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Critiques de Canek Sánchez Guevara (28)
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33 révolutions

J’ouvre la fenêtre de ma piaule, sortir les odeurs de moisissure, de peinture défraichie et de sueur aigre, rentrer le parfum iodé de la mer, le parfum jasminé de la femme, respirer cet air irrespirable de nostalgie et de désespoir. La fenêtre ouverte, c’est un peu le disque rayé de ma vie. Des vies et des rêves qui se hachent et se bloquent inlassablement, comme des vagues qui s’échouent sur le rivage avec quelques détritus de radeaux de fortune ou d’infortune. Je referme la fenêtre, trop ébloui par le soleil et l’azur. La radio du voisin braille comme un appel à la prière, ce n’est qu’un énième discours du chef, fidèle à lui-même pendant des heures. Au neuvième étage, je repense à cette vieille russe, blonde et soviétique jusque dans ses poils pubiens. Elle m’ouvre sa porte, de temps en temps, en même temps que sa robe, et je lèche son parfum, je respire frénétiquement sa sueur.



Dans la rue, les femmes font la queue avec leurs tickets de rationnements, les vieux s’attablent à des terrasses de café, cigare et verre de rhum, occupent le temps d’une vie à faire danser des dominos dans leurs mains ridées, les jeunes filles dansent au son de la brise qui fait virevolter leurs jupes légères. Le même décor depuis des années, avec des vieilles carcasses d’automobiles sillonnant la poussière des bouts de trottoir. Les mêmes hommes, tristes ou rêveurs, les mêmes femmes, blondes russes ou noires mulâtres. Le disque rayé de multiples vies. Elles sont quand même belles, ces cubaines, sers-moi un verre de rhum, poupée, même si je ne suis pas ton homme, trop triste devant ce sourire si éblouissant. Le disque rayé de ma vie.



Le petit fils au tee-shirt, tel que la presse l’a souvent défini, ne sera l’auteur que d’un unique disque, un 33 tours rayé comme un roman à 33 Révolutions. Une œuvre désenchantée et poétique sur Cuba, son île avant son exil. Elle est aussi fascinante qu’hypnotique comme un disque rayé. Une nouvelle tempête s’approche, les nuages noirs se forment, mais les gens s’en foutent totalement. Ce n’est pas la première tempête, ni même la dernière. Une nouvelle surviendra, encore et encore, répétition du temps et des embruns. Des gens partiront sur un radeau, un canot ou un vieux rafiot. Ils reviendront probablement, noyés ou abattus. Rien de nouveau, le disque rayé de l’espoir. Peut-être certains atteindront la côte américaine, ceux-là échapperont aux disques du Commandante ou Presidente.



Sans espoir ni guère d’envie, comme lassé par la vie, je retourne vers ma chambre d’hôtel, m’allonge sur le lit aux draps défraichis, rêve de rhum et de poils pubiens blonds – ou noirs. Les yeux clos, le vent souffle sous la fenêtre amenant ses embruns chargés d’amertume, j’entends le souffle de son cœur et de ma langue parfumée au rhum, je me vois lui lécher son sexe imbibé de sueur et de rhum. Le disque rayé de ma putain de vie.
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33 révolutions

33 Révolutions, 33 chapitres très courts, à peine le temps d'un refrain, d'une rengaine, cubaine, toujours la même. Pauvreté, pénuries, panne d'eau chaude et de courant.



33 Révolutions (hasta la victoria, siempre), 33 révolutions, 33 tours sur un disque rayé, avec l'aiguille qui trébuche et retombe sans arrêt dans le même microsillon. 33 p'tits tours et puis ne s'en vont pas mais tournent en rond, pas moyen d'en sortir, pas moyen d'en finir avec cette Révolution échouée sur la tombe de l'utopie communiste comme un radeau de candidats à l'exil lamentablement refoulé par les vagues sur la plage, cubaine, toujours la même. Patriotisme de façade, faux semblants de loyauté, tout va très bien Madame la Marquise, le meilleur des mondes. Mieux vaut se taire.



