Aborder le thème de la gentillesse sans paraître simplet est un défi que ces deux auteurs américains (Barbara Taylor et Adam Phillips) ont relevé. Pour eux, il n'y a aucune honte d'être gentils. Pour le prouver, ils convoquent une quantité de penseurs de l'antiquité jusqu'à nos jours; Aristote, Sénéque, Cicéron, Saint Augustin, David Hume, Adam Smith, Locke, Hobbes, … Ils s'attardent assez longuement sur "l'Emile ou de l'éducation" de Jean-Jacques Rousseau dans le chapitre sur une « brève histoire de la gentillesse ». Les deux auteurs s'enfoncent ensuite, pendant deux chapitres courts mais interminables, dans une approche psychanalytique d'inspiration freudienne. Très peu convaincante et parfois même délirante, la conception freudienne met la sexualité à l'origine de la gentillesse qui est, selon Freud, « cela même qui peut transformer notre sexualité en conflit impossible. »
Pour ma part, la formule de Sénéque me convient bien : « Nul ne peut mener une vie heureuse s'il tourne tout à son avantage. Vivez pour les autres si vous voulez vivre pour vous-même. »
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Coupés de la nature, plongés dans des rivalités sauvages, les hommes modernes n’ont pas seulement perdu leur gentillesse; ils se sont perdus eux-mêmes: « Ils ne savent pas comment s’aimer; ils savent seulement comment haïr ce qui n’est pas eux. »
La haine et l’aliénation semblent aujourd’hui plus confortables, plus efficaces que la sympathie. Et pourtant, c’est de la sympathie que nous voulons. La sympathie et la gentillesse mutuelles restent nos grands désirs dans la vie sociale.
Une société mauvaise est celle qui, au nom de la liberté et de l’indépendance, niait le « droit de donner ».
Comment avons-nous pu oublier la gentillesse et les plaisirs intenses qu'elle nous procure ?
En divisant les individus en « winners » et en « losers », une société valorisant la compétition favorise le manque de gentillesse.