Anne de Bretagne aimait & encourageait les artistes dans tous les genres ; les scribes, les enlumineurs & les peintres les plus habiles furent employés par elle, les uns à l’exécution de manuscrits contenant diverses matières, les autres à des tableaux & à des portraits, pour lesquels elle avait une véritable passion. Il est facile de juger de l’importance & du nombre des objets qu’elle fit faire en ce genre, en parcourant les registres de l’Argenterie royale pendant les années de son double règne.
L’art n’a pas eu de lacunes si l’on ne rencontre pas dans nos contemporains une originalité bien accusée, l’abondance des excellents modèles pourrait suppléer au manque d’invention.
Le merveilleux occupe une grande place dans l'histoire des hommes et dans celle de la nature. Aux actions véritables, et que de monuments authentiques ont fait adopter comme telles, aux phénomènes physique les mieux observés, les mieux connus, se rattachent des traditions populaires toujours fausses, soit dans leurs ensemble, soit dans leurs détails, qui bien long-temps ont obscurci la vérité.
On a beaucoup parlé de l’ignorance et de la brutalité des seigneurs de cette époque ; on a prétendu que la plupart d’entre eux étaient forcés de mettre une croix à côté de leurs noms au bas des actes qu’ils devaient signer, attendu qu’ils ne savaient pas écrire. Il y a dans ce dicton vulgaire une ignorance absolue de la vie privée de nos pères au moyen âge, ou beaucoup.de mauvaise foi. La moindre discussion à cet égard m’entraînerait trop loin; je dirai seulement que pour tous ceux qui ont vu et admiré le nombre encore considérable de beaux manuscrits composés pour l’usage particulier, souvent pour l’éducation des grands seigneurs de cette époque, cette ignorance grossière tant reprochée est un fait inadmissible.
Blois, octobre 1493
CHERS ET BIEN AMEZ,
Pour ce que notre amé & féal aufmonier Prégent de Jagu, archidiacre de Dinan, nous dit & remonftre n’etre pas encore pourveu de maifon prebendalle en votre Eglife, ni charges aucunes; que pour fur vacquer a cette caufe & que defirant qu’il foit bien & favorablement traité en fes affaires, en recompenfe des bons, agréables & nombreux fervices qu’il a faiz & rendu à monfeigneur & à Nous ; Nous vous prions que pour amour de Nous, le veuillez pourvoir de la première maifon prebendale qui vacquera en votre Eglife & le préférer à tous autres, à ce que cognoiffons que deffuz (fic) nous obeyr & complaire & vous nous ferez fervice très agréable dont vous en faurons très bon gré. Donné à Bloys, le XIIIe jour d’octobre.
ANNE.
Grolier n’était pas seulement un bibliophile très versé dans les littératures latine et française, il était encore savant numismate et possesseur d’un riche cabinet de médailles. Ses connaissances variées aussi bien que ses fonctions de trésorier de France le désignaient pour surveillant principal de cette refonte des monnaies. Ce fut lui qui présida la commission nommée par le roi à cet effet. En 1559, il ordonnança le payement des dépenses qu’avait nécessitées l’établissement d'un moulin à la pointe du palais, à l’endroit connu maintenant sous le nom de terre-plein du pont Neuf.
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A la faveur des révolutions qui ont bouleversé la France, sous les rois de la première race, les Bretons parvinrent à reconquérir leur indépendance. Leurs chefs avaient repris le titre de roi ; Charlemagne, vers l’année 786, envoya contre eux une armée sous la conduite d’Audulf, son sénéchal. En 811, il dut réprimer encore les Bretons révoltés ; ce fut seulement en 824, sous Louis-le-Débonnaire, que cette province fut complètement soumise & pacifiée.