Cuba, une île mais pas un refuge, des plages mais pas le paradis, la chaleur qui ne réchauffe pas le coeur mais l'accable davantage. Rhum frelaté, tickets de rationnement, salsa, tabac, un peu d'amour pour tromper l'ennui et la désespérance. Cuba, une île prisonnière de la mer.



La mer, seule solution pour fuir cette inertie plombée, un tourbillon de vagues pour échapper à la spirale d'une routine abrutissante. Prendre la mer et risquer la mort plutôt que vivre cette vie sans issues.



33 révolutions, écrit par le petit-fils du Che. Rebelle et anarchiste, Canek Sanchez Guevara a peu à voir avec son grand-père, qu'il n'a pas connu. Il en a reçu en héritage un patronyme parfois pesant (« le petit-fils du T-shirt »), et un idéal de liberté qui transparaît dans ce roman et dans les entretiens en fin de livre.



33 révolutions, 33 saynètes intenses, 33 flashes saisissants, 33 photos poétiques, pour rendre un hommage éloquent à Cuba.

On en aurait voulu davantage, malheureusement l'auteur est décédé en janvier 2015.

Hasta siempre, señor Canek.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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33 révolutions

Canek Sánchez Guevara, « le petit fils du t-shirt » comme le surnomme « la presse impérialiste et démagogue », aura peu publié : un roman, 33 révolutions, un essai avec Jorge Masetti , le fils du « Commandant Segundo », Les héritiers du Che, et quelques autres textes dont des carnets de voyages sur les traces de son grand-père, Journal sans motocyclette. Et il ne publiera pas davantage maintenant - le « disque rayé » de sa vie s'est arrêté de tourner en 2015 à la suite d'une opération du cœur, un peu comme le héros de son unique roman dont le « disque rayé » de la vie s'arrêtera après 33 révolutions.



En plus d'un héritage lourd à porter tant à Cuba où l'on attendait de lui qu'il se comporte comme le petit-fils du Che qu'en dehors de Cuba où sa famille en exil européen cacha sa filiation, Canek Sánchez Guevara était écrivain, musicien, punk, révolutionnaire.



33 révolutions est un roman court - moins de 80 pages - composé de 33 chapitres, des « trente-trois tours par minute » d'un « disque rayé », des « trente-trois révolutions » de ce même disque et celles auxquelles participent le héros noir et sans nom de Canek Sánchez Guevara et les autres habitants de Cuba avec lesquels il interagit - la Russe du neuvième, son chef, un ancien camarade de fac amateur d'appareils photo, les flics, et d'autres habitants de l'île.



Le roman est à la fois empreint de l'esprit punk - pas celui des Sex Pistols mais celui de Fugazi, le vrai esprit punk pour faire court - et de musique répétitive. Esprit punk pour la brièveté du roman et des chapitres, pour l'esprit révolutionnaire disséminé ici et là dans le roman et pour une espèce de lente urgence qui apparait à la lecture. Musique répétitive - appellation en français de la musique minimaliste - non seulement pour le minimalisme du roman* et la répétition du « disque rayé » qui constitue une espèce de fil rouge dans les 33 chapitres - et si vous n'aimez pas les disques rayés, le roman n'est probablement pas pour vous. Tout n'est que « disque rayé » donc - le travail, l'Histoire,... et au final « La vie tout entière n'est qu'un disque rayé ».



La chanson de ce 33 tours, de ces 33 révolutions, de ce « disque rayé » est une chanson triste comme le destin de son auteur. Mais les chansons tristes sont (souvent) les plus belles et les plus émouvantes.



