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Citations de André Theuriet (20)


André Theuriet
LA VIGNE EN FLEUR


La fleur des vignes pousse,
Et j’ai vingt ans ce soir...
Oh ! que la vie est douce !
C’est comme un vin qui mousse
En sortant du pressoir.

Je sens ma tête prise
D’ivresse et de langueur.
Je cours, je bois la brise...
Est-ce l’air qui me grise
Ou bien la vigne en fleur ?

Ah ! cette odeur éclose
Dans les vignes, là-bas…
Je voudrais, et je n’ose,
Étreindre quelque chose
Ou quelqu’un dans mes bras !

Comme un chevreuil farouche
Je fuis sous les halliers ;
Dans l’herbe où je me couche
J’écrase sur ma bouche
Les fruits des framboisiers ;

Et ma lèvre charmée
Croit sentir un baiser,
Qu’à travers la ramée,
Une bouche embaumée
Vient tendrement poser…

Ô désir, ô mystère !
Ô vignes d’alentour,
Fleurs du val solitaire,
Est-ce là sur la terre,
Ce qu’on nomme l’amour ?
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Juin tout flambant verdoie en plein azur,
Les bigarreaux, la guigne et la merise
Ont pris couleur; un parfum de fruit mûr
Loin des vergers s'envole avec la brise.
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Comme beaucoup de fonctionnaires sans fortune, il a reculé devant l’aléa du mariage, estimant que les obligations et les responsabilités de la société conjugale sont une entrave aux fonctions administratives. Il est resté célibataire et s’est absorbé de plus en plus en des besognes qui lui prenaient ses journées et souvent même ses soirées ; arrivant le premier à son bureau, en partant le dernier, dînant au restaurant ou à quelque table officielle, et ne rentrant chez lui que pour y dormir. Ainsi sa vie s’est écoulée de la trentaine à la cinquantaine, méthodique, correcte, digne et laborieuse, mais sans une chaude intimité, sans une douce halte dans le rêve ou la fantaisie.
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André Theuriet
Le Coucou


Le bois est reverdi,
Une lumière douce
Sous la feuille, à midi,
Glisse et dore la mousse.
On dirait qu’on entend
Le bourgeon qui se fend
Et le gazon qui pousse.

Sur le bord des étangs
Où tremblent les narcisses,
Les trèfles d’eau flottants
Entrouvrent leurs calices.
Piverts et grimpereaux
Meurtrissent des bouleaux
Les troncs pâles et lisses.

La fauvette au buisson
Murmure une romance,
Courte et leste chanson
Qui toujours recommence.
Grives, pinsons, linots,
Merles et loriots,
Répondent en cadence.

Ô pénétrante voix
De la saison bénie !
Partout vibre à la fois
La tendre symphonie ;
Tout s’égaie aux entours.
Les bois sont pleins d’amours,
De fleurs et d’harmonie.

Mais dans la profondeur
Du taillis qui bourdonne,
Comme un écho pleureur,
Une note résonne :
Du coucou désolé
C’est l’appel redoublé,
La plainte monotone.

Quand les nids en émoi
Tressaillent d’allégresse,
Savez-vous, dites-moi,
Pourquoi cette tristesse ?
Pourquoi ce long soupir
Qui semble toujours fuir,
Et qui revient sans cesse ?...

Des saisons d’autrefois
Et des morts qu’on oublie,
Mes amis, c’est la voix
Dans l’ombre ensevelie ;
Au soleil, à l’air bleu,
Elle envoie un adieu
Plein de mélancolie.

Elle dit : « Rameaux verts,
Songez aux feuilles sèches !
Blondes filles aux chairs
Roses comme les pêches,
Amoureux de vingt ans,
Enivrés de printemps,
Songez aux tombes fraîches ! »
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...notre siècle finissant assiste à un développement anormal de la vie scientifique et industrielle. Avant peu, l’industrie mettra la main sur ces champs, ces prés et ces bois où la petite culture agonise. Il se formera, comme en Amérique, de vastes syndicats pour cultiver par des procédés rapides et économiques de grandes étendues de terre. On défrichera les forêts, qu’un député traitait hier à la tribune de richesses improductives. L’usine remplacera la ferme. Les machines supprimeront l’emploi de ces élémentaires et décoratifs outils qui contribuaient à la poésie du travail rustique : la charrue à vapeur se substituera à l’arau antique, comme la batteuse s’est substituée aux fléaux et au van. Les moissonneuses et les faucheuses mécaniques enlèveront au travail individuel ce caractère spontané, cet imprévu, cette liberté d’allure, qui en constituaient la beauté plastique. Les bois feront place à des champs de betteraves ; on n’épargnera même pas les arbres épars dans les champs, ni les haies verdoyantes s’élevant en berceaux au-dessus des chemins creux. Tout ce qui ne sera pas d’une utilité directe disparaîtra. La campagne, sillonnée de routes rectilignes, de tramways et de voies ferrées, aura l’aspect d’un grand damier aux cultures méthodiques, où tout sera réglé, machiné et spécialisé comme dans une gigantesque usine.

