AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4.25/5   2 notes
Résumé :
Nous n’avons pas encore dans notre base la description de l’éditeur (quatrième de couverture)
Ajouter la description de l’éditeur

Vous pouvez également contribuer à la description collective rédigée par les membres de Babelio.
Contribuer à la description collective
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
C’est comme si la mer
s’était posée
un instant
sur tes yeux


Il semble que de cet instant dépende toute l’aventure d’écriture de Béatrice Bonhomme.

Bien sûr, Béatrice Bonhomme vit à Nice entre montagne et mer, et elle est née à Alger d’un père peintre qui lui donne le goût de la lumière, des couleurs, de la beauté des paysages qui l’entourent et d’une mère conteuse qui, elle, lui donne le goût des mots. Mais ces éléments biographiques s’ils éclairent en partie sa poésie ne suffisent pas à l’expliquer. « Devant le papier l’artiste se fait », disait Mallarmé, et Béatrice Bonhomme s’est faite dans ses livres, une quinzaine à ce jour, poèmes surtout mais aussi récits, théâtre et journaux. Sans parler d’un abondant travail d’essayiste (elle enseigne la littérature à l’université de Nice) et the last but not the least son activité de directrice de revue, la revue NU(e) fondée avec Hervé Bosio en 1994 et qui, à chacune de ses livraisons qui sont au nombre de 70 à ce jour, présente un poète contemporain.
C’est dire l’importance de la présence de Béatrice Bonhomme dans l’espace de la poésie contemporaine d’aujourd’hui.

Tout commence donc par la mer et les paysages qui lui sont associés. Mais on pourrait dire aussi bien que tout commence par le bleu : celui de la mer et du ciel, de la terre, de la lumière et des corps. Et avec ce bleu originaire, la nudité — le « nu » comme dit Béatrice, ce Nu qui donne son nom à sa revue. Face aux poètes du noir, Béatrice Bonhomme choisit les poètes du bleu : « je choisis le nu bleu, dit-elle — et je ne sais si dans ce choix joue en moi une réminiscence d’un tableau de Matisse — pour moi le nu est bleu et au matin souvent tout bleu, l’azur demeure ».
On comprend, dès lors, que la poésie de Béatrice Bonhomme soit une poésie « amoureuse ». Je veux dire par là que l’amour sous toutes ses formes la traverse : amour du ciel et de la mer, amour d’une terre lumineuse et charnelle, amour des corps, amour du langage. Amour, désir de coïncidence. Et le poème, parce qu’il est recherche de cette coïncidence, est aussi inévitablement rencontre du manque, du dessaisissement, comme l’énonce le beau titre d’un petit livre de Béatrice, Le dessaisissement des fleurs.
D’où la passion, l’intensité érotique de cette poésie. D’où sa sensualité violente parce que toujours menacée qui parfois s’inscrit dans la lignée de la mystique érotique de Pierre Jean-Jouve sur lequel Béatrice a écrit sa thèse :

la mer crie dans ta bouche, sur les pierres plates, les rochers et l’aller-retour, le va-et-vient de toi dans le hurlement silencieux de nos corps

la mer est pleine, bleue d’odeurs
amour acidulé de cerise et de pêche

Amour, désir de réparer notre blessure fondamentale. Celle de naître et de mourir. Et c’est sur cet affrontement à la mort qu’il faut terminer. Mort du père bien aimé, l’initiateur aux arts et à la lumière, Mario Villani, à qui Béatrice Bonhomme écrit un émouvant hommage sous le beau titre de Passant de la lumière :

A Pompéi, tu t’assois sur la pierre des années. Les enfants jouent à la marelle. Le ciel est bleu d’éternité. Je sais que tu vas mourir.

Jacques Ancet
Commenter  J’apprécie          00
Sauter dans la craie d’une marelle
extrait 1
  
  
  
  
On avait effondré les dernières illusions, et c’est là qu’on se retrouvait libres,
ouverts au moindre feuillage, à l’escargot polissant son miroir, à l’araignée
fourbissant ses pattes fines pour tisser la toile d’un cercle de lumière.

On n’avait plus regardé que le visage de ceux qui rient au soleil et tendent les
mains vers la chaleur d’une halte.

On avait ramassé des fruits de saison et attendu que la pluie vienne.


On avait dispersé des cendres d’amour sur des rochers face à la mer et faussé
Compagnie aux tombeaux de toutes sortes. Les tombeaux des mots, ou de
pierre. Il n’était plus resté que des maisons de feuille et des cris perdus dans le
vent.


On avait été heureux car on ne tenait plus à rien. On avait dessaisi les matins
comme les soirs, les fleurs comme les oiseaux s’étaient envolés des mains
déployées.


Il n’y avait plus de cages, plus de bonjour ni d’adieu.


Il y avait ces risées de vent qui plongent sur les mares et savent les friser, il y
avait l’eau verte d’un étang qui miroite dans l’éclaircie et le vélo qui habite les
paysages.
Commenter  J’apprécie          10
Sauter dans la craie d’une marelle
extrait 2
  
  
  
  
Devant l’école abandonnée restait la craie d’une marelle, le haut d’un cercle, le
ciel ou l’enfer qu’importe.


