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EAN : 9782843370359
282 pages
Anne Carrière (14/01/1998)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Les épreuves les plus dures ne sont pas toujours faites de bruit et de fureur. Parfois, un simple "non" peut demander près de vingt ans d'efforts, de silence et de recueillement. Catholique, fascinée dès l'enfance par la vie héroïque des saints, pour plaire à son entourage Anne a choisi très tôt. Quand d'autres découvrent le monde, à dix-neuf ans elle y renonce et s'ensevelit volontairement entre les murs d'un couvent. Mais, sous la férule de la règle, elle qui croy... >Voir plus
Que lire après Dieu ne m'a pas parléVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce livre me fait penser à « Ce genre de petites choses » où Bill Furlong découvre des choses invraisemblables au couvent des soeurs. Plus largement, il me fait penser aux « Magdalena Sisters ». Il me fait également penser à « La religieuse » de Diderot.

Oui, l'humain est faible, a des travers, peut faire souffrir mais il possède également des richesses, ce qui me fait penser souvent à une phrase que ma maman répétait souvent : « Voyez les gens pour leurs qualités, plutôt que de vous focaliser uniquement sur leurs défauts.

L'auteur Anne Pontillé écrit fort bien. On suit son histoire ― C'est une biographie, il est également question de religion ― on met avec facilité nos pas dans les siens en comprenant parfaitement ses tourments et angoisses.

Ce livre, je l'avais lu lors de sa parution et c'est avec plaisir que je l'ai relu.

Son histoire débute en 1952 lors de sa communion solennelle alors qu'elle avait douze ans. « Pour communier, nous nous avançâmes vers l'autel. Après avoir regagné nos places, nous commençâmes notre action de grâce, à genoux sur le prie-Dieu. Soudain, je me retournai … Toutes mes compagnes étaient déjà assises. Je me redressai précipitamment, un peu confuse. J'étais avec Jésus, occupé à Lui parler coeur à coeur, et je ne m'étais rendue compte de rien ! […] Ce jour-là, Jésus prit une place décisive dans mon existence. Il devint Celui que je ne pouvais plus ignorer. Ses paroles et Ses actes allaient désormais orienter ma vie. »

A cette époque, l'idée d'avoir un fils prêtre était assez courante. Anne était la troisième de quatre filles. Père et mère leurs ont inculqué une éducation très chrétienne et à défaut de garçon, ils imaginaient une fille religieuse et se fût Anne qui semblait avoir la vocation. Pour l'Eglise avoir la vocation est un appel de Dieu. Cet appel ce sont des prêtres, des religieuses, un évêque qui l'ont persuadé avoir l'appel de Dieu.

Elle est donc entrée au couvent comme novice. Ce fut une immense déchirure pour son père, sa mère et sa jeune soeur Charlotte de la voir partir. Comme novice sa vie était privation, obéissance ― sans réfléchir au sens de ce qui lui était demandé, il fallait obéir et précisément ce qui lui était demandé n'avait souvent pas beaucoup de sens. Elle s'interrogeait sur le fait qu'elle avait des sentiments que l'être aimé pouvait être un homme et qu'elle pourrait avoir des enfants mais revenait régulièrement sur la pensée qu'elle devait d'une façon ou l'autre sublimer ses sentiments. A cette époque, rares étaient les occasions où des sorties étaient autorisées aux religieuses. Elles portaient le voile, couverte de la tête aux pieds. Comme ses consoeurs, Anne devait faire l'aveu de ses fautes à la Mère supérieure, pour tous souhaits, désirs, demande s'en référer à genoux devant la Mère maitresse pour qui ― à titre d'exemple demander de retourner en famille pour une courte période, parce que son père est malade, était une tentation du malin, du diable, cherchant à la détourner du droit chemin.

Les contraintes : vestimentaires, de sortie du couvent et d'obéissance à la mère supérieure se sont assouplies avec le concile Vatican II au début des années soixante.

Par la suite, une association, fondée par un prêtre assure des séminaires intensifs destinés à induire des possibilités d'analyse de soi, donc de prises de conscience qui favorise une restructuration de la personnalité. Ces séminaires s'adressent à tous, laïcs, religieux, hommes et femmes. Anne est de celles qui ont participés à cette formation. Cette ouverture d'esprit, lui a permis de se rencontre compte qu'elle n'était pas faite pour la vie religieuse.

En quittant le couvent, elle ne possédait rien, devait trouver un travail, peut-être un mari. Elle n'avait plus l'âge de concevoir des enfants. Il était clair que tout serait difficile. Au bout de plus d'un an de réflexion, son choix était fait, elle revenait à la vie civile après vingt ans de sa vie passée au couvent !

Anne Pontillé est licenciée ès lettres et professeur dans une institution privée.

A la fin de son récit, l'auteur dit très courageusement : « Je n'ai pas vécu en vain tous ces jours, j'ai appris. Il n'y a pas d'échec, il y a l'expérience. »

Heureusement, ce type de religiosité est révolu.

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Le livre d'Anne Pontillé soulève beaucoup de questions. D'abord, on voit comment une jeune fille influencée par son entourage, en vient à choisir une voie qui ne l'attire pas réellement. Quand je dis "influencée", je veux dire qu'Anne a cru voir certains signes de sa vocation dans ce qu'on lui disait. Ça a renforcé son impression qu'elle était appelée par Dieu.

Anne nous raconte comment elle se débat entre sa volonté, son coeur, son corps, ses aspirations... Elle vit un véritable calvaire. Attention, elle ne dit pas que la vie religieuse est un calvaire, elle dit que c'en a été un pour elle qui n'avait pas la vocation, et qui n'admettait pas qu'elle ne l'avait pas.

