Entretien avec Zidrou à propos de son album L’adoption
28/10/2016
L’adoption raconte l’arrivée de Quinaya, petite péruvienne de 4 ans, dans une famille française, suite à un terrible séisme ayant réduit en poussière sa ville d’origine. Comment est né ce personnage ? Pourquoi avoir souhaité soulever ce sujet dans un album ?
Pour que mon histoire fonctionne, il fallait un enjeu fort. Cet enjeu, ici, est gagner l`amour d`une enfant, donc la filiation. Il fallait donc que le lecteur ait lui aussi envie d`adopter Qinaya. Au vu des réactions et des ventes de,L`Adoption, je pense que j`y suis plutôt bien parvenu.
L’ouvrage s’ouvre sur un prologue au sein duquel vous délivrez une sorte de critique envers les européens, résumée dans cette phrase “on s’émeut, on compatit, puis on oublie”. La critique est-elle bien votre message ? Est-ce l’une de vos motivations à écrire cet album que de dénoncer notre capacité à ne rien faire ?
Oui, bien sûr, il s`agit d`une (auto-) critique. Tout le monde se fout déjà des réfugiés syriens. Quelles seront les prochaines victimes de notre oubli ?
Si les nouveaux parents de la petite Quinaya sont enchantés de son arrivée, il en est tout autrement pour son grand-père. Comprenez-vous sa réaction ?
Pour avoir une histoire, il faut des tensions. Si Gabriel acceptait de suite Qinaya.. Eh bien il n`y aurait rien à raconter !
L’arrivée de l’enfant bouscule les habitudes de sa famille d’accueil et réveille quelques tensions, notamment entre le père adoptif de Quinaya et son grand-père. Comment interprétez-vous ces bouleversements ? Avez-vous vous-même des enfants ?
Avoir un enfant ou adopter un enfant est un des plus beaux bouleversements de la vie, non? J`ai 4 fils.
Finalement, après quelques pages, le grand-père s’adoucit face à sa nouvelle petite fille. Pourquoi avoir finalement fait changer d’avis ce vieux ronchon ?
Pour qu`une histoire apporte quelque chose il faut que ses protagonistes évoluent. En bien ou en mal.
Ce texte est touchant et sensible, tant au niveau graphique que dans les paroles de chacun des personnages. Sait-on, avant de se lancer, quel ton aura une bande dessinée ? Est-ce d’ailleurs un choix conscient ?
La plupart du temps, le ton se définit en écrivant. Ce récit par exemple contient plus d`humour tendre que je ne l`avais imaginé.
Sans révéler la fin de l’album, aviez-vous prévu ce dénouement dès le début de votre travail ? La suite des aventures de Quinaya est-elle prévue ? Que pouvez-vous nous en dire ?
En général, j`invente au fur et à mesure mais pour une fois, je savais exactement qu`elle serait la fin du volume 1 et qu`elle serait la fin du volume 2. Ça a dû m`arriver 4 ou 5 fois seulement dans toute ma carrière. Le second tome est écrit. Arno Monin est en train de le dessiner. Un peu de patience !
Zidrou et ses lectures :
Quel est l’ouvrage qui vous a donné envie d’écrire ?
Le Petit Prince
Quel est l’auteur qui aurait pu vous donner envie d’arrêter d’écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?
Aucun. Ce n`est pas parce que Nadal joue mieux que moi que je vais arrêter de jouer au tennis !
Quelle est votre première grande découverte littéraire ?
Grand ado, j`ai eu ma période John Steinbeck. J`ai lu tous ses ouvrages. On retrouve de son amour de l`humain dans mon œuvre.
Quel est l’ouvrage que vous avez relu le plus souvent ?
Mes Gaston Lagaffe.
Quel est l’ouvrage que vous avez honte de ne pas avoir lu ?
Honte?! Non, pourquoi? Mais oui, j`aimerais disposer de 1001 vies pour lire tout ce que je n`ai pas encore lu. Sans parler des voyages, de la musique, des films, des séries télé...!!!
J`ai hâte de lire un Yasunari Kawabata que j`ai acheté voici peu. J`attends juste l`hiver pour le lire.
Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?
Hulul d`Arnold Lobel. Le livre que j`aurais aimé écrire.
Et en ce moment que lisez-vous ?
Confiteor d`un auteur catalan dont j`ai oublié le nom. Je viens de le finir.
Entretien réalisé par Marie-Delphine
Découvrez
L`adoption de
Zidrou aux éditions
Bamboo :

- Dis, papa, pourquoi les gens, ils meurent ?
- Pourquoi ils meurent ? Je ne sais pas, Louis... Peut-être pour nous rappeler que nous sommes en vie ?
Quand on part, on laisse derrière soi des choses inachevées ... et c'est très bien ainsi.
Quelle excuse allais-je bien pouvoir inventer pour expliquer mon retard au boulot ?
Le bonheur, c'est une excuse valable, ça ?
- Comment va Michel ? [handicapé]
- Bien. Enfin ! Mieux qu'on l'aurait jamais espéré. Il vit sa vie, quoi ! Avec ses petites misères et ses grandes joies.
- Et vous, madame Hubeau ? [mère de Michel]
- Moi aussi...je vis sa vie.
- Qui l'eût cru ? Miss raciste lisant le roman d'un sale moricaud venu profiter du système de soins de santé de la république française !
- Tu sais, Boule à zéro, avant, ma mère ne disait pas des choses pareilles... c'est depuis qu'elle s'est remise avec son imbécile d'avocat. Il a des idées arrêtées sur tout et n'importe quoi... Ma mère en est dingue amoureuse, alors, forcément, ses idées déteignent sur elle...
- Comme quoi, en couchant, on peut attraper bien pire que le sida !
Ne lit-on pas plus facilement l'humour cruel du temps sur le visage de ceux que l'on a aimés que dans son propre reflet ?
Il l'aima
Comme l'homme aime le vin
Comme le chat aime l'arbre dans lequel il grimpe
comme le bateau aime la mer
quitte à s'y perdre
à s'y perdre et à sombrer, corps et âme,
loin du souvenir même de la terre ferme...
(y a pas de numéro de page, dommage !)
Méfiez-vous, les rêves découchent ! Les cauchemars, eux, sont des amants terriblement fidèles.
- Les gravures, c'est comme les photos: ça ne transmet pas les odeurs. L'odeur des cadavres, celle de la peur...et cette odeur que vous dégagez quand vous défoncez à coups de crosse le crâne d'un pauvre allemand qui ne vous a rien fait, "un gamin, pas même 20 ans", et que ça vous fait...que ça vous fait bander.
La plus belle musique qui puisse t'accompagner au tombeau (…) est celle des pleurs des gens qui t'aiment.