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Critiques de Anouk Neuhoff (72)
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Peinture fraîche

À lire le titre, on pourrait penser, un coup de peinture fraîche, on efface tout et on recommence, mais avant d’en arriver là plusieurs étapes seront nécessaires pour achever si l’on peut dire : les travaux en cours. 



Chloé Ashby dépeint avec talent, la vie de cette jeune femme où l’art a une place de choix puisque d’une certaine façon, ça l’aide à surmonter différents traumatismes liés au deuil et à l’abandon. 



Avec humour même s’il est parfois grinçant, l’histoire d’Eve, un brin cleptomane se dessine sous nos yeux, tout en nous révélant petit à petit le drame qui l’empêche d’être pleinement heureuse. 



Colorée d’amitié, d’un peu d’amour, d’une pointe d’humour, de rébellion mais aussi de courage, cette toile contemporaine nous offre à sa manière une belle œuvre artistique assez poignante où l’art de survivre mérite bien un bon coup de Peinture fraîche au final pour embellir les murs porteurs de la future nouvelle vie , d’Eve.
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Peinture fraîche

Je remercie Nicolas de Babelio pour l’envoi (dans le cadre d'une "masse critique") de ce roman de la journaliste et autrice anglaise Chloë Ashby, magnifiquement traduit par Anouk Neuhoff.



Beaucoup aimé cette lecture pour plusieurs raisons :



- Londres et ses quartiers, Princes Court, Somerset House sur le Strand, South Kensington, la City, Kilburn, Waterloo Bridge, Finsbury Park,…



- l’écriture de Chloë Ashby, douloureuse mais émaillée de petites touches de l’humour « pince sans rire » anglais que j’affectionne tant



- une « anti » héroïne pas trop gâtée par la vie extrêmement attachante

Abandonnée par sa mère à un père alcoolique, Ève est minée par un autre drame, survenu alors qu’elle était étudiante. Depuis elle se démène, enchaînant les petits boulots.

Épaulée par des colocataires sympas, un copain d’enfance en passe de devenir un amoureux, une nouvelle amie, Ève lutte contre un terrible sentiment de culpabilité. Des scènes banales du quotidien la renvoient sans crier gare à des épisodes (refoulés ?) de son passé, qui ravivent la blessure.

Le mercredi, elle se rend à la Courtauld Gallery pour son « rendez-vous » hebdomadaire avec Suzon, la serveuse de Un bar aux Folies Bergères (tableau peint par Manet en 1882), sorte de double, de « second self » dont elle se sent étrangement proche, bien qu’elle ne soit jamais parvenue à en décrypter les pensées.



- l’importance de l’art dans la vie de Ève, tantôt spectatrice et tantôt « modèle vivant », avec un questionnement intéressant sur le jeu de regards entre artiste et modèle, ce que « l’autre » accepte de nous montrer et ce que l’on en perçoit.



Bref, une autrice extrêmement talentueuse et un premier roman surprenant et émouvant, dégageant une profonde humanité.



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Peinture fraîche

Un beau premier roman anglais dans lequel il est question d’art, d’amitié et de deuil.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Peinture fraîche

Une évidence… Dès le début de ma lecture, je suis allée contempler le portrait de Suzon par Manet (pas dans la galerie de l'Institut Courtauld à Londres, même si j'aurais bien aimé, juste sur mon écran en grand format, ce qui est déjà pas mal…).

Il y a dans cette scène une foultitude de détails qui désoriente l'observateur aguerri, car même sa structure semble étrange… Je comprends qu'on puisse se noyer dans ce tableau, son histoire semble infinie (Un bar aux Folies Bergère est aussi la dernière grande oeuvre du peintre).



Je vous encourage à y jeter un oeil pour mieux comprendre Eve, l'anti-héroïne de Chloë Ashby.

