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Citations de Anne Guerber (33)


Venant de Rennes, Simone se trouve sur une liste de 111 passagères (elle est en 38e position), dont plusieurs femmes du réseau Turquoise. Elles sont ainsi restées une dizaine de jours dans la prison de Belfort avant ce transfert en Allemagne du 1er septembre 1944. Au départ de Belfort, le convoi comprend 190 femmes. Ce sont presque les dernières prisonnières françaises à atteindre Ravensbrûck. Sinistre privilège.
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Conformément à la demande d'Yvon, Yves et Marie-Louise iront chercher la valise de trésorerie du réseau et cacheront l'argent dans le poulailler.

En octobre 1944, ils la rapporteront au BCRA, boulevard Suchet, à Paris. C’est là que Marie-Louise retrouvera un ami d’enfance de Saint-Brieuc en la personne du général Chrétien, qui lui écrira plus tard : « Je n’ai pas oublié la visite que vous me fîtes, après la Libération, pour rapporter les fonds de la Résistance laissés par vos enfants. Je l’ai d'autant moins oubliée que vous fûtes les seuls à faire preuve de ce désintéressement et de cette probité. Votre geste, après les cruelles épreuves que vous avez subies, fut pour moi l'illustration du patriotisme le plus pur, celui que nous inculquèrent votre père comme le mien ! »
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La bibliothèque enfantine, commencée par les Brandt s'étoffe largement. On distingue les albums aux illustrations de plus en plus nombreuses, et les livres (…) qui s'adressent à des lecteurs plus aguerris. Certains albums ont encore du succès aujourd’hui, comme la fameuse Bécassine ou encore Nane...

Comme beaucoup de jeunes lecteurs, Yvon et Simone sont durablement marqués par ces lectures rituelles des Bibliothèques rose et verte, à la fois refuge émotionnel et incitation à dépasser le quotidien, à franchir les limites du commun et a basculer dans l’exceptionnel pour défendre des valeurs avec courage et intrépidité.

Page après page, au fil de ces centaines d'heures de lecture diffusant théories et exemples sur les notions fondamentales de justice et d’injustice, de cruauté et de pitié, de force et de faiblesse, d'amour et de haine, leur personnalité se façonne autour d'un trésor intérieur essentiel, un ressort secret tout prêt à se déclencher lorsque le péril nazi s'abattra sur le pays.
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Elle
La presque
La pas tout à fait
Île

Presqu'île, bout d'aile, inclinée sur la mer.
Fin de terre, faim de mer, insulaire à son insu.
Amarrée à la mer aux mirages des marées.
En équilibre entre sel et sable, vent de terre vent de mer.
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L’amour sincère et désintéressé ne faisait pas recette dans un tel contexte. Cette haine de l’Allemand était si générale à la Libération que, si des rescapées ayant connu Simone avaient été au courant de ses confidences, elles n'en auraient probablement pas parlé à sa famille. Cela n'aurait fait qu'ajouter une douleur à celle de sa disparition.

Pour vivre avec René, il lui aurait fallu s'enfuir en Allemagne, après la guerre, mais dans quelle Allemagne ! Battue, ruinée au sens propre comme au figuré. Et à supposer qu'elle y retrouve René, qu'il soit resté célibataire, qu'il l'aime encore, les aurait-on laissé vivre ensemble ? Quelle part de bonheur leur serait-il resté dans un monde de règlements de comptes et de « réparations » ?

Mourir de l'absence de René ou mourir avec lui, n'apparaissait pas seulement comme un beau délire : c'était toujours mourir et il n’y avait pas d'alternative. René n'était plus là, et c’est dans son pays même, dans ce pays qu’elle aurait tant voulu visiter avec lui, qu’elle gisait, affaiblie, son jeune corps disloqué en lambeaux de souffrance.
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Je découvre aussi les cent quatre-vingt-neuf autres femmes avec qui Simone a souffert. Elles sont nées entre 1865 et 1928. La plus âgée avait 79 ans. Elle s'appelait Marie Béranger. La plus jeune avait seize ans. Plus exactement, elles étaient deux, les benjamines, à n'avoir que seize ans, et je veux évoquer leur mémoire : Suzanne Goeppel, née le 12 juin 1928, et Ginette Lion, née le 4 juin 1928. Suzanne venait de Vendée, Ginette de l'Aube.

Le 4 juin est également le jour de la naissance de Simone... Le 4 juin 1926.

