Aborder le thème de la gentillesse sans paraître simplet est un défi que ces deux auteurs américains (Barbara Taylor et Adam Phillips) ont relevé. Pour eux, il n'y a aucune honte d'être gentils. Pour le prouver, ils convoquent une quantité de penseurs de l'antiquité jusqu'à nos jours; Aristote, Sénéque, Cicéron, Saint Augustin, David Hume, Adam Smith, Locke, Hobbes, … Ils s'attardent assez longuement sur "l'Emile ou de l'éducation" de Jean-Jacques Rousseau dans le chapitre sur une « brève histoire de la gentillesse ». Les deux auteurs s'enfoncent ensuite, pendant deux chapitres courts mais interminables, dans une approche psychanalytique d'inspiration freudienne. Très peu convaincante et parfois même délirante, la conception freudienne met la sexualité à l'origine de la gentillesse qui est, selon Freud, « cela même qui peut transformer notre sexualité en conflit impossible. »
Pour ma part, la formule de Sénéque me convient bien : « Nul ne peut mener une vie heureuse s'il tourne tout à son avantage. Vivez pour les autres si vous voulez vivre pour vous-même. »
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Quel beau livre ! Philipps reprend de nombreux principes mis en lumière par Winnicott, les explicite, les disséque, les illustre. Philips évoque le magnifique poème "L'Arbre" écrit par Winnicott en 1963. Dans ce poème, il décrit l'enfant qui répare la mère déprimée (parlant de lui-même aussi).
Voici le poème :
L'Arbre
Ma mère sous l'arbre pleure,
Pleure,
Pleure,
C'est ainsi que je l'ai connue
Un jour, étendu sur ses genoux
Comme aujourd'hui sous l'arbre mort
J'ai appris à la faire sourire
à arrêter ses larmes
À abolir sa culpabilité
À guérir sa mort intérieure
La ranimer me faisait vivre
Une ode à Winnicott s'écrit au fil des pages, autant qu'une belle et pédagogique épopée sur les pas de Donald.
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