Encore une erreur d'aiguillage. Une amie a insisté pour que je lise ce livre malgré mes réticences et je n'aurais pas dû l'écouter. La plume est fluide et agréable, on trouve une jolie histoire d'amitié, mais c'est très lent et plat et ce genre d'histoire ne m'intéresse absolument pas.
Les bergers et leurs "troupeaux" ne sont pas ma tasse de thé. Moi je ne m'attache qu'aux moutons, donc les mésaventures de ces amis d'enfance me sont passées au-dessus.
En bref, je me suis ennuyée au point de sauter des passages, alors que le livre n'est pas si épais que ça.
Je ne veux décourager personne, certains peuvent y trouver leur compte. Ce n'est ni la faute du livre, ni celle de l'auteur. Ce livre n'est juste pas fait pour moi.
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C’est ainsi qu’à l’école il fut toujours le premier, et souvent le dernier à sortir pour la récréation, emportant un livre sous le bras, comme un autre prenait sa corde, celui-là ses billes ou celui-ci son mouchoir pour s’amuser à cache-tampon. Il ne savait pas mieux jouer au ballon ; quant aux bagarres qui avaient lieu, elles lui répugnaient et parfois l’effrayaient pour de bon. Aussi, il préférait rester à l’écart de ses compagnons qui l’appelaient le boiteux, le goï, visant bassement sa jambe, et, pour lui, son handicap devenait encore plus douloureux.
La combe était large et profonde, mais, de là où il se tenait, le berger pouvait facilement observer ses moutons. Ceux-ci ne craignaient rien, et il y avait assez de pâture pour les contenter ce matin. Il referma son couteau et rejeta sa capuche en arrière, soupirant en étirant son dos. D’une main distraite, il caressa le chien qui se laissa faire, avant de se mettre à japper joyeusement, peut-être bien pour réclamer un autre bout de saucisson ! Mais Barthé l’ignora, car pour lui, à présent, le moment n’était plus à la dégustation !
Il était vrai que tout avait poussé Barthé à être aujourd’hui un garçon amer et secret. Tout, et en particulier Clovis, son père, qui avait toujours été dur avec lui, comme si l’homme voulait faire payer à son fils le décès de sa mère ! Catherine était morte à l’accouchement, lui laissant un enfant, certes, mais un enfant estropié ! « C’est elle qui devrait être là ! ne cessait de répéter le père, et non ce paquet braillard qui ne marchera pas ! J’ai besoin de bras, moi, et non d’un goï, d’un boiteux, d’une bouche inutile à nourrir
Et vu que son père le souhaitait, promis juré, il le ferait ! « J’irai m’installer dans la montagne ! » disait-il, convaincu. Cependant, l’estive ne durant que les trois mois d’été, qu’est-ce qu’il ferait ensuite ? La région était pauvre, les maisons déjà toutes pourvues de bergers… Mais Barthé voulait y croire et garder intactes toutes ses illusions. « Un jour, je trouverai la solution, sans faire de mal à personne, ni à mon chien, ni à mes moutons ! Pas fou, le bougre ! Quant à tous les autres, je m’en fous complètement ! »
« Putain de jambe ! Tu me gâches la vie, tu sais ! Mais je te ferai avancer ! À coups de trique, s’il le faut ! » Il tapait sa cuisse, donnait des coups de poing sur son mollet, jusqu’à ce que la douleur et la rage finissent par le faire pleurer. Parfois, sa vie lui pesait, et son invalidité devenait un boulet, une drôle de cage. « Je suis un vrai forçat ! Pourtant, je n’ai rien volé à personne, à part la vie de ma mère, il paraît ! Rien que pour cela, sacrebleu, la punition est bien sévère !
Le coup de coeur de Véronique sur RMB: La Dentellière des prés d'Alysa Morgon paru aux éditions Lucien Souny.