Alors, ce sera fini de la vie rustique ; on n’en retrouvera plus le charme et le pittoresque que dans les livres des poètes ou les dessins des artistes.

Et qu’on ne croie pas à un tableau noirci et exagéré à plaisir. Il suffit de regarder autour de soi pour constater ce dégoût du travail des champs et cette invasion de l’industrie. Souvenez-vous du caractère intime et reposant, de l’aspect nature, qu’avaient encore, il y a trente ans, les environs de Paris, et voyez-les, aujourd’hui, amoindris, vulgarisés, empuantis par les usines. Étudiez, sur une carte forestière, la vaste superficie de nos bois, et vous la verrez se rétrécir d’année en année comme la peau de chagrin de Balzac. Consultez les statistiques et vous y constaterez la dépopulation graduelle des campagnes. Ce sont là des signes avant-coureurs, et dans un temps où les choses se modifient avec une rapidité électrique, vous pouvez facilement calculer, d’après les changements déjà opérés, dans combien d’années le paysan, que nos ancêtres et nous-mêmes avons connu, aura disparu presque complètement.
(écrit en 1888)
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Je t’aime, je t’aimerai toujours plus fort. Ma pensée te suivra sur la mer et jusque dans le pays où tu vas. Dans trois ans je serai bachelier, dans six ans j'aurai terminé mon droit, je deviendrai avocat et je pourrai t'épouser.
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Ainsi qu'elle l'avait dit à Gaspard, Gertrude était une vraie fille de verrier. Elle avait la spontanéité, la fierté, les colères violentes de cette race ardente et chevaleresque sur le fond vulgaire et effacé des populations meusiennes.
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Il se demande si l’existence d’un honnête bourgeois, entre sa femme qui le choie et ses enfants qui grandissent ne présente pas une somme de satisfactions plus réelles que ces factices plaisirs parisiens dont il jouit si peu. Lui, Delaberge, attaché à sa chaîne bureaucratique, affairé du matin au soir à tourner la meule administrative, ne reste-t-il pas cent fois plus étranger aux choses du cœur et de l’intelligence que ce propriétaire retiré en son village ?
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M. de Lochères devina que les deux amoureux avaient l'intention de descendre dans la combe de Bolante et de s'y arrêter (...)
Ainsi le lieu choisi pour leur rendez-vous était précisément ce ravin fleuri, cette retraite enchantée où Vital avait rencontré Catherine avec sa jonchée odorante de muguets !
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Et où plusieurs sources s'étaient aménagées de clairs réservoirs : les unes s'échappaient des fentes d'une roche tapissée de capillaires et de scolopendres ; les autres naissaient au ras du sol parmi les menthes et les salicaires, et s'épanchaient en gros bouillons ; elles se réunissaient toutes un peu plus bas pour former le ru des Sept-Fontaines.
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Les femmes, méme les plus légères, éprouvent un secret dēpit contre celles qui leur ont succédé dans le coeur d'un ancien amant.
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Brunette


Voici qu’avril est de retour,
Mais le soleil n’est plus le même,
Ni le printemps, depuis le jour
Où j’ai perdu celle que j’aime.

Je m’en suis allé par les bois.
La forêt verte était si pleine,
Si pleine des fleurs d’autrefois,
Que j’ai senti grandir ma peine.

J’ai dit aux beaux muguets tremblants :
« N’avez-vous pas vu ma mignonne ? »
J’ai dit aux ramiers roucoulants :
« N’avez-vous rencontré personne ? »

Mais les ramiers sont restés sourds,
Et sourde aussi la fleur nouvelle,
Et depuis je cherche toujours
Le chemin qu’a pris l’infidèle.

