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Citations de Bibia Pavard (25)


Pour les États-Unis, l’affirmation d’une troisième vague est clairement énoncée. La nomination de l’avocat noir conservateur Clarence Thomas par George H. W. Bush à la Cour suprême en 1990, remplaçant le premier Noir qui y avait siégé – un ardent défenseur des droits civiques, Thurgood Marshall –, sert de déclencheur. Les auditions de confirmation de sa nomination, en septembre-octobre 1991, sont l’occasion de rendre publique une plainte de l’avocate Anita Hill à son encontre pour harcèlement sexuel, mais cela n’empêche pas sa nomination. C’est dans ce contexte où se confrontent la question des discriminations sexuelles et celle des discriminations raciales que s’expriment des féministes d’une nouvelle génération.
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Le Mouvement de Libération des Femmes naît de la volonté des femmes de faire de la politique autrement. Parallèlement aux premières actions médiatiques, des réunions non-mixtes se tiennent régulièrement aux Beaux-Arts. Elles ont pour but de donner la parole sans crainte à toutes celles qui la désirent sans devoir la disputer aux hommes. Il est important de se retrouver entre femmes pour enfin se connaître, se découvrir et se sentir en confiance.
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Le monde de l'édition, et encore plus sa figure de "l'éditeur" qui se met en place à la fin du XVIIIème siècle et s'affirme autour des années 1830-1850, est très masculin et très capitaliste. Ce sont ces deux aspects que vont repousser les actrices des éditions "des Femmes" en proposant un contre-modèle éditorial. [...] Elles entendent donner la possibilité à plus de femmes d'exister sur la scène littéraire, sans pour autant être exploitées, le projet est "de publier tout le refoulé, le censuré, le renvoyé des maisons d'éditions bourgeoises."
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Odile Krakovitch et Geneviève Sellier font remarquer qu'il n'est pas fait mention de la dimension sexuée de la culture dans l'histoire culturelle française, "même celle qui se veut le plus en pointe". Elles le regrettent car, selon elles, l'histoire des femmes utilise largement comme source les images et les représentations et que l'histoire des genres propose une articulation systématique entre histoire sociale et culturelle. Leur projet est alors "une critique de la prétention masculine à l'universel, et une tentative de rendre visible les œuvres des femmes".
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L'exemple des journaux féminins a l'avantage de montrer l'ambiguïté de l'image des femmes dans la culture de masse. Ceux-ci accompagnent les mutations qui touchent les femmes en s'adaptant à leur public et pourtant, ils sont conservateurs par bien des aspects, on y trouve « la dualité des productions culturelles qui, chaque fois alimente des grands espoirs de changement, mais pour finalement donner des réponses en parfaite conformité avec le respect de l'ordre établi. » (Luisa Passerini, "Histoire des femmes en Occident, tome IV.) Evelyne Sullerot les accusait « d'uniformité dans la niaiserie et dans la médiocrité. »
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Nous nous demanderons dans quelle mesure les éditions 'des femmes', par leur politique éditoriale, leur volonté de diffusion la plus large possible des livres qu'elles publient notamment, manifestent et participent à cette ouverture du champ littéraire aux femmes et plus largement en quoi elles participent à un changement de la représentation des femmes dans la société française. En valorisant les écrits de femmes, elles posent la question de l'identité de femme, une identité différente de celle des hommes et qui doit être revalorisée. Ce positionnement théorique fort a une incidence à la fois sur la culture lettrée et sur la culture au sens large de systèmes de représentations.
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Cela pose d'emblée le rapport entre la culture et la politique. Dans la tradition française, l'éditeur est porteur d'une mission, il a vocation à transmettre le savoir dans la population, il est un médiateur. Les éditions "des Femmes" s'appuient sur cette idée que la diffusion des livres peut être un acte salvateur et posent ainsi la question du lien qui peut exister entre les livres et un discours politique. Comment éditer peut-il devenir un acte de résistance ? Et dans ce cas, en quoi éditer des femmes, au cœur des années 1970, peut-il être un acte subversif ?
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Le mouvement qui est en train de naître sur la scène politique en 1970 proclame donc l'existence d'un sujet femme et certaines décrètent que l'ennemi principal n'est plus la bourgeoisie mais le patriarcat.
