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Citations de Antonio Soler (30)


L'Athlète entre pieds nus dans la chambre de sa mère et ouvre le tiroir de la commode. Les sous-vêtements, les soutiens-gorge, couleur chair au tissu un peu lâche, les culottes, la tristesse de ces dentelles, fantaisie pour chair périmée. Ce tiroir a quelque chose de mortuaire et la main de l'Athlète y entre comme dans une crypte. Profanant des tombes, soulevant des pierres tombales, reniflant l'odeur de la mort récente , la main fouille et écarte les tissus funéraires en quête d'argent. Et voici les billets, pareils à des enfants endormis dans les profondeurs de la grotte. Ses doigts vont les sortir au soleil et les déposer dans la main du mécanicien, le Fils du Sourd, dans celle du type de la station-service Repsol, dans celle de la serveuse qui encaissera ce qu'ils vont boire avec Lucia. Il ferme le tiroir et détourne les yeux de ces bretelles couleur chair, de la pauvreté, de sa propre misère. "Ma mère a aussi été une femme à une époque lointaine, il y a des mères qui sont en même temps des femmes, comme celle de Jorge, elle oui".
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« La chaussure fait l'homme. » La seule chose utile que lui avait apprise son père avant de se pendre au crochet de la salle à manger. C'était là que l'avait trouvé sa mère, son corps dégingandé et chétif se substituant aux quatre abat-jour de la lampe qu'il avait pris soin de poser sur le guéridon avant de se pendre. Mais il n'avait pu éviter que son ventre se vide, cette ultime saleté qui avait souillé ses adieux au monde, la nappe du guéridon et un des quatre abat-jour.

Ses chaussures, en revanche, étaient restées impeccables. Brillantes, fraîchement cirées.

Une perfection digne d'un magazine, pas comme celles que porte son fils, avec lesquelles il marche sur les dalles rosés et blanches et le goudron brûlant de Portada Alta jusqu'à tomber, dans un coude de la rue Papamoscas, sur Tato.
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Je suivais attentivement le parcours de la coccinelle, elle montait lentement sur le pont, l'autoroute lisse de son tibia, en direction du genou et contournait l'obstacle arrondi de l'os pour s'aventurer dans la plaine du mollet en traversant le blé fragile, ce duvet doré et presque invisible sur la peau, épis solitaires, la plaine, le désert pâle qui se trouve après le mollet, cet espace qui n'est ni ventre ni mollet ni entrejambe ni presque la hanche, avec le vide d'un côté et l'ombre du pubis de l'autre, cette haie découpée derrière laquelle se cache l'entrée dans un autre monde, et continuer, continuer vers le haut en direction du thorax, vers ce nord qui est toujours une promesse, monter par le doux escalier des côtes et par la dune soyeuse de la poitrine jusqu'au sombre monument du téton, contempler de puis la cime le merveilleux paysage, ces vallées et ces collines qui s'étendent, ces rigoles, ces pores invisibles, ces grains de beauté planétaires, ces cuvettes et des lits de rivière dépeuplés, poursuivre le chemin en une descente harmonieuse jusqu'à la dépression de la clavicule, remonter ce léger obstacle et entreprendre l'ascension du cou, à l'ombre déjà de la forêt des cheveux, ces vagues, ces courbes de mèches claires, un champ de blé abondant parmi des veines brunes, achever l'ascension par le menton et depuis ce promontoire contempler la frontière rouge des lèvres, ce cratère élastique qui se répand en un sourire qui est l'incarnation du futur et de la vérité (ce qui est pour moi le futur et la vérité, l'incertain, ce que je n'atteindrai peut-être jamais complètement et qui me fuit, comme la vie me fuit, comme fuient les jours, de même que le paysage reste derrière moi lorsque je cours sans aller nulle part), la bouche, la vérité, le futur, mon destin au fond de cette grotte de laquelle pointe, brillante et humide, la pierre des dents, cette archéologie de stalagmites et de stalactites blanches, monter à l'ombre du versant du nez et, oui, arriver alors vraiment au lieu choisi, à la destination ultime, l'embouchure de l’œil, sa rive, le regard dont tout dépend.
