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Citations de Boubacar Boris Diop (74)


Encore une preuve, s'il en était besoin, de la quasi-impossibilité de sortir indemne de l'expérience rwandaise.
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Ne t'en fais pas Sera. Ils savent que le monde entier les observe, ils ne pourront rien faire.
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Il voulait dire à la jeune femme en noir - comme plus tard aux enfants de Zakya, que les morts de Murambi font des rêves, eux aussi, et que leur plus ardent désir est la résurrection des vivants.
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Après une histoire pareille, tout le monde est, de toute façon, un peu mort.
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Si jamais le Rwanda avait été ce lieu paisible et lumineux où le dieu Imana venait se reposer après chaque coucher de soleil, il avait cessé de l'être depuis longtemps en 1998 : la mort continuait à rôder partout, l'odeur des corps en décomposition prenait toujours à la gorge, et les survivants n'avaient pas encore émergé de leur longue sidération.
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C'était la vie. Des inconnus qui se croisent, se regardent et se perdent pour toujours.
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La Coupe du monde de football allait bientôt débuter aux Etats-Unis. Rien d'autre n'intéressait la planète.
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Les oiseaux s’enfuient en poussant des cris de frayeur. Quant aux années, elles ne vont plus en ligne droite, hier et demain se heurtent. Parfois elles frôlent des mottes de terre vertes et douces mais, saisies par le désir de soleils naissants, reviennent sur leurs pas.
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Comme toujours en pareil cas, personne ne peut dire ce qui se passe réellement. Il y a des soldats dans les rues et les gens, cachés derrière leurs fenêtres, scrutent les boulevards avec attention et ressentent une douce excitation. À combien de coups d'État a-t-elle assisté depuis sa vingtième année ? Elle essaie de compter. Mais c'est si difficile de savoir. Cela se ressemble, aussi, leurs affaires-là, à tous ces militaires. Puis elle se souvient que tous les quinze ans, il y avait un horrible bain de sang : depuis bientôt un demi-siècle, le désir, chaque fois renouvelé, de finir le travail, c'est-à-dire d'exterminer jusqu'au dernier ennemi, le Twi ou le Mwa, jetait le pays par terre, au milieu de ses ordures et de ses immondes déjections. C'était une histoire connue. Pendant chaque massacre, des bébés traversaient la frontière sur le dos de leurs mères. Quinze ans après, ils revenaient, soldats ivres de colère et aux yeux durs comme l'acier. Pour venger des crimes commis quinze ans plus tôt, ils commettaient des crimes que d'autres soldats reviendraient venger quinze ans plus tard. Et ainsi de suite. Mère Mwenza songe : "J'en ai bien peur, les fils sont encore revenus désherber les tombes de leurs pères."
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Avant cela, il y avait eu deux années d'horreur. Un pays livré à des chefs de guerre en délire. Je sais aussi : les chiens errants venus par milliers des pays voisins et croisant aux frontières ceux qui s'enfuyaient. Les rues chaque jour un peu plus larges, car tous les passants étaient morts. Aux carrefours, des entrailles enroulées aux barbelés. Et un jeune homme face à des miliciens, hurlant avant de tomber raide mort : "Je ne suis pas un Mwa !"
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Seule dans une petite salle du palais, elle guette le retour du vainqueur de Nkin'tri. Elle lui parle mais n'entend aucune réponse. Il était beau comme la lumière du matin. Ses yeux étaient remplis d'amour et de générosité. Pourquoi alors se tait-il ? Siraa peut apercevoir les petits chemins jaunes et les arbres couverts de rosée. Elle entend les chants des tourterelles et des tisserins et se penche pour leur confier son message au Cavalier. Les oiseaux s'enfuient en poussant des cris de frayeur. Quant aux années, elles ne vont plus en ligne droite, hier et demain se heurtent. Parfois elles frôlent des mottes de terre verte et douces mais, saisies par le désir de soleils naissants, reviennent sur leurs pas.
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Et puis, soudain, il y a eu cette inoubliable vision d'horreur. Je me souviendrais toujours de l'instant où, m'apprêtant à porter la cuiller à ma bouche, j'ai vu frémir les antennes brunes d'un insecte au-dessus de la sauce épaisse du "buraxe", puis apparaître, tel un monstre préhistorique s'arrachant lourdement des profondeurs de la terre, un énorme cancrelat ébloui par la lumière et pas encore tout à fait assommé par la chaleur. Pourquoi donc avais-je immédiatement pensé que cette bestiole était vieille de plusieurs millions d'années ? Ce fut ma première idée, une idée assurément idiote. Après tout, je ne suis pas censé savoir que ces choses-là, ces petites bêtes immondes, personne n'en sait jamais rien, on les écrase sous son talon avec une grimace de dégoût et c'est tout. L'idée qu'elle condensait dans son corps tout le temps du monde me fascinait. J'avais peut-être besoin d'ajouter une sorte de prestige mythologique à la situation pour en apprivoiser l'insoutenable abjection. Étourdi par la chaleur, le cancrelat se retrouvait parfois sur le dos et se débattait, les élytres péniblement entrouvertes par moments. Peut-être voulait-il s'enfuir et je me dis, dans ma stupéfaction, que j'allais entendre pour la première fois de ma vie le cri du cancrelat. Le hurlement de douleur du cancrelat. Nous regardâmes la choses noire et velue grimper vers le rebord du plat puis retomber, le ventre de nouveau en l'air, sur la sauce gluante où elle resta emprisonnée. Elle s'agita un peu, se raidit et demeura inerte entre un morceau de manioc et un bout de piment. Morte. Le regard de Khadidja et le mien se croisèrent.
*
Si vous n'avez jamais entendu un flic vous parler avec autant de naturel des goûts culinaires du cancrelat, vous ne savez rien de la vraie misère.
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