Complètement borderline et perdue entre ce tableau, son travail de serveuse (qu'elle cumulera bientôt avec un autre job plus insolite en passant de spectatrice à modèle nu pour un atelier d'art), les souvenirs d'une enfance chaotique (mère volatilisée, père qui a sombré dans l'alcool) et la perte de sa meilleure amie dont elle ne s'est jamais vraiment remise…



J'ai éprouvé une affection croissante pour cette jeune femme complètement paumée, voleuse compulsive d'objets inutiles, spectatrice de sa vie car coincée dans un passé qui l'empêche de se construire au présent (elle a d'ailleurs abandonné ses études suite au décès de son amie).



Impossible de prendre des décisions, impossible de sortir les mots qui restent coincés dans la gorge (même quand ils seraient nécessaires pour son bien-être moral ou son intégrité physique), impossible d'expliquer aux autres le chamboulement intérieur, impossible de trouver le soutien familial qui pourrait reconstruire.



Chloë Ashby n'est pas seulement écrivain, elle est aussi critique d'art et forcément cela imprègne son récit, lui donne toutes ses nuances et cette douceur mélancolique. Un beau roman plein d'émotions.


Lien : https://www.xn--rdactrice-b4..
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Peinture fraîche

Serveuse dans un restaurant de Londres, Ève vivote et mène sa vie tant bien que mal. Quand elle n’est pas au travail, elle rejoint sa collocation où elle vit avec un jeune couple qui lui propose un loyer modéré en échange de quelques services. Mais son vrai plaisir, à Ève, c’est d’aller retrouver Suzon. Celle de Manet, qu’il a peinte en 1882 et qu’elle retrouve chaque mercredi au musée Courtauld. Elle peut s’y perdre pendant des heures, dans les yeux de Suzon. S’échapper de sa réalité. Oublier son quotidien, son père trop porté sur la bouteille et sa mère qui l’a abandonnée quand elle n’était qu’une enfant. Mais surtout, face à Suzon, Ève arrive à ne plus penser à Grace, son amie d’enfance disparue. Et quand ce n’est pas Suzon qui l’aide à l’oublier, c’est le gin tonic qui prend la relève. Clopin-clopant, Ève traverse sa vie en maintenant sa tête hors de l’eau. Un jour, à la sortie du musée, Ève tombe nez à nez avec une annonce pour être modèle vivant, alors qu’elle vient de perdre son boulot, elle décide de tenter l’expérience. Si le quotidien d’Eve semble s’améliorer, elle perd pourtant pied petit à petit, semblant s’échapper chaque jour un peu plus de sa réalité, jusqu’au jour où tout bascule et où elle ne peut plus revenir en arrière…



Coup de cœur pour ce roman plein de tristesse mais immensément lumineux qui fait la part belle aux rencontres qui changent une vie, à l’art et à la bienveillance. Sans jamais tomber dans le pathos et le mielleux, Chloë Ashby explore les failles de l’existence et la fragilité de nos vies, la façon dont chacun se construit et avance, malgré tout. Du chaos peut renaître la beauté, "Peinture fraîche" en est une magnifique preuve.



Un livre à lire et à offrir, sans modération.
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Peinture fraîche

Eve travaille dans un restaurant en tant que serveuse. Elle vit en colocation avec un couple Karina et Bill. Mais quelque chose la tourmente, la disparition de Grace, sa meilleure amie, son âme sœur. Et l'absence de sa mère qui l'a abandonnée quand elle avait quatre ans. Et son père qui se noie dans l'alcool. Un jour, Eve craque et se fait renvoyer de son travail. Elle retrouve un ami d'enfance qui lui obtient quelques heures de travail dans le bar où il travaille et pour réussir à payer son loyer accepte de devenir modèle vivant. Et l'obsède Suzon, la femme du tableau d'Edouard Manet, Un bar aux Folies Bergère, qu'elle va revoir sans cesse dans un musée londonien.

