Ce livre me fait penser à « Ce genre de petites choses » où Bill Furlong découvre des choses invraisemblables au couvent des soeurs. Plus largement, il me fait penser aux « Magdalena Sisters ». Il me fait également penser à «
La religieuse » de
Diderot.
Oui, l'humain est faible, a des travers, peut faire souffrir mais il possède également des richesses, ce qui me fait penser souvent à une phrase que ma maman répétait souvent : « Voyez les gens pour leurs qualités, plutôt que de vous focaliser uniquement sur leurs défauts.
L'auteur
Anne Pontillé écrit fort bien. On suit son histoire ― C'est une biographie, il est également question de religion ― on met avec facilité nos pas dans les siens en comprenant parfaitement ses tourments et angoisses.
Ce livre, je l'avais lu lors de sa parution et c'est avec plaisir que je l'ai relu.
Son histoire débute en 1952 lors de sa communion solennelle alors qu'elle avait douze ans. « Pour communier, nous nous avançâmes vers l'autel. Après avoir regagné nos places, nous commençâmes notre action de grâce, à genoux sur le prie-Dieu. Soudain, je me retournai … Toutes mes compagnes étaient déjà assises. Je me redressai précipitamment, un peu confuse. J'étais avec Jésus, occupé à Lui parler coeur à coeur, et je ne m'étais rendue compte de rien ! […] Ce jour-là, Jésus prit une place décisive dans mon existence. Il devint Celui que je ne pouvais plus ignorer. Ses paroles et Ses actes allaient désormais orienter ma vie. »
A cette époque, l'idée d'avoir un fils prêtre était assez courante. Anne était la troisième de quatre filles. Père et mère leurs ont inculqué une éducation très chrétienne et à défaut de garçon, ils imaginaient une fille religieuse et se fût Anne qui semblait avoir la vocation. Pour l'Eglise avoir la vocation est un appel de Dieu. Cet appel ce sont des prêtres, des religieuses, un évêque qui l'ont persuadé avoir l'appel de Dieu.
Elle est donc entrée au couvent comme novice. Ce fut une immense déchirure pour son père, sa mère et sa jeune soeur Charlotte de la voir partir. Comme novice sa vie était privation, obéissance ― sans réfléchir au sens de ce qui lui était demandé, il fallait obéir et précisément ce qui lui était demandé n'avait souvent pas beaucoup de sens. Elle s'interrogeait sur le fait qu'elle avait des sentiments que l'être aimé pouvait être un homme et qu'elle pourrait avoir des enfants mais revenait régulièrement sur la pensée qu'elle devait d'une façon ou l'autre sublimer ses sentiments. A cette époque, rares étaient les occasions où des sorties étaient autorisées aux religieuses. Elles portaient le voile, couverte de la tête aux pieds. Comme ses consoeurs, Anne devait faire l'aveu de ses fautes à la Mère supérieure, pour tous souhaits, désirs, demande s'en référer à genoux devant la Mère maitresse pour qui ― à titre d'exemple demander de retourner en famille pour une courte période, parce que son père est malade, était une tentation du malin, du diable, cherchant à la détourner du droit chemin.
Les contraintes : vestimentaires, de sortie du couvent et d'obéissance à la mère supérieure se sont assouplies avec le concile
Vatican II au début des années soixante.
Par la suite, une association, fondée par un prêtre assure des séminaires intensifs destinés à induire des possibilités d'analyse de soi, donc de prises de conscience qui favorise une restructuration de la personnalité. Ces séminaires s'adressent à tous, laïcs, religieux, hommes et femmes. Anne est de celles qui ont participés à cette formation. Cette ouverture d'esprit, lui a permis de se rencontre compte qu'elle n'était pas faite pour la vie religieuse.
En quittant le couvent, elle ne possédait rien, devait trouver un travail, peut-être un mari. Elle n'avait plus l'âge de concevoir des enfants. Il était clair que tout serait difficile. Au bout de plus d'un an de réflexion, son choix était fait, elle revenait à la vie civile après vingt ans de sa vie passée au couvent !
Anne Pontillé est licenciée ès lettres et professeur dans une institution privée.
A la fin de son récit, l'auteur dit très courageusement : « Je n'ai pas vécu en vain tous ces jours, j'ai appris. Il n'y a pas d'échec, il y a l'expérience. »
Heureusement, ce type de religiosité est révolu.