*Le roman est complété par d'autres textes de Canek Sánchez Guevara.
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33 révolutions

Tout est rayé chez le trentenaire cubain de ce roman. La vie est un disque rayé, son travail de fonctionnaire est un disque rayé, les pénuries quotidiennes de café ou de cigarettes sonnent comme un disque rayé, sa solitude est un disque rayé se répétant à l’infini. Il a pourtant eu une femme, « maladivement frigide ». « Le mariage n’a pas duré longtemps : un disque rayé de discussions et de reproches dont la détérioration progressive a fini en rigidité cadavérique ». Il traîne donc son spleen seul, le long du Malecon, la célèbre promenade de front de mer de La Havane. Enfant, il avait été un patriote zélé, jusqu’au jour où il a commencé à lire, activité lui offrant une porte ouverte sur un horizon bien plus vaste que son univers et soulignant davantage encore l’étroitesse de son quotidien. Son intérêt récent pour la photo lui offre bien quelques perspectives, mais rien de transcendant. Reste l’éventuel départ. Quitter son île et rêver d’Amérique. Car finalement seule la mer a encore tout d’une promesse…



Beaucoup de mélancolie dans ce court roman déployé en 33 tableaux minimalistes brossés d’une plume désabusée. Sans rage, sans violence mais avec beaucoup de résignation, Canek Sanchez Guevara, le petit-fils du Che, dresse le portrait d’un peuple anesthésié par l’ennui, la soumission et le rhum. Impossible de juger ce personnage neurasthénique en diable que l’on aimerait parfois sortir de sa léthargie à grands coups de pompes dans le derrière tant il est difficile, à notre échelle, d’imaginer la réalité quotidienne d’un cubain lambda.



Canek Sanchez Guevara est mort début 2015 à l’âge de 40 ans suite à une opération du cœur. 33 révolutions, pourtant prometteur malgré quelques faiblesses, restera donc son premier et seul roman. Dommage, vraiment dommage…


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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33 révolutions

Canek Sanchez Guevara est le petit fils du Che et dans 33 révolutions c'est bien dont ce qu'il est question; il est a bout de patience de s'y faire comparer, qu'ont parle de Cuba comme d'une île désespérée, qu'ont parle des minorités avec condescendance.

33 révolutions c'est donc une ode a ses concitoyens, des hommes et des femme de la terre. Il est aussi question de musique, elle est partout dans ce court roman même si le mot n'est que peu dit. Et chaque chapitre mentionne cette musique qui ne tourne pas souvent rond. 33 révolutions, 33 chapitres court, 33 tours d'un disque rayé.
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33 révolutions

Un court roman touchant : un trentenaire cubain décrit sa vie, triste, morne et répétitive.

Non Cuba n'est pas un paradis. Ce qui était une belle idée, une utopie socialiste, s'est transformé en dictature, en une société sans droit, pleine de corruption, de tickets de rationnement et de privations de liberté.

Un message encore plus poignant lorsqu'on apprend que l'auteur est le petit fils de Che Guevara ... Dans les entretiens en fin d'ouvrage, il souligne que certes la révolution était basée sur des idées géniales mais le Che avait aussi des opinions pathétiques, absurdes et prétentieuses.

Le titre, 33 révolutions, fait référence aux disques vinyl 33 tours : à Cuba, c'est toujours la même histoire, les mêmes infos, la même routine et les mêmes mensonges ...

La mer est-elle la dernière solution?
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33 révolutions

Une petite pépite, dénichée dans ma bibliothèque municipale.

Un livre qui cherche à être le témoignage des pensées d’un homme dont la renommée est liée à l’Histoire ... être le petit fils d’une légende mondiale n’a pas dû être facile … Canek est le petit fils du Che, cet homme dont le portrait a décoré de si nombreuses chambres d’étudiant.



Il y a pour commencer,

33 révolutions, qui est le seul roman de l’auteur, cela ressemble à une nouvelle dont le titre peut être interprété de différentes façons …

33 chapitres pour décrire la vie comme une autre à La Havane dans les restes d’une révolution ratée …

33 tours comme un disque d’un autre temps qui nous répète jour après jour la même rengaine, musique lancinante, épuisante et surtout sans espoir …

33 révolutions comme nous le suggère la dernière ligne, une tentative pour en finir.



