Anouk Langel

Il saisit mon poignet et arrache mon bracelet, tournant mon tatouage vers moi.

- Tu es une Mamba. Tu nous as prêté serment. Le seul moyen de ne plus faire partie du gang, c'est de se trouver entre quatre planches. Tu le sais et tu l'as accepté.

Je serre les poings. J'en ai bien conscience et j'enrage d'avoir embarqué là-dedans.

- Ta protection, c'était de la merde. Je me suis fait poignarder ! J'ai été proche d'y passer !

- C'est un détail.

je lève les yeux au ciel, mais il saisit mon menton pour me forcer à le considérer.

- Et regarde-toi, toujours aussi belle, caractérielle et indomptable. Sublime créature, redoutable motarde... dangereuse femme.

Il s'approche, collant son corps contre le mien pour souffler ces mots dans mon oreille.

- Tu m'appartiens jusqu'à la mort.

Comment vivre quand on n'existe pas ? Quand notre corps ne nous appartient plus, tout comme notre âme ? Je suis un bateau dont le mat est cassé, les voiles sont en lambeaux et le gouvernail est brisé, incapable de naviguer.

- Pourtant, je suis le numéro 1 mondial.

- Et ben, bravo, mais ce n'est pas ce qui va me séduire.

Il recule brusquement et arbore une mine chiffonnée.

- J'aime les défis.

Je hausse un sourcil.

- Si c'est comme ça que tu me vois, ça ne va pas fonctionner.

- C'est les challenges qui nous font arriver à la première place, là où les plus doués se positionnent. Je suis certain que tu ne manques pas de talent dans ton domaine.

Je souris plutôt flattée par son rattrapage.

- C'est une bonne réponse.

Ces deux années en prison ne m’ont pas offert un moyen de rédemption, mais seulement un arrêt éphémère.

Dans la vie, on ne prend pas toujours les bonnes décisions. Le plus important, c’est ce que nous faisons de notre présent avec les leçons du passé.

« Je ne sais pas ce qui va m’arriver demain, je ne sais pas ce que je vais devenir. Mais là, tout de suite, je me sens bien et libre. »

Au moment où je tourne la tête, j'aperçois quelque chose briller devant Ethan, sur sa droite. Je plisse les yeux et découvre que le canon d'une arme est pointé dans notre direction. Sans réfléchir, je me précipite sur lui et le pousse de toutes mes forces.
Un coup de feu retentit.

Nos yeux se croisent. Un frisson me parcourt. J’appuie sur le déclencheur en même temps, puis baisse légèrement mon boîtier. C’était bref, je ne crois pas qu’il me voyait vraiment, mais quel regard intense !

Notre histoire n'aura duré que le temps d'une avalanche, mais qui sait ce que l'avenir nous réserve ?

« Le seul moyen de ne plus faire partie du gang, c’est de se trouver entre quatre planches. »