Peinture fraîche suit quelques mois de la vie d'une Anglaise d'aujourd'hui fragilisée par son parcours de vie chaotique et la perte d'un être cher. Eve est un personnage aux prises avec une dépression qui s'ignore mais qui peut encore sans sortir grâce à un solide sens de l'humour, une volonté sans pareille et la présence réconfortante de personnes aimantes et bien intentionnées.
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
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Peinture fraîche

Toutes les semaines, Ève, jeune londonienne rend visite à son amie Suzon au Musée Courtault. Une amie, avec qui elle entretient de longs monologues, lui faisant part de ses galères. Une amie silencieuse. Et pour cause ! Car Suzanne est figée pour l’éternité sur un tableau peint en 1832, par Manet. Une visite comme une thérapie pour cette jeune femme à la vie chaotique. Célibataire, en coloc bancale avec un couple d’amis, toujours entre deux petits boulots, le jour baby-sitter ou modèle, le soir serveuse. Une jeune femme pétillante mais profondément marquée par des traumatismes anciens et jamais dépassés. L’abandon par sa mère, alors qu’elle n’avait que cinq ans, la défaillance de son père, que ce départ plongera dans l’alcoolisme. Et Grace, la mystérieuse Grace à qui elle pense et parle sans cesse, dont on imagine qu’elle est à l’origine d’une blessure jamais refermé.

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Pression maximale que de commencer une lecture qui a été un coup de cœur pour Isabelle et Anaïs. Je ne ferai pas durer le suspense, j’ai à mon tour adoré. J’ai suivi avec délectation les tribulations d’Eve, sa solitude, ses galères et son existence pour le moins mouvementée. Toujours décalée, un brin déphasée et surtout très kleptomane, elle ne se plaint pas et utilise l’humour pour cacher ses fêlure. Elle m’a fait penser à Bridget Jones par sa dérision et sa capacité à attirer les mauvais plans. Comme elle, sa vie est pathétique mais elle la traverse avec un flegme et un humour grinçant et jubilatoire. Mais la comparaison s’arrête là, car quand le vernis des apparences s’écaille, le ton change. On voit resurgir les plaies, encore à vif, et on comprend vite que la légèreté et l’humour sont là pour mettre à distance la souffrance. Une vie marquée par les départs, les rencontres ratées. Une vie faite de culpabilité et de doutes qui l’empêchent de saisir le bonheur, de voir les mains tendues. Et puis il y’a l’art, omniprésent dans sa vie, l’art où elle cherche réconfort, et où elle puise ses forces.

La vraie réussite de ce roman c’est le parfait équilibre que l’auteur parvient à tisser entre douleur et légèreté, entre fragilité et force, entre dépression et résilience. Un portrait délicat d’une profondeur émouvante qui a su me surprendre et me charmer. Je recommande +++
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Peinture fraîche

J’adore la littérature anglo saxonne. Alors comment résister à Ève, jeune femme perclus de culpabilité, qui survit grâce à ses monologues devant une peinture de Manet à l’institut Courtauld de Londres et à Max, son meilleur ami ? Impossible 🤷🏽‍♀️ (et c’est tant mieux tant j’ai aimé cette histoire ! )

Incapable de se stabiliser professionnellement, Ève vivote donc entre différents jobs : serveuse, baby sitter, modèle vivant, tout en essayant de surmonter ses traumatismes. Perdue, elle semble incapable de trouver des ressources pour s’en sortir. Et s’aimer, tant son sentiment d’abandon est prégnant.

Mais parfois la vie peut être facétieuse…et le bonheur à portée de main.

