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Critiques de Bernard-Marie Garreau (11)
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La nuit des écluses

Tout d'abord un grand merci à Babelio et les éditions Envolume de m'avoir choisie pour découvrir lors de la dernière masse critique et en avant première, le troisième tome d'un flic en soutane. Le livre devant paraître le 16 novembre prochain.

Il est mentionné qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu les deux tomes précédents :

Un diplôme d'assassin- un Flic en Soutane Saison 1 paru en 2016

Litanies pour des Salauds - un Flic en Soutane Saison 2 paru en 2017

Les histoires étant indépendantes, je suis donc partie à la découverte du Père Jean et de son acolyte le commissaire Marcel Durand dit « le Gros »….

Nous nous retrouvons à l'époque post 1968 dans le milieu universitaire de Sarveilles. Un double crime vient d'être commis et ce sont nos deux compères qui mènent l'enquête.

Le Père Jean n'est pas un curé comme les autres, il croit profondément en Dieu, mais émet de solides réserves vis à vis des religions. Pas commun vous me direz, mais en plus il a une femme Sophie et un fils de 15 ans, non connus par les autorités ecclésiastiques, ainsi qu'une maîtresse Angéline (ancienne bonne-sœur). Drôle de paroissien ….

Et pourtant, il ne défroque pas et enseigne les lettres à Saint-Sigismond.

Dans ce tome 3, l'histoire se passe dans le milieu estudiantin de l'époque ainsi que dans un bar « Le Café des Mariniers » où l'on retrouve des frères siamois, leur femme, des étudiants, un éclusier et un ancien légionnaire totalement alcoolique. On y côtoie donc toute la misère du monde et le côté post soixante-huitard. La narration est très particulière avec une alternance avec un langage à la San-Antonio (préparez le dictionnaire d'Argot – on devine à la lecture la signification et certains termes me sont revenus en mémoire ;-), et avec un langage châtié des professeurs d'université très portés sur leur matière d'enseignement. En l’occurrence l'évolution de la langue, la sociologie et la philosophie.

Le Père Jean lui, pratique allègrement les deux langages.. et comme en plus il porte la soutane, les gens se confient facilement à lui. Ce qui facilite l'évolution de l'enquête.

Original comme polar. Très gouailleur et pittoresque. Il m'a fait l'effet d'un film noir des années 50/60 en noir et blanc. Le côté glauque de certaines situations et environnements fait peser une atmosphère très particulière sur l'histoire.

Je pense pouvoir dire que je l'ai lu facilement malgré le langage argotique avec lequel je ne suis pas très familière. Mais l'histoire suit un cheminement d'enquête qui nous fait faire connaissances avec un tas de personnages plus ou moins attachant. Le suspens est là, certaines situations me semblent un peu tirées par les cheveux, mais je dois dire que j'ai bien aimé me plonger dans cet univers très farfelu mais plein de tolérance.

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La nuit des écluses

La nuit des écluses ou un flic en soutane, saison 3.

Donc un héros récurrent. Et quel héros ! Très atypique ce personnage. Un homme très croyant mais avec des idées bien arrêtées quant à la pratique religieuse, un homme lettré professeur d’université, un homme avec femme, enfants et maîtresse (elle-même ancienne bonne-soeur) et un homme policier quand il s’associe à Marcel, son ami et commissaire de son état. Là un personnage de commissaire assez cliché quant à lui, bougon, ivrogne et quasi-inculte.



Quant au scénario, il est léger, léger et cousu de fil blanc. Beaucoup de personnages tournent autour des deux crimes commis près d’un bar et proche de la fac et d’une écluse. Donc, nous avons là pléthore de piliers de bistrots et de candidats aux études, et autres personnages secondaires répondant soit à des stéréotypes (homo, prostituée...), soit à des cas particuliers (frères siamois, aveugle...).

Un scénario donc léger et lent où l’on y boit (on y écluse !) et mange beaucoup, ça remplit... des pages aussi.

Et que dire de la fin qui me laisse perplexe...



Je n’en dirai rien car il convient de vous faire votre propre opinion, mais personnellement je ne cautionne pas l’épisode final : les bons sentiments, qu’on retrouve flottant un peu partout sur le scénario, rendent le roman gentillet et même un peu niais.



Cependant, je salue l’érudition de l’auteur qui manie l’argot et le beau langage avec maestria et parsème son histoire de belles références et là pas de doute, cet auteur est bien un grand universitaire.



