Amy Engel

Nous prenons de sacrés risques...Cette course dans les rues de Westfall est même une véritable folie, mais je sais enfin ce que l'ont ressent quand on prend le contrôle pour effectuer ses propres choix, dangereux ou non : un sentiment de puissance.

Ici, distinguer le bien du mal, juger l'acte d'un autre, est un luxe qu'on ne peut rarement se permettre. Parfois, on en est réduit au fameux "tuer ou être tué".

Il me laisse être Ivy, alors que tant d'autres auraient essayé de me transformer en une personne différente, et c'est là le cadeau le plus précieux que Bishop m'offrira jamais.

p. 179

- Qu'est-ce que tu fais ici, avec moi, Bishop ? Tu devrais être avec un autre fille. Une qui te rende heureux.
- Une fille qui me rend heureux, ça ne m'intéresse pas. C'est toi que je veux.

p152

Jusqu'ici, je ne m'étais pas rendue compte que j'espérais, une fois mon ancienne vie et toute les personne qui l'ont peuplé derrière moi, que mon sacrifice me laisserait au moins libre detre honnête. Libre de mettre fin à toute une vie de mensonges, de faux-semblants et de réflexion avant chaque mot prononcé. Je me sens soudain épuisés : toutes ces tromperies m'ont collé aux basques, telle une énorme valise que je n'arrive pas à poser.

La culpabilité, je le découvre, est une émotion quasi impossible à éliminer. C'est une plante empoisonnée qui continue à pousser en se nichant dans tous vos recoins vulnérables. Qui s'entête à vous rappeler tous vos échecs.
(p.344)

Je rince la chemise lavée et je l'étends sur le fil pendant que Bishop passe au reste des vêtements. Quand je me retourne, il est en train de s'acharner sur un pantalon, qu'il frotte comme s'il cherchait à trouer le tissu.
- Euh... Tu essaies de le laver, pas de lui taper dessus jusqu'à ce qu'il crie grâce.

Notre affection barbelée était le type d'amour que je comprenais.

- Mais non. Cooper et moi, on était faits l'un pour l'autre; Tellement déglingués que personne d'autre aurait voulu de nous. On était le dysfonctionnement incarné.

- Tout va bien, lui dis-je, alors que mes mains tremblantes, mon estomac aigri par le whisky et mon mal de tête me contredisent.

Je me sens tellement plus à l'aise dans la cruauté que dans la gentillesse, c'est une vraie révélation, parfois, même pour moi.

Les filles de Roanoke semblent toutes incapables de grandir ; elles sont figées dans une enfance en suspens pour le restant de leurs jours.

Et s'il est plus brutal que nécessaire, si une violence dangereuse s'immisce dans ses caresses, de quel droit puis-je me plaindre ? Après tout, j'ai seulement ce que je mérite.

Je passe le début de soirée à me soûler obstinément dans la véranda. Chaque gorgée est un soulagement, un pas de plus vers le néant. Chaque déglutition facilite l'oubli.
[...]
On peut donc affirmer, sans crainte de se tromper, que je ne suis pas au top de ma forme quand je franchis la porte de Ronnie's Joe's, tard dans la nuit.

Je comprends qu'il faut parfois dispenser la souffrance pour lui survivre.

La couronne accrochée à la porte de chez Tommy [...] "Bienvenue" peint à la main en jaune guilleret. A en juger par la mine déconfite de Sarah quand elle me voit, elle a oublié le message affiché sur sa propre porte.

Personne n'avait besoin de m'expliquer l'emprise que nos enfances exercent sur nous, même quand nous la combattons corps et âme.

Elle avait un goût de liberté. Un goût de mort.

J'ai appris que la vie n'épargne personne, qu'elle nous accule dans les recoins les plus inattendus. Fait de nous des gens que nous n'aurions jamais cru être.

- [...] Puis Allegra serait plutôt du genre à laisser une note d'adieu. A s'assurer que tout le monde sache exactement pourquoi elle l'a fait. Merde, elle louerait un avion pour dessiner un doigt d'honneur final dans le ciel.