Citations de Antoine de Rivarol (111)
Pour arriver à des choses neuves en littérature, il faut déplacer les expressions ; en philosophie, il faut déplacer les idées.
Les empires les plus civilisés seront toujours aussi près de la barbarie, que le fer le plus poli l'est de la rouille ; les nations, comme les métaux, n'ont de brillant que les surfaces.
De la philosophie moderne
Le chat ne se caresse pas, il se caresse à nous.
La parfaite amitié, c’est ce sentiment pur et sacré, ce fruit si rare et tant désiré.
Ce qui maintient le peu d’honnêteté et de morale publique qui brille en ce monde, c'est qu'un coquin ne veut point passer pour tel, et qu'il appelle ainsi un autre coquin comme lui. Tout serait perdu s'il osait dire tout haut : je suis un coquin. cette pudeur n'est point hypocrisie.
La gloire n’est que fumée, j’en conviens, mais l'homme n’est que poussière.
La parfaite amitié, c'est ce sentiment pur et sacré, ce fruit si rare et tant désiré.
On ne pleure jamais tant que dans l'âge des espoirs ; mais quand il n'y en a plus, on voit tout d'un oeil sec, et le calme naît de l'impuissance.
Les empires les plus civilisés seront toujours aussi près de la barbarie, que le fer le plus poli l'est de la rouille ; les nations, comme les métaux, n'ont de brillant que les surfaces.
Ce qui distingue notre langue des langues anciennes et modernes, c'est l'ordre et la construction de la phrase. Cet ordre doit toujours être direct et nécessairement clair. Le français nomme d'abord le sujet du discours, ensuite le verbe qui est l'action, et enfin l'objet de cette action : voilà la logique naturelle à tous les hommes ; voilà ce qui constitue le sens commun. Or cet ordre, si favorable, si nécessaire au raisonnement, est presque toujours contraire aux sensations, qui nomment le premier l'objet qui frappe le premier. C'est pourquoi tous les peuples, abandonnant l'ordre direct, ont eu recours aux tournures plus ou moins hardies, selon que leurs sensations ou l'harmonie des mots l'exigeaient ; et l'inversion a prévalu sur la terre, parce que l'homme est plus impérieusement gouverné par les passions que par la raison. Le français, par un privilège unique, est seul resté fidèle à l'ordre direct, comme s'il était tout raison, et on a beau par les mouvements les plus variés et toutes les ressources du style, déguiser cet ordre, il faut toujours qu'il existe ; et c'est en vain que les passions nous bouleversent et nous sollicitent de suivre l'ordre des sensations : la syntaxe française est incorruptible. C'est de là que résulte cette admirable clarté, base éternelle de notre langue. Ce qui n'est pas clair n'est pas français ; ce qui n'est pas clair est encore anglais, italien, grec ou latin.
Il est bête, mais il écoute les gens d'esprit avec patience.
La belle-fille de Buffon déshonorait un époux fort épris et s'en moquait ouvertement. À un dîner de famille, elle demande à son beau-père : "Vous qui avez si bien observé, comment expliquez-vous que ceux qui nous aiment le plus soient ceux que nous aimons le moins ?
Le célèbre naturaliste se contenta de répondre : - Je n'en suis pas encore au chapitre des monstres.
Si on veut savoir quel est ce courtisan chargé des faveurs du roi et des rubans de la vanité, j'avouerai qu'il est plus aisé de le décorer que de le peindre: il a tous les airs de son père, excepté celui de grand seigneur; toutes ses superstitions, excepté sa piété; toutes ses assiduités autour du maître, excepté son attachement.
Rivarol, Journal politique national
On passe la moitié de sa vie à retenir sans comprendre, et l'autre moitié à comprendre sans retenir.
Le temps est le rivage de l'esprit ; tout passe devant lui, et nous croyons que c'est lui qui passe.
Avec les mots "ordre" et "liberté" on conduira et on ramènera toujours le genre humain du despotisme à l'anarchie et de l'anarchie au despotisme.
Rivarol, Pensées
L'homme passe sa vie à raisonner le passé, à se plaindre du présent, à trembler pour l'avenir.
Les enfants, avant de connaître la signification des mots, leur trouvent à chacun une variété de physionomie qui les frappe et qui aide bien la mémoire. Cependant, à mesure que leur esprit plus formé sent mieux la valeur des mots, cette distinction de physionomie s'efface ; ils se familiarisent avec les sons et ne s'occupent guère que du sens. Tel est le commun des hommes. Mais l'homme né poète revient sur ces premières sensations dès que le talent se développe ; il fait une seconde digestion des mots ; il en recherche les premières saveurs, et c'est des effets sentis de leur diverse harmonie qu'il compose son dictionnaire poétique.
On ne va jamais si loin que lorsque l'on ne sait pas où l'on va.
Les astres, la terre, les cieux suivent dans un ordre immuable l'éternelle loi de leur être : toute la Nature est conduite par une sagesse éclatante; l'homme seul flotte au gré de ses incertitudes et des passions tyranniques, plus troublé qu'éclairé de sa faible raison.
Vauvenargues, Méditation sur la foi.