Case par case, Hubert remplit sa vie
préciosité du trait, dessein bien défini
Il visite les musées, Manet doit l'inspirer.
à demi-mots croisés, le souci du détail,
journées sans parole même si ça braille
cases noires remplies par la grisaille.
Pourtant un crépuscule de printemps
pointe le jour, évènement concomitant
sur le balcon, une voisine à l'extérieur
comblera ses cases obscures de couleurs
peut-être envisager un avenir meilleur !
Mortalité :
Jouer sa vie à remplir des cases, c'est exécrable
♫On ne peut pas mettre 10 ans sur table
comme on étale ses lettres au Scrabble♫
La place des Grands Hommes - Patrick Bruel
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Rendre une atmosphère palpable n'est pas toujours chose aisée. C'est rendu plus difficile avec des notions comme la solitude, la routine.
En noir et blanc, avec une mise en page très originale, des zooms, des vignettes défilant sur une page avec une simple petite variation, l'auteur réussit l'exploit de nous faire ressentir la pesanteur de ces vacances chez papi et mamie, la difficulté de communication, l'abîme qui se creuse inexorablement entre ceux qui veulent devenir grand et ceux qui le sont déjà.
La religion, le prêtre, la messe, les prières jouent un rôle assez important dans le rythme donné à cette monotonie sans éclat.
Une proposition originale et fine.
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Avec un style bien à lui, Ben Gijsemans nous propose dans cette B.D. le portrait d'Hubert, quinquagénaire passionné de peinture menant une existence solitaire.
La routine quasi-immuable que suit le personnage est matérialisée par des pages avec les cases toutes de la même taille, alignées avec une parfaite régularité et des dessins qui varient à peine d'une vignette à l'autre. Et les couleurs ternes, pas si loin du monochrome, accentuent encore l'impression de grisaille du quotidien du personnage, sa solitude qu'il semble pourtant avoir choisi.
Il se passe très peu de choses dans le livre : des visites au musée pour étudier les tableaux qu'il reproduit ensuite chez lui à la lumière de la fenêtre qui donne sur l'immeuble voisin où il aperçoit une jeune femme, une discussion avec un auto-stoppeur sur le trajet Paris Bruxelles au retour d'un musée, une soirée avec une voisine esseulée qu'il préfère écourter lorsqu'elle se montre trop pressante... Cependant quelque chose a changé et un jour Hubert renonce à reproduire un énième tableau classique pour peindre le portrait de la jeune femme qui vit dans l'immeuble voisin.
Malgré tout ce gris et ce qu'il représente, j'ai bien aimé la BD. : c'est très doux et un peu triste, surtout qu'on ne sait pas si le personnage arrivera à se sortir de sa solitude...
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Hubert est devant une toile au musée, c’est un personnage solitaire, discret, imperturbable, qui ne semble d’avoir dautre activité dans la vie que de visiter des musées, et chez lui, il se met devant sa toile et reproduit un tableau, ou un morceau de tableau, toujours avec un femme représentée. Une routine, un rituel, presque obsessionnel, il communique très peu. L'histoire ne raconte pas grand chose d’autre, c’est juste le portrait d’un portraitiste, plein de silences, d’observations. Le graphisme reprend l’aspect gratté de la toile, couleurs pâles, teintes effleurées, léger et silencieux, comme dans les salles de musée, comme dans le petit appartement d’Hubert. Son rapport aux femmes se limite à l'œil et au pinceau, en deux dimensions, à plat, sans écueils, cela lui suffit amplement. Est-ce qu’une entaille dans son quotidien tout lisse parviendra à perturber tout cela. Et là j’ai aimé comment l’auteur joue sur cette mini-tension, si futile, fragile en apparence, en apparence seulement, tel un funambule qui semble perdre son équilibre. Une lecture tout en subtilité, j’ai beaucoup aimé.
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J’ai été attirée par cette bande dessinée pour son format, pour sa radicalité graphique. Les cases sont petites, presque toute la mise en page est traité en gaufrier, des petites vignettes se répétant, avec une évolution minime entre chaque illustration, un personnage seul dans une chambre, au bureau, dans son lit, il se passe très peu de choses, et ces moments d’ennuis sont entrecoupés de passage de bande dessinée de super héros, bas de gamme, impression grossière, scénario basique… Un concept pour nous immerger dans une ambiance un peu malsaine.
C’est au fil de la lecture que j’ai découvert le sujet, Aaron est étudiant, un peu seul, durant l’été, il reste chez ses parents à réviser pour les rattrapages de septembre. Au fil de son ennui et de ses journées sans relief, Aaron découvre ses penchants sexuels, son attirance pour les jeunes garçons.
