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Citations de Alysa Morgon (18)


Aussi Marinette faisait-elle ses crèches les unes après les autres, créant chaque fois un village nouveau.
Il fallait ainsi qu'elle imaginât une campagne différente, dans ses chemins, dans ses collines, dans ses niveaux. Il fallait que le village en entier, sa place, ses rues et son étable, eût la même personnalité, tout en gardant, pourtant, les mêmes murs, les mêmes tuiles et mûrets. C'est-à-dire une unité, une fidélité, cette identité provençale.
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Le village de Colombeugne s’abritait près d’une falaise. Un fronton escarpé, malmené par les ans, et qui lui conférait des airs de château fort abandonné depuis longtemps. De chaque côté, un rocher se dressait, adjoignant au castel des tours presque jumelles, dans leur découpe et leur dentelle. Tout autour, en raison des hivers rigoureux, les maisons se serraient pour se chauffer un peu, mais ce matin, sur les toits de chaume brun, les cheminées restaient muettes, feu éteint.
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Et vu que son père le souhaitait, promis juré, il le ferait ! « J’irai m’installer dans la montagne ! » disait-il, convaincu. Cependant, l’estive ne durant que les trois mois d’été, qu’est-ce qu’il ferait ensuite ? La région était pauvre, les maisons déjà toutes pourvues de bergers… Mais Barthé voulait y croire et garder intactes toutes ses illusions. « Un jour, je trouverai la solution, sans faire de mal à personne, ni à mon chien, ni à mes moutons ! Pas fou, le bougre ! Quant à tous les autres, je m’en fous complètement ! »
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Ainsi, loin de la ferme et de ses combats coutumiers, il retrouvait enfin le sourire et respirait ! Il voyait même se dessiner une nouvelle destinée, là-haut, où le ciel était si pur qu’il faisait trembler la montagne comme un agneau. Cela lui comblait le cœur et l’apaisait. D’ailleurs, il n’avait plus le même teint, il n’avait plus les mêmes rêves ni les mêmes pensées, et les livres qu’il emportait le passionnaient davantage.
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Ces dernières années, sa vie s’était améliorée. Il avait pu prendre un peu d’indépendance en consacrant sa vie aux moutons. Cela lui permettait de se tenir loin de la maison, hormis les trois mois d’hiver où cette obligation devenait une véritable sentence puisque Nine ne le ménageait point. Elle ne l’aimait pas, tout simplement, et n’omettait pas de le lui montrer régulièrement.
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L’oncle Maurice était âgé, il était temps de le remplacer ! Petit à petit, le vieux lui apprendrait le métier, et Barthé deviendrait berger. Ce jour-là aussi, son père en profita pour lui annoncer que, en contrepartie, la ferme reviendrait à son frère. « Lucien est capable de travailler la terre, lui ! Il sait s’y prendre, et bientôt il se mariera…, avait-il ajouté.
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C’est ainsi qu’à l’école il fut toujours le premier, et souvent le dernier à sortir pour la récréation, emportant un livre sous le bras, comme un autre prenait sa corde, celui-là ses billes ou celui-ci son mouchoir pour s’amuser à cache-tampon. Il ne savait pas mieux jouer au ballon ; quant aux bagarres qui avaient lieu, elles lui répugnaient et parfois l’effrayaient pour de bon. Aussi, il préférait rester à l’écart de ses compagnons qui l’appelaient le boiteux, le goï, visant bassement sa jambe, et, pour lui, son handicap devenait encore plus douloureux.
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« Putain de jambe ! Tu me gâches la vie, tu sais ! Mais je te ferai avancer ! À coups de trique, s’il le faut ! » Il tapait sa cuisse, donnait des coups de poing sur son mollet, jusqu’à ce que la douleur et la rage finissent par le faire pleurer. Parfois, sa vie lui pesait, et son invalidité devenait un boulet, une drôle de cage. « Je suis un vrai forçat ! Pourtant, je n’ai rien volé à personne, à part la vie de ma mère, il paraît ! Rien que pour cela, sacrebleu, la punition est bien sévère !
