Citations de Arthur Golden (203)
Depuis que j’avais quitté Yoroido, je n’avais cessé de m’inquiéter de l’avenir, comme si chaque tour de roue du destin allait mettre un nouvel obstacle devant moi. Cependant, c’était ce combat quotidien, ces soucis, qui avait donné une telle consistance à ma vie. Lorsque nous remontons la rivière à contre-courant, chaque pas prend une intensité particulière.
La douleur est une chose étrange. Nous ne pouvons rien contre elle. Pour moi, elle évoque une fenêtre qui s'ouvre à son gré. La pièce se refroidit, on ne peut que frissonner. Mais la fenêtre s'ouvre un peu moins chaque fois. Et un jour, la douleur s'est envolée.
L'eau ne patiente pas. Elle change de forme, contourne les obstacles, trouve des itinéraires auxquels personne n'avait songé.
Nos vies d'écoulent comme des rivières à flanc de colline : nous allons dans la même direction, jusqu'au moment où un obstacle nous fait exploser en mille goutelettes et nous oblige à changer de cours.
Aujourd'hui je sais que notre univers n'est pas plus réel qu'une vague qui se dresse à la surface de l'océan. Quels que soient nos luttes, nos triomphes, quelle que soit la façon dont ils nous affectent, ils ne tardent pas à se fondre en un lavis, à s'estomper, comme de l'encre diluée sur du papier.
Depuis que je vis à New York, j'ai compris ce que les occidentaux entendent par geisha. De temps à autre, dans des réceptions chics, on me présente une jeune femme vêtue avec élégance et portant des bijoux. Quand elle apprend que j'ai été geisha à Kyoto, elle m'adresse un sourire contraint. Elle ne sait plus quoi dire ! [...] car la femme pense : "Mon Dieu, je parle à une prostituée !" Quelques minutes plus tard arrive son cavalier, un homme riche, de trente ou quarante ans son aîné. Souvent je m'interroge : comment peut-elle ainsi se voiler la face ? C'est une femme entretenue. Comme moi dans le passé.
« Dans mon adolescence je pensais que ma vie eut été plus facile si Mr Tanaka ne m'avait pas arraché à ma petite maison ivre. Aujourd'hui je sais que notre univers n'est pas plus réel qu'une vague qui se dresse à la surface de l'océan quelles que soient nos luttes nos triomphes, quelle que soit la façon dont ils nous affectent, ils ne tardent pas à se fondre en un lavis, à s'estomper, comme de l'encre diluée sur du papier. »
Je veux que vous traversiez la vie les yeux ouverts ! Montrez-vous à la hauteur de votre destin ! Profitez de chaque instant de votre vie pour l'accomplir.
Si quelques minutes de douleur avaient suffi à me rendre aussi mauvaise, qu’en serait-il après des années de souffrances réitérées ? Même les pierres finissent par céder, sous les assauts répétés de la pluie.
Chapitre 6
Dans notre petit village de pêcheurs, à Yoroido, je vivais dans ce que j’appelais une « maison ivre ». Elle se trouvait près d’une falaise où le vent de l’océan soufflait en permanence. Enfant, j’avais l’impression que la mer avait attrapé un énorme rhume, parce qu’elle faisait des bruits sifflants. Il y avait même des moments où elle lâchait un gros éternuement – un coup de vent chargé d’embruns. J’en déduisis que notre petite maison avait dû s’offenser des éternuements que lui crachait l’océan en pleine face, et qu’elle s’était mise à pencher vers l’arrière parce qu’elle voulait s’en écarter. Elle se serait sans doute écroulée, si mon père n’avait pas taillé un madrier dans l’épave d’un bateau de pêche pour soutenir l’avant-toit. Ainsi, la maison ressemblait à un vieil homme éméché, s’appuyant sur sa canne.
Chapitre 1
Au Japon, un cou dénudé est très érotique. Si le mâle occidental fait une fixation sur les jambes des femmes, le Japonais regarde d'abord leur gorge et leur cou.
On peut surmonter l'adversité. Il suffit parfois d'imaginer ce que serait la vie si nos rêves se réalisaient.
Quand votre pays perd une guerre et qu'une armée ennemie l'envahit, vous avez le sentiment qu'on vous emmène au poteau d'exécution, les mains dans le dos, vous avez l'impression d'attendre, à genoux, que le sabre vous tranche la tête.
On parle bien de la souffrance seulement quand on l'a dépassée.
Je pris la petite théière, laissai ma manche glisser vers mon coude avant de servir. À mon grand étonnement, le président regarda mon bras. Je fus curieuse de voir ce qu’il voyait. Je trouvai à mon bras, sur sa face cachée, la brillance et la texture d’une perle – peut-être était-ce l’éclairage, assez faible dans ce grand hall. Pour la première fois de ma vie, je m’extasiais sur une partie de mon corps. Le président gardait les yeux fixés sur mon bras. Et tant que cela durait, je n’allais pas le dérober à son regard ! Mameha se tut. Parce que le président avait cessé de l’écouter et regardait mon bras, pensai-je. Puis je compris.
La théière était vide ! Pis : elle était déjà vide quand je l’avais prise sur le plateau.
Et moi qui avais failli me prendre pour une star ! Je marmonnai des excuses et reposai la théière aussi vite que possible. Mameha rit.
— Voyez à quel point cette jeune fille est déterminée, président. S’il y avait eu la moindre goutte de thé dans cette théière, elle aurait réussi à l’en extirper !
Chapitre 17
Lorsque nous remontons la rivière à contre-courant, chaque pas prend une intensité particulière.
La démarche d'une femme, dans la rue, devrait évoquer le clapotis des vagues sur un banc de sable.
Être Geisha, c’est être appréciée comme une œuvre d’art vivante.
(...) notre univers n'est pas plus réel qu'une vague qui se dresse à la surface de l'océan. Quels que soient nos luttes, nos triomphes, quelle que soit la façon dont ils nous affectent, ils ne tardent pas à se fondre en un lavis, à s'estomper, comme de l'encre diluée sur du papier.
Les jeunes filles imaginent des choses insensées ! Les espérances, c'est comme les ornements que l'on porte dans les cheveux. Les filles en ont trop. Un fois vieilles, il suffit qu'elles mettent ne serait-ce qu'un seul pour se rendre ridicules.