Je remercie Babelio et les éditions Envolume pour l’envoi de ce roman que j’ai malheureusement bien peu goûté.


Lien : http://mespetitesboites.net
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Le diplôme d'assassin

A cheval donné on ne regarde pas les dents. le fameux dicton ne s'applique cependant pas dans le cadre de l'opération Masse critique. On attend en effet bien du lecteur que je suis une tentative de traduction impartiale de sa subjectivité quant à l'ouvrage offert. Laborantin que je serais le temps d'une lecture. Voyons voir donc ce que nous réserve l'étalon.



Le diplôme d'assassin, voilà un roman qui ne demandera pas de gros efforts d'adaptation pour en tirer un épisode de série de télévision moderne. Tout y est, le scénario improbable, l'épaisseur de l'ouvrage compatible avec le désormais obligatoire format de cinquante minutes, des personnages atypiques en but à tout ce qui fait figure d'institution en ce bas monde. Même la récurrence est envisagée. Notre héros, prêtre dans une institution religieuse, montre en effet de belles dispositions à l'enquête criminelle. C'est un gage de récidive. Il a curieusement trouvé grâce aux yeux du commissaire de police qui avait pourtant fait de lui un coupable idéal d'entrée de jeu. Mais cet ouvrage transposable satisfait surtout aux élans du courant humaniste en vogue dans nos médias, en gratifiant le pauvre-malmené-par-la-vie de l'absolution de ses péchés acquise d'emblée, quand bien même il aurait commis le pire. Notre binôme de circonstance, prêtre et commissaire de police, se transforme spontanément en chevalier servant du faible, avec cette propension aux bons sentiments devenue une clause du cahier des charges. Même si nul n'ignore que cette tendance est devenue à l'humanisme ce que la promesse est au discours politique : de la poudre aux yeux des gogos qui seront engloutis par le grand entonnoir du clientélisme médiatique. Et donc mercantile dans une société dont le bonheur est fondé sur le pouvoir d'achat.



L'idée de l'ecclésiastique qui s'acoquine avec un flic pour mener une enquête me rappelle toutefois une impression de déjà vu, en version féminine et connectée.

Nous voici donc avec un prêtre qui s'affuble de la soutane seulement pour se rappeler quotidiennement l'absurdité qu'il y a à rester fidèle à ses engagements. A moins que ce ne soit pour narguer ceux de son entourage que cette vocation tardive avait pu surprendre. Notre ecclésiastique propulsé sur le devant de la scène n'a en fait de goût affiché ni pour la religion, ce serait trop convenu, ni pour l'obédience de la franc-maçonnerie qui l'avait séduit un temps, ce serait suspect, ni pour la vie de famille non plus, dans les années soixante c'est déjà ringard. Il a laissé femme et enfant à leur domesticité pour se consacrer à un Dieu qu'il imagine donc volontiers sans églises. Il a peut-être en revanche quelque tentation pour l'interdit. C'était attendu. Son déguisement ecclésiastique lui sert de sauf-conduit pour se livrer à quelques trafics condamnables. On aime bien les héros qui biaisent avec la loi. Juste ce qu'il faut. C'est le piment de la sauce aigre douce.



Nous sommes donc à peine surpris de voir notre porteur de soutane rebuté par toute communauté se prendre d'amitié pour un autre-gagné-par-le-doute: le flic qui s'est vu confier l'enquête sur le meurtre d'un confrère enseignant de l'institution religieuse. C'est le pivot de l'intrigue. Le flottement dans la vocation aura donc été le point de convergence de ces deux destins que tout prêtait à s'ignorer.



Beaucoup d'ambigüités planent sur les accointances. Elles deviennent connivences suspectes. On flirte avec le tout-peut-être-remis-en-question, même la probité de notre enquêteur improvisé. Heureusement qu'avec lui les sujets tabous n'en sont plus. L'hypocrisie ne fait pas partie de ses défauts, pas plus que la langue de bois. Il a l'avantage de bien connaître le milieu avec les inévitables perversions étouffées dans les institutions religieuses unisexes des années soixante.



Mais la morale est-elle sauve quand un crime est puni par un autre ?