Un beau roman, prenant, drôle , pathétique parfois, porté par une plume précise. Avec une héroïne très attachante 😍 Et cette fantaisie anglaise que j’aime tant

Une chouette découverte
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Peinture fraîche

Pour Eve, l’existence ne s’apparente pas à un conte de fées. Difficile de garder la tête hors de l’eau lorsque chaque effort paraît s’enliser pitoyablement. Pourtant, elle ne fait rien de mal, se démène à trouver des solutions, à changer son fusil d’épaule. Mais, voilà, la guigne semble tenace et les bâtons dans les roues s’accumulent. Alors, du haut de ses vingt-six ans, elle décide de rompre le cercle qui l’étrangle et d’accepter des jobs qui lui permettraient d’améliorer son quotidien financier. Son emploi de serveuse dans une taverne l’épanouit si peu. Alors, pourquoi ne pas accepter un poste de modèle nu pour une école d’art, des heures de babysitting ? Finalement, il n’existe pas de sots métiers ni de panacée. Elle dispose également de temps (beaucoup trop !) pour songer à sa jeunesse, à sa mère qui est partie sans se retourner, à son père qui réconforte son ennui en éclusant des cannettes de bière, à son amie Grâce, au temps des études sur les bancs d’Oxford, …
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Peinture fraîche

Chaque mercredi Eve se rend à la galerie londonienne Courtauld et plante son regard dans celui de Suzon, la serveuse de Un bar aux Folies Bergère, tableau peint par Manet en 1882 dont on peut trouver la reproduction en ouverture du roman. Des questions qu'elle voulait muettes s'échappent parfois de sa bouche au grand étonnement des autres visiteurs. Mais Eve n'est pas folle, juste désespérée même si elle s'applique à le cacher pour tenter de surmonter des douleurs encore trop vives. Rien ne s'aligne dans sa vie. Son dernier job de serveuse se termine par un scandale, ses relations déjà tendues avec ses colocataires s'enveniment inexorablement alors elle répond à une annonce de recherche de modèles vivants pour apprentis artistes. Nouvel environnement, nouvelles rencontres et peut-être une clé pour l'aider à affronter l'objet de sa douleur. Car la vie d'Eve est jalonnée de pertes et d'un sentiment de culpabilité qui la détruit à petit feu. Le jour où Suzon manque à l'appel pour cause de prêt au Musée d'Orsay, le désarroi de la jeune femme se creuse mais ce sera peut-être le déclencheur d'un sursaut salutaire.



J'ai beaucoup aimé la façon dont Chloë Ashby fait évoluer son personnage, installe peu à peu le lecteur à ses côtés, tout en douceur et en empathie. On découvre Eve par petites touches qui viennent étoffer sa personnalité et révéler le traumatisme qui a fait éclater sa vie au moment où elle était à peine en train d'imaginer son avenir. Sa solitude est palpable malgré ses interactions non dénuées d'humour avec ceux qui l'entourent mais ignorent pour la plupart son passé. L'autre réussite de ce roman c'est le jeu artistique, jamais appuyé. Des jeux de regards ou de miroirs entre artistes et modèles et un questionnement sur ce que l'on perçoit de l'autre. C'est si subtil qu'on le ressent mais peine à le définir. Ce que je sais c'est que j'ai terminé ce livre très émue, pleine d'empathie pour Eve et je l'avoue assez amoureuse de Max (ça existe vraiment un mec pareil ?). Un excellent roman qui joue sur plusieurs plans, sait distiller le suspense et nuancer les émotions, et confirme s'il en était besoin l'intensité du pouvoir de l'art à bousculer ou réparer nos vies.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Peinture fraîche

Le livre s’ouvre sur l’échange d’Eve, 27 ans, avec son psy, sur ce qui l’a conduit, un an auparavant, à être sur un quai de gare, la point des pieds dépassant au-dessus des voies.

Après avoir quitté le domicile familial où vit encore son père qui a un problème avec l’alcool, elle a emménagé depuis 4 ans dans l’appartement d’un couple, Karina et Bill. Sa mère est partie alors qu’elle avait 5 ans.

En contrepartie d’un loyer peu élevé, elle se charge d’un jour de ménage par semaine. Après le ménage, elle se rend au musée contempler le tableau « Un bar aux Folies Bergères » d’Edouard Manet. Elle se demande à quoi peut penser Manon, au centre du tableau, qui est serveuse, comme elle. C’était le tableau préféré de Grâce, sa meilleure amie, qui est disparue prématurément.

