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Bibliographie de Anne Pontillé   (1)Voir plus

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
Parfois, l’une d’entre nous traverse une période de cafard, de tristesse, voire de dépression. Il n’est pas permis d’en parler à celles que l’on appelle ses Sœurs. Nous devinons ces moments de marée base chez les autres et nous restons impuissante. […] Toutefois quand je découvrais une de mes Sœurs, d’origine Irlandaise, amaigrie, très fatiguée, je décide d’en parler à une autre Sœur, plus âgée que moi. Rapidement, nous convenons d’avertir la Mère maîtresse, puisque nous ne pouvons parler à la Sœur sans son autorisation. […] Le soir, pendant le temps libre, je prends donc ma place dans la fille d’attente des novices qui désire voir la Mère maîtresse. [ … ] J’entre, les mains dans les manches, dans le bureau où est assise la bonne Sœur. A genoux à ses pieds comme le coutumier l’exige, je m’explique :
― Ma Mère, Sœur Imelda ne paraît pas en bonne santé. Elle est très pâle et amaigrie. Je l’ai vue plusieurs fois triste. Peut-être est-elle déprimée ?
― Mêlez-vous de ce qui vous regarde, Sœur Anne. […] Les malaises des autres ne vous concernent pas. Allez-vous-en et soyez plus discrète à l’avenir. […] Voilà, il faut théoriquement aimer, mais pratiquement, il faut s’interdire les gestes et les paroles de l’amour. […] En face de nos Supérieures, nous devons nous tenir à notre place d’inférieure.
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C'était mon dernier été, et je voulais le vivre comme je l'avais toujours fait, en jeune fille normale. Durant une quinzaine de jours je me rendis chez une de mes tantes au bord de la mer. En Bretagne, je goûtai pleinement mes dernières heures de liberté et je pensai alors qu'il n'y aurait jamais plus pour moi de vacances, en short ou robe légère sur une plage.Le soir je partai souvent seule pour de longues promenades, pieds et orteils nus dans le sable. Et je priais.
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Responsable des études de trois cent cinquante élèves que j’accompagne pendant trois ans et conduis au bac, je suis en relation constantes avec certaines de mes Sœurs dont la compréhension et le soutient professionnel s’avèrent très efficaces, avec mes collègues, avec les grands élèves eux-mêmes et enfin avec leurs parents. Comme toujours cette ouverture aux autres m’est bénéfique. Elle me donne le sentiment d’être responsable, utile, d’apporter aux jeunes une aide dans leurs études et au-delà une écoute d’eux-mêmes dont ils ont besoin. […] J’adhère totalement à la mentalité novatrice et aux conceptions audacieuses de l’enseignement mis en œuvre par la directrice de l’école. […] Pour la première fois enfin, je vois bouger le lourd système scolaire et je m’en réjouis.
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Pendant cette seconde année de mon noviciat, la santé de mon père s’altère de façon alarmante.
[…] On craint pour sa vie et on craindra pendant des mois évidemment, je m’inquiète et, peu avant de faire ma profession, j’envisage de retourner, au moins un certain temps, auprès de ma mère et de ma jeune sœur dont je me sens responsable. […] Lorsque j’émets cette hypothèse aux pieds de ma Mère maîtresse elle réagit vivement :
― Il s’agit là d’une tentation, ma Sœur. Le malin peut se cacher sous les meilleures intentions. Ne vous laissez pas égarer et n’y songez plus.
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Au cours des années, le vœu de chasteté a été très difficile à supporter. J’ai mené sur ce terrain une lutte continuelle, poursuivie de jour et de nuit. Je suis, je l’affirme, une jeune femme normalement faite pour vivre et pour aimer ; or cette existence m’interdit l’une et l’autre. Alors, le jour, je brime mes désirs d’aimer et d’être aimée. Mais ils reviennent la nuit, dans mes brèves périodes de sommeil, en des rêves. […] Il m’aurait suffi de comprendre qu’ils fonctionnaient comme une soupape de sécurité, les rêves libérant ce qui était sans arrêt refoulé. Faute de savoir cela, je cherche dans l’aveu la force de mener mon combat de chaque instant, un combat qui consiste à « ne rien accorder à la nature » comme on me l’a enseigné, un combat qui m’entraîne à sublimer dans l’amour divin ce que toute personne aspire à vivre concrètement et harmonieusement.
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Je repense avec horreur que j’ai trente-huit ans, que je ne suis pas mariée, que je n’ai pas d’enfants et que je suis sans ressources. Je n’ai rien absolument rien. Je n’ai même plus le temps ! Le temps de la jeunesse, du mariage, de la conception des enfants. Ce temps perdu surtout me poignarde. […]

Rencontrer un homme et l’épouser : c’est en soit possible, même à quarante ans passés, mais rien ne laisse présager une rencontre. Pour ce qui et de l’argent, je peux travailler, certes, mais je sais qu’il me faudra terriblement économiser pour rattraper les années perdues. Et je vois toute ma vie gâchée. Pour qui ? Pour quoi ?
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Cette année-là, je dévorai Corneille, Racine, Lamartine, Musset, Hugo, Saint-Exupéry. Les grands romantiques et les hommes d’action surtout m’émurent. Ils m’animaient de leur idéal stoïque et généreux, si proche de ce que je voulais vivre. Il me convenait cet idéal soutenu par une volonté tendue au service du devoir.
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Le médecin, qui d’ailleurs est un « bon chrétien », me lance comme une provocation :
― Ma Sœur, vous êtes comme une cocotte-minute … . Si vous n’enlevez pas la soupape … tout va sauter. Soyez donc égoïste. Occupez-vous donc de vous bon Dieu ! Si vous ne le faites pas, vous allez crever ….
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