Pas vraiment de suspense pour ce qui est de l'intrigue. Nos séries modernes nous ont habitués à la happy-end. C'est cousu de fil blanc. le chemin pour y parvenir est en revanche abracadabrantesque. Tout arrive à point à qui construit la trame de son intrigue autour d'un épilogue écrit d'avance. le couple police-justice est le grand perdant de l'histoire. Il est foulé au pied dans sa compétence, sans parler du code de déontologie de leurs professions respectives, face à nos justiciers de circonstance, champions de la lutte contre la perversion, aux pratiques adaptées au courant imposé par les séries modernes.



L'ouvrage serait-il sauvé par le style, une forme d'écriture ou de construction originales. Pas vraiment. Vous aurez compris que je n'ai pas vraiment adhéré au concept éditorial. Je promets toutefois un bel avenir à cette production calibrée pour les yeux d'un auditoire façonné pour la récurrence de cinquante minutes dans un trajet de RER ou entre deux pages de publicités. Tant pis pour la crédibilité. Ça aussi c'est périmé.



A cheval donné on ne regarde pas les dents. Mais en aurais-une contre l'auteur de cet ouvrage. Non monsieur le juge. Je jure que je ne le connaissais pas.



Je remercie Babelio et les éditions Envolume de m'avoir adressé cet ouvrage.

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La nuit des écluses

Avec "La nuit des Écluses", l'auteur Bernard-Marie Garreau signe un roman policier atypique et se place dans une double lignée, aux confins de San Antonio et Fred Vargas. Pour San Antonio, j'y vois, d'une part, ce partage de l'amour de la langue française, sous toutes ses formes et tous ses niveaux de langage. Il excelle en aller-retours savamment exécutés entre des phrasés truculents et une prosodie littéraire d'un académisme parfait. D'autre part, la filiation s'inscrit également dans la période choisie : celle des années 70, où les enquêteurs n'avaient pas encore téléphone portable, fichiers numériques et tests ADN à portée de mains .

Quant au lien avec Fred Vargas, il est évident que tous deux, ont un talent indéniable pour mettre en scène des personnages au profil plus que particulier, tout en amenant le lecteur à changer son regard sur les cabossés de la vie et leurs trajectoires explosives. J'en veux pour illustration ce légionnaire amoureux de la bouteille qui côtoie une prostituée médium, attablés avec d'autres, tout aussi singuliers, au Café des Mariniers. Le flic, lui, est en soutane comme l'annonce, en toute transparence, la première de couverture et en est déjà à sa troisième saison ! Bien que l'éditeur mentionne avec délicatesse que chaque saison se lit indépendamment l'une de l'autre, il apparait presque nécessaire de revenir aux deux volumes précédents afin d'en saisir tout l'univers baroque.

Et l'intrigue policière me direz-vous ?

Pas de problème, l'auteur n'a pas lésiné, non plus, ce pan de son roman. Son attachement à développer un contexte hors des sentiers battus ne s'est pas fait au détriment de la construction de l'enquête, tous juste, si sur deux à trois pages, il l'occulte momentanément pour se lancer dans des digressions brillantes et de brèves envolées "béruriennes".

Il réussit même avec panache à conclure son histoire par un coup de théâtre pour le plus grand plaisir des aficionados du genre.

Merci à Nicolas Hecht de Babelio et les éditions Envolume pour m'avoir permis cette plongée dépaysante, de quelques heures, dans l'époque des DS et des réservation de couchettes dans le Paris-Brest.



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La nuit des écluses

Deux meurtres près des écluses de Sarveilles. Le commissaire principal Marcel Durand et le père Jean s'occupent de cette enquête. Que de coupables possibles mais difficile de trouver le bon. Entre repas et pose dans les cafés, les deux compères tâtonnent.

Peut-être avez-vous fait déjà la connaissance du "père Jean" dans les deux précédentes saisons "D'un flic en soutane". Pour moi ce fut une découverte. Chaque saison constitue une histoire autonome.

L'énigme et sa résolution sont menées jusqu'au mot fin. Pour moi (et même les deux acolytes) difficile de connaître le ou les meurtriers. L'humour n'est pas absent de ce récit et les nombreux personnages sont hauts en couleur.
Lien : https://vie-quotidienne-de-f..
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Le diplôme d'assassin

Tout d'abord je tiens à dire que le livre est magnifique, une couverture noir aux tendances brillantes. le papier à l'intérieur ressemble aux vieux livres, un papier épais comme j'aime. de la très bonne qualité pour cette maison d'éditions que je viens de connaître.



Parlons du roman....