Se pose aussi une question: est-on vraiment plus proche de Dieu en s'infligeant toutes les privations décrites par Anne? Une personne qui tuera ses désirs, même en ayant la vocation, ne sera-t-elle pas éternellement frustrée? Et cette frustration, au lieu de la rapprocher de Dieu, ne fera-t-elle pas de cette personne une mécanique aigrie? Anne supportait mal cela parce qu'elle n'avait pas la vocation. Qu'en est-il de ceux qui l'ont? Ne faudrait-il pas que moins de règles strictes régissent leur vie? Une personne épanouie ne sera-t-elle pas plus à même de se rapprocher de Dieu? Une personne qui a la vocation ne trahira pas cette vocation en aimant certains plaisirs terrestres (je ne parle pas uniquement de l'acte sexuel).
[...]
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Anne, une jeune fille comme toutes les autres , depuis qu'elle est petite s'est sentie attirée la vie de religieuse. Quand elle a 19 ans elle entre au noviçiat, fera ses promesses. Quand elle a bientôt la quarantaine, elle se rend compte qu'elle s'est trompée: elle n'avait pas la vocation. Une nouvelle vie devra alors commencer pour elle. le roman est un témoignage boulversant.
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Témoignage réaliste d'une erreur de parcours, alors que l'auteur avait cru à sa vocation religieuse durant sa jeunesse. Ecrit avec sensibilité, réalisme, nous faisant partager au cours des pages ses doutes et sa détermination pour refaire sa vie… Une belle leçon de courage et de volonté…
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Parfois, l’une d’entre nous traverse une période de cafard, de tristesse, voire de dépression. Il n’est pas permis d’en parler à celles que l’on appelle ses Sœurs. Nous devinons ces moments de marée base chez les autres et nous restons impuissante. […] Toutefois quand je découvrais une de mes Sœurs, d’origine Irlandaise, amaigrie, très fatiguée, je décide d’en parler à une autre Sœur, plus âgée que moi. Rapidement, nous convenons d’avertir la Mère maîtresse, puisque nous ne pouvons parler à la Sœur sans son autorisation. […] Le soir, pendant le temps libre, je prends donc ma place dans la fille d’attente des novices qui désire voir la Mère maîtresse. [ … ] J’entre, les mains dans les manches, dans le bureau où est assise la bonne Sœur. A genoux à ses pieds comme le coutumier l’exige, je m’explique :
― Ma Mère, Sœur Imelda ne paraît pas en bonne santé. Elle est très pâle et amaigrie. Je l’ai vue plusieurs fois triste. Peut-être est-elle déprimée ?
― Mêlez-vous de ce qui vous regarde, Sœur Anne. […] Les malaises des autres ne vous concernent pas. Allez-vous-en et soyez plus discrète à l’avenir. […] Voilà, il faut théoriquement aimer, mais pratiquement, il faut s’interdire les gestes et les paroles de l’amour. […] En face de nos Supérieures, nous devons nous tenir à notre place d’inférieure.
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C'était mon dernier été, et je voulais le vivre comme je l'avais toujours fait, en jeune fille normale. Durant une quinzaine de jours je me rendis chez une de mes tantes au bord de la mer. En Bretagne, je goûtai pleinement mes dernières heures de liberté et je pensai alors qu'il n'y aurait jamais plus pour moi de vacances, en short ou robe légère sur une plage.Le soir je partai souvent seule pour de longues promenades, pieds et orteils nus dans le sable. Et je priais.
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Responsable des études de trois cent cinquante élèves que j’accompagne pendant trois ans et conduis au bac, je suis en relation constantes avec certaines de mes Sœurs dont la compréhension et le soutient professionnel s’avèrent très efficaces, avec mes collègues, avec les grands élèves eux-mêmes et enfin avec leurs parents. Comme toujours cette ouverture aux autres m’est bénéfique. Elle me donne le sentiment d’être responsable, utile, d’apporter aux jeunes une aide dans leurs études et au-delà une écoute d’eux-mêmes dont ils ont besoin. […] J’adhère totalement à la mentalité novatrice et aux conceptions audacieuses de l’enseignement mis en œuvre par la directrice de l’école. […] Pour la première fois enfin, je vois bouger le lourd système scolaire et je m’en réjouis.
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Au cours des années, le vœu de chasteté a été très difficile à supporter. J’ai mené sur ce terrain une lutte continuelle, poursuivie de jour et de nuit. Je suis, je l’affirme, une jeune femme normalement faite pour vivre et pour aimer ; or cette existence m’interdit l’une et l’autre. Alors, le jour, je brime mes désirs d’aimer et d’être aimée. Mais ils reviennent la nuit, dans mes brèves périodes de sommeil, en des rêves. […] Il m’aurait suffi de comprendre qu’ils fonctionnaient comme une soupape de sécurité, les rêves libérant ce qui était sans arrêt refoulé. Faute de savoir cela, je cherche dans l’aveu la force de mener mon combat de chaque instant, un combat qui consiste à « ne rien accorder à la nature » comme on me l’a enseigné, un combat qui m’entraîne à sublimer dans l’amour divin ce que toute personne aspire à vivre concrètement et harmonieusement.
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Pendant cette seconde année de mon noviciat, la santé de mon père s’altère de façon alarmante.
[…] On craint pour sa vie et on craindra pendant des mois évidemment, je m’inquiète et, peu avant de faire ma profession, j’envisage de retourner, au moins un certain temps, auprès de ma mère et de ma jeune sœur dont je me sens responsable. […] Lorsque j’émets cette hypothèse aux pieds de ma Mère maîtresse elle réagit vivement :
― Il s’agit là d’une tentation, ma Sœur. Le malin peut se cacher sous les meilleures intentions. Ne vous laissez pas égarer et n’y songez plus.
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