Un sentiment de tristesse, de mélancolie ne peut que nous envahir en pensant aux drames qui ont lieu ou ont eu lieu à Cuba mais il pourra aussi nous faire penser à ce qui se joue chaque jour beaucoup plus près de nous dans la Méditerranée transformée en cercueils.

Une lecture qui m’a replongée dans mes souvenirs …

Coppelia, le glacier révolutionnaire dans le quartier de Vedado à La Havane (1), ce qu’il en reste, un parc décrépi où une foule de cubains continue de venir, des queues interminables aux quatre coins de cet îlot, des gardes qui laissent passer des heureux élus prêts à s’installer à l’une des nombreuses terrasses, l’étranger lui se verra dirigé vers un unique escalier qui dessert une salle climatisée où il pourra déguster l’un ou l’autre des parfums du jour réalisés (la carte des 26 parfums n’étant là que pour la légende) …

Attendre son tour, que ce soit au poste à essence, au distributeur de billets, une logique qu’il faut comprendre sous peine de représailles vociférantes, une simple question résolvant la question … qui est le dernier ? … prendre sa place dans la longue file à l’ombre et attendre …

Traîner sur le Malecon, d’un bout à l’autre, à toutes heures toujours une foule, observant la mer qui se jette et se jette encore sur ce mur déglingué, le Malecon, une légende comme une autre qui garde dans la furie de la mer déchaînée le souvenir des engloutis.

Souvenirs nostalgiques qui se fracassent sur le mur de la réalité cubaine, pas un paradis enchanteur mais un rêve ou un cauchemar comme un autre : il faut parler pour faire arrêter le supplice … mais parler de quoi ?

L’éditeur a souhaité pour notre plus grand plaisir, complété ce texte par d’autres écrits de l’auteur et des extraits d’un interview au Monde Libertaire.

Salutaire initiative qui nous montre la complexité d’une vie si on ne souhaite pas n’être que le petit fils d’une légende.



(1)

Commandé par Fidel Castro en 1966, il ressemble à une soucoupe volante ! Ce bâtiment étonnant raconte toute l’histoire d’une marque de crème glacée mythique à Cuba. Quelque 26 parfums proposés et des générations de Cubains conquis.
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33 révolutions

Canek Sanchez GUEVARA, petit fils d'Ernesto Guevara dit le CHE, décrit en 33 tableaux, au travers d'un personnage anonyme, la vie misérable de la population d'une île qu'il ne nomme pas, pas loin de la Floride. Vous aurez reconnu Cuba.

il décrit la vie d'un peuple lassé par les privations, la pauvreté, l'ennui, la peur d'un régime dictatorial; une vie au rythme d'un disque rayé.

Des désespérés tentent de quitter cet enfer sur des radeaux de fortunes en quête d'une vie meilleure de l'autre côté de la mer sans certitude d'arriver sains et saufs.

33 révolutions, le seul roman de Canek Sanchez GUEVARA est d'une infinie tristesse. Ce court roman se lit très rapidement et mène vers une réflexion bien longue.
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33 révolutions

Tout tourne à Cuba comme un disque rayé, les seules informations sont distribuées par le pouvoir central, où règne la pensée unique, où détenir la carte du parti est un must, etc. Le protagoniste, jouisseur maussade, est photographe amateur lors de son temps libre, mais surtout "étranger" à ce monde car il parvient à le figer au travers de l'oeil de l'objectif.

La dernière partie du livre reprend des extraits d'une autobiographie et d'interview de Canek Sanchez Guevara. 1er et unique roman du petit fils de Che Guevara sur l'île de Cuba où il a vécu à l'âge de 7 ans. Point de vue intéressant de l'auteur sur l'utilité pour son île de la démocratie, du capitalisme et sur sa vision du socialisme, mot complètement galvaudé par son grand père. À lire pour se faire une idée plus proche de la réalité cubaine.
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33 révolutions

Une puissance d’évocation impressionnante, une capacité à résumer Cuba de manière très poétique et des phrases chocs qui resteront dans nos têtes pour illustrer cet île si singulière, l’absurdité de son régime : “Le bus est en route pour l’abattoir du quotidien”. (p 45) et son décor magnétique malgré la chute : “La ville depuis la mer ressemble à une vieille pute décadente qui n’a pas perdu toute sa beauté”. (p 82)

Résumé en 83 pages de sa vision de Cuba qui semble très proche de la réalité : espoirs déçus de la révolution, longue déchéance d’un pouvoir agonisant, pauvreté d’une population qui se résigne terriblement et parfois finit par s’échapper … avec en toile de fond la beauté fanée d’une île magnifique.

