Charlemagne règle enfin la dernière question susceptible d'amener quelque trouble après lui, celle de la succession à l'empire.
Il ne l'avait pas abordée en 806, peut-être pour ne point affaiblir son autorité en créant à côté de lui un second empereur, peut-être aussi par crainte de provoquer de la jalousie entre ses fils, plus probablement parce qu'il voulait attendre que les Grecs eussent reconnu son titre impérial. Or, à la fin de l'année 813, l'âge et la maladie ne lui laissaient plus l'espoir d'une longue vie, Louis survivait seul de ses fils et les ambassadeurs byzantins venaient de le saluer du titre de Basileus. Il n'avait donc plus aucune raison de remettre sa décision à plus tard ; sinon, il risquait d'être surpris par la mort avant d'avoir rien fait et de compromettre ainsi cette paix dont il souhait tant qu'elle lui survécût.
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D'autre part, s'il est naturel d'accorder la première place à l'homme qui a exécuté, en totalité ou en partie, ces grands ouvrages dont la sculpture des XIVe et XVe siècles s'honore, le portail et le puits de la Chartreuse, les tombeaux ducaux, on ne doit pas oublier les princes qui les ont commandés et payés.
Pour apprécier avec exactitude les progrès que Sluter a fait accomplir à la sculpture de son temps, il est nécessaire de rappeler d'abord, brièvement, ce qu'elle avait été pendant les trois premiers quarts du XIVe siècle.
En opposition avec la sculpture spiritualiste du siècle précédent, elle est qualifiée généralement de naturaliste. L'idée est juste, mais à condition qu'on ne l'exagère point. La vieille école garda longtemps ses fidèles, et, chez les amateurs du style nouveau, la transformation ne s'accomplit pas d'une manière radicale du jour au lendemain, mais il y eut des tâtonnements et comme un acheminement progressif, très lent, très mesuré, vers le mode entrevu. Tous les observateurs ont reconnu que, malgré quelque vulgarité dans les traits du visage, malgré les complications des draperies dont les plis auparavant verticaux ont une disposition à se casser, l'idéalisme reste l'expression dominante des Vierges du XIVe siècle. Dans les monuments funéraires eux-mêmes, " L'inquiétude du portrait" n'est pas très grande, témoins les ouvrages des deux imagiers chez lesquels les tendances nouvelles passent pour être le mieux marquées, Pépin de Huy et André Beauneveu.
Ainsi l'architecture religieuse continue à se développer au siècle des Valois. D'autre part, l'architecture privée, dont il ne subsiste à Dijon aucun spécimen antérieur au XIVe siècle, fait son apparition ; et il faut compter parmi les principaux attraits artistiques de la ville la promenade qu'on peut faire à travers les rues étroites avoisinant l'ancien palais ducal, dont les unes ont gardé l'allure boutiquière, et les autres, le caractère imposant, la richesse décorative, qui convenait chez des bourgeois enrichis par le commerce ou anoblis par l'exercice des charges municipales.
Le grand sculpteur n'a laissé ni un traité de son art, ni un Journal de sa vie, ni une de ces correspondances qui font pénétrer profondément dans l'intimité de leur auteur; aucun de ses élèves ne lui a consacré un souvenir; il n'est pas de chronique où se trouve son nom . Parmi les historiens et les critiques modernes, quelques-uns ont parlé de lui accidentellement, aucun systématiquement, et ses œuvres sont mal connues jusque dans son pays, la Hollande. Au fronton du musée royal d'Amsterdam, une frise de sept mètres rappelle les gloires artistiques nationales, et Sluter, tenant un Moïse dans ses bras, y fait pendant à Rembrandt. Ce Moïse est celui de Michel-Ange !
La beauté de ce panorama, remarquable surtout de la montagne de Larrey, est déjà instructive. Mais il est des causes profondes pour lesquelles la « ville aux beaux clochers », comme l'a surnommée Henri IV, est née là, a grandi sans interruption, est devenue de bonne heure un centre politique et économique. N'est-ce pas l'endroit où s'ouvre la voie la plus courte et la plus aisée qui fasse communiquer la vallée de la Saône et du Rhône avec le bassin parisien ?