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Portada Alta est un désert qui flotte dans la réverbération de l'après-midi. Briques sèches, murs surchauffés, quelques vêtements étendus dans la rue, amidonnés par le soleil. Des arbres anémiques aux troncs enfoncés dans des carrés de terre craquelée. Refuge des fourmis, des mégots, des emballages et des sacs en plastique transhumants. L'ombre de Rafi Villaplana traverse le jeu géométrique des dalles crasseuses. Une légère brise passe, une illusion atmosphérique, un voile d’air frais qui cède immédiatement de nouveau la place à la chaleur sèche du terral. Au coin de la rue, une épaule contre le mur, le Bambin Olmedo révise les photos du glandu au pansement sur le front ; près de lui, assis sur un banc en pierre, Tato fume un joint et, tout en retenant la fumée dans sa poitrine, lui demande, Bambin on va se faire combien de billets avec ce crétin-là, puis, sans avoir reçu de réponse d’un Olmedo pensif, il sourit, crache de la fumée comme un brouillard et montre les défauts dans sa dentition à tout le quartier.
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Et c'est l’heure d’un jour au début du mois d’août où le terral s'est emparé de tout et gouverne les têtes, pénètre les pores, les oreilles et le moindre orifice ouvert dans le corps de n’importe quel humain, bête, machine, maison, porte, brèche, fenêtre, fissure, blessure ou plaie. Et il dessèche tout, enflamme tout, impossible de savoir s'il laisse les choses plus vivantes ou plus mortes après son passage. Commotionnées, altérées comme les incendies altèrent les collines, les rues, les bâtiments, attisent et perturbent les esprits.
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Les trains fendent la nuit. Depuis l'obscurité, les figures sur les vitres semblent des fantômes, des gens d’un autre temps voyageant dans une autre dimension. Dans la chambre froide, une fourmi survit à la température et fouille, étourdie, l’entrejambe du mort, elle arrache avec ses mandibules une écaille de peau et tourne sur elle-même, maladroite et défaillante, sans savoir où se trouve sa fourmilière. Où emporter ses provisions pour l’hiver. Dans l’oreille interne de Dionisio Grandes Guimerâ, une autre fourmi fouine et fouine encore, sans boussole désormais.
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Ce serait comment de sortir dans la rue en ne faisant rien d’autre que sortir dans la rue. Ignorer, avancer, sans que rien ne nous arrête, refuser d’être affecté par quoi que ce soit (que rien ne nous fasse dévier), voir comment tout a lieu sans nous arrêter comme si on était un train en marche sur ses rails, dehors tout n'est qu’insectes qui s'écrasent contre notre cuirasse, marcher comme poussé par un courant une énergie étrangère à nous-même du moins bien plus forte que notre curiosité (la curiosité est un insecte de plus, le laisser derrière nous). Avancer, ne rien faire d’autre qu’avancer. En respectant misérablement les horaires.

Ils sont nombreux à fonctionner de la sorte. Beaucoup de mes connaissances. Enfin, apparemment (Comme lorsque je cours sur la piste, il n y a que la course, la foulée, le rythme et la respiration, doser pour pouvoir courir davantage. Tout s’achève et tout commence en toi.
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Ce sont des fourmis de l'espèce linepithema humile, dite fourmi d'Argentine. Elles sont petites, rougeâtres, absolument omnivores. Elles vivent dans la terre, sous le bois, sous les sols, tuent d'autres insectes et exterminent toutes les espèces de fourmis des régions qu’elles envahissent. Ici, elles forment une croûte sur le corps étendu, s'introduisent dans tous les plis de sa peau, s'enfoncent dans les orifices, percent, coupent, trimbalent, communiquent anxieusement, avides, cupides, cent trente millions d’années pour en arriver à une telle efficacité, une telle précision.
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L'odeur de bouffe dans l'escalier, les empreintes de main sur la chaux. Des mains d'enfant sur les murs, des traces de boue ancienne, d'encre, moutonnement de crasse dans les escaliers et Segueta qui monte, lourde, haletante, une machine molle, un animal obstiné en quête de sa tanière. Ses dents comme une scie, sa crinière et ses mamelles qui pendouillent, des cloches muettes qui appellent à une messe misérable. T'as jeté l'argent, y'en a toujours que pour toi, tu vis que pour toi et les autres ils font les frais de tes caprices. Mariano, son mari résigné, monte derrière elle.