Pour compléter ce récit, puissant et riche en images, l’auteur arrive en outre à faire écho aux drames vécus aujourd’hui en Méditerranée par les populations fuyant des situations sans issue.



L’agrément d’extraits de son livre précédent et d’une interview vient idéalement compléter cette nouvelle pour encore mieux comprendre ce que fut, est et risque de devenir Cuba. Il évoque même de très belle manière son grand-père. Trotski et l’image qu’en a la gauche américaine traversent aussi fugacement le récit.



Bref, 106 pages à ne pas rater et d’une densité rare. Comme si se sachant condamné à court terme, Canek avait désiré tout mettre dans cette oeuvre.
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33 révolutions

Curiosité première du livre, il est écrit par le petit-fils du Che, le fils de la fille du guérillo : Ecrivain, musicien, photographe et anarchiste.

Deuxième curiosité, c’est son seul roman et sera son unique car il est mort en janvier 2015



L’intérêt est donc double : un voyage au coeur de Cuba, suivant le quotidien d’un homme désabusé qui traine son spleen à La Havanne, et la vision du communiste cubain par le petit-fils de celui qui a lutté aux côté de Castro !

Une vision grise de Cuba, où tout est sclérosé : page 25 «  Voir passer le temps est le passe-temps favori du peuple. Non pas le perdre, ce qui impliquerait déjà une possession".



Et que dire du titre : 33 révolutions, comme la Révolution cubaine, comme les 33 courts chapitres du roman comme autant de luttes face au quotidien qui ne mène nulle part, et comme les 33 révolutions d’un disque 33 tours, car la vie cubaine est ainsi, rengaine, inchangée depuis la révolution, comme un 33 tours rayés.

Seul avenir, l’horizon, au-delà de la mer, fuir...



A noter un entretien très intéressant à la fin du livre avec l'auteur, peu de temps avant sa mort.



Donc pas un grand roman, mais un vrai document intéressant par le petit-fils d'une figure du XXeme siècle...
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33 révolutions

Chaleur, humidité, mer, cyclones, départ quotidien de dizaines de personnes sur des embarcations de fortune, qui pour la plupart ne résistent pas aux flots, etc. ; si le nom de l'île n'est jamais mentionné, l'action du roman se passe à Cuba.

33 révolutions raconte l'histoire d'un homme, dont l'identité n'est pas précisée non plus, de son existence marquée par la solitude, l'amertume et le désœuvrement. La première partie donne à voir le quotidien de cet employé de bureau noir, divorcé, photographe amateur, tout en donnant quelques informations sur son passé, sa famille, la découverte de la littérature, de la musique, etc. Le protagoniste compare l'existence et les personnes à un disque 33 tours rayé, véritable leitmotiv du roman.



Lors d'un meeting, il fait part publiquement de son opposition au régime, perd son emploi, continue de prendre des photos, avant de partir à son tour sur un radeau qui sera pulvérisé dans un cyclone.



La prose de Canek Sánchez Guevara est aussi sobre que poétique. Le texte est structuré en 33 chapitres très courts, écrits à la troisième personne. Il s'agit d'un texte d'une beauté et d'une efficacité singulières.
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33 révolutions

Né à La Havane en 1974 et décédé en 2016, Canek Sanchez Guevara était le petit-fils du Che.

Artiste libertaire, il a écrit "33 Révolutions", son unique roman, comme trente-trois photographies ou trente-trois pages d'un journal : de petits textes sur la vie quotidienne, l'apathie d'un peuple qui n'a plus d'espoir.

