Adolphe Loos

Je dois avouer que je m'attendais à un contenu plus ésotérique dans lequel j'aurais eu du mal à entrer mais finalement il n'y a rien de transcendantal au moins dans le court article qui donne son titre à ce livre. L'argument principal est tout simplement économique. Les arguments secondaires sont assez discutables mais en les lisant, on comprend mieux la position de certains artistes "activistes" contemporains qui ont choisi leur corps comme support de leur protestation.



Un bon point pour la présentation de l'objet livre lui-même : les éditeurs de poche ont tendance à rogner sur la marge de papier autour de la partie imprimée. On ne sait plus où placer les pouces, finalement. Il ne reste plus qu'un centimètre chez J'ai Lu et 1,3 chez le livre de poche. Avec un centimètre et demi, ici, on se sent à l'aise. Même remarque sur l'épaisseur de la feuille de bonne tenue alors que les autres éditeurs ont tendance à la réduire, ce qui donne une sensation de légèreté assez désagréable.

Il n'est guère aisé de parler d'Adolf Loos, aujourd'hui presque oublié en dehors de quelques milieux spécialisés, alors qu'il fut parmi les personnalités les plus marquantes de la Vienne de la grande époque, au tournant des XIXème et XXème siècle. Architecte, aménageur d'espace intérieure, Loos fut aussi l'ami des meilleurs écrivains ( Karl Kraus, Schnitzler, Kokoschka, Peter Altenberg )et artistes de l'époque. Il faut avoir admiré quelques-unes de ses réalisations pour saisir la profonde originalité et modernité de son talent, rejetant tout "ornement" ("Les gens des académies crurent que la disparition de l'ornement entraînait celle du style.")

Son approche architecturale était tournée avant tout sur le traitement de l'espace et des volumes en relation avec la vie des gens qui devaient y vivre et s'y déplacer : " Une belle oeuvre architectonique se reconnaît à ceci : elle ne fait aucun effet si on la réduit à deux dimensions. ". Il prêtait également une grande importance au traitement des matériaux en écartant toute les formes d'imitation ("Chaque matériau a son propre langage formel, et aucun ne peut parler une langue étrangère. Car les formes se sont élaborées à partir des possibilités d'utilisation et du mode d'obtention de chaque matériau. Elles sont apparues avec le matériau et par le matériau."

L'anecdote suivante donnera peut-être une idée de cet art du vivre propre à Adolf Loos.

A Vienne, Loos aménagea l'appartement de Paul Khuner.

Vingt ans plus tard, celui-ci lui versera à nouveau les mêmes honoraires, parce que lui et sa femme se sentaient aussi bien dans leur appartement qu'au premier jour, ce qui leur avait donc évité d'avoir à le transformer périodiquement.

Voilà qui en effet est difficilement imaginable en l'époque présente du tout jetable.

A sa manière, et avec une généreuse fermeté, Adolf Loos dynamite le préjugé selon lequel les masses dominées n’ont que faire de leur tenue.
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