Anne Boyer (II)

Toute personne en possession d’un corps devrait recevoir à la naissance un guide sur la façon de mourir
(p. 155)

Être malade ouvre un espace excessif à la pensée et la pensée excessive fait de la place aux pensées mortifères. Mais j'ai toujours eu plus soif d’expérience que de l'absence de celle-ci, alors si l'expérience de la pensée est la seule que mon corps pouvait me donner au-delà de la douleur, il fallait bien accepter de m'ouvrir à des réflexions folles et morbides.

Parfois, mettre un nom sur la souffrance d’une personne est l’unique remède existant.

Écrire uniquement sur soi, c’est peut-être écrire sur la mort. Mais écrire sur la mort, c’est écrire sur tout le monde.

« L’esprit ne se mesure pas. Parce qu’il n’est pas réel, ou du moins parce qu’il n’a pas de matérialité, mais il paraît bien réel quand on devient pleinement conscient de sa propre aridité. Peu importe qu’en son for intérieur, une personne éreintée se sente potentiellement non vivante ou floue, son corps ressemblera à son corps, discret, vivant et animé, et capable d’essayer encore, d’essayer mieux, de s’améliorer, de résoudre, de désirer ou de produire."

« Le cancer tue des gens, de même que le traitement, de même que l’absence de traitement, et les croyances et les sentiments des gens n’ont rien à voir avec ça. »