Si l'émotionnel ne doit pas paralyser les recherches, son irruption dans la statistique froide et méticuleuse est pourtant indispensable pour apprivoiser la réalité, et nous aider à nous rendre compte du poids des chiffres et de ce qu'ils représentent.
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La nuit tombe peu à peu mais le ciel gris pâle,
Un peu sale et sacripant, résiste.
Les merles m’environnent et s’interpellent
Qui dans l’herbe
Qui sur le bout du toit ou la branche de pommier;
Pas un souffle de vent;
Les feuillages, en flagrant délit d’incertitude
Tombera, tombera pas?
Rongent leurs ongles.
Sur les rosiers aux fleurs fanées
Une ou deux roses encore ouvertes
Défient le soir et la saison,
Leurs épines en garde.
Je ferme les yeux.
Non, il n’est toujours pas là;
Le soir attend, quelque part sur un trottoir
Qu’on veuille bien l’amener jusqu’ici.
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Le préfet des Côtes-du-Nord Gamblin dénoncera ces événements et l'action du CLL de Lézardrieux dans un rapport du 15 septembre 1944 : « Le maire [...] dont le fils est depuis trois ans dans les troupes du général de Gaulle et dont la fille a été enlevée par la Gestapo, a été odieusement molesté par un comité de résistance qui comprend en son sein des mercantis et deux viragos. »
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Neuengamme est aussi le camp où la proportion de Français déportés a été la plus considérable (11 500, dont 500 femmes), soit le troisième contingent déporté après les ressortissants de l’Union soviétique (34 350), et les Polonais (près de 17 000).

A partir de 1942, 106 000 hommes et femmes de toutes les nationalités y ont transité, et plus de la moitié (55 000) y sont morts, de faim, de froid, d'épuisement, du manque de soins, victimes de brutalités, abattus, torturés, fusillés, pendus, brûlés ou gazés.

Les Français furent proportionnellement encore plus éprouvés puisque plus de 7000 d'entre eux disparurent, ce qui représente un taux de mortalité de 65 %. Les statistiques montrent que ce pourcentage de mortalité est supérieur à la moyenne des pertes subies, en général, parmi les 85 000 Français déportés politiques (dont la moitié de résistants) puisque un peu plus de 40 % ne sont pas revenus des camps.
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Ce jour-là

Parce que soudain on ne veut plus.
Parce que soudain on ne peut plus.
Parce que soudain on est déchiré.
Parce que soudain on est écrasé
Parce que tout ce en quoi on a cru relève vers soi un
visage d'artifices au sourire de hyène.
Parce qu'on étouffe comme un lézard qui prendrait
feu sur pierre.
Parce qu'on a lancé des bouteilles à la mer et
attaché des messages aux ballons.
Parce qu'il ne suffit pas de respirer la rose ancienne
et le délicat chèvrefeuille.
Parce qu'il ne suffit pas d'avoir un âge avancé pour se sentir
vivre.
Parce qu'il faudrait pouvoir se débarrasser du fil
poisseux de la pantomime quotidienne.
Parce qu'il faudrait pouvoir cacher ses yeux dans le
cou maculé d'un grand goéland à bec jaune.
Parce qu'il faudrait grimper très haut sur la montagne
encore verte sans faire taire les grillons.
Et de là souffler sur les nuages et lancer
des cailloux dans les écailles mouvantes de l'océan.
.
Parce que, parce que, parce que.
Parce qu'on ne le fera pas.
Même s'il n'est probablement pas trop tard.
Pour toutes ces déraisons, il y a bien un sens,
Mais il est inacceptable...
ce jour là.
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LAS DE CHERCHER

Las de chercher à retenir
Entre les doigts gonflés
Bruissants de sable
L'écoulement de malédiction
Ce qui compte est ce qui
Donne accès à ce qui
Conduit vers le cœur
Entrer au cœur des choses
Comme on entre à corps
A cris perdus dans la ronde
Le plongeon que nul ne saurait
Retenir mais qui est tout
Entrer sans trouble dans la présence
Dans la respiration du ciel
Dans l'absence elle-même spectre
Sentimental d'un présent ancien
Devenir ce sable qui s'enfuit et
Rêver à la main abandonnée
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L’exposition parisienne internationale des Arts décoratifs de 1925 et la préparation du « Pavillon breton » ont entretenu une émulation féconde parmi les courants artistiques bretons. L’ameublement et la décoration des cinq pièces du pavillon breton ont été confiés à des artistes différents. Les Seiz Breur ont réalisé la salle commune, attribuée à la région du Trégor. Jeanne Malivel et René-Yves Creston ont dessiné le mobilier, Gaston Sébilleau lui a donné naissance. Faïences, vaisselles, poteries, broderies vaudront au groupe une médaille d'or. Bien loin des « biniouseries » auxquelles certains voudraient réduire l’inspiration celtique, le mouvement a magistralement montré au grand public une Bretagne fertile, ouverte au modernisme et à la créativité artistique.
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Cette vie-là, avec ses tornades imprévisibles, elle t'a plus d'une fois écorché et tu ne ressentais plus rien.