Eve tente de surmonter ses difficultés relationnelles d'Eve.

L’auteur décrit, avec de nombreux détails, ses journées et ses réflexions à la première personne du singulier. Cela crée une certaine complicité avec le lecteur, un peu s'il recevait les confidences, sans filtre, d'une amie proche. Par contraste, elle s'épanche peu sur son amie, Grace, n'évoquant que des bribes de souvenirs, faisant des parallèles avec des situations auxquelles elle est confrontée. Ce contraste, l’ambivalence entre pudeur et audace, est perceptible au quotidien et trouve pleinement son illustration lorsqu’elle pose nue comme modèle. Cela traduit la fragilité d'Eve que le lecteur appréhende progressivement.


Lien : https://www.carnetsdeweekend..
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Peinture fraîche

L’art peut-il nous réconcilier avec la vie ?



L’héroïne est mal dans sa peau, isolée, triste et se réfugie au musée pour contempler son œuvre préférée de Manet. Une serveuse, comme elle, énigmatique et seule comme Ève. Quelles sont ces pensées ? Comment peut-elle aider Ève à avancer et trouver sa place ?



Une série de rencontres bouleversera la vie difficile de notre héroïne, des échanges de plus en plus forts, d’une grande humanité.



L’art est toujours présent dans la vie d’Eve, la peinture, une discipline salvatrice ?



Avec une écriture brute, sans concession et qui tranche avec la douceur de certaines rencontres. Un roman différent, abrupt et émouvant pour un tableau sans filtre de notre société.



Une jeune autrice à suivre.
Lien : https://www.despagesetdesile..
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Peinture fraîche

(...) Parmi ces quatre lectures figure Peinture fraîche (2023), un premier roman très réussi et touchant dont j’ai tourné la dernière page avec un petit pincement au coeur…



La journaliste culturelle anglaise Chloë Ashby y brosse le portrait sensible et tout en nuances d’une jeune Londonienne de vingt-six ans un peu perdue dans les méandres de sa vie.



Depuis que sa vie « est partie en vrille » quelques jours avant son cinquième anniversaire, Eve peine à évoluer de manière stable. Durement affectée au fil des ans par la disparition brutale d’êtres chers, elle tente tant bien que mal de se (re)construire, louvoyant entre les jobs qu’elle enchaîne, ses séances de yoga et chez le psy ou encore ses visites hebdomadaires à la Courtauld Gallery où elle se rend chaque mercredi pour voir Suzon, la serveuse de Un Bar aux Folies bergère (Edouard Manet, 1882), dont elle se sent étrangement proche bien qu’elle ne soit jamais parvenue à en décrypter le regard et les pensées.



Eve vit en colocation avec Karen, une « Norvégienne au cuir épais » chargée de com’ dans l’hôtellerie dont elle subtilise régulièrement les affaires, et Bill, le patron d’une jeune start-up. Si Karen et Bill viennent naturellement et régulièrement en aide aux « gens comme elle » et la laissent vivre chez eux pour presque rien, pour Eve ils représentent ce qui se rapproche le plus d’une famille. Lorsque suite à un scandale, elle démissionne de son poste de serveuse, Eve doit rapidement retrouver un emploi pour ne pas aggraver une situation déjà délicate. Elle accepte alors de « se désaper au nom de l’art » en servant de modèle vivant dans une école d’art et, dans la foulée, décroche un nouveau poste de serveuse dans la City grâce à Max, son plus vieil ami à Londres. Enfin arrive Annie, une trentenaire rencontrée à l’école d’art où elle pose, qui lui propose du baby-sitting. Grâce à ces diverses opportunités et à la grande bienveillance des personnes qui l’entourent, Eve semble -enfin- sur le point d’atteindre une certaine stabilité et bien-être psychologique. Malheureusement ses fêlures sont profondes…