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Devenu grandelet, à force d’assister régulièrement à ces scènes, d’entendre prononcer ces mots terribles, il ne put en venir qu’à détester son père. Très vite, pour s’opposer, il se mura dans le silence, laissant parfois penser qu’il était muet. On entendait sa voix résonner, uniquement lorsque le père le frappait, agacé de le voir si emprunté.
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Il était vrai que tout avait poussé Barthé à être aujourd’hui un garçon amer et secret. Tout, et en particulier Clovis, son père, qui avait toujours été dur avec lui, comme si l’homme voulait faire payer à son fils le décès de sa mère ! Catherine était morte à l’accouchement, lui laissant un enfant, certes, mais un enfant estropié ! « C’est elle qui devrait être là ! ne cessait de répéter le père, et non ce paquet braillard qui ne marchera pas ! J’ai besoin de bras, moi, et non d’un goï, d’un boiteux, d’une bouche inutile à nourrir
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La combe était large et profonde, mais, de là où il se tenait, le berger pouvait facilement observer ses moutons. Ceux-ci ne craignaient rien, et il y avait assez de pâture pour les contenter ce matin. Il referma son couteau et rejeta sa capuche en arrière, soupirant en étirant son dos. D’une main distraite, il caressa le chien qui se laissa faire, avant de se mettre à japper joyeusement, peut-être bien pour réclamer un autre bout de saucisson ! Mais Barthé l’ignora, car pour lui, à présent, le moment n’était plus à la dégustation !
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Biquet se tenait à ses pieds, dépité, queue baissée, glissée entre ses pattes arrière, car il n’aimait pas mieux la pluie que le berger. L’averse avait fini par tremper le chien, et ses longs poils beiges frisés restaient collés, le faisant paraître plus maigre qu’il n’était en vérité. Le griffon avançait à la même allure que son patron, mais son œil restait vif et attentif au moindre écart d’un mouton.
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Pas vraiment un temps de Provence tel qu’on pourrait l’imaginer ! Les lieux n’étaient plus parfumés, la garrigue tout entière tenant sa bouche fermée, dans une sorte de souffrance ou d’inquiétude. Ainsi, de la futaie à la plus petite ramure, tout avait été recouvert d’un voile d’organdi, tissé par une brume échevelée qui s’était retirée durant la nuit.
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En contrebas, en entrelacs, couraient de gros galons d’amandiers, et le moindre phrasé du mistral familier faisait caqueter les amandes. Tous ces grelots improvisés laissaient entendre une chanson à la cadence syncopée.
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Quelque part en Provence, les lavandes remplacent les amandiers de toujours. Le paysage change de couleur, le travail est moins pénible et pécuniairement plus rentable.
On partage les jours de la famille Lion : deux garçons et une jolie fillette. C'est la fin proche du XIX è siècle.
La religion tient une bonne place, entre les offices et la visite annuelle à une marraine religieuse , au couvent, à Marseille.
La petite Marie, à sept ans, désire y entrer à son tour.
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La rivière était passée par là, il y avait des lustres, des années, amenant dans ses flots les roches des montagnes, puis les avait laissées dans l'herbe, bien trop lourdes à porter plus longtemps et plus loin. Des boulets de forçats qui encombraient ses pas, retenaient son destin. Car ici-bas, chacun avait le sien : les choses ou les hommes.
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Les jours et les mois s'étaient tous échappés, sans qu'on pût les retenir, les arrêter, comme coule le vin au goulot du tonneau ou se verse le grain dans le cou du silo, jusqu'à la lie, jusqu'à tarir.
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Les amandiers mouraient avec le siècle qui lui aussi se terminait, épuisant ses jours dans les derniers mois du calendrier. Et les cent prochaines années seraient ainsi ornées de fleurs, présage plus léger, plus joyeux, qui évoquait déjà la prospérité, le bonheur dans leurs longs épis bleus même si un jour des ombres s'annonceraient...
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