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La peau de l'homme est cireuse, boucanée, jaunâtre. Il a les yeux entrouverts et à la rive de ses paupières une centaine de fourmis s'abreuvent jalousement. L'iris est bleu-gris. Des yeux qui ont vu les champs enneigés d'un autre continent, des yeux qui se sont réveillés en contemplant le corps de son fils Guillermo dans le berceau et qui, en le voyant pour la première fois, ont laissé s'échapper des larmes de joie. Il avait alors frôlé la plénitude. Les insectes s'activent dans les yeux, ils parviennent en cadence organisée au cratère de ses oreilles et s'introduisent comme des spéléologues dans le labyrinthe des pavillons, ils s'enfoncent dans le cuir chevelu, rôdent dans les fosses nasales, entrent dans la bouche et en tirent leur butin de salive aux résidus de benzodiazépine -diazépam, bentazépam, lormatazépam - et d'alcool - vodka, gin, tequila. La respiration de l'homme est faible, et sur la montagne du thorax le travail des poumons est à peine perceptible.
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Le lait tiède du ciel se répand silencieusement sur toute chose. Les toits, les arbres endormis, les automobiles scintillantes. C'est une luminosité blanchâtre qui jaillit dans un soubresaut, épaisse, trouble. Elle tache les nuages et s'y suspend. On entend le halètement du jour qui vient, une respiration profonde qui s'arrête un moment, comme si la Terre était sur le point de s'immobiliser et de tourner dans l'autre sens avant de reprendre sa trajectoire et d'apporter un nouveau jour.
La nuit n'a pas pu refroidir le bitume, il est toujours là, somnolent et chaud, serpentant de toute sa croute de fièvre. Le soleil monte, obstiné. La vue frémit. C'en est finit des heures vaines, de la pitrerie de la mort. Le jour commence. Les insectes creusent la terre.
(incipit)
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Ainsi, portées par l'obéissance extrême que leur imposent les phéromones, dans le terrain vague de la rue Ortega y Gasset, sous une température de quarante-deux degrés, se meuvent des milliers de fourmis en quête des traces laissées par leurs camarades évacuées avec le corps de Dionisio Grandes Guimerâ. Elles tissent un réseau mobile toujours plus ample, elles marchent sur un sol surchauffé, évitent les morceaux de plastique ramollis par le soleil, avancent parmi des gravats aux proportions gigantesques, les mauvaises herbes, les forêts incendiées, les fragments et les debris de bâtiments d'une autre civilisation. Une archéologie composée d'agglomérats de béton, de grumeaux de plâtre, de mégots desséchés, de bouts de verre, de canettes de soda, d'aluminium écrasé où s'étalent les restes déteints d'un étrange abécédaire sur sa vieille carcasse de navire échoué. Elles pullulent, elles montent, descendent, pistent, communiquent entre elles et au plus profond de leurs connexions nerveuses souffrent obscurément de ce qui ressemble à de la frustration et à de l'inquiétude. Cet aliment pour plusieurs années, cette réserve inépuisable qu'était le corps de Dioniso Grandes Guimerâ, s'est évaporé et, telles les cellules d'un organisme unique, elles cherchent une réparation à cette tromperie, le retour à la vie de ce mirage.
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Elle reste seule dans la chambre de son fils. Elle a l'impression de voir des fourmis quand elle ferme les yeux. Des fourmis qui marchent sur la peau cendreuse, bougeant leurs antennes presque invisibles sur le drap de l'hôpital, marchant comme des mini-robots sur le stéthoscope et le moniteur défibrillateur. Ils les ont privées de leur aliment. Dioni. Elle ne sent pas un chagrin particulier, elle était préparée. En revanche, elle remarque une profonde fatigue. Un épuisement comme elle croit n'en avoir jamais senti auparavant. Cliniquement, elle l'attribue à une baisse de tension, au manque de sommeil, à la chaleur étouffante qui entre par la fenêtre ouverte de la chambre de Guille. Au loin la mer, trop sombre, trop solide, et deux palmiers solitaires, sûrement aussi fatigués qu’elle.
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L'enfant beugle et s'agite, Rai est figé comme une statue et Eduardo trouve ce qu'il cherchait, deux ou trois grosses pierres de granit, bien coupantes. Il les saisit, ne remarque pas qu'elles lui brûlent les mains, se lance dans une course brève et puissante pareille à celle d'un lanceur de javelot, et, porté par la même impulsion qu'un athlete de cette discipline il interrompt brusquement sa course et lance la pierre. Le projectile dessine une parabole parfaite : foyer, directrice, paramètre, axe, sommet, vecteur radial, tout cela, ajouté à une puissance et une direction adéquate, y=ax2+bx+c, permet à la pierre de parvenir au pied du destinataire désiré, littéralement aux pieds de l'individu en chemise ouverte et au ventre proéminent. Le type hurle, profère une insulte et, s'avisant qu'Eduardo prépare un nouveau jet, se lance dans un trot maladroit en ballottant l’enfant qui, malgré les va et-vient, s'obstine dans ses pleurs.