Seul le bond d’une case à l’autre gardait la courbe d’une danse et le caillou
était resté pris entre deux tracés de nuit.



Le caillou, lâché par hasard au milieu entre deux cases, restait là, pour d’autres
mains d’enfants, un jour, refermées sur lui.


Le lieu semblait attendre de nouveaux cris, des rires d’enfants. Les anciens
avaient déserté.


Il ne s’agissait plus de coquillage ou de fossile mais d’un simple galet plat qui
avait nié toutes les empreintes, qui avait perdu les traces.

Le fossile en coquillage, celui en forme de cœur momifié, serait redevenu un
galet sur lequel était passée la mer, au point d’avoir effacé tous les sillages.


Entre la craie et le galet, s’était renouée une complicité d’enfance, celle des
objets du monde qui ont retrouvé la force des épaves.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Béatrice Bonhomme (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Béatrice Bonhomme
« Une anthologie de femmes-poètes ! - Eh oui, pourquoi pas ? […] On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. le XXe siècle sera le siècle de la femme. - Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c'est dans les lettres surtout, - et particulièrement dans la poésie, - qu'elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d'émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, - quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ?! […] Poète par essence, elle s'exprimera aussi facilement en vers qu'en prose. Plus facilement même, car elle n'aura point à se préoccuper d'inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d'une idée quelconque ; - non, il lui suffira d'aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son coeur, et tout ce qu'elle sentira, elle saura le dire avec facilité qui est bien une des caractéristiques du talent féminin. […] Et puis, au moment où la femme va devenir, dans les lettres comme dans la vie sociale, la rivale de l'homme, ne convient-il pas de dresser le bilan, d'inventorier - si l'on peut dire, - son trésor poétique. Les temps sont arrivés où chacun va réclamer le bénéfice de son apport personnel. […] » (Alphonse Séché [1876-1964])
« Il n'y a pas de poésie féminine. Il y a la poésie. Certains et certaines y excellent, d'autres non. On ne peut donc parler d'un avenir spécial de telle poésie, masculine ou féminine. La poésie a toujours tout l'avenir. Il naîtra toujours de grands poètes, hommes ou femmes […]. Où ? Quand ? Cela gît sur les genoux des dieux, et nul ne peut prophétiser là-dessus. […]. » (Fernand Gregh [1873-1960])
0:00 - Martine Broda 0:32 - Sylvie Fabre G 1:57 - Maximine Lagier-Durand 2:33 - Amina Saïd 3:53 - Béatrice Bonhomme 4:17 - Hélène Dorion 5:15 - Alicia Gallienne
6:50 - Générique
Contenu suggéré : #11 : https://youtu.be/UGX87mD2NRE #10 : https://youtu.be/gpR3cP7lxR4 #9 : https://youtu.be/DtWZIHZU7Vo #8 : https://youtu.be/¤££¤55Le Nouvel Athanor49¤££¤ #7 : https://youtu.be/bPexQr8zYWY #6 : https://youtu.be/IKim_loBAbs #5 : https://youtu.be/p1ZeL66gnaY #4 : https://youtu.be/yos¤££¤58Le Castor Astral72¤££¤ #3 : https://youtu.be/D_5987PxJRU #2 : https://youtu.be/wGvAEiMIJ2k #1 : https://youtu.be/2eLyH8-CM68 https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8qhOvXJDXpE1fe92htazYwn https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8rtiqkMjM0D1L-33¤££¤66PoétessesFrançaises67¤££¤
Références bibliographiques : Couleurs femmes, poèmes de 57 femmes, Paris, co-édition le Castor Astral/Le Nouvel Athanor, 2010. La poésie à plusieurs voix, rencontres avec trente poètes d'aujourd'hui, sous la direction de Serge Martin, Paris, Armand Colin, 2010. Françoise Chandernagor, Quand les femmes parlent d'amour, Paris, Cherche midi, 2016. Alicia Gallienne, L'autre moitié du songe m'appartient, Paris, Gallimard, 2019.
Images d'illustration : Martine Broda : https://www.babelio.com/auteur/Martine-Broda/183879 Sylvie Fabre G : https://www.editionsunes.fr/catalogue/sylvie-fabre-g/ Maximine Lagier-Durand : http://editionsws.cluster011.ovh.net/wp-content/uploads/2011/04/Maximine.jpg Amina Saïd : https://fr.wikipedia.org/wiki/Amina_Saïd#/media/Fichier:Amina-Saïd_Hazam_(21e_Maghreb_des_Livres,_Paris,_7_et_8_février_2015).jpg Béatrice Bonhomme : https://www.southeastreview.org/single-post/poetry-by-béatrice-bonhomme-translated-by-emelie-griffin Hélène Dorion : https://www.lesoleil.com/2020/10/15/entretien-public-avec-helene-dorion-pour-donner-vie-aux-mots-4119980a99b2ea22baac03f17396a0e7 Alicia Gallienne : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/01/31/alicia-gallienne-etoile-filante-de-la-poesie_6027964_
+ Lire la suite
autres livres classés : poésie françaiseVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1228 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}