Alexia Clemens

Chapitre 4 :
Saul
«…– Deux choses, reprend-elle en enfonçant son index dans mon pectoral. Pour vous, c’est toujours et ça restera toujours lieutenant Williams. La seconde, les poules auront des dents avant que je n’envisage de « boire un verre avec vous ». Qu’importe ce que vous pensez, arrivera un jour où les habitants de cette ville ouvriront les yeux sur vos agissements, où votre chantage à la protection moyennant finance n’aura plus aucun impact sur eux. On ne fait pas régner l’ordre en inspirant la peur !
J’éclate de rire, un rire sans joie.
– La peur, tu dis ? Combien de personnes, hormis les Tigers, ont quitté le bar en courant à notre arrivée ? Je t’aide, aucune. En revanche, ramène la cavalerie et tout le monde décampera plus vite que son ombre, même ceux qui n’ont absolument rien à se reprocher. Bavure policière, contrôle d’identité au faciès, courses-poursuites qui causent la mort de gamins à peine en âge de conduire, des flics qui tirent sur des gosses même pas armés… Je m’arrête là, la liste est longue comme le bras. Tu allumes ta télévision parfois ? demandé-je en ayant l’air surpris par son ignorance ou sa naïveté. Vous, les keufs, vous inspirez la peur aux innocents quand nous sommes craints des enfoirés, des criminels. Telle est la nuance. Tu saisis ?
– Non, mais vous vous entendez ? réplique-t-elle en reculant d’un pas. Je crois rêver !
Elle hausse les sourcils en secouant la tête.
– Le problème avec les types comme vous, c’est que vous pensez être au-dessus de tout, des lois, des règles et de l’autorité ! Mais vous êtes des hors-la-loi, s’insurge-t-elle. Et… tous les agents de police ne sont pas des pourris !
– Et tous les bikers ne sont pas des criminels, rétorqué-je du tac au tac. …»

Chapitre 1 :
Romi
«… Je me retourne pour faire face au charmeur de la bande de motards.
– Bonjour jeune demoiselle. Si vous avez bes…
– Lieutenant Williams, le coupé-je, déjà agacée.
Son sourire arrogant ne le quitte pas et il me répond simplement.
– Je sais, Miss Riverside.
– Lieutenant suffira.
– À vos ordres, beauté.
Je le fusille du regard. Une lueur de défi brille dans ses prunelles d’un vert clair fascinant. Je me reprends rapidement pour ne pas me laisser attendrir, ce que je fais uniquement en regardant des vidéos de chatons tout mignons sur YouTube. Ce qu’il ne s’imagine pas, c’est qu’en étant la seule fille de la promo à l’école de police fédérale, j’ai dû tenir tête à des bonshommes bien plus costauds. Rarement aussi beaux, certes, mais il ne fait pas le poids.
– Et donc vous vouliez ? lui demandé-je avec toute la suffisance que je peux exprimer.
– Vous aider, répond-il en laissant son visage jovial se fermer. Mais, vous êtes probablement la meilleure, donc…
Il recule de quelques pas, mais avant qu’il fasse demi-tour, je ne peux m’empêcher d’enfoncer le clou.
– Donc je n’ai aucunement besoin de vous. Vous pouvez disposer avec vos petits copains.
Je me retourne pour faire face à mes deux camarades, bouche bée. J’ignore s’il a quitté les lieux, mais la chaleur que je ressens sur ma nuque m’indique qu’il m’observe intensément. Je suis convaincue que je l’ai mis en colère. Toutefois, il ne peut rien faire en présence de tous mes collègues, en pleine journée, sur la voie publique.
J’exulte.
Reste à ta place, Saul Adams ! Nous sommes l’autorité, nous décidons, tu exécutes. …»

Chapitre 1 :

Fallon

«… Une haine, venant du fond de mes entrailles, se répand dans mon corps. Je viens de me taper vingt heures de route pour quoi ? Pour ça ? Un pauvre type qui dit être l’ami de mon père, mais qui s’en tape qu’il soit mort assassiné par un enfoiré de flic jaloux ?

Non, certainement pas. Il est hors de question que je rentre chez moi, que je retourne en enfer. Plutôt crever ici. Le purgatoire, voilà comment je vois Austin, le Texas dans son intégralité. Et soyons honnête, même si je ne suis pas parfaite, je ne pense pas mériter l’enfer.

– Vous êtes sérieux ? craché-je. Je viens de vous dire que mon beau-père a tué mon père, que vous venez de qualifier d’ami, et vous m’ordonnez de rentrer chez moi ? Chez l’homme qui a tué mon père ? C’est quoi qui ne tourne pas rond chez vous ?

Ses yeux s’écarquillent sous la surprise.

Hé, ouais, coco, je vis avec le diable depuis quatre ans, ce n’est pas un de ses disciples qui va m’impressionner.

– Écoute… commence-t-il avant que je le coupe.

– Non, c’est vous qui allez m’écouter ! Je viens de me taper vingt heures de route depuis Austin, je me suis arrêtée seulement pour remettre de l’essence dans cette fichue caisse et me doper aux boissons énergisantes. Vous ne voulez pas m’aider ? Très bien, je n’ai jamais apprécié les menteurs, et chez moi, on ne se qualifie pas d’ami si on laisse la famille de son pote, en l’occurrence sa fille, dans la merde.

