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Citations de Béatrice Bonhomme (41)


5.



Un kaki sur la neige


Je suis descendue dans le jardin.

La neige avait recouvert les mimosas et pesait sa fleur de coton sur les branches.

La poussière odorante des mimosas se mêlait aux cristaux des flocons.


J'avais si rarement vu la neige et respiré sa fraîcheur.


Elle s'était déposée sur les branches des oliviers et sur la fleur de l'agave.


J'ai voulu la saisir dans ma main.

La neige avait lavé le matin
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1


Extrait 2

Mais quand je viens vers toi, c’est une grande lumière lavée, le visage d’un enfant lavé par la lumière et ce ciel qui n’est que le vide d’une pluie.

C’est tout ce qui a eu lieu ou n’a pas eu lieu, l’impossibilité à saisir, le cœur fatigué d’implorer la lumière, une perplexité.

Mais lui, du moins, a saisi la rose sur le chemin du cœur et la rose est devenue la tapisserie de son visage.

Une tapisserie de soie et de laine, des rosaces au centre de la lumière, un lien qui se fait, un tout petit mur perdu orange avec les lignes mortes de la vigne.
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Extrait 3/3


À Pompéi, tu t’assois sur la pierre des années. Les enfants jouent à la marelle. Le ciel est bleu d’éternité. Je sais que tu vas mourir.

Et puis il y a quelques pierres. C’est encore le temps de l’enfance. On s’amuse à y croire encore. Et dans la pierre du désir, tu chantes à voix basse, chantante, la chanson de l’autre rive, celle des poèmes oubliés, celle des chats qui sont partis sans jamais se retourner, celle du soleil sous la pluie, celle d’une berceuse de la vie.
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Extrait 2/3


Dans l’encorbellement des visages, un visage se transforme en l’autre et passe d’un visage à l’autre la lumière de son pastel.

Et c’est par équilibre de sel qu’il dort dans la fibrillation des nuages, un ciel dans un autre ciel et la lumière de son regard.

La tonnelle, celle des griffes roses où poussent les bougainvilliers, éclate dans les cheveux d’une petite fille à magnolias.
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Extrait 1/3


Fiançailles de la mort

C’est par simple devoir de faille qu’il coupe et taille dans le temps.

Dans le temps arrêté et dans le cœur du temps, les lys blancs des bouquets.

Et c’est par testament qu’il devient éclats de kaléidoscope, bouquet de pavot et de nuit où s’endort le cœur des songes.
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Passage du passereau


extrait 4

Pour moi, le passereau est bleu, mais je ne sais pas trop sa couleur. Il est bleu comme l’oiseau d’enfance et souffre douleur d’amour.

Pour moi, le passereau est rouge, mais je ne sais pas sa couleur, ensanglanté des stigmates de pluie, il traverse les larmes.

Pour moi le passereau est gris, car je sais trop bien sa couleur. Il passe en glissade légère les ailes étendues, discret, il passe dans la vie précaire.

Et dans les plantes aromatiques, la myrrhe d’un étrange berceau, il passe et renaît, passereau, oiseau de cendre et de lumière.
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Passage du passereau


extrait 3

Il tourne tout autour de la table des morts et, en veillée funéraire, s’incruste dans le vitrail.

Son œil de verre rouge irise la couleur.

Sur la neige ne demeure que l’étroite empreinte de sa fine patte de passereau posée sur le mouron des tombes.

Il passe oiseau éphémère comme la précarité de l’amour.
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Passage du passereau


extrait 2

Le passereau passe le souffle dans le syrinx de son chant comme message d’un ciel si proche et comme essor de passage.

Volatilia, matière volatile évaporée dans la fibre du monde, il vole dans l’obscurité de la nuit comme dans la clarté du jour.

Il taille dans les ailes et les airs jusqu’à trouver la forme juste d’un anniversaire de feuilles.

Il est le souffle de la nuit qui se heurte contre la paroi des fleurs.
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Passage du passereau


extrait 1

Le passereau est un passer-moineau, un petit oiseau de l’ordre de ceux qui passent et traversent, fuselés, la vie précaire.

Le passereau est éphémère, il est passe-fleur, passiflore, passionné comme l’anémone qui vibre en plein vent d’étincelles.

