Anna Bruner

"Zoe lâcha la main de son ancienne maitresse et tenta d’essuyer ses pleurs avec ses moufles roses tout en continuant à marcher.
- C’est trop dur, je peux pas vous dire.
- Je comprends, ma grande, dit Claire. Mais tu m’en as déjà confié plusieurs, des secrets, et à chaque fois, tu disais être un peu soulagée. Alors ça m’inquiète d’entendre que tu en as encore un qui te rend très triste. Tu n’as pas confiance en moi ?
- Si. Vous, vous êtes toujours gentilles avec moi. Et quand je vous dis des choses, vous les répétez pas. Mais ce secret-là, il me fait trop peur.
Claire prit une grande respiration et fit mine de se concentrer sur les vapeurs que son expiration produisait dans la froideur du matin. Comment Zoe pouvait-elle encore avoir un secret plus terrifiant que ceux qu’elle lui avait déjà confiés ? Craignait-elle des conséquences pour elle ou sa famille ? Seule certitude : Claire avait peu de chance d’obtenir de nouvelles confidences là, sur le trottoir, cinq minutes avant d’arriver à l’école.
Ne t’inquiète pas, tu n’es pas obligée de m’en parler. Mais n’oublie pas : si un jour tu changes d’avis, je serai là, d’accord ?

Adolescent, Matt était un curieux spécimen. Aussi à l’aise avec les geeks qu’avec les littéraires, il cachait sous un abord lunaire une grande qualité d’être au monde : comme si partir dans les nuages lui permettait de mieux observer les êtres qui s’affairaient sur terre.

Claire avait l'habitude que l'on dénigre sa sœur. Après tout, rares sont ceux qui accordent a priori la bienveillance que chacun mérite. Critiquer autrui sans rien savoir de son vécu ou de son passé est aussi aisé qu'insensé.
A quoi bon tenter de raisonner des fous ?

Elle avait toujours été surprise par l’écart entre le niveau de langage de Zoé, encore très enfantin, et sa vivacité d’esprit, qui la plaçait sans conteste parmi les enfants les plus brillants que Claire ait rencontrés.

Après tout, rares sont ceux qui accordent a priori la bienveillance que chacun mérite. Critiquer autrui sans rien savoir de son vécu ou de son passé est aussi aisé qu’insensé. A quoi bon tenter de raisonner des fous ?

Plus j’avance dans la vie, plus j’ai l’impression que ce sont les rencontres qui font la valeur des expériences, peut-être plus que ce qu’elles nous enseignent, et certainement plus que nos résultats ou performances.