On a beaucoup parlé de l’ignorance et de la brutalité des seigneurs de cette époque ; on a prétendu que la plupart d’entre eux étaient forcés de mettre une croix à côté de leurs noms au bas des actes qu’ils devaient signer, attendu qu’ils ne savaient pas écrire. Il y a dans ce dicton vulgaire une ignorance absolue de la vie privée de nos pères au moyen âge, ou beaucoup.de mauvaise foi. La moindre discussion à cet égard m’entraînerait trop loin; je dirai seulement que pour tous ceux qui ont vu et admiré le nombre encore considérable de beaux manuscrits composés pour l’usage particulier, souvent pour l’éducation des grands seigneurs de cette époque, cette ignorance grossière tant reprochée est un fait inadmissible.
Grolier n’était pas seulement un bibliophile très versé dans les littératures latine et française, il était encore savant numismate et possesseur d’un riche cabinet de médailles. Ses connaissances variées aussi bien que ses fonctions de trésorier de France le désignaient pour surveillant principal de cette refonte des monnaies. Ce fut lui qui présida la commission nommée par le roi à cet effet. En 1559, il ordonnança le payement des dépenses qu’avait nécessitées l’établissement d'un moulin à la pointe du palais, à l’endroit connu maintenant sous le nom de terre-plein du pont Neuf.
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