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En avril [1970], un grand rassemblement est organisé à l'Université de Vincennes et sous la pression de quelques hommes, qui refusent l'existence d'un mouvement propre aux femmes, elles décident d'établir la non-mixité comme principe.
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Les éditions 'des femmes' ne produisent pas uniquement des livres, elles produisent aussi un discours politique, elles diffusent une idéologie en même temps que des biens commerciaux et en cela elles participent à la propagation d'un questionnement sur la place des femmes dans la société.
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Ainsi, si l'histoire culturelle se définit comme "l'étude des formes de représentation du monde au sein d'un groupe humain dont la nature (sociale et politique) peut varier et qui en analyse la gestation, l'expression et la transmission", le croisement avec l'histoire des genres peut s'avérer fécond "par l'analyse des pratiques culturelles, religieuses ou laïques (lecture, écriture de correspondance, journaux intimes ou autobiographies...), par celle de la production, des usages et de la réception des produits culturels, par celle des imaginaires sociaux et dues images véhiculées par les médias. " Autrement dit, cela permet d'aborder les femmes en tant que productrices, médiatrices et consommatrices spécifiques de culture et de comprendre en quoi les différences entre les sexes sont à la fois la traduction de situations sociales mais aussi sont un indice des mécanismes de la construction des représentations des sexes.
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Le Mouvement de Libération [des Femmes] est donc au départ constitué de militantes issues de la mouvance de Mai 9168 qui s'organisent entre elles, puisque ce sont celles qui ont été directement confrontées à l'inégalité des traitements des organisations politiques ; elles correspondent à la définition des "jeunes étudiantes nécessairement engagées". [...] Elles se plaignent d'être celle "qui fait la cuisine pendant qu'ils parlent de révolution" ou "qui prend des notes pendant qu'ils ont le micro".
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Tout le monde, historiens comme acteurs, s'accorde à faire commencer l'histoire du Mouvement de Libération des Femmes en 1968. Il naît dans le sillage de la révolte de mai, et pourtant il s'inscrit contre lui. En effet, le M.L.F. hérite à la fois de la contre-culture, du refus de toute autorité, de toute hiérarchie, de l'idée que la politique appartient à tous, tout en la repoussant du fait de la place minime qu'il a laissé aux femmes.
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Colette Audry est un exemple d'intellectuelle engagée qui est largement méconnue malgré l'influence qu'elle a pu avoir dans le milieu culturel des années 1950-1960. Militante socialiste dès les années 1960, présente dans de nombreux collectifs intellectuels, féministe, romancière et essayiste, "entre ces multiples ambitions intellectuelles elle se heurte comme beaucoup de femmes à l'inégalité entre les sexes." (Séverine Liatard) Elle est la première femme à obtenir le prix Médicis en 1962, "elle fait partie des exceptions qui confirment la règle de la non reconnaissance institutionnelle des femmes dans la sphère littéraire." Grâce à l'aura qu'elle gagne dans le monde de l'édition, une collection lui est confiée en 1964 chez Denoël, qui dénommée "femme", s'intéresse aux livres qui traitent des conditions de la femme. Les livres publiés correspondent à trois démarches : les témoignages, les essais théoriques, et l'observation du monde contemporain. Il s'agit de renverser les préjugés "qui tiennent trop souvent lieu d'information", et permettre aux femmes de montrer leur présence. La démarche suit une double direction, donner une certaine visibilité aux femmes, mais aussi fournir un lieu d'une réflexion sérieuse sur la place des femmes dans la société. A titre d'exemple, la collection "femme" publie les ouvrages d'Évelyne Sullerot sur la vie des femmes ou le travail féminin.
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En effet, de grandes femmes écrivains ont une place sur la scène littéraire dans la seconde moitié du XXe siècle, Nathalie Sarraute, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras sont de grands noms parmi d'autres. D'autre part, dans les années 1950 et 1960 des voix de femmes commencent à s'élever dans une littérature plus subversive qui aborde le thème tabou du plaisir féminin, telle Françoise Sagan ou Monique Wittig dans un tout autre registre. Mais, elles restent des exceptions dans un monde masculin. Ce phénomène reste difficile à expliquer parce qu'il allie les situations personnelles au contexte social et culturel. Est-ce dû au manque d'émancipation des femmes ou à la domination de standards culturels masculins déguisés sous le couvert de l'universalisme du génie ? Dans ces deux cas, le milieu éditorial joue un rôle important puisqu'il est le lieu où se décide qui aura la chance d'être édité et donc d'accéder à un lectorat.