Cuba est comme "un disque rayé", on y entend toujours les mêmes paroles officielles et les mêmes silences.

Tout s'effondre, les murs des maisons comme les idées politiques.

Le narrateur travaille dans un ministère, où règne l'ennui : ses seules occupations consistant à faire des photocopies, à tamponner des circulaires, à attendre l'heure du déjeuner puis celle du départ.

Quand à sa vie personnelle, elle se réduit à boire du rhum frelaté, à flâner sur le Malecon pour regarder la mer, aussi infranchissable qu'un mur de barbelés. Et pourtant, les jeunes cubains sont prêts à la traverser cette mer, au péril de leur vie, sur des radeaux de fortune. L'espoir s'appelle la Floride (les Etats-Unis d'Amérique).



Canek Sanchez Guevara le sait : "Il n'y a rien de positif à attendre d'aujourd'hui. Dans les jours pareils, la vie lui semble ..... un traité de l'inutile et du superflu, et il marche lentement, les yeux rivés au sol, avec l'envie de tomber dans le caniveau et de mourir écrasé par l'habitude."

Dans "33 Révolutions", on entend les télévisons qui diffusent les telenovelas et l'on sent l'humidité poisseuse de La Havane. Quant à la politique, elle est morte depuis longtemps, et ne survit que dans le disque rayé d'une lointaine et historique révolution cubaine.
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Les héritiers du Che

Voici un livre bien écrit, facile à lire. Il nous apprend beaucoup de choses sur des aspects méconnus du Che . C'est loin de l'image du héros révolutionnaire mort en martyr. J'ai aussi apprécié les réflexions de Canek Sanchez Guevara, petit fils du Che, critiques sur la façon dont on instrumentalise son grand père à cuba. Il critique les dérives dictatoriales du régime cubain et décrit 2 problèmes de la société cubaine(le racisme; le décalage entre la société et le pouvoir).

Il m'a appris l'importance de l'union des différentes classes sociales et forces politiques pour combattre une dictature et parvenir à la renverser. C'a été démontré au début avec la révolution cubaine de 1959 et la révolution nicaraguayenne de 1979.
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33 révolutions

Pas très emballée par cette lecture. Le sujet était pourtant prometteur. J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de vulgarité inutile (dans le style San Antonio). Un jeune homme se morfond à Cuba, la vie et ses rencontres sexuelles se répètent comme un disque rayé. On apprend quelques petites choses sur la déception que devient le régime cubain après le grand moment de la révolution. Les jeunes quittent le pays ouvertement, en plein jour, sur de petits rafiots précaires. Le narrateur finit par rendre sa carte du parti, dégoûté et tente de quitter le pays.
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33 révolutions

Un court roman qui m'a donné bien à réfléchir tant sur la politique que sur le devenir humain. Il y a une langueur, une douceur mélancolique, un spleen élégant qui plane dans ce récit cubain écrit par le petit-fils du Che.

L'écriture en boucle (comme en 33 tours que l'on remet encore et toujours) des mêmes situations, du même ennui de ce trentenaire désabusé qui vivote sur fond de télé, de pseudo romance et de paroles politiques m'a hypnotisé mais a profondément ennuyé mes copines du club.



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33 révolutions

Le regard désenchanté du petit fils du Che sur son pays après 55 ans de révolution.

Certes. Cela reste un petit livre, qui se situe à la surface des choses.

On ne peut le lire qu'en pensant au Che Guevara : qu'aurait-il écrit, lui, en 2015 ?
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33 révolutions

...Les 33 courts chapitres de ce disque rayé nous promènent dans La Havane, à la découverte de la vie quotidienne somme toute ordinaire d’un jeune homme comme tant d’autres. Une envie d’ailleurs, comme beaucoup de ses compatriotes, une envie d’autre chose. La seule porte de sortie lui semble être la mer, et la loi américaine « pieds mouillés, pieds secs » qui concerne l’immigration cubaine, et qui dit que tout cubain ayant posé le pied sur le sol américain peut y rester. Par contre, si on est pris en mer, on est renvoyé à Cuba...
Lien : https://leslecturesdesophieb..
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33 révolutions

