Citations de Alain Meyer (II) (31)
L'homme n'a pas envie de gouverner : il a envie de contraindre. D'être plus qu'homme, dans un monde d'hommes. Echapper à la condition humaine. Non pas puissant : tout-puissant. La maladie chimérique, dont la volonté de puissance n'est que la justification intellectuelle, c'est la volonté de déité : tout homme rêve d'être dieu.
Les hommes ne sont pas mes semblables, ils sont ceux qui me regardent et me jugent ; mes semblables ce sont ceux qui m'aiment et ne me regardent pas, qui m'aiment contre tout, qui m'aiment, contre la déchéance, contre la bassesse, contre la trahison, moi et non ce que j'ai fait ou ferai, qui m'aimeraient tant que je m'aimerais moi-même (jusqu'au suicide compris)
L'humanité était épaisse et lourde, lourde de chair, de sang, de souffrance, éternellement collée à elle-même comme tout ce qui meurt ; mais même le sang, même la chair, même la douleur, même la mort se résorbaient là-haut dans la lumière comme la musique dans la nuit silencieuse.
Hors de la souffrance physique, il n'y a pas de réel.
Ne trouvez-vous pas d'une stupidité caractéristique de l'espèce humaine qu'un homme qui n'a qu'une vie puisse la perdre pour une idée ? Il est très rare qu'un homme puisse supporter sa condition d'homme...
Je n'aime pas l'humanité qui est faite de la contemplation de la souffrance.
On ne possède d'un être que ce qu'on change en lui.
Dans le meurtre, le difficile n'est pas de tuer. C'est de ne pas déchoir. D'être plus fort que...ce qui se passe bien soi à ce moment-là. P128
Mais ce qu'un homme a de plus profond est rarement ce par quoi on peut le faire immédiatement agir. P39. #management de la négociation.
Il n'y a pas de dignité qui ne se fondent sur la douleur.
Il faut toujours s'intoxiquer : Peut-être l'amour est-il surtout le moyen qu'emploie l'occident pour s'affranchir de sa condition d'homme.
Tout ce pour quoi les hommes acceptent de se faire tuer, au-delà de l'intérêt, tend plus ou moins confusément à justifier la condition humaine en la fondant en dignité.
On ne connait jamais un être, mais on cesse parfois de sentir qu'on l'ignore. Connaître par l'intelligence, c'est la tentation vaine de se passer du temps.
Si on ne croit à rien, surtout parce qu'on ne croit à rien, on est obligé aux qualités du coeur quand on les rencontre.
Reconnaître la liberté d'un autre, c'est lui donner raison contre sa propre souffrance.
Le fond de l'homme est l'angoisse, la conscience de sa propre fatalité, d'où naissent toute les peurs, même celle de la mort.
Etrange sensation que l'angoisse : on sent au rythme de son coeur qu'on respire mal, comme si l'on respirait avec le coeur.
On lui prêtait la patience des bouddhistes : c'était celle des intoxiqués.
La connaissance d'un être est un sentiment négatif : le sentiment positif, la réalité, c'est l'angoisse d'être toujours étranger à ce qu'on aime.
Il faut que tu comprennes sans que je ne dises rien. Il n'y a rien à dire.