« Néréides », la bande-annonce. Un thriller de Christophe Royer.
Quand Nathalie Lesage, commandant à la PJ de Lyon, reçoit un appel au secours de l'un de ses amis, elle n'hésite pas une seconde et part aussitôt pour Albi afin de l'aider à retrouver sa jeune soeur.
Une banale disparition qui, très vite, va se transformer en course-poursuite, jonchée de cadavres et de mystères : un dangereux et insaisissable « Monsieur Étienne », une obscure école de magie, d'étranges disparitions
Un thriller palpitant, aussi addictif que terrifiant.
Roman disponible le 16 mars 2023 (papier & numérique).
Infos & précommande ici https://www.taurnada.fr/nereidescr/
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Elle observait deux garçons qui échangeaient des conseils vestimentaires. L’un suggérait à l’autre d’acheter un pantalon plus court et de le porter avec des petites chaussures basses unies. Il insistait sur le fait de ne surtout pas mettre de chaussettes, il fallait absolument laisser les chevilles apparentes, c’était trop sexy et les filles adoraient.
Nathalie suivait leur conversation avec amusement. Les nouvelles générations de garçons faisaient de plus en plus attention à eux. Ils soignaient leur apparence et n’hésitaient plus à se rendre en institut pour faire des soins du visage, se faire épiler les sourcils et autres pilosités disgracieuses. La parité semblait maintenant de mise, concernant ce point en tout cas…
Juste après avoir dépassé un autre stade, le Pierre-de-Coubertin, il prit la sortie de la porte de Saint-Cloud pour rejoindre le quai Saint-Exupéry en réalisant une magnifique queue de poisson. Peu avant le carrefour, cruellement ébloui, il dut baisser le pare-soleil à cause des rayons qui se reflétaient massivement dans les vitres noires de l’imposant bâtiment de TF1. Ils nous emmerdent même quand on ne regarde pas leur chaîne ! pensa Félix.
Voulant comprendre pourquoi son corps ne répondait pas à ses injonctions, il tourna la tête pour examiner son bras gauche, plaqué contre une planche de bois. Son poignet était emprisonné par plusieurs tours de fil de pêche transparent lui meurtrissant les chairs. Il fit l’effort de relever légèrement son bras pour le soulager de son étreinte.
Il baissa la tête et constata amèrement qu’il était fermement attaché de la même manière au niveau de la taille, en haut des cuisses et aux chevilles. Mais, pire que tout, il vit son pénis recroquevillé pointant mollement vers le bas.
La crosse d’un fusil de chasse pour gros gibier touchait le sol tandis que les deux extrémités des canons juxtaposés disparaissaient autour de ce qui restait de la bouche de l’homme. Ses deux pouces étaient restés accrochés aux détentes, maintenant l’arme verticalement.
Il n’avait pas fait les choses à moitié, réussissant à tirer les deux cartouches en même temps. Il ne restait plus grand-chose de son visage.
Sous la puissance de la déflagration, tout le haut de sa tête, à partir de son nez, avait disparu. Un œil retenu par son nerf pendait sur une joue, l’autre s’était volatilisé.
L’homme trempa juste ses lèvres dans le liquide piquant et fit une grimace. Il buvait rarement. Il avait horreur des effets que cela avait sur lui. Il trouvait cela dégradant. Cette perte de maîtrise de soi accompagnée de cette fausse décontraction lui était insupportable. Il détestait cette déformation de la réalité et l’amnésie éphémère du quotidien que l’alcool procurait. Cette fuite en avant n’était que temporaire et ne réglait rien. La vie était dure et on devait l’affronter.
L’homme soupira et s’extirpa tant bien que mal de son lit. Quitter la chaleur de son épais cocon ouaté était vécue comme une véritable déchirure pour lui. La température était très fraîche dans la pièce. Il n’allumait jamais de chauffage. Il adorait pouvoir s’enrouler complètement dans plusieurs couvertures ne laissant dépasser qu’une partie de sa tête. De savoir qu’il faisait froid dehors alors qu’il était tout transpirant à l’intérieur lui procurait un plaisir jouissif.
Cyrille ne connaissait pas encore assez Nathalie pour déceler si elle bluffait. Il trouvait son comportement irresponsable et dangereux. À la première occasion, il appellerait des renforts, qu'elle le veuille ou non.
Nathalie l'observa ruminer en silence, le regard braqué sur la route. Elle savait qu'il avait raison, mais une voix au fond d'elle lui disait qu'elle pouvait se fier à son instinct. Par le passé, elle avait déjà eu ce type d'intuition et cela lui avait plutôt bien réussi. Contre l'avis de sa hiérarchie, elle avait souvent pris ce genre d'initiative qui lui avait permis de gagner beaucoup de temps dans la résolution de certaines affaires.
Soudain, son estomac se crispa douloureusement. Sans crier gare, des images de son passé d'une précision effroyable affluèrent de manière désordonnée...
Juste à côté, assise sur une chaise, une autre prisonnière à la longue chevelure blonde surveillait sa camarade d’infortune. Son visage exprimait l’anxiété et la détresse.
Par l’entrebâillement de la porte, elle voyait parfaitement dans le reflet du miroir ce qui se déroulait dans la chambre : Maud était debout devant le bureau, le visage enfoui dans son écharpe et semblait s’en délecter. Après avoir éloigné l’étoffe et l’avoir observée quelques seconde, elle se dirigea vers la commode pour récupérer la sienne et l’échanger contre celle de Sophie.
Comme une mauvaise mélasse collante, tout se mélangeait dans son esprit: le passé, le présent, les raisons de sa colère.