Sur ce, je tourne les talons et quitte le bar, les mains tremblantes de colère. ...»

Chapitre 2 :

Mason

«… Mon doigt brûle d’appuyer sur la détente, juste pour qu’elle comprenne qu’il ne faut pas qu’elle nous casse trop les couilles. Ma mâchoire se serre, mon regard se fait dur. Elle flippe, son buste monte et descend à une vitesse effrénée. Elle doit se rendre compte qu’elle vient de commettre l’irréparable. Si nous sommes sans bécane, la sentence sera terrible.

Nous attendons que Cole prenne la parole, donne un ordre, juste un seul, pour qu’on lui fasse exploser la cervelle.

– Si tu veux la vie sauve, va falloir que tu allonges la monnaie pour tout réparer.

La voix du Prés’ est sans appel. Elle le fixe avec ses yeux en amande. Son tee-shirt à l’effigie des Rolling Stone avec cette langue bien pendue me fait de l’œil. Ou peut-être mon regard est-il attiré par sa poitrine qui étire ce dessin ?

– Je n’ai pas de quoi payer.

J’avance d’un pas, mon Magnum prêt à lui éclater la tête. J’en ai fait péter pour moins que ça. Toucher nos Harley, c’est nous manquer de respect. Et ça, on ne peut pas le tolérer.

– Mais je peux les réparer. Toutes.

Je ricane, convaincu qu’elle tente coûte que coûte de sauver ses miches d’une mort certaine. Cole s’approche jusqu’à se tenir à côté de moi. Il pose sa main sur mon épaule, m’intimant silencieusement de baisser mon arme, ...»

Prologue :
Joyce
«… Dans ces moments, je me demande ce qui a bien pu merder entre ma première année universitaire, où je passais plus de temps dans le lit d’un mec que dans les amphithéâtres à écouter les cours ou dans les soirées studieuses organisées par les étudiantes de mon étage, et maintenant, vieille fille qui ne fait que travailler à seulement 29 ans.
Je m’imagine déjà dans quarante ans, assise dans un vieux fauteuil à bascule, à regarder des émissions débiles à la télévision, enveloppée dans une robe de chambre en pilou rose bonbon, des bigoudis dans les cheveux et un chat allongé sur mes genoux.
Oh, merde ! Le choc !
Je me redresse d’un coup. C’est notre dernière soirée à Las Vegas avant que nous retournions à Los Angeles. C’est ce soir ou jamais, j’en prends conscience. Cette soirée déterminera si je suis vraiment un cas désespéré ou s’il reste des morceaux à récupérer.
Et puis, c’est bien connu, tout ce qui se passe à Vegas, reste à Vegas…
Je me tourne vers Alix, le regard déterminé. Tout sourire, elle tape dans ses mains et jette un billet au chauffeur avant de me tirer de l’habitacle.
– Tout ce qui se passe à Vegas se termine dans un lit, Joyce, pas d’exception, déclare-t-elle en enlaçant mes épaules.
Pas d’exception... »

Chapitre 1 :
Joyce
«… Une seule nuit Joyce, lâche-toi !
Alors que le véhicule s’arrête devant l’entrée de la boîte de nuit indépendante de l’hôtel et que tout le monde descend, Jayden me bloque le passage, enroulant sa main autour de mon poignet.
– Si tu restes dans cette voiture, elle nous dépose à l’entrée de l’hôtel, et nous évitons de passer la soirée avec nos chaperons pour passer directement à la case « sexe sans attache ». Qu’est-ce que tu en dis ?
Mon regard passe de lui aux filles, déjà bien alcoolisées. J’hésite. Après tout, Alix et Ella n’ont jamais eu besoin de moi pour s’amuser, ni même pour se défendre. Et puis, c’étaient elles qui voulaient que je m’amuse.
Après un dernier regard vers elles, je recule pour m’enfoncer dans le siège, le corps en feu, les joues rouges, laissant Jayden claquer la porte. Ce n’est qu’une fois que la voiture avance et que les cris d’encouragement des filles se font entendre que je me demande à quelle sauce je vais être mangée... »

Et si, pour une fois, seulement une, je m’autorisais à me laisser enivrer par ce désir qui me fait si peur depuis si longtemps ? Si je m’autorisais à rendre les armes, rien qu’un instant ?

Dans ses grandes leçons d’humilité, il me disait que le chemin du bonheur n’est pas droit, il existe des virages nommés « erreurs », des feux de signalisation nommés « amis », des avertisseurs lumineux nommés « famille ». Tout se paie comme au péage. Mais tout peut être accompli si tu as un pneu de rechange nommé « décision », un puissant moteur nommé « amour » et beaucoup de carburant nommé « patience ». Et surtout, il faut un conducteur expert nommé « courage ».

Je ne comprenais pas et c’est toujours le cas que l’on puisse applaudir un homme qui enchaîne conquête sur conquête et qu’à contrario, on insulte et rabaisse une femme qui en fait de même. Ou est la différence entre un homme qui pénètre 30 femmes et une femme qui se fait pénétrer par 30 hommes ? Aucune, ormis le jugement des autres.

Je saurai me montrer aussi patient qu'elle le souhaite, mais j'ai besoin qu'elle me laisse la chance de lui prouver que, pour elle, je saurai me montrer sérieux.