Autant dire que le résumé m'avait de suite attiré, donc j'ai commencé ce roman avec beaucoup d'enthousiasme et puis plus le pages tournaient et plus je me suis ennuyée.



C'est triste à dire et je n'aime pas faire ce genre de chronique.



Une très grosse première partie qui se met en place, mais longue longue longue..... Pourtant cette façon d'aborder l'histoire me plaît d'habitude, style journal intime d'un curée Anarchiste, rebel, anticlérical.... mais je ne suis pas arrivée à me projeter.



La seconde partie était un peu mieux, mais on survole trop "l'enquête", si on puisse dire qu'il y en a une. On passe totalement à côté de cette enquête. J'aurai voulu voir évoluer les personnages et leur amitié au milieu d'investigations plus poussées.



Je pense que le format de 184 pages est bien trop petit pour exploiter cette histoire, j'ai eu l'impression de lire un résumé, mais en même temps ce résumé m'a paru long.



Il y a pourtant à la base une superbe intrigue, ce curé a une personnalité qu'on aurait pu grandir, détailler beaucoup plus. Il joue avec son entourage, personne ne peut vraiment le cerner et ça aurait pu aller en faveur de l'enquête de jouer double Je/Jeux.



J'ai beaucoup aimé me retrouver dans les années soixante, époque que je n'ai pas connue. L'après les Trente Glorieuses, Mai 68, le pouvoir de l'église sur l'éducation et cetera.... Une part historique qui rappelle qu'on a pas toujours été dans l'époque de la technologie.
Lien : http://les-mots-de-gaiange.o..
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Le diplôme d'assassin

J’ai rencontré l’auteur lors du salon de Nemours 2017.

Rencontre passionnante avec un romancier de littérature Blanche, qui se dévoie en basculant avec délectation dans le Noir.

Il le fait avec talent et humour. Ce roman est jubilatoire en diable, un comble pour une histoire de curé (peu orthodoxe il est vrai).



L’histoire :



Le père Jean, pas très catholique, hors norme, car s’il croit en Dieu, il ne croit pas en ses semblables ; trop conscient des failles et des perversions des hommes, même de ceux censés représenter une religion et servir de guide aux autres.



Extrait page 113

« Mon petit criminel a baissé la tête. On jurerait qu’il prie. Peut-être prie-t-il. Moi non. Je n’y arrive pas. Je n’y arrive plus dans une église. Et pourtant, certains moments de la messe me touchent de près. Mais ce sont les faux-culs qui me bloquent, les faux-culs bénits, mes faux-frères. »



Le voilà qui enseigne à St Sigismond, qu’il rebaptise Ste Nitouche. Voilà qui pose le ton de ce roman. Il est vrai que le père Jean est un touche à tout :

Vie maritale, un enfant, puis séparation avant que le quotidien ne vienne tout abîmer.

Il part et se consacre à Dieu. Traficote un peu pour assurer le quotidien de sa famille délaissée.

Un homme tout en contradictions. Qui aime les voitures, rentre en Franc-Maçonnerie et en ressort aussitôt…



Un prêtre de l’établissement est retrouvé égorgé. Une enquête débute pour trouver le ou les coupables.Dans l’absolu le père Forgerit ne sera guère regretté. Un pédophile reconnu.

La justice Divine serait-elle rendue ?



Cette enquête va permettre la rencontre entre le père Jean et le commissaire Fatty, de son vrai nom Marcel Durand. Une amitié, improbable mais sincère, va lier ces deux hommes. Univers différents, mais une vision humaine commune.

Comme des justiciers des temps modernes.

Et voilà ce tandem improbable qui enquête de concert. Les pistes sont trompeuses. La vérité aussi. Sur ce meurtre, puis d’autres. Et toujours cette vision commune de ce que doit être la justice. Et ça fonctionne !



Le récit se déroule de 1967 à 1969.

Le texte a des relents des films d’Audiard.

On retrouve cette période avec bonheur. D’autant que l’auteur y prend lui-même un plaisir communicatif. Comme une douce nostalgie partagée avec lui et qui ravive nos propres souvenirs (enfin pour les plus de 20 ans comme moi).



Puis il y a tous ces personnages, en particulier « la bande » du père Jean, famille et amis réunis. Une vision de la famille au sens large. Comme j’aime.

Un fils de sang et un fils de cœur. Sans différence.