Le ton intimiste et le style chirurgical instaurent une ambiance malsaine, nous met mal à l’aise. Sur un sujet aussi sensible, les intentions de l’auteur ne sont pas claires. Cherche-t-il à dénoncer, à soulever un problème, cherche-t-il à nous prendre à témoin, à nous faire comprendre les troubles de son personnage. J’ai plutôt eu l’impression que tout ça n’était qu’un prétexte pour jouer sur le malaise, sur l’ambiguïté, que ses véritables intentions n’étaient qu’une provocation, le sujet de la pédophilie est vu avec une certaine conciliance difficile à accepter. Ce qui est le plus gênant selon moi, c’est qu’il présente Aaron comme un personnage très ordinaire, ce qui fait passer cette déviance pour un simple trouble ordinaire, à la limite du naturel, c’est ce genre de théories qui placerait la pédophilie et l’homosexualité au même plan, je trouve ça très dangereux et même carrément dégueulasse.
Entre ça et l’ennui provoque cette lecture, j’avoue que je n’ai pas du tout envie de conseiller cette lecture franchement malsaine.
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Un homme fait régulièrement le trajet Bruxelles-Paris afin de se rendre au Musée d'Orsay.
Passionné par les arts il déhambule dans le musée devant les oeuvres, dont certaines qu'il reproduira une fois chez lui.
Une voisine d'Hubert, célibataire et en manque de rencontres sociales tente à plusieures reprises de l'inviter. Il finit pas accepter mais tout ne se passe pas comme soujaité, des deux côtés, et chacun repart vers sa vie.
Les images sont deessinées en pastel et donnent une impression d'aérien.
Cette BD a valu une mention de grande distinction au Master de bandes dessinées de son auteur.
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Malgré la qualité indéniable du dessin de Ben Gijsemans, je suis restée hermétique à cet album qui décrit la vie routinière et solitaire d’Hubert Luyten, un belge taiseux amateur de musées où il regarde pendant des heures des peintures représentant des femmes.
J’ai notamment peu apprécié les planches quasiment identiques représentant la même scène à quelques détails près dans 9 cases parfaitement régulières.
En fait, j’ai trouvé cet album plus ennuyeux que poétique.
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Très belle bd au dessin soigné, presque muette. Hubert est un homme d'une 50aine d'années, contemplatif et solitaire, peu enclin à la rencontre humaine. Il passe beaucoup de temps au musées. Peintre lui même, il reproduit les toiles qu'il a admiré. Le récit est très lent et laisse percevoir de très nombreuses émotions tout en conservant une part de mystère autour du personnage
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Une immersion estivale dans le quotidien de deux jeunes frères. Un été suffit-il à nous faire percevoir l’émotion de l’apprentissage de la vie de deux enfants dans une famille catholique. Oui, et ça marche, alors je ne sais pas si j’ai aimé parce qu’impliquée d’une certaine manière par mes propres souvenirs familliales ou parce que l’auteur à sut me faire ressentir ses émotions. En fait, c’est un peu des deux, les souvenirs, les émotions m’ont porté dans ma lecture. Dans cette BD, il y a le rapport à la religion, à la famille, à la découverte de son corps, à l’amitié que l’on perd, enfin voilà c’est une portion de vie à laquelle on s’attache le temps d’une lecture et que l’on oublie une fois le livre fermé. Il faut dire que je ne suis pas fan des autobiographies, un été me suffira.
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La solitude est elle soluble dans l’art ?
Un insignifiant quinquagénaire en la personne du belge Hubert Luyten arpente hebdomadairement et solitairement le musée des Beaux-Arts de Bruxelles, en pamoison devant un tableau que l’on pourrait attribuer à Puvis de Chavannes, quand il ne fait pas des aller-retours au musée d’Orsay pour y admirer l’ « Olympia » de Manet. Entre ces parenthèses, il observe dans l’immeuble opposé, en contrebas de sa fenêtre, une jeune voisine blonde et diaphane à la nuisette saumon.
Dans sa tanière, il se cale devant son chevalet pour y reproduire les peintures précédemment admirées après avoir éconduit Mme Vandermeers, voisine plus délurée mais tout aussi isolée que lui. « Je voulais me marier avec James Dean, maintenant, je veux seulement ne pas vivre seule ».
Les tableaux qu’il admire reproduisent tous un modèle féminin idéalisé à l’évocation érotique, au corps harmonieux et provocateur, sorte d’allégorie délicate et subtile.
Notre Hubert est taiseux, mal à l’aise en société. Il préfère vivre ses relations féminines en image plutôt qu’en réalité.
Les planches sont découpées tel des strips en 9 cases identiques légèrement rectangulaires que vient rompre par moment une page de respiration. Le rythme lent du récit égrène la solitude d’Hubert et décompose par moment ses moindres gestes. La teinte sépia envahit l’ensemble du récit comme pour dater celui-ci. Les lignes droites structurent un graphisme réaliste à la ligne claire et aux couleurs tranchées en opposition avec la vie bancale d’Hubert.
Une très poétique approche de la solitude et de l’art comme catharsis.
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Elle est étrangement belle, cette histoire d'une solitude assumée, contemplative, obsessionnelle jusqu'à la névrose...
Hubert est amateur d'art et préfère l'imagerie d'un irréel idéalisé au réel risqué des relations de la vraie vie, disons. Son quotidien en tire quelque chose comme...du vide.