Ses poumons sont d’oiseau éphémère, les bronchioles se ramifient dans le tissu pulmonaire, le traversent et se prolongent par des sacs aériens qui sont tissus d’or et de songes dans le souffle des nuages.
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C’est comme si la mer
s’était posée
un instant
sur tes yeux


Il semble que de cet instant dépende toute l’aventure d’écriture de Béatrice Bonhomme.

Bien sûr, Béatrice Bonhomme vit à Nice entre montagne et mer, et elle est née à Alger d’un père peintre qui lui donne le goût de la lumière, des couleurs, de la beauté des paysages qui l’entourent et d’une mère conteuse qui, elle, lui donne le goût des mots. Mais ces éléments biographiques s’ils éclairent en partie sa poésie ne suffisent pas à l’expliquer. « Devant le papier l’artiste se fait », disait Mallarmé, et Béatrice Bonhomme s’est faite dans ses livres, une quinzaine à ce jour, poèmes surtout mais aussi récits, théâtre et journaux. Sans parler d’un abondant travail d’essayiste (elle enseigne la littérature à l’université de Nice) et the last but not the least son activité de directrice de revue, la revue NU(e) fondée avec Hervé Bosio en 1994 et qui, à chacune de ses livraisons qui sont au nombre de 70 à ce jour, présente un poète contemporain.
C’est dire l’importance de la présence de Béatrice Bonhomme dans l’espace de la poésie contemporaine d’aujourd’hui.

Tout commence donc par la mer et les paysages qui lui sont associés. Mais on pourrait dire aussi bien que tout commence par le bleu : celui de la mer et du ciel, de la terre, de la lumière et des corps. Et avec ce bleu originaire, la nudité — le « nu » comme dit Béatrice, ce Nu qui donne son nom à sa revue. Face aux poètes du noir, Béatrice Bonhomme choisit les poètes du bleu : « je choisis le nu bleu, dit-elle — et je ne sais si dans ce choix joue en moi une réminiscence d’un tableau de Matisse — pour moi le nu est bleu et au matin souvent tout bleu, l’azur demeure ».
On comprend, dès lors, que la poésie de Béatrice Bonhomme soit une poésie « amoureuse ». Je veux dire par là que l’amour sous toutes ses formes la traverse : amour du ciel et de la mer, amour d’une terre lumineuse et charnelle, amour des corps, amour du langage. Amour, désir de coïncidence. Et le poème, parce qu’il est recherche de cette coïncidence, est aussi inévitablement rencontre du manque, du dessaisissement, comme l’énonce le beau titre d’un petit livre de Béatrice, Le dessaisissement des fleurs.
D’où la passion, l’intensité érotique de cette poésie. D’où sa sensualité violente parce que toujours menacée qui parfois s’inscrit dans la lignée de la mystique érotique de Pierre Jean-Jouve sur lequel Béatrice a écrit sa thèse :

la mer crie dans ta bouche, sur les pierres plates, les rochers et l’aller-retour, le va-et-vient de toi dans le hurlement silencieux de nos corps

la mer est pleine, bleue d’odeurs
amour acidulé de cerise et de pêche

Amour, désir de réparer notre blessure fondamentale. Celle de naître et de mourir. Et c’est sur cet affrontement à la mort qu’il faut terminer. Mort du père bien aimé, l’initiateur aux arts et à la lumière, Mario Villani, à qui Béatrice Bonhomme écrit un émouvant hommage sous le beau titre de Passant de la lumière :

A Pompéi, tu t’assois sur la pierre des années. Les enfants jouent à la marelle. Le ciel est bleu d’éternité. Je sais que tu vas mourir.

Jacques Ancet
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Sauter dans la craie d’une marelle
extrait 2
  
  
  
  
Devant l’école abandonnée restait la craie d’une marelle, le haut d’un cercle, le
ciel ou l’enfer qu’importe.


Seul le bond d’une case à l’autre gardait la courbe d’une danse et le caillou
était resté pris entre deux tracés de nuit.



Le caillou, lâché par hasard au milieu entre deux cases, restait là, pour d’autres
mains d’enfants, un jour, refermées sur lui.


