguesfrneuforange-freeösaije-3D-eau sauvage-crédit lyonnais-parking gratuit, écouter des gens se gratter, se racler la gorge, crachoter, chuchoter, froisser leur journal, parler dans leur téléphone mobile au-delà du générique du film, nous aimons les amoureux qui prennent position pour deux heures de pelotage ininterrompu et plus si affinités, et nous sommes friands des réactions des spectateurs, nos semblables, pendant le film, les rires, les pleurs (qui pleure ? plus personne ne croit au sentiments dans les films où d'ailleurs il y a bien plus de tirs de kalatch et de cervelles collées à la vitre des voitures que de sentiments), nous affectionnons de nous énerver contre les gens qui se grattent, crachotent, chuchotent, parlotent, téléphonaillent, froissent le papier des bonbons, mangent des popcorns, font rouler des canettes de Coca sous les sièges, se pelotent, se suçotent, se baisotent… et après, en sortant, quel bonheur, les réactions, les déceptions, les vaticinations, les explications, les récriminations, les imprécations… Et j'aime les amoureux qui sortent les derniers, titubant, les lèvres gonflées, er ceux qui, dans la rue, racontent la fin, la chute, tuent le dénouement inattendu devant les autres qui font la queue pour la prochaine séance…

*

Le coup du Hongrois

Je rencontre mon ami X, le peintre bien connu.
- Comment vas-tu Andor, etc., etc., demande X, ennuyé, ennuyé par sa propre question.
- Figure-toi que je vais très bien !
Là, soudain, X m'écoute. C'est si rare, les gens qui vont bien et qui le disent.
- Oui. Le Musée des Trésors Sublimes des Plus Grands Artistes de Tout les Temps va exposer mes toiles !
- Ah, ce n'est que cela ? Je connais ce musée et je connais ses dirigeants. Ils vont te faire le coup du Hongrois. Prépare-toi.
- Seigneur Dieu, c'est quoi le coup du Hongrois ?
- Très simple et très pratique. Hongrois qu'on nous expose et en fin de compte on ne nous expose pas.

*

Un jour lointain, quand je crevais la dalle (c'était l'expression convenue pour les artistes, comme Boticelli ou le Radeau de la Méduse, Botti n'allant pas sans Celli, méduse sans Radeau et artiste sans crever — mais tout cela est le passé), miracle, un journal médical Bavois m'a commandé une couverture.

*

Si je savais que manger pouvait avoir un autre but que de se nourrir, c'était la première fois de ma vie, oui oui, j'insiste, que j'ai senti que la cuisine pourrait être un art. Comme regarder un tableau, toucher une femme, écouter les yeux fermés de la musique, lire Verlaine.
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Contrairement à ce qu’on pense, les juifs, différents en cela des musulmans, ont le droit de boire de l’alcool. On cultive la vigne en Palestine depuis toujours, la Bible parle du raisin, des vendanges, on y boit du vin.
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En effet, le rire est bête – comme les femmes. L’Ecclésiaste dit (Kohelet 7, 6) : « Car comme le bruit des épines sous la chaudière, ainsi est le rire des insensés. » Puis, à un autre endroit, il dit : « Mieux vaut le chagrin que le rire. » Voyez-vous ça !
La différence entre le rire d’Abraham et celui de Sarah, c’est que le rire de Sarah est celui de quelqu’un qui hésite.
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L’histoire mythique des Juifs commence par le rire. Le présent ouvrage a donc la prétention d’aller plus loin qu’un simple recueil de witz, d’histoires ou même qu’une analyse de l’humour juif. Le lecteur pourra, à travers les articles, se faire une idée de l’histoire juive (j’allais écrire de l’« âme juive » mais je me suis retenu) dont l’humour est une composante essentielle, primordiale.
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Il y a un récit, une histoire, des acteurs qui aiment, haïssent, achètent, vendent, gagnent, perdent, contestent, luttent, se cachent, s’échappent, se rattrapent, interrogent, répondent, prient, supplient, mentent, espèrent… la vie, en quelque sorte… Mais de l’humour, point.
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L’humour du badkhn était mordant, souvent grossier : il disait d’une mariée qu’elle était laide, faisait des blagues sur les parents, décédés ou vivants, du marié et se moquait des invités pour avoir apporté des cadeaux sans valeur.
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Un gentleman est celui qui ne connaît pas l’histoire que vous racontez.
Pierre Daninos.
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