La monotonie de ce quotidien passe par des cases étriquées au graphisme précis et très maîtrisé, rarement rompue par de grandes et magnifiques vignettes.
Encore heureux, dirais-je.
Il est bien seul, Hubert !
Même son accorte voisine ne réussit pas à le faire sortir de sa routine prévisible.
La vie d'Hubert est une pièce de musée même pas triste, aussi esthétique que souvent prévisible.
Elle est comme figée, elle se donne à voir et rien de plus.
C'est un peu désespérant, même si c'est bien beau tout ça...
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Très étonnante BD mais aussi très prenante malgré un rythme d'une lenteur abominable, à faire frémir le cinéma art et essai. Mais je dois dire que je me suis vite retrouvé happé par le récit, son ton à la fois juste dans le traitement des personnages, sensible et tout en nuances progressivement dévoilées. Je n'ai jamais lu un récit autant haché dans son tempo, chaque case semblant être une seule seconde, un seul instant dans un gaufrier qui enferme le personnage dans une collection de moments. L'utilisation si singulière de la mise en page conduit à une lecture longue et minutieuse. Chaque case est un léger changement, un petit rien supplémentaire qui oblige à se concentrer sur ce qui change tout en se rendant bien compte lorsque l'on regarde la case d'un seul coup d'œil que pratiquement rien ne va changer.
C'est donc une BD extrêmement spécifique sur la forme, qu'elle garde sans changement ou presque jusqu'au bout. Ce formalisme est avant tout un moyen de décortiquer le comportement du personnage et permets de faire ressortir les silences qui habitent tout les moments de la vie de ce jeune homme. Chaque seconde de silence et de vide devient ainsi un poids pour le lecteur. Il est saisissant de constater que tout la malaise de ce jeune homme passe par ces innombrables moments de silence et de vide, presque existentialiste. Les regards, les mouvements, les postures, tout indique le doute et l'attente, mais de quoi ? Le manque, mais de quoi ? Quels tourments habitent ce jeune homme qui semble étrangement énigmatique ?
Je suis très dithyrambique sur le dessin, mais c'est parce qu'il est à lui seul l'intérêt principal de la BD. Le récit étant lent et prenant le temps de tout développer, on sent que ce n'est pas ce qui est raconté, l'intéressant, mais la façon dont on nous le racontera. Et là dessus, je dois dire que la progressive découverte du sujet que je soupçonnais à un moment donné est assez étonnante. Un tel sujet, traité ainsi et proposant une lecture finale telle que celle-ci est franchement peu courante. Mais très bien faite, et c'est tout l'essentiel. Loin d'un débat, d'une tribune ou d'un argumentaire, la BD propose une histoire différente, qui nous fait rentrer dans la vie de ce personnage et dans son tourment. Les quelques moments d'éclats qui parsèment la BD deviennent de fait bien plus impactant.
J'ajouterais que les dialogues sont peu présents et souvent très superficiels, amplifiant l'idée que tout se joue dans les non-dits. Il y a un vrai travail d'écriture, qui se sent aussi dans les comics de super-héros qui interviennent souvent dans le récit et jouant sur les codes des vieux magazines aux super-héros toujours plus nombreux, aux aventures semblables et jouant sur des codes narratifs éculés. Je ne suis pas certain de la raison pour laquelle l'auteur les a intégré mais j'ai deux trois idées, sans être sûr de laquelle serait la bonne.
Cette BD est étrange, peut-être une des plus étranges lue cette année. Il s'agit aussi bien d'une BD à la réalisation carrée (c'est le cas de le dire) qui se sert de sa forme pour le propos de l'histoire, mais aussi d'une BD qui parle d'un sujet sensible d'une excellente manière. Voila une BD très peu accessible, qui ne conviendra jamais au grand public mais qui saura toucher les personnes les plus intéressées par le médium bande dessinée. Recommandée aux gros lecteurs et ceux qui ne seront pas rebutés par l'originalité d'un traitement. Pour ma part, une excellente lecture qui m'a réellement surpris.
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L’été d’Aaron est d’une langueur presque insoutenable. Entres révisions pour le rattrapage sur lesquelles il a bien du mal à se concentrer et lecture de comics aux aventures redondantes.
Mais en lui il se passe bien des choses et des choses pas faciles. Il sent bien que quelque chose ne va pas, qu’il n’est pas comme les autres et que cette différence est criminelle.
Alors, il lutte, s’interroge. Souffre surtout de ne pouvoir être autrement et de cette impossibilité de partager ce qu’il ressent. Entre les moments où sa seule obsession est d’assouvir ses désirs et ceux où l’élaboration de stratagèmes pour se conformer semble la seule option possible, le temps est court.
C’est une lecture qui n’est pas évidente. En soit, plutôt ennuyeuse, comme pour ressentir au plus près le quotidien d’Aaron. Mais de cet ennui naît un sentiment plus profond lié à la compréhension de cette vie en pointillés, forcément impactée par ce désir non choisi et pourtant si prégnant. Marquant et questionnant.
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