Le lieu semblait attendre de nouveaux cris, des rires d’enfants. Les anciens
avaient déserté.


Il ne s’agissait plus de coquillage ou de fossile mais d’un simple galet plat qui
avait nié toutes les empreintes, qui avait perdu les traces.

Le fossile en coquillage, celui en forme de cœur momifié, serait redevenu un
galet sur lequel était passée la mer, au point d’avoir effacé tous les sillages.


Entre la craie et le galet, s’était renouée une complicité d’enfance, celle des
objets du monde qui ont retrouvé la force des épaves.
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Oui comment faire le blanc…


Extrait 1

Oui comment faire le blanc
Dans le visage et sous les paupières ?

Trouver ce moment
D’absolu
Où les couleurs veulent se mêler
Pour rejoindre le blanc.

Comment parvenir à cet instant de blanc
Sans avant et sans après ?
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Ils s’appelaient les boxeurs de l’absurde…


Ils s’appelaient les boxeurs de l’absurde
La neige de leur cœur avait noirci
Les bords des yeux cerclés de noir.

Ils restaient fardés par la souffrance
Aucun horizon, aucun bleu
Ne levaient leurs ciels.

Leurs yeux étaient cernés de pourpre
Ils se frappaient sans se reconnaître
Leurs yeux fermés à toute lumière.

Ils frappaient leur propre cœur sans relâche
Dans le martèlement de leurs poings dérisoires.

Ils lançaient leurs poings dans les ténèbres.
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THARROS


Extrait 5

Tu t’appelles Tharros ou Tipaza
Tu as ce nom-là au moment d’eau vive
Qui fait corps avec la mer et le ciel
Tu as reçu ce nom-là
Par-delà leur mort et la tienne
Les cendres dispersées de Carqueiranne
Là où se pose le vol silencieux des colombes
Sur la pierre dallée de la tombe
Tu as ce nom-là Tharros
Toi devenue antique pierre de sang
Vieux galet d’os.
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THARROS


Extrait 4

Ton nom secret Tharros,
Dans l’unité du bleu
Tu t’appelles Tharros
Et le pied rencontre cette vieille pierre
Qui a son origine dans ton sang
Dans tes parents qui ont créé en cyprine et sperme
Le nom de bleu.
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THARROS


Extrait 3

À salive salée de l’eau
Le paysage
Le vert presque doré du blé
Et puis des palmiers au duvet lisse d’enfants
Aux cheveux fins de fontaines
Aux giclures de feux d’artifice
Aux cheveux soyeux de bêtes
Aux crinières de juments.
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THARROS


Extrait 2

Les cactus se mêlent aux roseaux
Dans un paradoxe botanique
Les dunes de sable vont leur ronde
En diminutif de Sahara marin

[…]
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THARROS


Extrait 1

Grains de sable
Galets minuscules
Bonbons de sucre doux
Cailloux blancs lisses et ronds
Veinés de vert, de rose et de bleu
Galets, gravier aussi fin
En sucre coloré qui fond à bouche.
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8./Stèle


Extrait 1

Elle est un autre ou l'autre ou tous les autres. Quand s'ouvre le matin, elle part s'exprimer dans un jasmin de fleurs où la nuit n'a plus cours.

Elle dévale le long des espaliers, les yeux écarquillés sur l'aube qui se lève.

Elle est poreuse à l'autre, au monde et devient l'arbre qui explose au soleil des blessures.

Elle est un tout petit être avec quelques cils d'une délicatesse extrême posés sur un visage de pêche.

Elle est une fillette qui court comme une folle cachée dans ses cheveux de gitane.

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6.


Extrait 2

Le temps arrêté
[...]

Il est là, tel une chape sur le lieu, un sentiment de silence et d'éternité, comme si tout s'était bloqué et avait désormais refusé d'avancer.

La rose est toujours rouge, mais les gens sont passés sur les saisons, papillons qui grésillaient autrefois sur notre lampe,

Et plus personne n'allumera la lampe du soir pour la promenade du champ de foire sous les étoiles de l'été.

Le temps est resté le même, impassible et bleu foncé, sur notre être qui s'en est allé, un peu de poussière à la main, sans une trace, sans une empreinte.
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