Je retrouverai avec plaisir Jean et Marcel. Ce duo d’enquêteurs de choc dont les prochaines aventures ne devraient pas tarder.

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La nuit des écluses

Je découvre la série «Un flic en soutane» et ses personnages avec cette saison 3.

Le père Jean, curé qui rêve d'un Dieu sans églises, chargé de famille avec un fils et deux amours, enquêteur en soutane, agrégé de grammaire et professeur de lettres.

Marcel Durand, cent pour cent commissaire de police, qui fait penser à Bérurier avec qui il a en commun, un surnom, un franc parler, un fort penchant pour les plats généreux et les boissons alcoolisées, et un côté rustique au grand coeur. Seule le distingue de son illustre collègue sa passion exclusive pour sa compagne, Bastille, aveugle de naissance, LE personnage solaire de ce roman.

Ce duo d'enquêteurs très complémentaires est indéniablement lié par une grande amitié et une grande complicité.

Suite à un appel anonyme revendiquant un meurtre, nos deux compères découvrent non pas un mais deux cadavres. La scène de crime va les amener à enquêter au «café des mariniers» et à la faculté de lettres de Sarveilles.

Le père Jean nous décrit le «Café des mariniers» comme une annexe du cirque Amar, un «musée des éclopés» tenu par Gilberte et ses maris frères siamois, où se côtoient quelques accidentés de la vie dont un ancien d'Indochine qui noie ses cauchemars de rizières dans l'alcool, et l'éclusier qui entre deux péniches tient fidèlement son poste d'écluseur de blanc.

Côté fac, le père Jean retrouve une vieille connaissance devenue directrice de thèse nymphomane, croise des étudiants en recherche d'identité idéologique post-soixante-huitarde, des profs progressistes et de véritables «curiosités zoologiques».

L'écriture s'adapte parfaitement aux différentes strates sociales, passant d'un langage populaire, plein de gouaille avec des termes et expressions argotiques, à un langage plus châtié et sophistiqué, mais avec toujours un humour très présent et une grande tendresse envers les personnages.

En plusieurs occasions le débat atteint un niveau d'érudition rarement rencontré dans un polar. C'est le cas lorsque nos deux enquêteurs se faufilent dans quelques cours magistraux où une spécialiste de CAMUS se lance dans une analyse de la place de l'absurde et de la métaphysique dans l'oeuvre du grand Albert, et un «prodige de foire», spécialiste de phonétique historique, explique que la réduction de la triphtongue du mot «cire» a eu lieu au neuvième siècle. Moments de lecture particulièrement jubilatoires s'appuyant cependant sur des références très sérieuses comme toutes les digressions littéraires et philosophiques qui émaillent ce récit.

Face à de telles considérations l'intrigue se trouve un peu reléguée au second plan, d'autant plus que les suspects s'amusent à ne plus l'être et qu'il ne reste bientôt plus beaucoup d'autres pistes que les prophéties d'une péripatéticienne inspirée par le poète René CHAR (1907-1988).

Mais que l'on se rassure, dénouement il y aura, à la hauteur du reste de l'oeuvre, très théâtral, comme dans une tragédie aux airs de vaudeville, avant un ultime clin d'oeil littéraire.

J'ai adoré ce roman policier pour son texte d'une grande richesse, son style superbe où l'humour tient une place prépondérante, et sa galerie de personnages tout simplement impressionnante.

J'en conseille fortement la lecture, sauf peut-être aux inconditionnels de CLAUDEL, pas vraiment à la fête dans l'histoire.

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Litanies pour des Salauds

Il s’agit du deuxième opus de la série « Un flic en soutane », ou plutôt saison 2 comme l’indique l’auteur sur la couverture, qui prend place peu de temps après les événements de mai 68, à Sarveilles, ville fictive de la banlieue parisienne.

Le père Jean est officiellement professeur de français, grec et latin à Saint-Sigismond, officieusement flic payé au noir sur les primes réservées aux indics, et accessoirement curé qui croit en Dieu et un peu moins en l’Église. Le commissaire Marcel Durand a un look à la Béru, fortement porté sur les nourritures terrestres, laissant volontiers les spirituelles à son ami et compagnon d’enquête.