La Havane, Cuba. Un homme. Agé d’une trentaine d’années. Fils de la révolution. Désabusé et abruti par la chaleur. Rouage efficace d’une bureaucratie qui, elle, ne l’est pas. Peu d’espoir et beaucoup de Rhum. Une vie qui se répète au quotidien. Un sens qui n’existe pas. Et un horizon bouché par une idéologie qui tourne en rond. Qui n’a pas su prendre son envol. Qui s’est oubliée en route.



Le petit-fils du Che comme auteur. Et un titre avec le mot « révolution ». Que faut-il de plus pour attirer le chaland. Rien, a priori. Ou pas grand-chose. Et, de cette lecture, on en ressort un peu désabusé. Comme le personnage principal. Et comme l’ensemble de la société cubaine décrite dans cet ouvrage. Désabusé car il est surprenant de lire que le petit-fils de l’un des plus grands combattants du 20ième siècle ne vit pas la même révolution que lui. Que le rêve de l’un pourrit la réalité de l’autre. Avec le recul de l’Histoire, il n’est pas étonnant de tirer ces conclusions. Et on peu se demander si le Che, sachant comment son artiste de petit-fils vit ce quotidien de camarades, aurait été au bout de ses convictions. De son combat. De cette utopique lutte.



Le voile est sombre. Et pesant. Cuba, sous l’heure marxiste, n’a pas grand-chose à espérer du Grand Soir. Canek le vit mal mais l’écrit très bien. On est transporté dans cet univers amer et dépressif. On étouffe et on ne rêve que d’une chose. Prendre le large. Mais rares sont les possibilités dans le Cuba de Castro.


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33 révolutions

A travers un personnage dont on ne connaît pas l’identité, Canek Sánchez Guevara nous joue la musique du disque rayé de la vie cubaine. 33 chapitres qui offrent au lecteur toute la réalité d’un pays, les rêves et le désenchantement d’un peuple.

Son personnage a la trentaine et est torturé par la monotonie de la vie qu’il mène sur l’île. Son quotidien se résume au boulot, à l'alcool, aux clopes et dodo. Il n’a pas cet esprit de révolution que d’autres peuvent avoir, il regarde, simplement, l’ironie de cette vie cubaine. Puis petit à petit, les gens vont tenter de fuir sur des radeaux de fortune la dictature instaurée. C’est à ce moment là du récit que l'effervescence va naître et que ce trentenaire va peu à peu cesser d’être observateur.



Un roman par le petit-fils du Che ça peut surprendre, laisser perplexe et pourtant on l’oublie bien vite lorsque l’on démarre les premières pages de ces 33 révolutions car ici il n'est pas question d'un réel esprit de révolution. Canek Sánchez construit son récit autour de ce qu’il appelle le disque rayé tel un 33 tours où l’espérance est utopique, où les conditions de vie ne font pas rêver les touristes que nous pourrions être. Exit les plages paradisiaques, les façades colorées... L’auteur nous dresse là, à travers cette fiction, la sombre réalité de ce qu’a été Cuba durant la dictature de celui qui est appelé le « vieux » (comprenons Fidel Castro). Et pourtant on se sent habité par La Havane, par l’odeur humide de la rue, le cigare, le rhum. On sent la chaleur de la salsa passer dans nos veines, on pourrait presque en transpirer.



33 révolutions c’est 82 pages, 33 chapitres, 33 toiles de vie peintes où la mélancolie et la noirceur sont de mises à travers une écriture concise, précise et poétique débouchant sur un message d’espoir et de liberté car au bout de la privation il y a la mer « attirante comme l’infini ».



Et après ces quelques 80 pages, l’éditeur a eu la très bonne idée de mettre quelques textes, interviews liés à l’auteur pour compléter la lecture et ainsi comprendre un peu mieux quel homme était Canek Sánchez Guevara, décédé en janvier 2015.
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