En usant de la première personne du singulier et en parsemant de façon non linéaire le roman de brèves parties en italiques dans lesquelles Eve s’adresse, au gré de ses souvenirs, à sa meilleure amie disparue cinq ans plus tôt, Chloë Ashby nous plonge au coeur de la psyché d’une jeune femme souffrant d’un « mal au coeur perpétuel ». Amputée de ses racines, Eve n’a pas pu évoluer et se construire sereinement, elle ploie sous la solitude, un fort sentiment d’abandon et le manque de confiance en soi auxquels s’ajoute, encore, une terrible culpabilité. Trop de douleurs, trop de blessures jamais cicatrisées…



S’il peut sembler bien sombre, Peinture fraîche n’est pourtant pas lourd, triste ou plombant. Certes, Chloë Ashby évoque le deuil et l’abandon mais elle brosse avant tout, avec beaucoup d’humanité, le beau portrait d’une femme dans toute son imperfection et sa fragilité. Enfin, de petites touches d’humour et l’importante place accordée à l’Art participent à faire de Peinture fraîche un premier roman complet, intéressant et captivant.



Une très belle découverte.



A lire également sur le blog.
Lien : https://livrescapades.com/20..
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Peinture fraîche

J’ai reçu ce roman dans le cadre de la Masse Critique de septembre. Je remercie Babelio et les Editions de la Table Ronde. Sans eux, je n’aurais jamais lu ce premier roman qui me fait l’effet d’une claque. Le récit se tend crescendo… Eve ne va pas très bien. Beaucoup de raison à cela : une histoire familiale compliquée, des difficultés à se stabiliser au niveau professionnel et amoureux… Beaucoup d’interrogations, de doutes, de mauvais choix mais quelques ouvertures pour s’en sortir : des visites au musée apaisantes, des petits boulots qui l’occupent et lui donnent le sentiment d’être utile, des rencontres humaines aidantes, des regards et des mains tendues mais toujours cette seconde voix qui l’accompagne, tantôt la raisonnant, tantôt la déstabilisant jusqu’à l’assaillir dangereusement. On ne sort pas indemne de cette lecture. Ce récit sombre est adouci par une plume alerte, qui s’autorise des pointes d’humour, il est aussi très prenant car jusqu’aux dernières pages, la destinée de l’héroïne ne tient qu’à un fil. En reprenant cette histoire à rebours toutes les situations qu’elle vit, sont sources d’instabilité et de déséquilibres angoissants toujours réajustés in extrémis… Mais jusqu’à quand ?

Pour clore cette chronique, quelques mots sur l’édition. Le papier est d’une grande qualité, très agréable au toucher et la couverture retrace tout à fait l’ambiance du récit : une photo floue de femme tronquée, des tons froids sur un papier mat d’où se détachent avec panache le nom de l’autrice et le titre de l’ouvrage qui lui aussi ne prend sa signification qu’au terme de la narration. Etincelant !

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Peinture fraîche

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Peinture fraîche

Eve est une jeune femme mal dans sa peau : elle avait 5ans lorsque sa mère a quitté la maison, abandonnant sa fille a un père désemparé et vite alcoolique.

Alors qu’Eve a 20 ans sa meilleure amie se suicide.

Quelques années plus tard, établie à Londres, coloc avec un couple bizarre, elle enchaîne les petits boulots , va voir un psy, mais son grand bonheur c’est de se retrouver à la galerie Courtauld face à « Suzon » , la serveuse d’un tableau de Manet. Cette Suzon devient sa confidente, Eve aussi se compare à une nature morte.

Pourtant elle devient « modèle vivant »et d’autres rencontres vont éclairer sa tristesse.