L’amour, l’amour qu’on aime tant,
Est comme une montagne haute :
On la monte tout en chantant,
On pleure en descendant la côte.
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c’etait un plaisir d’aller en forêt avec lui, on était toujours sûr d’y faire quelque intéressante trouvaille : hérissons roulés en boule, nid de mésange, œufs de merle ou de fauvette (P4).
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La forêt a pour ses familiers de secrètes jouissances qu'ignorera toujours un Parisien, dont les promenades coutumières sont bornées par l'Arc-de-Triomphe et les Tuileries. L'un de ces plaisirs passionnants, mais dont les initiés seuls peuvent déguster l'agreste saveur, c'est la chasse aux champignons. Par une belle fin d'été, quand l'ondée de la nuit a légèrement mouillé la terre, partir pour les bois fumants de rosée, s'enfoncer sous la futaie que traverse obliquement la vermeille illumination du matin ; là, dans un silence profond, à peine troublé par un gazouillis de mésange ou un grignotement d'écureuil, guetter avec le flair d'un chien truffier et le religieux respect d'un gourmand les nombreuses variétés de bolets et d'agarics éclos pendant une nuit d'août, y a-t-il beaucoup de plaisirs plus innocents et aussi vifs
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André Theuriet
LE VALLON DE TRÉBOUL



À deux pas de la mer qu’on entend bourdonner,
Je sais un coin perdu de la terre bretonne
Où j’aurais tant aimé, pendant les jours d’automne,
Chère, à vous emmener.

Des chênes faisant cercle autour d’une fontaine,
Quelques hêtres épars, un vieux moulin désert,
Une source dont l’eau vive a le reflet vert
De vos yeux de sirène…

La mésange au matin, sous la feuille jaunie,
Aurait chanter pour nous, et la mer jour et nuit
Aurait accompagné nos caresses d’amour
De sa basse infinie.
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Les vagues harmonies de la nuit finissaient par bourdonner à ses oreilles, comme une musique caressante, déjà entendue jadis. (Le Sang des Finoël)
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Le mal agit surtout dans le scandale, répliqua-t-il, dans un ton coupant et dur qu’elle ne lui connaissait pas encore ; plutôt que de vous exposer aux médisances du public dans ces courses, à travers les chemins, j’estime qu’il vaut mieux renoncer à nous voir.
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Le Rossignol.

Les nuits tièdes sont revenues.
Dans le bois qui bourgeonne encor,
A travers les feuilles menues,
Là-haut, tremble la lune d'or.

Les pleurs muets de la rosée
Baignent les fleurs au ras du sol,
lit dans l'air comme une fusée
Monte le chant du rossignol.

J'écoute, et noyé dans l'extase,
Comme un philtre je bois le son...
Mon cœur traduit phrase par phrase
La voluptueuse chanson :

Au creux des aubépines,
Loin des jeux indiscrets,
Garnis de mousses fines.
Les nids sont déjà prêts.

Sur eux les jeunes branches
Forment un dôme vert ;
Les muguets ont ouvert,
En bas, leurs cloches blanches.

Pour les frêles œufs gris
La couche est préparée...
Sous les rameaux fleuris,
Viens, ô ma préférée !

Amour ! amour ! amour !
Les heures sont propices ;
Vois : chatons et calices
Éclosent à l'entour.

La nuit est claire et douce,
Pourquoi tarder encor?
Viens, le chaud nid de mousse
Attend son trésor...
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Pour Flavie j'avais plus que de l'admiration : j'étais attaché a elle par une tendre amitié. Bien qu'elle eut presque six ans de plus que moi, nous nous sentions attirés l'un vers l'autre par une secrète affinité.
Quand je l'avais connue, aux environs de ma septième année, elle était déjà une grande fille et promet tait (le devenir fort jolie. Brunette, élancée et souple, très blanche de peau avec des yeux bordes de longs cils, elle ressemblait à une petite madone, très raisonnable et très réfléchie. Des nos premières rencontres elle me prit en affection. Mes façons et mes costumes de citadin, contrastant avec les allures primitives et les toilettes négligées des gamins du village, m'avaient sans doute valu ses préférences. Elle m'avait adopté comme une sorte de page ou d'écuyer servant.
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Il faisait merveille dans cette petite ville, où les mères le citaient comme exemple à leurs fils adolescents, et où les pères de filles nubiles le regardaient d’un œil fort doux.
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