Ils se trouvent confrontés à un tueur qui a semble-t-il entrepris de décimer une famille, en commençant par la fille aînée qui vivait de ses charmes dans un lieu de plaisirs se trouvant également au centre des pratiques occultes d’un groupe de nazillons et d’un trafic d’hosties qui n’en sont pas. Avec un évêque à qui on ne donnerait pas le bon Dieu sans confession, son chauffeur ancien collaborateur gestapiste, un élu local magouilleur et un flic corrompu, la galerie de personnages peu reluisants est plutôt bien fournie.



Heureusement, le duo peut se ressourcer auprès d’un entourage fidèle et reposant, que ce soit chez la mère du père Jean dont la maison leur tient lieu de QG secret, ou dans divers bistrots dans lesquels ils apprécient de faire le point sur leurs investigations tout en faisant honneur à des plats roboratifs.



La saison 1 m’avait permis de faire connaissance avec les deux protagonistes principaux, d’assister à la formation de ce duo improbable, et de découvrir les personnages attachants qui les entourent. La saison 3 m’avait carrément enthousiasmé, petit bijou de polar décalé, empreint d’un humour subtil et truffé de références littéraires.

Avec cette deuxième saison je suis resté sur ma faim, avec une intrigue pas totalement convaincante, et surtout un style incertain, comme si l’auteur hésitait encore à se lâcher complètement et assumer ce côté déjanté qui lui sied pourtant si bien.
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Marie-France Esteve

Un livre de très poignant ( images magnifiques des tatouages, papier de luxe), mais surtout le récit d'une vie édifiante, dure,.. !

Marie-France Estève, nous raconte le chemin qui l'a conduite à ce tatouer toutes les épreuves qu’elle a vécue et qui l’a aider à surmonter et toujours repris le chemin en espérant toujours que la roue tourne un jour mais cela n’arrive que trop rarement malheureusement.



Vue le contexte d’aujourd’hui, les actualités toutes les atrocités, nous permets de constater que les fou ont toujours était là, des fous qui malheureusement sont trop rarement punis et encore aujourd’hui. Que fait la justice et l’état quand vas t’il réagir .
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Le diplôme d'assassin

Je tiens tout d’abord à remercier Babelio et les Editions Envolume pour cet envoi dans le cadre de l’opération Masse critique.



Autant je pense il est facile de parler des livres qu’on a pu aimer autant je trouve toujours l’exercice plus difficile d’exprimer notre déception face à des livres qu’on pensait prometteur mais où l’essai n’a pas été transformé. Malheureusement, ce livre fait partie de ces derniers.



A la lecture du résumé et même en lisant le dossier de presse fourni avec l’ouvrage je me disais que j’allais tomber sur un bon roman, on nous promettait même « un polar français qui renouvelle le genre ».



Arrivé à la fin de la lecture je me demande vraiment où se trouve le renouveau.



D’une part, les personnages me semblent hyper clichés : le prêtre pédophile, le policier alcoolique, … et peu réaliste. Je veux bien que le prêtre soit aux antipodes de l’idée qu’on se fasse d’un membre de l’Eglise mais là je pense que même la plupart des caricaturistes n’auraient pas osé imaginer un prêtre comme celui ci.



D’autre part, je suis un vrai fan du genre policier/thriller/polar mais ici il n’y a pour ainsi dire pas d’enquête policière puisqu’une fois « l’interrogatoire du Père Jean par Marcel » qui n’est qu’un simulacre d’interrogatoire il ne se passe absolument plus rien. A la moitié du roman l’enquête n’a pas avancé mais on connait malgré tout l’identité du tueur qui avoue le crime et il faut attendre les dernières pages pour avoir une « révélation » qui vont éclairer les derniers points d’ombre qu’il pouvait encore y avoir.



Par ailleurs, je veux bien être très ouvert d’esprit mais je ne cautionne absolument pas le fait que des personnes en général et encore plus un prêtre et un policier puisse accepter la loi du talion.



Enfin et cela va dans le sens de ce que j’ai pu dire juste avant, on peut concevoir des événements tragiques/macabre/… dans des romans d’horreur, des romans retraçant l’histoire, … où il n’y a pas de morale à la fin. Je ne conçois pas par contre qu’un polar puisse sous prétexte de « la finalité des choses » soustraire à la justice une personne avec la complicité d’individus censés représenter la droiture et l’intégrité.



Je sais que les mots que j’emploie peuvent sembler dur mais je tiens à préciser que je ne remets pas en question le temps qu’a passé l’auteur à rédiger ces pages et le travail fourni. Cet avis n’exprime que mon propre ressentis par rapport à l’ouvrage.
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