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Si la culture de masse des journaux féminins et des romans d'amour est considérée comme une sous culture, qu'en est-il de la participation des femmes à la culture des belles lettres au début des années 1970 ? Une étude sur la production littéraire de 1950 à 1955 montre que 75% des auteurs sont masculins contre 25% d'auteurs féminins. La répartition est largement disproportionnée et selon Marcelle Marini, cette répartition reste pratique inchangée jusqu'à nos jours. Le faible nombre de femmes auteures est combiné à la faible reconnaissance de celles-ci notamment dans les institutions que sont les prix littéraires, peu de femmes les remportent ou même font partie des jurys. Sur une période qui va de 1956 à 1996, seulement sept femmes remportent le prix Médicis, quatre le prix Goncourt, cinq le prix Renaudot et quatorze le prix Femina. Et il faut ajouter que pour la période 1950-1955, seulement 8% de femmes sont dans le Who's Who des lettres. Ce qui fait lire à Marcelle Marini que les hommes de lettres ont trois statuts, les génies, les écrivains de talent et les ratés, les femmes n'ont ont que deux, "l'exception du génie ou le rien de la masse indistincte".
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Les femmes de lettres sont rarement reconnues comme des intellectuelles en tant que telles, elles n'ont pas l'aura médiatique de leurs confrères masculins. Si bien que pour Jean-François Sirinelli, "au seuil des années 1970, il n'est pas sûr que le manifeste des 343, même pas ses noms connus, ait été considéré comme un texte d'intellectuelles." C'est pour cela que les études récentes mettent en lumière les liens entre sphère intellectuelle et féminisme, "en raison même de ce lien essentiel avec les rouages du pouvoir", les féministes tentant de reconquérir le champ politique, il s'agit alors de "restituer la dimension culturelle et intellectuelle du féminisme." (Florence Rochefort)
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Des études se sont aussi intéressées à la place des femmes dans la production de biens culturels, et notamment dans la production savante. Les questions soulevées concernent l'exclusion de celles-ci des sphères de la création et de la pensée. Certaines recherches sont centrées sur les intellectuelles et tentent de renouveler les études qui sont principalement consacrées aux hommes. « Remettre en question la masculinité supposée de l'intellectuel interroge, non seulement les procédés d'occultation des femmes dans l'histoire et dans la culture, mais pointe aussi le rapport ambigu de la sphère intellectuelle au pouvoir. » (Florence Rochefort) En effet, cela pose la question de la participation des femmes à la sphère politique et à la sphère publique, du partage traditionnel sphère publique masculine / sphère domestique féminine. Cette exclusion des femmes a bien sûr évolué au cours des siècles et s'est réduite au XXème siècle, mais cela ne remet pas en cause le faible nombre de femmes intellectuelles reconnues.
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C'est donc la décennie 1970 qui est au cœur de notre réflexion, elle voit naître et se développer une entreprise éditoriale novatrice. [...] La première question qui se pose est de savoir comment une entreprise qui se réclame d'un mouvement politique en lutte contre tout ordre établi, toute hiérarchie, tout pouvoir peut fonctionner en accord avec ses idées. En effet, les éditions "des femmes" posent la question du rapport entre entreprise politique, entreprise culturelle, et entreprise commerciale, une tension permanente qui est responsable à la fois de leur force et de leurs limites. Elles sont la matérialisation concrète d'idées politiques radicales, de cette contre-culture issue du M.L.F. Elles sont alors face à un écueil : comment être à la fois en dehors du champ éditorial masculin capitaliste et se faire une place dans le monde éditorial pour diffuser le plus largement leurs idées ? Elles doivent à la fois accepter et refuser le système qu'elles dénoncent, un équilibre qui peut parfois être difficile à tenir.
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Le Mouvement de Libération des Femmes est en effet pour celles qui l'ont rencontré une expérience forte et marquante. Pourtant, c'est dans le but d'apporter un regard nouveau, plus distancié peut-être, que je m'intéresse à ces années de contestation, parce qu'il est à mon sens important de produire un discours scientifique sur le sujet afin de comprendre en quoi le mouvement des femmes a pu avoir un rôle de transformation de la société française, à un moment de bouleversements sociaux et culturels.
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