Le deuxième projectile atteint sa cible, le conglomérat que père et fils forment au loin. L'impact fait un bruit sourd. Depuis la position de Rai et Eduardo, il est impossible de rien distinguer précisément. Seuls les sons permettent une estimation. Il y a d'abord un instant de silence absolu, seule une motocyclette sans pot d'échappement perturbe le calme
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Le lait tiède du ciel se répand silencieusement sur toute chose. Les toits, les arbres endormis, les automobiles scintillantes. C'est une luminosité blanchâtre qui jaillit dans un soubresaut, épaisse, trouble. Elle tache les nuages et s'y suspend. On entend le halètement du jour qui vient, une respiration profonde qui s'arrête un moment, comme si la Terre était sur le point de s'immobiliser et de tourner dans l'autre sens avant de reprendre sa trajectoire et d'apporter un nouveau jour.
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La posture est presque fœtale. Seule une jambe tendue rompt l’harmonie de la position prénatale. Sous la couche bouillonnante de fourmis qui le couvre, on constate que le torse de l’homme est nu, plein de poussière. Le pantalon est gris. La jambe droite retroussée jusqu'au genou. Là aussi les fourmis travaillent, tout comme elles le font certainement sur l'autre jambe, couverte par le pantalon, bien que le pied, le gauche, soit déchaussé et forme une tache sombre, d'un violet presque noir sur lequel les insectes s'activent de façon exemplaire, telles les cellules d'un véritable superorganisme.
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Ces fourmis qui cherchent dans les paupières, désorientées par le désert de la poitrine, sans fourmilière ni guide, surgissant de derrière les oreilles ou de leur intérieur, sortant incessamment des cheveux, de la nuque de Dioni, fouiilant, faisant peut-être encore des réserves d’aliments, qu’elles extraient de cette mine immense, le dévoraient-eiles, étaient-elles en train de le manger ? Julia essaie d'effacer de telles idées de son esprit, d'oublier ce qu'elle a vu, Dioni moribond, plus mourant que tous ces malades dont elle s’est occupée et qui sont morts devant elle, décomposés, endormis, dociles et rebelles, effrayés et abrutis.
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Ils volent en nuée, ils se dispersent, ils remplissent l'air d’arêtes. Des martinets, des hirondelles, des animaux qui ouvrent le bec en quête d'aliments. Des insectes dans l’air. C'est ça, la mort. Un oiseau qui vole, le bec ouvert, et avale les moustiques qu'il croise sur son passage. Sans discernement ni choix. Donnez-moi la vie, avait dit un malade à la docteure Galân il y a quelques jours à peine. Comme on s'adresse à Dieu ou aux saints. Faites un miracle.
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Je me demande si elle ressent la même chose, si elle a déjà eu des remords en harcelant sa mère. Lorsqu'elle rationne ses heures de télévision ou qu'elle ridiculise ses goûts. Lorsqu'elles vont à la campagne et qu'elle se vante de gravir les côtes les plus caillouteuses et raides tandis que ma grand-mère reste enfoncée dans son siège de plage en faisant du crochet et qu'elle, ma mère, descendant victorieuse de la montagne avec ses bouquets, lui dit qu'à ce compte-là elle aurait mieux fait de rester à la maison.
C'est de là que je viens.
Je viens de ce magma, cette nébuleuse. Pas seulement de ce corps, pas seulement de l'obscurité de ce corps ni de la profondeur de ce ventre blanc gonflé de veines, parmi les liquides, je viens de ce bouleversement et de cette pluie de météorites qui ne cesse d'avoir lieu dans son esprit. Je descends de cet orgueil douloureux et de cette humilité elle aussi blessée. De cette prétention capable d'acculer et de détruire une mère et de cette humilité qui ploie et s'attendrit au spectacle d'objets aussi ridicules que ces lampes, au spectacle de la main qui les apporte. Ce câble rigide qui les soutient. Cette discipline.
Elle est ainsi et c'est le plasma qu'elle m'a inoculé, dont elle m'a alimenté, qui s'est imprimé dans mes cellules et grâce auquel elle m'a dressé depuis le jour où je suis sorti de son utérus.
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J'avais le corps empli de morceaux de verre. De petits éclats allaient et venaient dans mes veines et, soudainement, n'importe où dans mon corps, provoquaient une petite hémorragie, la douleur inattendue d'une coupure nette, fulgurante. Un battement de paupières, une pensée qui surgit, et ces objets cuisants se mettaient en mouvement.
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