Je n’ai pas vite accroché à ce premier roman, la forme ou la traduction peut être, mais l’envie est venue petit à petit de mieux connaître Eve, personnage d’une grande profondeur et modèle de résilience s’il en est. L’Art peut sauver de bien des malheurs.
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Peinture fraîche

Le roman s’ouvre sur une scène étrange, une jeune femme évoque le moment où "Une fois à la gare, quelque chose a lâché en moi… Je me revois faire un pas en avant vers les voies et regarder mes pieds."



C’est Eve qui parle. Dans sa vie, il y a Suzon, éternelle serveuse d’Un bar aux Folies Bergère peint par Manet en 1882. Suzon, du champagne, des fleurs, des spectateurs, et cet homme au second plan qui semble la regarder. Il y a surtout Eve qui part chaque mercredi à la rencontre de Suzon, dans la salle 6 de la galerie Courtauld à Londres.



Il y a Karina et Bill, chez qui elle partage une chambre en échange de quelques heures de ménage et d’un loyer à prix modéré.

Il y a Max, l’ami d’avant, toujours présent, discret et tendre, attentionné et prévenant.

il y a surtout Grâce, qui aurait eu vingt-six ans cette année.

Eve abandonnée par sa mère alors qu’elle avait à peine cinq ans, délaissée par un père absent, perdu dans les vapeurs d’alcool, cet alcool qui pourtant ne fait rien oublier des aléas de la vie.

Et Grâce qui revient sans cesse dans sa tête, les souvenirs, les mots, les gestes de Grâce aujourd’hui disparue.



Eve est serveuse dans un restaurant, jusqu’au jour où elle rend son tablier à la suite des gestes d’un client indélicat.

Alors que tout va mal, elle n’a pas besoin de chercher loin un emploi, une affichette lui montre la voie : modèle vivant pour cours de dessins. Là elle rencontre Paul, et surtout Annie, la douce et blonde, belle et talentueuse Annie. Annie en cours de divorce, lui propose d’être la baby-sitter occasionnelle de sa fille Molly.

Max la sauve du pire, en lui trouvant un emploi, en l’accompagnant, en tentant de l’aider. Max le doux ami si attachant et si compréhensif. Une relation rare dans la vie de cette solitaire qui s’isole de plus en plus.



Car Eve transporte des tonnes de peine, de tristesse, de doutes et de culpabilité. À tel point que sa chute est lente mais implacable, il faut comprendre qu’elle refuse de se faire accompagner pour parler, dire, comprendre.



Peinture fraîche est un belle surprise, de ces romans que l’on a envie de lire et de faire lire. Émotion, introspection, dérision, mal de vivre, Eve passe par tous les stades et nous avons envie de la suivre. Cette jeune femme cleptomane invétérée et décomplexée, est aussi paumée, déprimée, rongée par la culpabilité. Elle n’arrive pas à se pardonner le décès de son amie.

La façon de nous la présenter est tout sauf ordinaire, jeune femme atypique, attachante, bouleversante et amusante, à laquelle on s’attache tant les casseroles qu’elle trimbale sont énormes et ne l’ont pas aidée à bien démarrer dans la vie. C’est à la fois triste et puissant tant la résilience est proche, possible, souhaitée, par tous ceux qui suivent Eve avec attention et empathie, autant que par nous lecteurs.

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Peinture fraîche

« Peinture fraîche » comme ces panneaux qui nous préviennent de ne pas approcher, faire attention, pour protéger ce qui est lentement en train de sécher.



« Peinture fraîche » comme le poids des souvenirs de sa meilleure amie disparue, du départ de sa mère dans son enfance et de l’alcoolisme de son père, qui submergent le quotidien d’Eve, londonienne de 26 ans, tentant de se construire avec les moyens que la vie lui a donnés.



« Peinture fraîche » comme la toile d’Edgar Manet représentant une serveuse aux Folies Bergères que chaque mercredi, Ève va observer à la Courtauld Gallery - moins cher que la séance chez un psy ! - et à laquelle elle finira par s’identifier pleinement lorsqu’elle devient elle-même à mi-temps serveuse dans un bar la nuit et modèle nu dans un atelier de dessin le jour pour payer son loyer.