Pendant longtemps tu as pensé que plus rien ne pourrait être et il n'y avait plus rien,

Si ce n'est la souffrance de gâcher une vie que tu aurais voulu tienne, ta part de vie dans la lumière.

Mais là, miraculeusement, tu marches sur ce chemin et tu sens s'ébrouer la vie - celle qui seule - peut-être,

A un sens propre, une sensation vraie, une vie multiple qui te chauffe le cœur,

Et en même temps, il y a quelque chose de triste et de très profond,

Alors doucement, dans le creux de ta main, tu fais un vœu.
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Je pense au passé
Je passe en pensées
Présent d'évanescences
Contre un passé
De fulgurances
Dans l'espace désossé
De la réminiscence.
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Petite annonce du cœur

Urgent
Cœur pendu à la gouttière
Cherche escabeau
Pour éviter la poussière
Et pouvoir se mettre au chaud
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Avant que (page 73)

AVANT

Que je me décale
Que je me déboîte
Que je me désunisse
Que je me désaccorde
Que je me déroute
Que je me détoure
Que je me dévisse
Que je me désépaississe
Que je me dépayse
Que je me dévalue
Que je me déglingue
Que je me décante
Que je me désosse
Que je me décarcasse
Que je me déphase
Que je me dénoue
Que je me dénie
Que je me désenchante
Que je me désabonne
Que je me dérobe
Que je me décroche
Que je me délocalise
Que je me dégaze
Que je me débranche
Que je me désincruste
Que je me décadre
Que je me démâte
Que je me défile
Que je me décortique
Que je me décrépisse

Prends-moi dans tes bras
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QUAND IL NE RESTERA

Quand il ne restera plus rien à lire
Que le TEMPS retombant tout autour
De nous en larges gouttes de vérité sale
PULSATIONS d'un cœur fatigué
Qui nous contiendrait tout entier
Nous les embryons naufragés de l'île-cage
Désespérant de croire et de croître
Alors il n'y aura plus rien à dire
Sauf peut être le regard
Ultime onde ultime berge
A ceux qui tant de larmes en pitié ont versé
Alors oui pour que résonnent
LES TAMBOURS DE CHAIR il restera ces yeux-là
Il n'y aura plus rien à faire que frapper
Aux portes lourdes le poing tendu
Au-dessus du liseré de lumière fausse
Entrer et s'accorder à l'instantané
De la clarté vraie entrer et
Basculer de l'autre côté du TEMPS
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Quand mon père m'appelait du nom de sa sœur disparue, Simone, parce qu'il croyait la voir à travers moi, cela me perturbait profondément, moins parce que j'étais transparente que parce que je ne savais pas vraiment qui elle était, tout en ayant conscience du potentiel de douleur qu'elle suscitait.
Puisque je la prolongeais en chair et en os, je me suis progressivement sentie redevable de son histoire. Tout comme mon père, je flottais entre deux espaces temps, passé regretté/présent illégitime, sans parvenir à m'emparer réellement de l'un ou de l'autre .
dans cet arrachement permanent à ce qui aurait pu être et ne serait jamais, dans la nostalgie anticipée de ce qui se diluait au loin sans pouvoir s'imprimer dans la réalité, il n'est pas étonnant que je me sois attachée compulsivement à tout ce qui pouvait servir de point d'appui, même fragile, dans les êtres et les lieux rencontrés.
Jamais aucun adulte n'eut le courage -mais était une question de courage?- d'aborder avec moi la question de la maladie de mon père. Mais tous ceux qui savaient, je les sentais profondément navrés. Leur pudeur ou leur lâcheté aggravait encore ma honte et un sentiment de culpabilité incommensurable.
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Les statistiques et la représentation mentale de la déportation et de l'arrivée au camp sont des réalités différentes, et on ne passe pas impunément de l'un à l'autre.(...) Les faits, les dates, les traces officielles de l'histoire, joints aux témoignages, m'aidèrent à m'immerger dans cette reconstitution et à tisser des liens entre l'histoire officielle et l'histoire familiale. Parce que longtemps, je n'avais pas voulu en savoir plus, incapable de prendre la distance nécessaire pour cesser d'en être bouleversée. Retrouver cette date de naissance me permettait d'entrer dans une phase plus rationnelle et de sortir, du moins en partie, de l'influence des représentations émotionnelles.
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Et je fis un grand feu dans l'âtre de moi-même
Pitoyable phénix ivre du temps d'avant
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