« Peinture fraîche » comme un premier roman dans lequel Chloë Ashby porte un regard bienveillant sur la dépression, le deuil et la difficulté à se construire quand on n’a connu que l’abandon. Ève erre dans la vie en quête de repères, se mettant littéralement à nu, vulnérable et sans armure, et sans s’en rendre compte, construit au fil de ses errances, les bases d’une nouvelle vie, à moins que ses propres démons n’en décident autrement.



Je suis resté un peu sur ma faim dans la dernière partie, mais ce roman a eu le mérite de me faire retrouver l’ambiance de Londres pendant les fêtes que j’aime tant, tout en rappelant que la fin d’année n’est pas forcément cette vitrine merveilleuse que l’on nous vend, pour mettre en lumière avec bienveillance un sujet au combien important que celui de la santé mentale. Une belle découverte d’une autrice dont je lirai sûrement les prochains textes !
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Peinture fraîche

"Peinture fraîche" est le premier roman de Chloë Ashby. Ce roman mêle histoire d'amour, d'amitiés, d'art et d'abandon.



Eve, l'héroïne de l'histoire erre et enchaîne les galères. Son histoire de vie commence plutôt mal puisqu'elle se retrouve seule à 5 ans avec son père qui sombre dans l'alcool après que sa mère ait fait le choix de partir. Puis étudiante, elle perd Grace, sa meilleure amie. Cette disparition ne cesse de la hanter, ce sera d'ailleurs le fil rouge du roman.

L'abandon est constitutif de la personnalité d'Eve qui n'arrive pas à surmonter ses traumatismes.

Ce roman ma surprise car je pensais lire plus un roman centré sur l'art et plus précisément sur une toile de Édouard Manet. Si le tableau "un bar aux Folies Bergères" est bien évoqué à plusieurs reprises, ce n'est pas le thème central. Chloë Hasby nous offre le portrait d'Eve, jeune femme, qui évolue comme elle peut entre différents emplois, ballottée dans Londres, ville qui la voit sombrer, tout comme nous, lecteurs qui aimerions l'aider et la guider.

Des mains vont être là pour l'aider, la secourir mais tout ne peut venir de l'extérieur, il faut parfois se confronter à l'origine du mal pour guérir.

J'ai beaucoup aimé ce livre sensible sombre, émouvant. Un auteur que je serai contente de suivre.
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Peinture fraîche

« Dans une figure, cherchez la grande lumière et la grande ombre, le reste viendra naturellement ; c’est souvent très peu de choses. »

Édouard Manet



Ève, ancienne étudiante à Oxford, enchaîne à présent petits boulots et vit à Londres en colocation avec un couple semi-radin, semi-généreux (whatever that means).

Elle se sent « comme un être inachevé, réduite à des os fracturés. Un jeu incomplet de souvenirs partagés, de simples fragments. »

Son unique confidente et amie, c’est Suzon, qu’elle retrouve fidèlement et inlassablement chaque mercredi au musée, Suzon qui demeure et demeurera un mystère indéchiffrable pour elle, car Suzon est la femme immortalisée par Edouard Manet debout derrière son bar aux Folies Bergères.

Cela en dit long sur la solitude d’Eve, abandonnée à l’âge de 5 ans par sa mère, Eve qui poursuit un dialogue impossible avec Grace, sa seule et unique amie (dans la vie) qui est morte tragiquement.

Ce roman décrit la solitude, la dépression d’Eve qui ne parvient pas à communiquer avec les vivants et qui garde enfouis en elle des sentiments très lourds qui la plombent et l’empêchent d’avancer et de construire: culpabilité, syndrome de l’imposteur, dénigrement de soi, traumatisme de l’abandon qu’elle tente de noyer soit sous l’alcool soit en faisant fausse piste.

Ève est touchante, sa vie bien triste et on espère la voir enfin remonter la pente, un roman plutôt réussi.
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